Cette petite heure d'exercice m'avais fait le plus grand bien. Ces simples mouvements que je connaissais par cœur et maîtrisais avec une parfaite coordination me permettais toujours de me vider l'esprit, chose dont je commençais à avoir cruellement besoin en ces lieux si étranges. En tout cas, pas la moindre âme n'était venue perturber cet entraînement ni même le moindre bruit. Il était temps pour moi de reprendre la route. Je rangea donc mon katana dans son fourreau avant d'attraper mon sac et de repartir de plus belle vers l'inconnu.
Seulement, désormais, il était temps pour moi d'entrer en contact avec les habitants locaux. Mon inquiétant manque de nourriture me poussa naturellement à ignorer cet instinct, cherchant désormais de quoi poursuivre mon périple sereinement. Je me mis donc en route, à la recherche d'une forme de vie. Je croisa tout d'abord la route d'une ancienne ferme délabrée. Décidant de m'y approcher, je ne pu que constater avec déception l'absence de vie qu'abritait celle-ci.
C'est alors qu'après deux bonnes heures de marche, la chance sembla me sourire. Au loin se dessinait enfin une habitation rustique mais bien moins délabrée que la précédente. En m'y approchant, le brouillard fit apparaître une seconde habitation, puis une troisième. Cette fois ci, c'était la bonne me disais-je. Je n'étais plus qu'à quelques pas de la maison la plus proche et quelques silhouettes se firent remarquer. L'une d'elle tourna d'ailleurs la tête vers moi avant de faire signe à ses congénères. Ceux-ci ne semblaient pas armés, c'est donc en pleine confiance que je poursuivi ma route vers eux avant de me retrouver face à l'homme qui m'avait aperçu précédemment.
« Je ne pense pas vous avoir déjà vu dans les parages. Quel bon vent vous amène dans notre modeste village, étranger ? »
« Bien le bonjour, excusez mon irruption dans votre propriété, je suis simplement de passage dans cette zone et je recherche actuellement de quoi me nourrir, j'ai de quoi payer. »
Le paysan, suite à mon discours décrocha un léger sourire, comme amusé de la situation.
« Quelle drôle de coïncidence, il se trouve qu'une marchande itinérante se trouve dans notre village. Nous n'avons malheureusement que trop peu de nourriture pour nous, il m'est impossible de vous aider même contre de l'argent. Mais p'tet qu'elle pourra vous aider. »
Je fus quelque peu rassuré dans un premier temps, d'observer que ces paysans ne semblent présenter aucune menace pour moi. Après tout, je me suis peut-être simplement fourvoyé aux vues de l'apparence peu chaleureuse de leurs terres. En tout cas, c'était bien ma veine, quoi de mieux qu'une marchande pour m'aider à me fournir en nourriture. Plein d'optimisme je lui répondis alors.
« Une marchande ? Quelle agréable surprise. Je vous serais reconnaissant de me mener à elle. »
L'homme se mit alors à me scruter avant de tiquer sur le pommeau de mon katana qui dépassait légèrement de mon manteau. La vue de cette arme le fit alors changer radicalement d'expression, affichant désormais un air inquiet.
Je remarqua directement ce changement d'attitude. Il n'était pas le premier être à réagir de la sorte et je ne pouvais que comprendre sa méfiance.
« Ne vous inquiétez pas, je ne compte pas vous causer du tord. Tenez, en guise de ma bonne foi. »
Je déposa alors quelques pièces dans le creux de sa main. Avec le temps, j'avais rapidement appris que l'argent pouvait être un atout redoutable en cas de problèmes. Je ne suis pas riche, loin de là, cependant, durant mon errance, j'ai pu revendre quelques uns de mes "trophées" de chasse, m'aidant à toujours garder suffisamment de monnaie pour palier à ce genre de problème.
L'homme afficha à nouveau un sourire satisfait avant de me faire signe de le suivre.
Je fus donc invité à parcourir ce minuscule village. Seules quelques maigres habitations et une petite écurie venaient entourer un puit délabré trônant au milieu du village.
C'est alors vers ces maigres écuries que l'homme m'amena. Je pouvais y observer deux belles montures attachées ainsi qu'une jeune femme proche d'une sorte de charrette. Celle-ci était visiblement en train de décharger quelques unes de ses provisions. Ca ne faisait plus aucun doute pour moi, celle-ci était belle et bien la marchande dont on me parlais.
Je m'approcha alors d'elle avant de l'interpeler.
« Bien le bonjour, vous êtes bien la marchande dont ces villageois viennent de me parler ? Je m'appelle Kano et j'aurais besoin de vos services. Mes réserves de nourriture sont au plus bas et j'espérais pouvoir vous en acheter si vous en disposez. »