Il y a de cela quelques mois, Taiga avait reçu une étrange lettre, apportée par un messager à qui l’on avait lui même confié cette tâche sans donner plus de précision. En premier lieu, la Gaikotsu fut surprise que quelqu’un soit capable de la trouver aussi facilement, tandis que la lettre était ornée d’un sceau qu’elle ne reconnaissait même pas, et son contenu était de simples instructions, ce qui rendait celle-ci d’autant plus mystérieuse.

Rendez-vous à la Cité d’Haguruma dès la fonte des dernières neiges. Trouvez l’auberge du « Cerf Congelé » et demandez à boire du Sirop de Brume.


Signé :
Des amis.


C’était curieux, trop pour que la Gaikotsu n’y prête pas attention. Elle avait alors attendue de long mois pour finalement avoir l’opportunité de se rendre là-bas. La première chose qu’elle fit fut de cacher sa chevelure blanche, par chance au vu du climat, personne ne soupçonnait réellement quelqu’un qui portait une capuche. En revanche, elle espérait que personne ne prêterait trop attention à ses pupilles rougeâtres. Elle prit soin de marcher tête baissée au milieu des allées bruyantes mais pourtant paisibles de la cité. L’on y trouvait des objets ayant l’air particulièrement rares, en fait il ne se passait pas un endroit sans que la Gaikotsu n’aperçoive un objet qu’elle n’avait jamais vu auparavant.

Elle se perdit légèrement au sein de la cité, mais finit enfin par trouver son chemin jusqu’à la fameuse taverne mentionnée dans la lettre. Celle-ci était… eh bien, normale ? Quelques clients, une atmosphère réchauffée par la douce chaleur du feu tandis que la pierre isolait parfaitement le bruit de l’extérieur. Taiga ne perdit pas de temps, et tandis qu’elle s’accoudait au bar, elle dit discrètement :

Dialogue de personnage
« Un sirop de brume s’il vous plaît ! »


L’homme ne répondit pas, au lieu de cela il se contenta de lever brièvement son épaule droite et fit un signe de tête en direction de la porte, l’air de dire « par là ». Elle n’en demanda pas plus et se contenta de rentrer dans la pièce adjacente. Une fois là-bas, pas un chat, juste le bruit du feu crépitant dans une seconde cheminée. Il y avait simplement une table autour de laquelle Taiga prit place, à son aise, les pieds dessus.

Dialogue de personnage
« Bon… J’imagine que je vais devoir attendre un peu. »

Il y a 3 jours


Le Kakusei n’avait pas changé grand-chose pour Hiro, peut-être à part la tristesse d’avoir perdu des personnes qui lui était cher comme Akiko, Hinae et son père chez qui il travaillait comme cuisinier. Le jour de ce cataclysme, le jeune homme était loin du village, et avait juste appris en voulant rentrer que le village avait totalement disparu enseveli par la forêt qui déjà inhospitalière à l’époque était devenu complètement impraticable. Pour ce qui était de son énergie spirituelle, Hiro n’avait jamais vraiment compris comment en user, ce qui lui valait bien de moquerie de la part de sa cousine Akiko, mais de ce fait, il ne ressentait pas une grande différence dans son corps depuis la cataclysme qui avait touché le monde shinobi. Le jeune homme avait élu domicile dans les neiges de la capitainerie du nord, travaillant comme un livreur de charbon entre les mines et la ville, ce qui servait principalement à alimenter les ateliers d’artisans de la ville. Un jour, alors qu’il avait fini sa livraison, il retrouva dans sa poche un papier avec un mot.

Rendez-vous à la Cité d’Haguruma dès la fonte des dernières neiges. Trouvez l’auberge du « Cerf Congelé » et demandez à boire du sirop de Brume.

Signé :
Des amis.



Les dernière neiges n’allaient vraiment pas tarder à être fondu, et il fallait dire que cette énigme questionnait beaucoup le jeune homme, qui ne manqua pas de se rendre à l’auberge à l’instant où le tapis blanc avait laissé place à la végétation. Gaikotsu entra son boken à la ceinture, arme qui lui valait bien des moqueries par ses pairs, mais elle était la seule qu’il pouvait s’offrir.

Dialogue de personnage
« Bonjour, je voudrais un sirop de brume s’il vous plaît. »


L’aubergiste fit un signe de la tête, et Hiro alla s’assoir en se disant que cet homme n’était pas très aimable, et que cela était une honte de sa profession, lui qui avait longtemps aider à tenir le stand de ramen de Konoha, jamais il ne se serait permis un tel comportement avec les clients !

Hier vers 09h


Au fond de l’auberge, presque avalé par l’ombre d’un vieux poêle en fonte qui faisait gémir les murs à chaque soupir de chaleur, un type que tout le monde appelait Get, sans trop savoir si c’était son prénom ou juste un surnom de poivrot local, sirotait sa bière comme s’il avait l’éternité devant lui.

Cinquantenaire bien tassé, cheveux aussi blancs que la neige qu’il maudissait chaque hiver, il avait les yeux plissés non pas par la sagesse, mais à force de trop fixer les gens sans discrétion. Il portait une vieille veste de cuir râpée, probablement plus âgée que le plus jeune serveur du coin, et il tenait entre ses dents une tige de réglisse mâchonnée jusqu’à l’os.

C’était un mardi. Ou un vendredi. Genji s’en fichait. Pour lui, les jours se mesuraient à l’odeur du ragoût et au bruit que faisaient les bottes en entrant. Et justement, ce jour-là, les bottes avaient fait un bruit étrange. Un bruit de monde qui change. Et ça, Genji n’aimait pas ça.

D’abord, y’avait eu la fille. Plutôt discrète, capuche enfoncée, regard qu’on croise pas sans avoir des frissons dans la colonne. Il avait pas vu ses cheveux tout de suite, mais quand elle avait passé près du feu, le blanc avait accroché la lumière comme un secret mal gardé.

Puis, un deuxième. Un gars cette fois. Plus jeune, peut-être un peu paumé, l’air de ceux qui pensent qu’ils sont là pour une bonne raison, alors qu’ils savent même pas pourquoi ils respirent le matin. Et lui aussi ? Des cheveux blancs. Comme si la neige avait décidé de s’infiltrer jusque dans les crânes.

Genji plissa les yeux, tira une dernière fois sur sa tige de réglisse, et lâcha à mi-voix :

Dialogue de personnage
« Deux gamins avec des têtes de fantômes, et pas même un bonjour… Ça pue les ennuis, ou une secte. »


Il se leva lentement, en faisant craquer ses genoux d’un bruit assez sinistre pour réveiller un mort, et s’approcha de l’entrée de la pièce vers laquelle les deux étrangers avaient été dirigés, après leur fameuse commande de sirop de brume. Qu’est-ce que c’était encore que ce machin ? Du jus de légende ? Une blague pour touristes ?

Genji n’avait pas eu de lettre, pas de messager mystérieux. Il était juste là parce qu’il avait rien d’autre à foutre. Mais justement, quand on n’a rien à faire, on a le temps de remarquer les trucs qui clochent.

Il passa la tête dans l’embrasure de la porte, bras croisés sur son ventre légèrement proéminent, et lança d’un ton à mi-chemin entre l’ironie moqueuse et la curiosité mal placée :

Dialogue de personnage
« Dites donc, c’est une réunion d’albinos ou j’me suis planté d’anniversaire ? »


Se demanda-t-il. Il s’avança d’un pas lent, s’installant sans y être invité, sur une chaise un peu branlante, en face de Taiga et Hiro.

Dialogue de personnage
« J’vous connais pas, vous m’connaissez pas, mais j’vous jure qu’j’ai le même coiffeur. Alors soit c’est un complot capillaire, soit vous préparez un truc louche… Et moi j’aime pas être le dernier au courant quand y’a du louche dans les parages. »


Il sortit une flasque de sa veste, en versa une goutte dans son vieux godet cabossé, et ajouta, un sourire moqueur au coin des lèvres :

Dialogue de personnage
« Alors ? J’me suis trompé d’histoire, ou j’peux m’asseoir pour l’épisode un ? »


À peine avait-il terminé de débiter sa curiosité mal placée qu’une main ferme l’attrapa par l’arrière du col, sans crier gare.

Aujourd'hui vers 10h