L'évadée, retrouvée

Durant sa fuite, la jeune femme avait perdu le seul repas qui lui restait. C'était impensable.


Elle extrapolait la situation. Il lui restait encore pas mal de temps à vivre, si elle savait survivre en pleine montagne dans un climat moins enneigé que d'habitude.


Et oui, elle avait tout simplement oublié son sac de voyage auprès de ces anciens compagnons de route. Se repérer sans carte ou boussole, la tâche s'avérait bien compliquer.
Après s'être claquer les joues pour reprendre le dessus, elle se relevait dignement dans une position de gagnante.


De toute façon sur qui d'autre qu'elle-même pouvait elle compter désormais ?

Il faisait si froid dans mon coeur. Cela devait faire maintenant trois belles années que je cavalais à la recherche de mon destin. Je ne savais pas par quel miracle l'empire ne m'avait pas encore retrouvé depuis mon départ en compagnie de mon ancien maître qui aurait pu devenir mon amant. Je marche sans but précis laissant mes traces de pas dans l'herbe encore bien mouillée.

Pas une journée ne passait sans que je pensais à lui. Lui qui m'avait tant apprit, tant donné et éduqué durant notre périple. Un périple don son destin fut bien plus tragique que le miens, puisqu'il n'est plus désormais.


Beaucoup de choses dans la vie me paraissait pourtant surmontable, alors pourquoi j'ai failli à mon devoir ? Mes capacités de combattante n'était pas assez au point "ce jour là". Je serre les poings en ressassant sans arrêt le passé. Puis, non loin de là retentissait la voix d'une jeune femme...


Immédiatement mon air penaude s'évaporait et ma personnalité reprenait le dessus. Mon corps se crispe et mon regard devient meurtrier.
Je n'avais aucune envie de rencontrer qui que ce soit en ces lieux !

Fuu n'était pas certaine qu'il s'agissait d'une silhouette humaine au loin. Elle ne savait pas si elle devait se sentir sauver ou traquer ? Mais, peut-être que ce point à peine visible au loin était tout bonnement sa dernière chance de survivre au beau milieu de nulle part ?


Elle voulait à la fois continuer sa route par là-bas et à la fois ne pas continuer sa route là-bas. Elle avait un mauvais pressentiment, à croire que la poisse persistait à lui coller la peau !


Se parlait-elle à elle-même, frustrée de devoir encore faire face à l'inconnu.


Finissait-elle par bougonner. Elle prenait une profonde respiration avant de continuer en direction de la silhouette ! Après tout, quand faut y aller, faut y aller !

Je n'arrivais pas à déceler de qui il s'agissait et pourtant, cette carrure me paraissait familière.


Hurlais-je. Je me mets en position de défense prête à attaquer la femme qui se trouve en face de moi. Elle n'était plus à quelques pas de moi.




Je contracte mes muscles. Je suis prête à rétorquer en cas d'attaque imminente. Mais cette femme me disait quelque chose...

Comment osait-elle parler à la Miwaku de cette façon ? Quelle malpolie celle-là !


Fuu s'agaçait très rapidement sous l'effet du manque de bouffe. Etant un estomac sur patte et ne pensant qu'à graille un bon bout de viande, elle n'avait pas la patience avec les bonnes manières et encore moins quand on lui adressait la parole ainsi.


Mais la jeune femme s'interrompit en voyant les yeux de la drôle de meuf en face d'elle s'écarquiller. Elle ne comprenait pas pourquoi. Etait-ce vraiment son franc parler qui avait calmé les ardeurs de l'inconnue ?

Etait-ce vraiment elle ? Il me semblait bien que cette silhouette m'était familière. Il s'agit de Fuu Miwaku, celle qui devait hérité de la place d'Okasan après Asae-sama. Mais elle a voulu décider de son propre destin, fuyant l'empire le jour de son premier voyage pour accompagner Asae-sama...


J'avais encore du mal à en croire mes yeux. Je croyais que celle que j'admirais jadis pour son fort caractère et sa gourmandise sans renom n'était plus... Je m'agenouille fissa sans réfléchir, mon instinct de Shinayaka reprenant le dessus.


Car désormais, je faisais partie des personnes qui avaient déserté le village, alors que je ne voulais que suivre mon maître d'antan pour lui prêter main forte.


Il y avait beaucoup d'idéaux auxquels j'avais abandonné l'idée... comme ne pas me fier à mes sentiments et mes émotions. L'épreuve avec maître Shinichi est la leçon qui m'a servi...

Fuu s'arrêta nette en observant le comportement de la femme en face d'elle. Elle ne comprenait absolument pas ce qui venait de se produire.


Est-ce que la Miwaku devait affirmer ouvertement qu'il s'agissait bel et bien d'elle-même ou mentir ? Elle pesa le pour et le contre, mais au vu des circonstances dans lesquels elle se trouvait, elle finissait par obtempérer.


Mais contre toute attente elle vit la femme s'adoucir avec elle et même lui prêter serment de la défendre au périple de sa vie ? Bon, ok, elle n'a pas exactement dit ça, mais c'est ce que voulait entendre Fuu.


Elle réfléchissait un long moment en détaillant du regard l'accoutrement de la roturière face à elle.


Effectivement, l'ex-future Okasan devait être protégée par cette femme à l'allure masculine autrefois.


Elle ne savait pas si elle devait s'agacer d'être rattraper si soudainement par son passé où si elle devait éprouver un quelconque sentiment de joie.


Mais c'est la tristesse qui l'emportait dans cette situation qui lui semblait désespérer ces derniers jours. Des larmes coulaient le long de ses joues avant de finir dans l'herbe encore humide.


Son ventre se mit à gargouiller n'ayant à peine eu le temps de prononcer sa première requête.

Je pouvais entendre le ventre de la Miwaku grommeler. Elle devait surement avoir faim, chose qui me semblait logique, car la nourriture était assez rare par ici. Je me demandais combien de temps cela faisait-il que je ne l'avais plus vu et surtout combien de temps cela faisait-il qu'elle avait fuit Kumo ?


Je sors de ma sacoche de la viande séché et un onigiri.

Fuu n'hésita pas et se jeta sur la viande que Junko lui tendait. Elle dévorait le tout en une fraction tellement que la jeune était affamée. Ce copieux repas ne suffira pas à assouvir sa faim, car la Miwaku était connue autrefois pour son appétit de quinze personnes ! Elle avait une réputation de gloutonne et le pire c'est qu'au lieu de prendre du poids, elle en perdait ! Rendant une majorité de femmes jalouses d'elle.









La jeune femme se sentait d'attaque pour poursuivre sa route à côté de la Shinayaka. Il ne lui fallait pas grand chose pour lui remonter le morale.