Contrairement à son coéquipier, le shinobi à qui tu t’adressais semblais bien plus calme et serein. Il te fit très vite remarquer ton ignorance au sujet de Sayuri. Sans doute penserait-on que tu étais une utopiste qui pensais que chaque être humain avait une once de bienveillance au fond de lui, mais ton esprit était bien plus embrouillé que cela. Non, tu ne parvenais tout simplement plus à faire la différence entre ce que les gens considéraient comme le « bien » et le « mal ». La Uzumaki était une meurtrière, au fond de toi, tu ne doutais pas un seul instant des dires de l’anbu, et pourtant, tu persistais à croire que c’était le monde qui l’avait rendue ainsi. Konoha, que tu chérissais tant autrefois, t’avais retiré l’une des personnes les plus chères à tes yeux, et tu étais bien incapable d’accepter que ce n’était qu’à cause d’un désir de connaissance et d’exploration. Non, il s’agissait tout simplement du libre arbitre. Dès ta naissance, tu étais liée à Konoha, et vouée à servir ce village jusqu’à ta mort. Pourquoi ? Car tu étais comme tes camarades. Tu possédais une force dont le commun des mortels ne disposait pas. Ce chakra faisait de toi une arme, un outil que l’on utilisait jusqu’à ce qu’il soit brisé. Tes propres désirs n’avaient aucune importance, ce qui importait c’était que tu deviennes ce que l’on voulait que tu sois. Tu rejetais ce fonctionnement, qui n’était pas seulement propre à Konoha, mais à tout ce que tu avais pu voir et apprendre jusqu’à aujourd’hui.
Tu ne savais plus quoi penser. Le seul constat que tu parvenais à faire, c’est que tout le monde avait raison, mais tout le monde avait également tort. Il n’y avait pas de réelle solution car tu réalisas que ce cycle viendrait à se répéter d’une manière ou d’une autre, quoique tu tentes de faire. Si les villages comme Konoha et Kumo n’existaient pas, si le chakra n’existait pas, il était impossible d’imaginer un monde en paix, car l’humain trouvait toujours des raisons et des moyens de se battre. Mais peut-être les gens pourraient-ils au moins naître libres ? Libre de choisir qui ils voulaient réellement devenir.
« Je ne vous comprends pas... »
Tu poussas un léger rire, un rire nerveux tandis qu’une larme coulait doucement sur ta joue.
« Et cela vous convient ? Que la volonté de liberté puisse vous coûter la vie ? Mon départ de Konoha, le souhait de Wattan de m’aider. Le désir de Sayuri de vivre sa vie comme elle l’entendait… Vous les avez tué car elle exprimait leur libre arbitre, leur liberté. Elles sont mortes car elles ont voulus que je vives ma vie comme je l’entendais. »
La rage semblait monter en toi. Comment pouvait-on obéir à une telle logique sans se poser de questions ? Pourquoi ce manque de volonté ? La colère, l’incompréhension pouvaient clairement se lire dans tes yeux. Tu hurlas alors à l’anbu :
« Comment faites vous pour vivre avec vous même ?! N’avez-vous pas ce sentiment d’être enchaîné ?! De n’être qu’un outil ?! »
Sans doute t’égosillais-tu dans le vide. Ce shinobi n’était pas n’importe qui, l’on ne devait pas ce qu’il était sans mettre de côté ses principes et ses sentiments. Quoique tu puisses lui dire, c’était sans aucun doute peine perdue. Mais cela ne t’empêcha pas de poursuivre :
« Vous croyez qu’il vous suffit de vous cacher derrière un masque pour effacer ce que vous faites ? Pour ensuite vivre normalement comme si de rien était ? Si vous m’aviez tué, auriez-vous salué ma mère le lendemain comme si de rien était ?
Osez… Osez retirez ce masque et me regarder dans les yeux en me disant que vous êtes d’accord avec ce système, que vous ne regrettez absolument rien ! »
Subitement, ta colère semblait s’être comme volatilisée. La tête baissée et d’une voix bien plus basse, tu terminas alors sur cette phrase :
« Parce-que je ne veux pas croire qu’un être humain comme moi puisse agir de la sorte sans exprimer le moindre doute… Si c’est le cas, je n’ai rien à voir avec ce que l’on appelle une kunoïchi… »