Une touche de journalisme

C’était l’un de ces heureux jours d’automne où le temps se montrait clément. Le soleil était bien haut dans le ciel et réchauffait l’ambiance d’un village dans lequel le moral était en dent de scie. Les récents problèmes économiques obligeaient les Konohajins à changer leurs habitudes, certains virent même la qualité de leur train de vie drastiquement diminuer et bien que l’Hokage s’efforçait d’aider les plus démunis, Konoha n’avait jamais fais face à une telle pauvreté. Par chance, le village était soudé et les clans s’entraidaient au mieux, ce qui permettait de maintenir l’illusion d’un village paisible.

Hegi était bien déterminée à redresser la barre, mais si ses compères dônos étaient incapables de voir la réalité en face, elle allait devoir agir par elle-même. L’alliance avec les Rihatsu serait une aubaine, c’était indiscutable, mais bien insuffisant aux yeux de la Kitto. Elle savait que cela ne ferait que repousser l’échéance, que tôt ou tard Konoha allait sombrer car ils allaient être incapables de faire face. Sa discussion avec Kaori lui avait confirmé ce qu’elle soupçonnait, que les dires de sa fille étaient bien plus proche de la vérité qu’elle ne l’aurait souhaité. Il était urgent d’agir, et cette fois Konoha devait le faire avant d’être au pied du mur. C’est la raison pour laquelle elle invita Uzumaki Kazuki chez elle aujourd’hui, une jeune femme autrefois très proche de sa fille et qui avait même séjournée chez eux pendant un long moment, mais ce n’était pas ce fait qui l’intéressait aujourd’hui. Non, ce qui l’intéressait c’était le journal dont elle était la créatrice.



Lui dit-elle, souriante. Bien trop pour que cela ne cache rien d’autre, mais ce n’était pas un secret, Kazuki connaissait déjà très bien cette femme. Elle invita la jeune Uzumaki à s’installer autour de la table du salon, ces deux-là n’avaient pas discutée depuis le départ de cette dernière suite à la désertion de Kyoko, mais Hegi avait évidemment gardé un œil sur elle. Kazuki était une personne charmante, contrairement à d’autres fréquentations qu’avait sa fille, celle-ci était la bienvenue chez elle à tout moment. Tandis qu’elle servait le thé, elle dit alors :

Il y'a plusieurs années, Kazuki avait totalement perdu le contrôle de sa vie, il va sans dire que les mauvaises nouvelles s'étaient enchaînées dans une période qui n'y était pas propice. La désertion de Kyoko était allée de pair avec d'autres soucis familiaux. Elle avait donc pendant plusieurs mois eu de grosses difficultés à gérer sa vie. Elle avait oscillé entre une dépression, un travail pour subvenir à ses différents besoins, tout en continuant l'écriture. La Uzumaki était partie du principe que si elle ne tenait pas à sa passion elle n'y survivrait pas, et elle avait eu raison de continuer dans cette voie ! Même si elle s'était donnée beaucoup de mal, elle avait réussi à continuer ses différents projets. Elle avait laissé ses romans qui fonctionnaient... moyennement pour se concentrer sur du journalisme.

Cela faisait 2 ans qu'elle avait son propre journal, elle y faisait la plupart du travail, du journalisme à la rédaction ainsi que la présentation et de temps en temps la vente. Elle s'occupait réellement des problèmes des habitants du village. La Uzumaki aimait beaucoup ce qu'elle faisait, et maintenant qu'elle regardait derrière elle, tout le travail qu'elle avait accompli, elle ne pouvait qu'être fière d'elle-même.

Mais aujourd'hui elle devait aller voir Kitto Hegi, en plus d'être une femme importante pour le village, c'était la mère de Kyoko. Elle faisait un peu partie des vieux démons de la Uzumaki, car elle n'avait pas nécessairement pris de nouvelles des proches de Kyoko, elle s'était concentrée sur elle-même. Avec le recul elle avait sûrement raison, mais Kazuki s'en voulait pas mal pour ça.



Cela faisait très bizarre de revenir voir Hegi, des années après, elle n'était plus tant une petite fille que cela. Maintenant elle avait 22 ans, n'était plus une camarade de classe de Kyoko et puis elle avait bien des années de plus par rapport à la dernière fois. Et puis surtout, si Hegi l'invitait ce n'était pas pour simplement parler de l'ancien temps en buvant du thé, il y'avait autre chose et Kazuki n'était pas dupe. Cela avait plus la tête d'un rendez-vous d'affaires qu'autre chose.

L'Uzumaki se posa autour de la table comme l'y invita Hegi. Elle eu un léger rictus en observant que Kazuki avait gardé les mêmes manières à l'égard de cette femme, comme si elle était encore une enfant.



Elle n'était pas complètement seule dans ce projet, même si elle faisait le plus gros du travail. Mais elle avait pris le soin de s'entourer de différentes personnes qui étaient très talentueuses et qui apportaient un vrai plus au journal. C'était une véritable aubaine pour elle d'être tombée directement sur des gens avec qui elle s'entendait très bien et surtout avec qui elle était compatible. Elle remercia brièvement Hegi pour le thé, en bu une gorgée avant d'ajouter,



Elle ne voulait surtout pas paraître sèche, mais son travail lui avait appris à être franche et à ne pas perdre de temps, les discussions pour rien étaient un poison qu'elle ne voulait surtout pas s'auto administrer. De toute façon, pour avoir côtoyé la mère de famille, il en était sûrement de même pour elle.

Ajouta la Kitto au cour de ce simple échange de courtoisie entre les deux femmes. Mais très vite, Kazuki passa outre les formalités et alla directement dans le vif du sujet. Ce n’était pas pour déplaire à Hegi qui esquissa même un sourire. Cette fille avait grandie, bien qu’elle avait encore du mal à la voir comme autre chose qu’une enfant, elle était devenue très professionnelles. La mère de famille bu alors une gorgée de son thé et tandis qu’elle reposait sa tasse, elle ajouta :



La Kitto tira un dossier provenant d’un carton qu’elle avait prit soin d’apporter au préalable. Elle fit glisser celui-ci vers la jeune Uzumaki. Son visage était moins décontracté qu’il ne l’était quelques secondes auparavant, elle avait reprit son sérieux habituel. La situation l’exigeait après tout. Elle rajouta alors :



En d’autres mots, pour n’importe quel journaliste, c’était le gros lot. Konoha gardait précieusement ces informations au sein des archives, il aurait été… dangereux que n’importe qui puisse mettre la main dessus, non ? La Kitto avait pourtant l’ambition de remettre tout cela à la jeune Uzumaki, elle n’avait qu’une simple demande en retour :



Le but était simple, créer un sentiment de panique, de peur et de méfiance, de la bonne vieille manipulation. À Konoha, les journaux jouissaient d’une certaine liberté, chaque auteur était libre d’écrire ce qu’il souhaitait dans ses articles sans craindre de répercussion – du moins, en apparence – et le peuple avait une confiance particulière en des journaux comme celui de Kazuki. Restait à savoir si la jeune femme allait accepter de participer à tout cela, en cas d’échec la crédibilité et l’existence même de son entreprise était en jeu, mais en cas de succès elle allait certainement devenir la numéro 1 dans le domaine. Hegi espérait également que l’amitié qu’elle avait autrefois pour sa fille jouerait en sa faveur, la Kitto avait toujours été là pour elle, comme s’il s’agissait de sa propre enfant, peut-être montrerait-elle un semblant de gratitude envers elle ?

La Uzumaki écoutait son hôte, elle sentait que cela allait devenir très intéressant. D'ailleurs elle ne s'était pas trompée. Elle regarda les documents, placardé des mentions de secret défense. En tant que journaliste c'est ce qu'elle aurait rêvé d'avoir de manière générale. Et maintenant une des femmes les plus importantes du village les lui donnait en main propre ? Et puis le journalisme d'enquête était ce qu'elle avait toujours voulu faire. Elle n'avait jamais pu car dans un village militaire, ce genre d'informations valent de l'or. En fait non, elles valent bien plus que de l'or.

Hegi voulait donc mettre en avant les faiblesses de Konoha ? Pour parler régulièrement aux gens, c'est quelque chose qui était plutôt visible, même sans aller chercher très loin. Les commerces fermaient, l'argent ne circulait plus comme avant. En revanche, pour ce qui est des exactions, les citoyens n'avaient aucun moyen de savoir ce qui se passait. En plus que ce soit des dossiers importants pour le village, il en valait de sa transparence en tant que journaliste de révéler ces informations.



Elle ne serait jamais une grande journaliste si elle avait peur pour sa propre sécurité ou bien pour la stabilité de son journal. Elle devait saisir cette opportunité, quoi qu'il en coûterait. Mais quelque chose paraissait bizarre à la jeune Uzumaki, pourquoi vanter les qualités de Kitto Nami et discréditer le conseil ? Il devait y avoir des enjeux politique internes qu'elle était absolument incapable de comprendre, mais cela la titillait tout de même.



Elle avait un doute sur le fait que cette femme si prudente lui dévoile son plan et son but. Mais elle lui avait déjà donné des dossiers que la journaliste n'était jamais censée avoir. Et puis comprendre son but ne fera que l'aider à l'atteindre : révéler ces documents était important pour Kazuki ainsi que pour les villageois, cela était simplement la contrepartie de ces révélations.

Il était tout à fait juste que la jeune Uzumaki se questionne, bien qu’elle eut déjà acceptée. La Kitto décida de ne pas tourner autour du pot, Kazuki était une alliée potentielle et elle ne croyait que peu en une trahison de sa part. Buvant une nouvelle gorgée de son thé, elle annonça froidement :



Nul besoin d’être une lumière pour comprendre que le village n’était pas en bonne forme, mais la vérité était bien pire que ce que les gens pouvaient penser. Malheureusement, les dônos Kirishitan et Kitto s’étaient montrés plutôt réticents à l’idée proposée par Hegi, tout comme le fût l’Hokage elle même. Elle s’attendait à une telle réception de leur part, mais elle voulait leur offrir l’opportunité d’ouvrir les yeux par eux mêmes avant d’agir comme elle l’avait toujours fait : dans l’ombre.



Même si la vérité allait être offerte au peuple, Hegi ne pouvait révéler l’identité des membres de l’Anbu, et ce pour leur propre sécurité. Nami avait choisie de tourner la page à leur sujet et ne s’était d’ailleurs pas opposée à l’élection de l’un d’eux au rang de dôno en dépit des conseils d’Hegi. Mais ce n’était pas plus mal, car la Kitto disposait d’un moyen de pression sur son dôno.



Il fallait qu’Hegi soit également impliquée dans toutes ces histoires, sinon l’on comprendrait bien vite qu’elle était la source derrière ces rumeurs. Elle espérait une réaction de la part du peuple qui forcerait ainsi l’Hokage et les dônos à accepter sa proposition concernant Kumo et l’instauration d’une monarchie.

Elle bu alors de son thé pendant qu'elle écoutait l'autre femme parler. Elle voyait le début de son raisonnement. Parmi tous les rares défauts que prétait Kazuki à Hegi, c'était une femme qui sacriefierait beaucoup pour son propre village. Elle n'avait pas spécialement l'air d'être en quête de pouvoir, bien qu'il venait de lui-même. C'était une femme juste qui savait faire la part des choses, Kazuki n'avait pas de raison de ne pas lui faire confiance. Et pour être honnête, même si ces faits étaient sûrement amplifiés, cela n'était pas spécialement étonnant que les Donos n'étaient pas aussi dévoués au village qu'ils le prétendaient : Kazuki avait toujours eu un certain ressentiment envers eux.



La Uzumaki savait parfaitement comment faire prendre une affaire. C'était bien dommage de ne pas pouvoir utiliser une figure pour faire prendre tout cela : il était plus facile de personnifier un système que de s'en prendre à lui directement. Mais soit, elle ferait comme Hegi le dira, si elle lui fournissait de telle information, la moindre des choses était de les faire sortir comme elle le désirait. Ensuite, si Hegi veut forcer la main aux Donos, elle devrait donc y aller fort, afin de créer du mouvement dans la population. Et plus elle voulait leur forcer quelque chose, plus il fallait y aller fort, mais à quel point ?



Elle commençait déjà à réfléchir à sa stratégie. Si elle sortait tout d'un seul coup, alors cela n'aurait que peu d'effet, il fallait y aller petit à petit, sur quelques jours, une semaine. Ainsi cela durera. Kazuki pensa également à l'argent qu'elle aurait ensuite. Elle n'avait jamais vécue dans le luxe alors elle ne pouvait que se frotter les mains.

C’était globalement faux bien entendu, mais la Kitto souhaitait que le peuple ne remette en question l’utilité des dônos. Pour elle, il n’y aurait que peu d’issues pour ces derniers. À terme, ils n’auraient d’autres choix que d’exprimer leur loyauté indéfectible envers l’Hokage ou bien démissionner sous la pression imposée par les villageois et les membres de leur clan. C’était là le déroulement idéal, évidemment Hegi s’attendait à ce que les choses se goupillent autrement, la réaction du Chikara-dôno étant celle qu’elle appréhendait le plus. Mais chaque chose en son temps, la Kitto dégusta la dernière gorgée de son thé et ajouta :



Les Chikara étaient connus pour être des fauteurs de troubles, il existait des tas d’homme comme Tensaï prêt à tout pour garder leur clan au sommet. La Kitto présentait qu’ils allaient lui poser des problèmes et pas seulement leur dôno. Il allait falloir agir autrement et Hegi avait déjà sa petite idée sur la question.

Hegi venait de lui donner les dernières choses dont elle avait besoin pour être sûre d'accepter l'offre. Maintenant elle savait qu'elle serait en sécurité si elle acceptait le marché. Et surtout elle savait comment se défendre. Les Donos ne tarderaient sûrement pas à être énervés contre elle, alors elle devait avoir un plan en acier, et Hegi était plutôt très utile dans cette entreprise.

Aussi, la Uzumaki n'avait aucune intention de la trahir, il fallait croire que l'amitié qu'elle avait eu avec Kyoko et le fait que la mère de cette dernière ait toujours été un fervent soutien de Kazuki joue dans la balance. Elle prit la dernière gorgée de son thé avant de répondre.



Plus Kazuki et son équipe avaient de temps pour exploiter ces documents, plus ils pourraient en tirer quelque chose, et cela allait prendre du temps. Alors qu'elle ne voulait pas traîner ici, il lui semblait que tout avait été dit.

Avoir Kazuki et son journal sous la main pouvait être très intéressant, pas seulement pour elle, mais pour le futur de Konoha. Si Hegi parvenait à ses fins, il n’y avait aucun doute que la Uzumaki allait avoir un rôle important à jouer, quitte à devenir l’intermédiaire officielle entre le peuple et le gouvernement que Nami décidera de mettre en place. La confiance allait devoir être de mise s’il s’agissait de s’allier pleinement avec Kumo et un journal dans ce genre pouvait facilement détourner l’attention ou au contraire l’attirer.



Lui dit-elle alors qu’elle se relevait. La jeune Uzumaki était journaliste, elle pouvait certainement comprendre l’importance de la discrétion dans un cas pareil. Sans réellement en avoir conscience, elle détenait entre les mains l’avenir de Konoha. Bien sûr, Hegi comptait sur son soutien, mais il restait l’alternative où elle préférerait avertir l’Hokage de son plan, auquel cas il en serait très certainement finit de la Kitto. Sur son chemin vers la sortie, elle se retourna et ajouta alors :