Le lendemain de l'incident dans les ruelles sombres, Manjiro Chikara, encore troublé par la violence de la veille, chercha refuge dans la présence rassurante de sa mère. Il espérait trouver des mots réconfortants et des explications apaisantes pour calmer la tempête qui faisait rage en lui.
« Manjiro, nous devons parler de ce qui s'est passé hier. Qu'est-ce qui t'a poussé à agir de cette manière ? »
« Tu entends ce qu'ils disent sur toi, maman ? Ils te traitent comme un objet, comme si tu n'étais rien de plus qu'une marchandise. »
« Je ne veux pas que tu te mêles de ces affaires, Manjiro. Tu es trop jeune pour comprendre. »
Mais la colère de Manjiro ne s'apaisa pas. La discussion dégénéra en une dispute tendue, et pour la première fois, sa mère, dépassée par l'émotion, le gifla violemment.
« Tu ressembles de plus en plus à papa, tu sais ? À chaque coup que tu me donnes, tu te rapproches de l'homme que tu prétends haïr. Si tu continues ainsi, je finirai par te haïr tout autant. »
Ces mots furent comme un coup de poignard pour la mère de Manjiro, brisant quelque chose d'essentiel entre eux. La brisure psychologique était amorcée, laissant une cicatrice invisible, mais profonde, dans l'âme déjà tourmentée de Manjiro.
L'atmosphère dans la pièce était oppressante, le silence seulement brisé par les respirations lourdes de Manjiro et de sa mère. Les paroles acerbes de Manjiro avaient creusé un abîme entre eux, laissant la mère désemparée et le fils empreint d'une satisfaction amère.
« C'est toujours la même rengaine, hein ? Faire semblant que tout ça, c'est pour moi. Mais tu ne fais que t'enfoncer davantage. Tu n'es qu'une honte, et tu m'obliges à porter ce fardeau avec toi. »
La mère, les yeux embués de larmes, ne trouva pas de mots pour répliquer. Cependant, l'expression de sa douleur parlait pour elle. Manjiro, poursuivant sa diatribe impitoyable :
« Papa avait raison de te quitter. Il ne pouvait pas supporter de voir à quel point tu es pathétique. Et maintenant, tu essaies de me faire endurer la même misère. »
La mère, incapable de contenir sa souffrance, laissa échapper un sanglot. Les paroles de Manjiro avaient atteint une profondeur douloureuse, touchant des cordes sensibles et ravivant des blessures passées.
Manjiro, satisfait de l'impact de ses mots, ajouta avec mépris :
« Tu peux pleurer autant que tu veux, ça ne changera rien. À cause de toi, je suis condamné à devenir comme ce bon à rien de père. »
La tension dans la pièce était palpable, et la brisure entre mère et fils semblait irréparable. Les mots, plus tranchants que des lames, avaient laissé des cicatrices invisibles, mais profondes, dans l'âme de Manjiro et de sa mère, sans enfreindre aucune limite.