« Je suis ravi de l'apprendre, mademoiselle Eiko est une apprentie douée et je m'en voudrais de la décevoir. »
« Oh, mais ce n'est rien, voyons. Ce n'est que le minimum requis pour le poste que vous occupez. L'image est extrêmement importante et doit être soignée. »
En cela, tu te faisais un devoir que la jeune Nami dispose du meilleur pour représenter le pouvoir de la république. Si le village était un navire, elle en serait à la fois le capitaine et la figure de proue. Une pierre précieuse qui devait resplendir pour le bien du village. Elle jouerait un grand rôle dans la façon dont le monde percevrait le village de Konoha à l'avenir. Mais ce genre de réflexion ne serait pas le sujet de notre entrevue. Tu l'avais deviné, quelque chose de plus sérieux t'attendait.
Ainsi, les mains croisées sous les manches amples de ta tunique, tu laissas la cheffe du village s'exprimer, le plus attentif possible sans lâcher ce petit sourire qui te caractérisait. Un brin de détente lorsque la conversation devenait trop sérieuse. Le sujet, tu ne le connaissais finalement que trop bien. Le commerce du village se portait mal. L'expansion de Kumo fermait des routes et les bandits proliféraient de plus en plus également.
La forêt de Konoha était en ce sens une bénédiction, permettant au village de s'approvisionner dans la faune et la flore locales, et l'ajout des Kirishitan nous assurait une certaine sécurité quant à l'exploitation du bois. Cependant, elle était également dangereuse pour le commerce, auxquelles s'ajoutaient les bandits. Sans parler des Minashigo, qui étaient un fléau à exterminer à vue si possible. Les chances de survie d'un civil face à une telle créature avoisinaient le néant. Leur folie devait être enrayée.
« Je ne peux que partager votre avis, Nami-sama. Emprunter serait avant tout un signe de faiblesse envers l'extérieur. Et les conséquences seraient désastreuses. De nouvelles taxes viendraient attiser un mécontentement que nous venons à peine de tamiser et seraient contre-productives pour le besoin d'expansion du village. Cela entraînerait une baisse du niveau de vie générale qui, de surcroît, ne toucherait malheureusement pas à parts égales la population. »
Les taxes ne te faisaient pas peur. Ton commerce t'avait apporté suffisamment pour ne pas craindre des changements, même drastiques, directement. Mais l'impact sur tes concitoyens serait bien plus préjudiciable. Tu aimais aider ton prochain, mais donner sans limite n'était pas une solution viable. Hors, c'est ce que l'on attendrait de toi dans cette situation chaotique qu'il fallait éviter.
Le projet de Konoha était donc des plus ambitieux finalement. Rétablir un commerce sûr en fondant un accord avec la pierre angulaire du commerce du monde civilisé. Ce n'était clairement pas une petite demande que l'Hokage te faisait. Un projet des plus ambitieux aux conséquences fortuites pour le village si tout se passait sans encombre.
« Je suis navré d'apprendre le décès de Mariko. J'avais déjà entendu parler de cette dernière et j'aurais aimé avoir la chance de la rencontrer en personne un jour... J'ai déjà pu échanger avec des Rihatsu et ils ne sont pas tendres en affaires. Cela promet d'être un voyage riche en émotions qui m'attend. »
Il était évident que cette tâche te serait destinée. Ta nomination au poste de Chikara-dono serait d'autant plus un atout dans cette affaire. Bien que tu ne sois pas Hokage, tu étais un représentant important du village et tu signifiais l'importance que Konoha apporterait à cet échange diplomatique. Idéalement, tout devrait être résolu par la voie diplomatique et commerciale. Cependant, il y avait bien un point qui n'avait pas encore été abordé. Comme tu l'avais mentionné, tu connaissais bien les Rihatsu...
« C'est avec honneur que j'accomplirai cette mission, Hokage-sama. Je m'efforcerai de garantir un accord juste. »
« Bien que ce ne soit loin d'être une tâche aisée. Notre image étant bien dégradée, surtout auprès des leurs, je crains de devoir faire quelques compromis de notre part... »
Les Rihatsu ne portent pas les Konoha-jin dans leur cœur. La réputation du village a été salie à de nombreuses reprises pour des raisons plus qu'évidentes. Le clan Rihatsu était des commerçants certes, mais il frôlait avec une part plus sombre et dans l'illégalité. Le village avait tapé dans la fourmilière dans le passé et tu devrais manœuvrer en conséquence.
Tu réfléchissais d'ailleurs à qui tu pourrais bien emmener pour ce voyage. La taille du groupe et les membres étaient des éléments clés à prendre en compte. Peut-être qu'emmener tes deux disciples serait une expérience enrichissante pour leur formation?
« Néanmoins, une perte à court terme est tout à fait envisageable si le gain à l'avenir est bien plus conséquent, nous sommes d'accord. »
Faire des compromis, c'était perdre sur le moment. Tu le savais parfaitement. Mais l'important n'était pas le moment présent mais tout ce que l'on pouvait y gagner après.