Apprentissage en altitude

Ça faisait maintenant 6 mois qu'elle faisait le tour du Yuukan accompagnée de Kano, les choses avaient bien changées depuis leurs rencontres. Elle savait maintenant qu'il était un Sekken, et elle une Chikara. Mais ce n'était pas tout, la confiance qui régnait entre les deux avait beaucoup augmenté. Leur relation aussi s'était améliorée, elle l'aimait beaucoup plus, même sans forcément partager sa vision des choses ni ses objectifs cela dit. Il restait tout de même un très bon compagnon de route avec lequel elle avait développé une complicité inédite pour sa propre personne.

C'était le début de l'Automne et il faisait tout de même plutôt froid dans les montagnes de Tetsu, malgré le soleil qui continuait à taper du matin au soir, il fallait être rudement équipés et il l'était, de toute façon Kano était paré à toutes les températures avec ce qu'il faisait de sa vie. Elle avait dû se dégoter de quoi avoir plus chaud le jour comme la nuit. Et cela lui donnait heureusement assez de chaleur. Ils ne devraient pas rester très longtemps dans cette région car les températures se dégradaient assez vite.

Le Sekken avait déjà commencé à lui enseigner un début de cet art noble qu'était la maîtrise du katana. La Chikara devait reconnaître que son point de vue à propos de cet art avait changé, et c'était d'ailleurs pour ça que Kano avait commencé à lui en enseigner les bases. Elle était devenue complètement passionnée et ne se débrouillait pas si mal selon les dires de son compagnon.



Depuis les quelques jours où ils étaient dans ces montagnes ils avaient installé une sorte de routine, qui commençait par Liya faisant du thé pour eux deux. Les températures étaient si froides le matin que commencer la journée sur une boisson chaude faisait un bien fou. Liya se rendit bien compte qu'elle avait beaucoup changé aux égards de Kano. Elle ne le prenait plus de haut comme avant ou comme elle le faisait avec toute personne qu'elle ne connaissait pas ou partiellement.

Elle avait toujours eu du mal à s'ouvrir aux autres, pour des raisons qui lui appartenaient et était très sûrement légitimes, mais oui, elle avait un masque pour Kano et un masque pour les autres. Ce fonctionnement assurait l'équilibre de la jeune fille. Elle d'habitude si hautaine et patiente était soudain pressée et amicale. Et d'ailleurs...



C'était la seconde partie de leur routine, l'entraînement. Ce moment de la journée était agréable étant donné que quelqu'un lui apprenait quelque chose et que ce n'était jamais arrivé à proprement parler.

J'étais assis, là, contemplant un horizon étonnamment dégagé aux vues de la température et de la météo de ces derniers jours. Tandis que je dégustais le thé remarquablement bien préparé par Liya, je me perdis rapidement dans mes pensées, m'interrogeant comme à chaque nouvel endroit qu'il m'étais donné de visiter : Serait-ce ici que je pourrais y trouver mon havre de paix ?

Il était encore trop tôt pour y répondre, cependant, il est clair que le climat n'y était clairement pas le plus agréable, surtout en comparaison avec mes plaines de Hana natales où le soleil et ses températures douces viennent nous offrir un cadre de vie paisible et agréable la plupart de l'année.

Toutefois, durant ce périple, je dois désormais composer avec ce que l'on peut appeler "une invitée surprise" en la personne de Liya. Une jeune adolescente appartenant à un clan de Konoha. Les débuts de notre périple commun furent bien particuliers, mélangeant curiosité et méfiance de la part de ma jeune accompagnatrice. La route fut difficile avant qu'un climat de confiance ne vienne s'installer sincèrement et pourtant, nous y sommes finalement parvenus. J'y ai finit par découvrir une jeune fille bien plus attentionnée sincère que je ne pouvais l'imaginer lors de notre première rencontre au point où je finis même par débuter son apprentissage de l'art du katana.

Bien entendu, n'ayant pas encore le niveau nécessaire, nos entraînements ne s'effectuent pour l'instant qu'avec de simples armes en bois fabriquées par mes soins à défaut d'avoir emporté avec moi les lames d'entraînement de Satoshi. Elles ne sont pas des plus jolies et solides mais aident suffisamment à travailler les mouvements de base et à créer une certaine aisance arme à la main.

Soudain, la jeune Chikara me sortit de mes pensées, impatiente comme chaque jour de débuter son entraînement.



Toujours aussi motivée, celle-ci s'exécuta, me forçant finalement à reposer mon gobelet auprès du feu mourant avant de venir nous positionner sur un espace relativement plat proche de notre campement.



Avant chaque séance, j'appréciais démarrer le processus par cette petite phase de concentration. Cette jeune Chikara était par moment une petite tête brûlée et grâce à ces exercices, j'espérais pouvoir la canaliser et la pousser à se concentrer d'avantage afin de mieux assimiler et appliquer les mouvements et conseils que je pourrais lui donner par la suite.

Par ailleurs, je profitais souvent de ce moment pour imiter ces conseils, bien que d'un naturel calme, j'étais souvent distrait par mes propres pensées, un défaut que j'essayais constamment de canaliser lors de mes entraînements en travaillant et affinant ma concentration.



Les mouvements numérotés, une méthode avec laquelle j'avais moi même appris dans ma jeunesse grâce à ces fameux ouvrages m'ayant tant passionné et tant apporté dans ma vie. Il est fort à parier que ces méthodes ne sont pas toujours les plus courantes parmi les épéistes, toutefois, je les trouves assez ludiques afin d'assimiler des mouvements plus naturellement en se référant à une suite de chiffres.

Enfin son ennui matinal allait s'arrêter et laisser place à son apprentissage. Même si elle n'avait pas voulu vraiment s'inscrire dans une relation de supérieur/inférieur avec quelconque être humain depuis ses parents, elle devait reconnaître que Kano était par moment une figure paternelle pour la Chikara. Il était calme, âgé et sage et lui apprenait des choses fondamentales, par moment seulement, elle pouvait s'y confondre.



Elle alla chercher les deux lames d'entraînement en bois que le Sekken avait fabriquées lui-même. Bon Liya devait reconnaître qu'elles n'étaient pas fameuses, mais rien de plus normal, il n'était pas forgeron. Ces lames faisaient quand même le travail attendu. Elle chercha dans son énorme sac qui était un peu un fourre tout, on dirait qu'il n'avait pas vraiment de fond tellement il était énorme, enfin ces lames étaient assez grandes donc elle n'avait pas vraiment à chercher.

Elle rejoignit Kano sur le seul endroit plus ou moins plat du périmètre et était plutôt contente de commencer l'entraînement.



Elle s'exécuta, cet exercice était très intéressant car il permettait à la Chikara de se concentrer pleinement sur l'exercice et sur son souffle. Ainsi elle pouvait déjà un peu mieux combattre le froid mais aussi était capable d'être plus précise sur ses mouvements.

Elle répéta ensuite les deux premiers mouvements que lui avait appris Kano, bon la fille aux cheveux noirs ne comprenait pas du tout à quoi ces mouvements servaient, mais elle avait pleine confiance en la manière d'apprendre de Kano. Bien qu'il n'avait jamais enseigné à sa connaissance, elle devait reconnaître que son style disait tout le contraire.

Elle répétait ces mouvements plusieurs fois, ensuite quand Kano estimait qu'ils étaient suffisamment maîtrisés, il lui en apprit d'autres. Ce jour-là il lui en avait enseigné deux autres. Elle commençait déjà à mieux comprendre où ça menait, et Liya voyait surtout que cela s'orientait beaucoup vers le style défensif. Enfin ce n'était que les premiers mouvements, mais c'était son ressenti.

Les jours passaient et les routines de la sorte s'enchaînaient. Elle progressait beaucoup. La journée ils marchaient dans les montagnes, en quelques jours, ses jambes avaient pris énormément de muscle. Et puis la vue était très jolie à tout instant.

Un soir autour du feu, elle fit la conversation plus que d'habitude, ses journées la fatiguaient de moins en moins vu qu'elle se trouvait de plus en plus musclée.



Elle marqua une pause en le regardant par dessus le feu qui lui réchauffait ses mains encore froides.

Par cette question, je fus replongé dans mon adolescence, des souvenirs assez agréables auprès des miens durant lesquels cet art s'immisça dans ma vie.



Je plongea alors mes yeux dans le feu crépitant et réchauffant nos pauvres corps de plus en plus habitués à cette fraîcheur de l'altitude.



Je fixa alors ma lame, rangée dans son fourreau et posée contre un rocher près de moi. Bien qu'elle ne soit pas une lame d'exception, loin de là, ce bout d'acier forgé et affuté représente pour moi l'un si ce n'est le plus grand trésor que je possède de par sa symbolique forte : un outil servant à m'exercer et protéger les miens en cas de besoin.

Comment ça ? Il avait appris à s'en servir tout seul ? La Chikara n'en revenait pas, comment pouvait-il apprendre des choses aussi complexes simplement à l'aide de livres ? Elle n'en croyait pas ses oreilles, les mouvements ne devaient pas être clairs et difficilement reproductibles. Elle était encore plus fascinée par l'homme au chapeau qu'elle avait en face d'elle.



Elle ne connaissait pas vraiment la pertinence de sa question, mais elle était intéressée très fortement par la réponse que Kano donnerait à celle-ci.



Elle ne savait pas vraiment si cet art en question était plus qu'un art. Était-ce aussi une méthode de défense ou bien être un possesseur de katana suffisait-il ? Elle savait que Kano prônait la paix et avait des valeurs très nobles, mais Liya, elle, était plus jeune, plus intrépide. Elle ne savait pas vraiment à l'avance à quoi cet art pourrait la mener, mais elle voulait essayer. Peut-être le mènera-t-elle sur le chemin de sa sœur, peut-être à un havre de paix, peut-être dans la tombe, mais peu importait la destinée, elle était curieuse.



Après cette phrase, elle ne mit pas longtemps à dormir, elle avait eu une rude et longue journée et comptait bien faire une bonne nuit de som....



Elle se réveilla en sursaut dans la nuit calme. Le temps de reprendre ses esprits et de prendre une gorgée d'eau, elle vit Kano assis en tailleur, le visage encore allumé par le feu.



Elle essayait de prendre un ton calme, mais elle n'y croyait pas du tout. Elle tremblait et était en sueur, ses mains s'agrippaient à son bas pour essayer de les étancher mais il n’y avait rien à faire, elle était terrifiée. Le seul moyen de se sortir de ce cauchemar continu, c'était de retrouver sa sœur, et elle avait bien l'intention de s'en charger.

Suite à ces dernières questions de cette jeune fille au bord de l'épuisement tant la journée fut rude, celle-ci plongea rapidement dans un sommeil profond. Quant à moi, ayant pris l'habitude depuis un moment de ne dormir que peu, me contenta d'observer l'horizon, me perdant une énième fois dans mes pensées et mes souvenirs. J'espère que les miens se portent bien et que je pourrais un jour rentrer avec une bonne nouvelle à leur annoncer.

Perdu dans mes souvenirs, ce fut finalement l'agitation soudaine de Liya qui me sorti de mes pensées. Je tourna alors ma tête en sa direction avant que celle-ci ne se réveille, affichant un visage particulièrement inquiet.

Liya aimerait être plus curieuse à propos des proches de Kano, mais il était déjà tard et elle n'avait pas forcément la force de s'aventurer dans ce genre de sujet de discussion. Aussi elle voyait très bien ce que Kano voulait dire quand il parlait des imbéciles qui ne comprenaient que la violence. C'était souvent les mêmes qui l'embêtaient. Étonnement depuis qu'elle passait nuit et jour avec Kano, elle n'avait plus jamais eu ce problème. Comme quoi c'était essentiellement des gens lâches, ils la dégoutaient.



Quand elle se réveilla en sursaut, Kano était là pour la rassurer, de manière générale, c'était un homme rassurant qui inspirait confiance, bien qu'elle ait mis 3 semaines avant d'entièrement fermer l'œil en sa compagnie. La Chikara n'avait jamais parlé de son fardeau à qui que ce soit et si il y'avait quelqu'un avec qui elle se sentait de le faire, c'était avec le Sekken. En revanche, elle ne se sentait pas vraiment de faire long, alors elle allait être brève.



Elle prit une pause, tout cela était très difficile à raconter et les larmes lui montaient aux yeux. Elle se les sécha sur sa manche et souffla un coup avant de reprendre



Elle modifiait un petit peu l'histoire et ne disait pas toute la vérité, elle n'était pas prête, pas encore. C'était déjà un premier pas en avant et c'était de toute manière la première fois qu'elle se livrait autant, qu'elle se sentait vulnérable. Ce qui était sûr c'est qu'elle n'aimait pas du tout cette sensation. Elle ne voulait plus en parler et ne pas répondre à des questions. Alors elle reposa sa tête sur le sol et dit d'une voix faible.





Une larme coula sur son visage.