« Tu sais tout aussi bien que moi qu'une ombre peut vivre.
Tu sais aussi qu'elle peut survivre.
Qu'elle n'a pas besoin d'évoluer...
Qu'elle en éprouve un plaisir..
Se tourner sur l'avenir est parfois chose déroutante.
J'ai toujours vu que demain dans tes yeux. Je n'ai jamais vu le présent. Tu ne l'estimes. Il ne te sert qu'à construire ton lendemain.
Tu sembles oublier.. Tu sembles mésestimer les bienfaits du moment s'offrant à toi..
Tu peux vivre dans le passé et pleurer continuellement tes proches.. Ou bien vivre dans l'avenir et tenter tant bien que mal à construire un monde suivant tes idéaux..
Mais... Tu peux vivre dans le présent.. Le sentir, l'estimer, l'aimer et surtout, le glorifier..
Sentir ton entourage et sa bienveillance...
Oui, je sais qu'au fond de toi, tu le veux, Hidemi. Je l'ai toujours su.
Tu n'es pas une machine. Ton père n'est pas un incapable...
N'imites pas une erreur quand tu peux construire un lendemain tout en profitant du moment semblant t'attendre continuellement.. »
Le long monologue de la vieille femme semblait sortir tout droit de son vieux coeur. Oui, elle souhaitait aussi cela. Elle voulait sortir Hidemi de son mal. Elle n'était pas comme Masashi, elle le savait. Il n'était pas trop tard. Elle pouvait encore voir ce qu'elle perdait. Sa présence politique ou ses engouements semblaient ne plus exister dans les yeux de la Okasan. Oui, elle se souvenait de ce père Genin et du grand-père perdant lamentablement...
De cette déprime, de cette honte et de bien des méfaits n'existant finalement pas. Alors ainsi, la vie devait bêtement se dérouler. La vie, la mort et il fallait l'accepter. Non, ce n'était pas une raison pour la calculer. Mais non plus pour l'ignorer... Hidemi et Masashi semblaient si différents... L'un préférait ne pas y penser pendant que l'autre ne voit que ça.
Oui, c'était donc ça... Un manque affectif, un mal. C'était la clé, la réussite à obtenir à Kumo. Elle soupira en observant sa rivale des derniers jours.
« Tu es une belle femme..
Tu peux profiter de ta vie.. De ton lendemain.. Tu ne pourras pas calculer le bonheur...
Alors Hidemi, ne l'estimes pas.. Laisses-le simplement venir..
Pour toi, simplement pour toi. »
La main faiblissante de la femme sembla rejoindre le dessus du matelas. Non, elle n'était pas en train de périr, elle semblait enfin pouvoir dire ce qu'elle avait toujours voulu. Le fond de sa pensée... La douleur à rejeter.. Elle aurait pu aider les gens bien plus tôt.. Les querelles veulent que parfois, des personnes se détestent sans la moindre raison... C'est ainsi. Une larme coulait lentement sur sa joue... Elle souriait encore.
« La différence, elle n'existe simplement pas, Hidemi.
Nous sommes pareils, nous pensons tous de la même façon.. Toi.. Moi.. Masashi.. Buichi..
C'est ce que je retiens. C'est ce que je veux que tu retiennes. Avec ça, tu pourras comprendre que demain est réalisable à plusieurs.
Via cela... Vous pourrez construire le bonheur.. Celui que vos pères recherchent depuis toujours.. Cet empire, il n'est finalement là que pour vous.. Pour les enfants.. Pour la sécurité... Doit-on continuer alors que la situation semble se diriger de nouveau vers des tueries pour... Un agrandissement simple et linéaire.. N'est-ce pas redondant ?
Enfin, ce n'est pas le sujet.
Sois simplement heureuse.. »
Elle se tut afin d'observer la Hattori. Simplement. Bêtement. Tel un piquet, elle ne bougeait pas. Elle avait finalement pu dire tout ça.. Mettre des mots sur sa tristesse, c'était simplement la chose la plus difficile de ce monde.. Ne pas craindre le regard... Un avantage bien miséricordieuse de la mort... L'avis des autres ne semblait qu'un vague problème..