L'Ombre du renouveau

Le soleil disparaissait petit à petit de l’horizon tandis que les quelques tâches de neiges qui ornaient le sol de la capitale se préparaient à passer leur dernière nuit. L’hiver touchait à sa fin, amenant bientôt le printemps et avec lui une nouvelle année. Ces sept dernières années n’avaient pas été de tout repos, tu étais sans cesse sollicitée par l’Empereur ce qui ne te laissait que peu de temps pour vaquer à tes propres projets, car en effet, tu n’avais pas encore atteint ton but.

Perchée sur le balcon dans la pièce du Dairekan qui te servait de bureau, tu attendais patiemment l’arrivée de tes deux fidèles comparses, Kohana et Saori. Ces deux là t’étaient restées loyales, probablement car elles y trouvaient leur propre compte et qu’il valait mieux être dans ton camp que l’inverse. Bien que les deux femmes recevaient toujours des ordres de ta part, elles étaient relativement libres de mener leur vie comme elles l’entendaient.

Tandis que tu observais le soleil se coucher, le grincement de la porte attira ton attention. Tes yeux se posèrent alors sur la chevelure rosée qui venait d’entrer. Un sourire se dessina brièvement sur ton visage alors que tu te retournais complètement dans sa direction. Tu quittais alors le balcon, entrant dans la pièce. Tandis que tu approchais de ton bureau remplie de livres, de cartes et de papiers en tout genre, tu t’adressas à la jeune Miwaku :



Tu te montrais très directe comme à ton habitude. Il était chose courante que tu envoies Saori ou Kohana en mission, mais cette fois c’était différent, c’était personnel.

Seule dans ce couloir, chaque pas résonnant dans cet immense vide, l'allure fière presque assurée, Kohana se dirigeait vers le bureau d'une personne qui ne l'a connait que trop bien. Arrivée face à la porte après avoir traverser d'innombrables couloirs et escaliers, la jeune femme poussait cette dernière du bout de ses doigts laissant un grincement se faire comme pour annoncer que la bombasse faisait son entrée.



Laissait-elle échapper du bout de ses lèvres.


Ajoutait la jeune femme d'une voix suave et taquin. Des retrouvailles courtes, car dans ce nouveau monde le temps était particulièrement précieux. Des paroles futiles n'avaient pas leur place.


Elle croisait les bras tout en s'approchant davantage du bureau.




Une nouvelle mission de la part de la magnifique Kyoko pour qui Kohana avait une estime très haute. De quoi stimuler la soif destructrice de la jeune pousse, maître dans son art. Balayant son carré du dos de sa main la jeune Miwaku prenait un air plus innocent.




Bien apprêtée, la jeune peste s'assit sur le bureau les jambes en croix, une main posée sur le meuble et l'autre sur sa joue.

Lâchais-tu à la Miwaku. Tu avais confiance en elle, mais tu savais aussi que son caractère était particulier et qu’il valait mieux tirer sur laisse de temps à autres pour refréner ses envies meurtrières. La tâche qui allait l’incomber était loin d’être facile, un échec était acceptable mais sa discrétion était obligatoire. Alors que celle-ci s’asseyait sur ton bureau, tu ajoutas :



Tu fis alors glisser l’un des livres ouverts sur le bureau, ce n’était ni plus ni moins qu’un ouvrage interdit pour le commun des mortels puisque celui-ci recensait les personnalités importantes de ton ancien village aujourd’hui disparu, Konoha. L’ouvrage donnait sur une page décrivant les derniers dônos en date, plus particulièrement l’ancien Uzumakidôno, Shimazu. Un dessin plus ou moins fidèle de son visage y figurait également. Celui-ci avait du prendre quelques rides depuis, mais un Uzumaki restait un Uzumaki… Peut-être avait-elle déjà eu l'occasion de le rencontrer lors de son séjour au village de la feuille.



Tu restais évasive, tout simplement car tu savais plus que quiconque que les murs de la capitale avaient des oreilles. Le nom de Shimazu ne devait pas être évoqué et Kohana comprendrait bien vite que cette mission n’avait rien d’officiel même si en apparence la Miwaku partait pour une simple traque.

Kohana croisait les bras contre sa poitrine, elle se montrait offusquer des paroles de la Kitto. Son visage exprimait son mécontentement plongeant son regard dans celui de Kyoko-sama.


Lâchant un long soupir, la jolie demoiselle laissait tomber son idée principale. Un échange monétaire contre un service n'avait aucune réel valeur aux yeux de la Miwaku, elle avait de bien plus grandes ambitions qu'elle devait faire taire... pour le moment. Le monde n'était plus le même qu'auparavant et pour survivre la jeune femme devait faire preuve de bien plus d'ingéniosité.


La bombasse s'adoucissait légèrement après avoir été agacée un court instant.


Kohana patientait jusqu'à la fin des explications données par Kyoko-sama. Une colère profonde s'éveillait en elle. Chizue, hein ? Se disait-elle au fond. La princesse de l'empire qui avait été élevé par sa propre "soeur". Encore une fois tout revenait autour du sujet "Kazuko". Après des années à tenter d'ignorer sa vengeance personnelle suite à de multiples tentatives d'assassinats ratées, la chasseuse de prime poursuivait sur le sujet initiale.


Les pensées macabres envers la princesse Chizue disparaissait instantanément. Un bien plus gros gibier s'offrait à la chasseuse expérimentée. Elle en frémissait d'avance et ne put s'empêchait de lâchée un petit rictus d'excitation.






Une lueur malicieuse était perceptible dans son regard. Kohana ne garantissait pas dans quel état elle laisserait cet homme en vie. Il faisait partie des membres du clan de son "père" après tout. Ce Shimazu, ex-dono du village de la feuille morte ne valait pas mieux que le Gouverneur à ses yeux. Était-ce là l'ironie de la vie ? Probablement. La proie devenait chasseur, et le chasseur, le chassé.

Quoiqu’elle puisse te demander en retour, il était plus que probable que tu puisses le lui fournir, d’une manière ou d’une autre. Ce n’était plus les ressources qui manquaient désormais. D’ordinaire, ce n’était même plus à vous de traverser monts et forêts à la recherche d’informations, l’Empire avait des yeux et des oreilles partout, mais ce cas était particulier. Tes plans n’étaient plus un secret pour Kohana depuis longtemps. Elle qui autrefois n’avait que valeur d’otage face à Kumo, était devenue aujourd’hui celle que tu envoyais agir en ton nom, une véritable promotion, cela va sans dire. Tu fis alors glisser un dernier papier en direction de la Miwaku, et ajoutas :



Et accessoirement, une véritable preuve de confiance. Les actes de Kohana pouvaient facilement te retomber dessus en temps normal, et c’était d’autant plus vrai maintenant qu’elle allait se balader avec un document signé par ta main. Mais tu ne pouvais rien laisser entraver sa mission et ce passe-droit ne devait servir que de dernier recours, discrétion avant tout.

Kohana observait avec curiosité le geste de Kyoko. Elle patientait que cette dernière ôtait sa main avant de se saisir du bout de papier. La Miwaku levait les yeux vers son interlocutrice écoutant attentivement de quoi il s'agissait.


La taquinait-elle. La jeune femme était toujours autant joueuse. Un trait de caractère qui n'avait pas disparu avec le temps, hélas. Alors qu'elle se levait et s'apprêtait à partir en quête de sa nouvelle tâche, Kohana fut interrompue dans sa démarche. La main sur la poignée de porte elle se retournait pour montrer que la Kitto avait toute son attention. C'était presque que trop mignon, mais cela dégoûtait un peu la Miwaku. Ce type de paroles... Ce n'était pas son genre d'être aussi sentimental ou même de ressentir de la "compassion" pour quelqu'un.


Ses paroles étaient emprunt de sarcasme, évidemment. La jeune femme n'oubliait pas sa dette; une vie pour une vie.


Lâcha-t-elle avant de refermer la porte derrière elle. Sa seule obsession désormais était de réussir sa mission. Qui plus est, une mission personnelle pour Kyoko-sama ; la seule personne à qui elle jura fidélité sans jamais l'avoir trahi aujourd'hui encore. Comme à son arrivée, le claquement de ses talons plats se faisaient retentir dans les couloirs.