Que nenni ! Elle réfuta froidement la promenade forestière du rouquin, qui les joues se gonflant tel le bedonnement d’un bon vivant, lâchèrent un long soupir.
« Pff... Ça sert à quoi de partir en mission si on ne peut même pas s’amuser franchement…. »
Morose , ses oreilles accueillirent encore quelques frivoles paroles avant que ce ne soit son corps qui décide de s’éclipser de cette byzantine discussion. L’instrument en fer sur le dos, les gambilles en plein effort, il prit alors la direction de mère nature. Ses bras verts tendus vers la preuse silhouette qu’il arborait en cet instant, elle n’hésita pas en réponse à l’engloutir avec sauvagerie dans sa toison herbeuse…
Ainsi avalé dans l’estomac d’Oxylus, ce ne fut tant pas le lugubre décor qui troubla alors le rouquin mais les émanation volatiles qui semblait s’en dégager. La panse : la charogne. Le bonnet : la mousse sèche. Le feuillet : l’humidité. Et la caillette...une odeur métallique dominante qui n'était autre que du sang fraîchement coulé...
« Mama ! Enfin un peu d'action ! »
S'ensuivit de ce dynamisme inconscient, un enchaînement de pas effréné dont le craquement des branches sous ses pieds venait accompagner les bruits incongrus des hauts arbres. Le rouquemoutte courait à travers la forêt, l’enfièvrement dans les pupilles.
Il s’arreta. La végétation omnipotente avait daigné le relâcher sur une clairière. Une place absente de ténèbres qui aurait pu accueillir le jeune homme sur ses chiendents si la zone dégarnie de bois ne jouait pas la scène d’un spectacle carnassier. De fait, un ours de dos s’acharnait sur la dépouille d’une biche dont le brament qui s’échappait de ses cordes rappelait celle de prométhée sur le mont Cocasse.
« Non bro... C'est dégueulasse ! »
La bête occupait à trier parmi les boyaux du quadrupède maintenant mort, leva alors un museau purpurin vers le rouquemoute, qui, la faux en main, faisait grand manque de discrétion. Hâté de revenir à sa ripaille, elle lâcha un grognement sourd et se rua, quatre pattes, en direction du bipède.
« Ok, je vois que monsieur n'aime pas être dérangé en plein festin ! »
Une rangée de dents sur le visage, les mains crampées sur son arme, celui qui fut bientôt la victime d’un coup de griffe dévastateur, fléchit les rotules pour s’élever au-dessus du fils d’Artemis…
La faucheuse s’abattit avec force sur le crâne de l’animal. Traversant le frontal pour en ressortir par la mandibule, quelques bouts de cervelles giclèrent sur les quelques mètres de l’acte sanguinaire. La bête avait trépassé dans le tourment, laissant en héritage un coulis groseille sur les terres qu’elle avait autrefois habité.
Son visage barbouillé de rouge, et non parce qu’il était rubicond, afficha la moue. Il rangea sa faux, enjamba la victime de cette dernière et avec curiosité morbide s’approcha de la dépouille de la biche. L’ouverture béante, où se répandait tantôt les boyaux, eu don d’un froncement de sourcil.
« Bizarre… Il n’y aucune trace de griffes sur le corps de l’animal… Comment un ours aurait-il pu l’attraper sinon ? »
Il haussa les épaules, sa masse nerveuse crânienne renonçant à approfondir son introspection pourtant juste jusqu’à maintenant.
« Enfin peu importe ! J’ai encore des choses à visiter moi ! »