Plus d’une vingtaine de minutes s’étaient déjà écoulés depuis notre rencontre avec les Konohajins. Comme demandée par la Kitto, j’avais accompagnée nos hommes jusqu’au point de rendez-vous situé à peine quelques kilomètres plus loin. Là-bas, ils chargèrent les quelques marchandises que nous avions volé dans des chariots et se mirent à partir cette fois en direction du nord-est. Nous n’étions qu’à quelques kilomètres de la lisière de la forêt et j’étais supposée attendre le retour de Kyoko ici. Notre mission n’était pas terminée, bien que je n’avais aucune idée de la suite des évènements. La Kitto aimait se montrer secrète et ne me révélait ses plans qu’au dernier moment. Ce manque de confiance en moi me brisaaaaaait le cœur. Non, en vérité je n’en avais rien à cirer. Toutefois, lors de mon chemin jusqu’ici, j’ai pu entendre et surtout apercevoir la Kitto dans ses œuvres. L’envergure de son jutsu était impressionnante, mais aussi inquiétante. Konoha n’allait définitivement plus la lâcher après une telle démonstration de force.
Je n’étais pas du genre à rechigner à m’en prendre à Konoha, bien au contraire. Perturber leurs routes marchandes était un passe-temps amusant et enrichissant. Mais là… la Kitto voulait jouer à un tout autre niveau. Je ne doutais pas de ses compétences, pas lors d’un duel. Mais face à une nation entière ? Comme si être une nukenin avec sa tête mise à prix par les Rihatsu ne suffisait pas… Je ne pouvais qu’espérer que Konoha ne découvre pas que cette attaque était de son fait, c’était d’ailleurs le plan original, mais une telle attaque allait laisser des traces et son fichu katon était loin d’être ordinaire. En somme, Konoha ferait bien vite le rapprochement s’ils avaient connaissance de cette affinité particulière.
Commençais-je à regretter de l’avoir suivi ? Légèrement. À vrai dire, je crois préférer largement l’époque où je traversais le Yuukan avec Yue et Shinsuke. Ou encore lorsque je travaillais pour Miwa, les bonus en nature étaient d’ailleurs plutôt intéressants… Maintenant, je me retrouve avec une gamine froide et à moitié folle, je n’ai franchement pas gagné au change. Mais j’aimais à croire que le jeu en valait la chandelle. Si elle parvenait à son but… ma vie n’en serait que meilleure, j’en étais persuadée. Puis, vu ce qu’elle m’a promit, hé, je ne vais pas me décourager aussi facilement. Une vie facile, une belle maison, des femmes, des hommes et de l’alcool à profusion ? Je peux bien l’aider à jouer la terroriste pour tout cela.
Finalement, alors que je m’attendais à devoir retourner la chercher et la retrouver -encore- en charpie, je l’aperçus arriver au loin. Bien plus tôt que je ne l’avais estimé, la rencontre avec les Konohajins avait apparemment été une formalité. Il faut dire que d’après ce que j’avais vu au loin, elle ne leur a pas laissé beaucoup de chance. Ce qui m’étonna en revanche, c’était la silhouette qui l’accompagnait. Mon intuition me disait que ce n’était autre que la gamine qui était en compagnie des deux shinobis et lorsqu’elles approchèrent je remarquais très vite que je ne m’étais pas trompée. J’ai d’abord pensé qu’elle avait manqué de cran, et qu’elle n’avait pas été capable de la tuer, mais en regardant la gamine je pu remarquer qu’elle était un peu… spéciale. Des cheveux roses, non pas rosés comme certains Chikara bâtards, mais bien rose. Sans compter sa paire d’yeux aux couleurs différentes… il y avait peu de chance qu’elle soit originaire de Konoha, mais alors que faisait-elle ici ? Prenant mon air décontracté habituelle, je lui lançais alors :
« Tu t’es reconvertie en service de baby-sitting entre temps ? »
Mon regard se porta à nouveau sur ce que j’imaginais déjà être sa nouvelle recrue. Peut-être me trompais-je mais j’avais la conviction qu’elle n’était pas prête de nous lâcher. Toujours avec le sourire aux lèvres, je lui souhaitais la bienvenue à ma manière :
« T’as une drôle de tête toi. T’es quoi ? Un genre d’expérience ? »
Demandais-je en riant. Je trouvais cela drôle, quoiqu’un peu vexant peut-être. Qu’importe, si la gamine se retrouvait avec nous elle allait devoir s’y faire. Oh oui, car je voyais bien la chose arriver. Pendant que la cinglée ira cramer un autre morceau du patrimoine forestier de Konoha, c’est moi qui me retrouverais en compagnie de la gosse. Autant vous dire que j’espérais qu’elle soit un peu plus marrante que la Kitto…
« Plus sérieusement… n’avions-nous pas prévues d’être discrètes ? Je demande car je n’ai pas bien l’impression que tu ais compris ce qu’implique le principe de discrétion. En plus de ça, tu enlèves une gosse… Ta tête va être en haut de la liste. »