Une routine surprenante

Elle adorait le service de nuit. Les couloirs étaient calmes, sans trop de monde à bousculer. Elle pouvait se rendre disponible de chambre en chambre sans problème, veiller sur ses patients et prendre le temps qu'il fallait avec eux. Elle préférait cela au rythme de jour où l'affluence ne cesse une seconde, mais cela n'en reste pas moins stressant.
Outre les patients auxquels il fallait prendre soin, le service des urgences accueillait de temps à autre un ivrogne ou bien une victime d'accident domestique.

Durant la nuit, elle avait été appelée pour soigner une petite fille qui s'était peut-être cassé la cheville. Yukia adorait les enfants, elle affichait toujours un grand sourire et s'efforçait de faire preuve d'une grande bienveillance auprès d'eux. Elle avait fait attention à ne pas effrayer l'enfant, la soignant sans trop de difficulté. Elle avait même pu lui offrir une petite sucrerie pour la consoler, quelque chose qu'aucun enfant ne refuse, à juste titre.

Yukia avait pour habitude de sortir fumer une cigarette de temps à autre sur un des balcons de l'hôpital. Elle s'accordait un temps mort entre deux obligations, souffler un coup loin de cette ambiance pesante que peut avoir le médical. Elle prenait le temps d'observer le peu de gens trainant en ville entre les ruelles illuminées assez tard.
Une tape sur l'épaule la sortait de ses pensées alors qu'elle observait un jeune couple vivant une idylle dans un village endormi.

Des collègues avaient ramenés des corps retrouvés inanimés non loin du village et ils semblaient être dans un état critique. Elle avait jeté sa cigarette avant de suivre ses collègues d'un pas rapide. Dans sa précipitation, elle avait failli heurter une autre jeune femme.


Yukia était une des seules médecins présente cette nuit et elle faisait surtout partie de ceux n'ayant pas peur de ce qu'elle pouvait voir, au contraire. Cependant, tout dépend la gravité de l'état des corps, elle ne pouvait pas gérer cela seule.

Tes jours préférées de la semaine ? Eh bien ironiquement, c’était tes heures de gardes de nuit. Bon, c’était certes pour des raisons pas forcément très légitimes, mais tout de même. Qui disait horaire de nuit, disait moins de personnel au sein de l’hôpital, ce qui te permettait donc d’être amenée bien plus souvent à agir. Puis, l’ambiance était bien plus calme dans les couloirs. Du moins c’était le cas avant que l’on ne t’entende courir dans ceux-ci, pressée d’aller remettre de simples résultats à un autre médecin. Rien qui ne demandais un tel empressement, mais ces temps-ci tu débordais d’énergie. C’est dans cet élan de motivation que tu manquas de percuter quelqu’un. Immédiatement, avant même d’avoir regardé de qui il s’agissait, tu t’excusais platement :



Tu mis quelques secondes à réaliser que la personne que tu avais faillis percuter n’était que autre Yukia, une autre médecin de l’hôpital. Vous n’aviez pas l’occasion de travailler très souvent ensemble, mais, tes premières impressions, qui ne te trompaient que rarement, étaient plutôt bonnes. Enfin bref, ce n’était pas le moment de te faire ce genre de réflexion, Yukia semblait être dans l’urgence et t’invita d’ailleurs à te joindre à elle. Tant pis pour le rapport, il pouvait attendre. Sans même chercher à en savoir plus, tu répondis du tac au tac :



Il n’y avait pas de question à se poser, en règle général, sauf les cas comme toi, les médecins ne se pressaient pas dans les couloirs par hasard. Tu suivis la chûnin jusqu’à la salle réservée aux opérations urgentes et en observant à travers la vitre, tu découvris un spectacle pour le moins… horrifiant en observant l’homme allongé sur la table d’opération. Celui-ci avait plusieurs parties de son corps littéralement arrachées, comme si quelque chose l’avait déchiré avec ses dents. Sa jambe amputée sauvagement n’était pas en meilleure état. C’était littéralement un miracle qu’il soit encore en vie, son camarade n’eut semble t’il pas autant de chances.



Chuchotas-tu avant d’aller t’équiper en compagnie de la Chikara. Une fois entrée dans la salle, tu ne tardas pas à prendre place auprès des autres médecins déjà présents. Très vite tu accompagnas celui placé juste à côté de toi en effectuant le même jutsu que lui, afin qu’il puisse se reposer un peu. Tout en faisant cela, tu observais de près les blessures. Il y avait des morceaux de chairs arrachés, d’autres bien plus superficiels. La teinte de l’homme était blanchâtre, signe qu’il manquait de sang, tandis que la peau autour de ses blessures montraient des signes d’infection. Il y avait toutefois quelques bonnes nouvelles.

A la vue des deux corps, Yukia ne faillait pas. Elle était entrée dans la salle, prête à faire le maximum pour soigner ces deux personnes. Eiko s'était directement mise à aider un autre médecin sur le corps de celui qui avait l'air de vivre encore. Mais Yukia s'approchait de celui qui restait inanimé, pas un son ne sortait d'entre ses lèvres. Elle observait avec attention les yeux, le torse et les mains, cherchant un quelconque signe de vie du corps. Elle posa la main sur la peau du côté du coeur, essayant de percevoir un battement ou même un flux de chakra, mais rien.

Elle se retournera vers Eiko et les autres présents dans la pièce.


Avait-elle ordonné sur un ton calme. Pour elle, il n'était jamais nécessaire de crier ou de paniquer dans ces situations.


S'était-elle adressée à la personne en face d'elle. Cela semblait être peine perdue, mais elle se devait d'essayer.

Elle positionna ses mains, commençant à influer du chakra en débutant le massage cardiaque en même temps que son collègue.
Malheureusement, après plusieurs essais, aucun signe de vie. Elle posait des questions au brancardier qui l'aidait, afin de savoir dans quel état ils avaient retrouvé le corps et les réponses n'étaient pas concluantes. Elle décida d'utiliser un des jutsu qu'elle connaissait dans le but de déterminer la date du décès du shinobi.



Elle abandonna malheuresement la table pour rejoindre celle d'Eiko qui ne s'était pas arrêtée une seconde. Entre temps, les autres étaient revenus avec le nécessaire. Les electrodes étaient déjà installés, le cardioscope était bien en marche. Il semblait qu'Eiko s'était déjà occupée de désinfecter la plupart des blessures.

Tandis que tu tâchais de garder le patient en vie, tu écoutais la conversation entre Yukia et le brancardier. Elle semblait confuse, car le décès de l’autre homme datait de la veille, tu en venais à te demander comment le second était parvenu à rester en vie aussi longtemps. Quoiqu’il arrive, l’on ne pourra pas dire qu’il ne s’est pas attaché à sa vie.



Il y avait de nombreuses créatures dans les bois de Konoha, mais bien peu possédaient une telle férocité. Surtout qu’à en voir leur état, ce n’était pas pour se nourrir, mais bien pour se défendre ou… par plaisir de tuer. « Minashigo » te vint immédiatement en tête. Ces créatures étranges, que tu n’avais jamais vu de tes propres yeux, étaient apparemment abondantes dans la région ces temps-ci, et elles ne laissaient que peu de survivants après leur passage. Vous autres à l’intérieur des murs n’aviez rien à craindre d’une telle chose, mais qu’en était-il des civils ? Tu fus sortie de tes pensées par Yukia qui te demanda de t’occuper de la perfusion de sang, chose que tu fis immédiatement.



Une fois tout installé, tu repris les soins à nouveau, mais cette fois tu te préoccupas surtout des plaies superficielles, qui étaient nombreuses. Néanmoins, malgré vos efforts, tu voyais bien que l’homme souffrait et qu’il n’allait pas tarder à rendre son dernier souffle. Vous n’aviez pas beaucoup de moyens de le maintenir en vie, c’est pourquoi tu demandas à ta supérieure :



Soigner ce patient allait être un travail de longue durée, tu n’avais d’ailleurs aucune idée de comment procéder. Ses plaies étaient béantes, des morceaux manquants… Une simple suture ne serait pas suffisant et vous aviez déjà mis des perfusions sanguines en place…

Yukia acquiesça légèrement, les sourcils légèrement froncés, signe de son inquiétude grandissante vis à vis de la survie du civil. C'était une idée risquée, mais dans des circonstances comme celles-ci, il n'y avait pas de temps à perdre.


Elle soupira, regardant le visage de l'homme gisant sur la table.


Le plus important était de stabiliser l'état du blessé dans l'immédiat.

Une fois Eiko partie, Yukia réfléchissait à la manière de procéder une fois que le patient serait plongé dans le coma. Les plaies étaient graves, et elle savait qu'il faudrait plus que des soins de base pour lui donner ne serait-ce qu'une chance de survivre.

Elle continuait de véhiculer son chakra, essayant de soulager les souffrances du patient comme elle pouvait pendant l'absence de sa collègue.
Eiko n'avait pas mis longtemps à revenir. Dans ces urgences, Yukia savait qu'elle pouvait compter sur elle. Elle avait souvent entendu des éloges à son sujet. Elle était réactive, pleine de connaissances et très professionnelle.
Elle l'observait préparer les parchemins et le nécessaire pour maintenir le corps immobile avant d'effectuer une canalisation.

Yukia sentait la conscience du patient s'essoufler petit à petit suite au jutsu effectué, induisant un état de sommeil profond. Le chakra circulait plus lentement. Sur le cardioscope, le rythme cardiaque diminuait progressivement jusqu'à atteindre un faible mais stable niveau.


Elle savait que cette situation était bien au-delà de ce à quoi elle était habituée, mais elle était déterminée à faire tout ce qui était en son pouvoir pour sauver ce civil.

Elle commençait à nettoyer les plaies profondes, retirant délicatement des débris et tissus endommagés du blessé. Elle prit soin de ne pas relâcher le chakra transmis, ne voulant pas aggraver les lésions.
Yukia essayait de stimuler les tissus endommagées par le flux donné, essayant de les purifier et surtout, stopper les saignements.

Le processus était pénible mais elle était déterminée. Le travail se faisait dans un silence placide, les deux jeunes femmes étaient concentrées sur leur objectif en effectuant des gestes méticuleux.

Elle tentait, avec l'aide de sa partenaire, de refermer les blessures par le fond.
Il fallait également essayer de regénérer et réparer les cellules mais aussi rétablir les connexions nerveuses et vasculaires.
À première vue, les chances de réussite étaient minces.

Dès lors que Yukia t’en donna l’autorisation, tu te précipitas à travers les couloirs pour aller chercher ce qu’il te fallait dans une réserve non loin des urgences. Manqua une nouvelle fois de renverser l’un de tes collègues, mais pas le temps de t’arrêter cette fois, tu avais une vraie raison de courir cette fois ! Aussitôt le matériel récupéré, tu te précipitas dans l’autre sens pour revenir à moitié essoufflée.



Dis-tu alors que tu revenais les mains remplies de rouleaux sur lesquels été appliqués plusieurs sceaux médicaux destinés à plonger un individu dans le coma. Il était possible d’effectuer ce genre de jutsu sans posséder autant de matériel, mais vous étiez à l’hôpital, autant ne pas compliquer les choses et au contraire, vous faciliter la vie. Les personnes présentes t’aidèrent à mettre tout le dispositif en place, une fois fais, tu joignis tes deux mains et canalisa ton chakra pendant un moment. Au bout de quelques minutes, tu dis alors :



Peu rassurant au premier abord, mais tu te mis alors à effectuer quelques mudras. Après le dernier de la série effectué, les rouleaux s’illuminèrent pendant un léger instant. Tu hochas alors la tête en regardant Yukia et ajoutas :



Ces utilisations successives de l’iroujutsu commençaient peu à peu à te vider de ton énergie, mais rien d’insurmontable jusque là. Tu t’étais entraînée pour de telles situations, tu allais tenir, il le fallait.
Tandis que tu observais ta coéquipière procédait à la suite des soins, tu ne pus t’empêcher de remarquer certaines plaies qui laissaient encore s’échapper une bonne quantité de sang. Bien que les artères principales semblaient avoir été épargnées de justesse, lui évitant de se vider en quelques secondes, ces pertes restaient inquiétantes.



Dis-tu tandis que tu approchais tes mains de la poitrine de l’homme. Il avait, il était vrai, peu de chances de survie. Mais tant que tu étais là, tu ne laisserais pas passer la moindre opportunité de lui sauver la vie, même si cela devait vous prendre plusieurs heures. Il semblait toutefois évident que tu consommais énormément de chakra en mêlant les deux jutsus, les quelques gouttes de transpirations qui s’échappaient de ta peau en témoignaient.