Direction et décisions...

        En face à face, Masashi semblait plus occupé par ses papiers que par Shinichi. Malgré tout, le chef des armées était un habitué, il savait comment réagir face à l'ignorance, il était entraîné pour cela. D'une voix subtile, le Kage débuta la conversation :



        Le Hattori repensa à la tuerie lors de l'enterrement, aux nombreux morts, au mal naissant au sein du village et à sa fille... L'homme semblait même douter de sa propre famille, le coupable était invisible.



        Masashi soupira.

Shinichi n'eut pas besoin de lire l'ordre de la convocation pour connaître la raison de cet entretien imprévu. Comme tous les autres membres du village, le Chef des Armées avait eu vent du massacre qui s'était déroulé lors de l'enterrement de la Okasan. Les circonstances voulaient qu'il se trouve loin du village lors de cet assassinat, mais il savait que nombreux étaient les bourgeois en colère qui le pointaient du doigt ; après tout, il dirigeait le Front de la purification et la cible première des malfaiteurs avait été Hattori Hino, son opposante politique.



Il n'en était pas à regretter la mort de son adversaire idéologique, mais il avait toujours mis un point d'honneur à respecter les règles. Les coups bas et les effusions de sang inutiles ne l'intéressaient pas.



Shinichi ne pouvait compter sur le Parti. Après tout, cet incident n'avait pas engendré que des réactions négatives.. La mort de Hino était vue comme une aubaine pour certains extrémistes.

        Shinichi était décidément quelqu'un de confiance, il ne craignait nullement sur le regard de Masashi. Le Raikage continua comme si de rien n'était :



        Rien qu'en repensant à la mort d'un Hokage, le Hattori se mit à sourire légèrement. C'était facile, bien trop facile. Deux hommes au pouvoir disposant d'une puissance considérable, ce village était auparavant un problème. La nation du feu était donc en train de pencher en la faveur des Uzumaki. Qu'attendaient les Chikara pour se révolter et se faire anéantir pour cause de sous-effectif ?



        Le terme "partager" était bien choisit par Shinichi, il ne sonnait pas comme une reproche. Masashi était effectivement entre les deux parties. Attaquer bêtement était chose dangereuse, mais ne pas attaquer ferait grandir la bête.



        Effectivement, les origines de la cicatrice étaient connues du Kage...

Shinichi passa une main délicate sur sa cicatrice. La simple mention de Konoha faisait ressurgir en lui d'anciens souvenirs, de mauvais. Il ne pouvait se permettre de vivre dans le passé, mais bientôt, il le sait, il aurait sa vengeance.



Le souci était que Shinichi ne pouvait déterminer le délai qu'il restait avant que le village caché de la feuille implose. Dans cette ambiance de tension perpétuelle, le temps semblait être la richesse la plus précieuse.



Le prix d'une seule vie était peu cher payé comparé à l'avantage que Kumo pourrait ensuite tirer de cette situation. N'était-ce pas pour ça que les shinobis s'engagaient, pour servir leur pays, même aux portes de la Mort ?



Shinichi avait pu constater de ses propres yeux l'atmosphère qui s'était installée au village caché de la Brume. Les regards noirs, les murmures et les fausses courtoisies était de mauvais présages.

        Comme à son habitude, Shinichi agissait dans l'extrémisme sans même réfléchir à la portée de ses actes. Il était ainsi, vengeur dans l'âme. Cependant, cela n'était pas une solution franchement habile et le retour de flammes pouvait être important. Le plan au sujet de Konoha était bancale et pouvait comporter bien des virements de situation. Le village pourrait ainsi se retourner face à la foudre et la situation en serait d'autant plus gênante. Malgré tout, les Kumojins ne pouvaient attendre le mauvais sort.



        Masashi possédait un avis tranché sur la question. Agir, oui, mais agir bien ! Il savait qu'il était temps de se montrer, mais la nation du feu possédait un avantage sans égal, Kumo en connaissait bien trop peu...



        Malgré ça, la seconde idée du chef de l'armée semblait bien plus intéressante. Il semblait s'orienter de nouveau sur Kiri. Un endroit tout aussi instable où la puissance des ninjas en devenait inquiétante.

Shinichi l'avait craint, le Raikage présenta certaines réticences face aux différents plans qu'il lui soumettait. D'un côté, le Maître des Armées ne pouvait que comprendre son supérieur : Kumo devait agir prudemment et n'avait pas le droit au moindre faux pas. Néanmoins, ils ne pouvaient se permettre de perdre encore plus de temps ; il fallait agir tant que la confusion pesait encore sur les deux villages.



Du moins, aucun qui pourrait faciliter l'insertion d'un espion kumojin au sein du village caché de la Feuille.



Un plan qui pouvait s'avérer efficace, mais qui comportait quelques aléas : il reposait sur la bonne volonté des Chikara et leur puissance.

        Shinichi possédait cette vilaine habitude de se surestimer, risquant sa vie inutilement. Il devrait pourtant comprendre l'origine de ses blessures. Il ne semblait vouloir avouer sa défaite face aux autres... Un Kumojin bafoué.



        Le Kage avait bel et bien un plan en tête, il aurait cependant préféré que son subordonné finisse par le comprendre.



        Le Raikage estimait que Shinichi n'était pas apte à cela. Finalement, le seul pouvant assassiner le Mizukage était le Kage de la foudre. Mais il n'était pas certain de l'utilité de cela.



        Prendre contact... Oui, mais comment ?

Shinichi avait perdu la dernière parcelle d'espoir qu'il persistait à garder. Comme tous les autres, le Raikage semblait juger le présent et l'avenir de son subordonné en se basant sur ses erreurs passées. Combien d'années encore l'assassin allait-il devoir porter la malédiction que lui avait infligé cet ennemi konohajin d'antan ? Il portait cette balafre comme un fardeau qui rappelait, à lui comme aux autres, à quel point il avait été insoucieux et vaniteux dans sa jeunesse. Néanmoins, cette époque était révolue : le jeune homme avait grandi et appris de ses fautes.



Le Maître des Armées était lui-même un expert en illusions et il avait du mal à imaginer qu'un plan comme ça puisse aboutir. Pour avoir approché Gochiro, il ne pouvait nier sa grande force autant physique que psychologique. Il devait être habitué aux coups de couteau dans le dos et aux retournements de veste. La rébellion éphémère qu'il avait du essuyer le prouvait bien.



Quel avantage pouvait-il gagner à affronter un adversaire inconnu du peuple ? Il était Mizukage, pas un vulgaire chien de combat.

Un éclair de génie travers l'esprit du Raikage. Il savait dorénavant comment s'occuper du cas de Kiri. Il allait simplement avoir besoin de temps.



Le ninja cachait pas un vil sourire. Il était certain que la situation pouvait dorénavant évoluer positivement. Le risque était moindre pour sa personne. Il suffisait de jouer des mots. Kiri ne pourrait crier à la rébellion de cette façon. Ce plan rendait les autres possibilités ridicules et obsolètes.



Shinichi devait comprendre où son Kage voulait en venir, il reprit son inspiration et son monologue en fit de même :



Le regard du Raikage s'assombrit soudainement :



Masashi espérait réellement que Konoha serait répondre positivement à une telle invitation. Il imaginait déjà le lieu de la rencontre. Pour une première fois, il semblait envisager son propre déplacement. Cela était-il dangereux ? Il n'en savait rien. Malgré tout, il comptait bel et bien s'équiper des meilleures armes.

Le Raikage était fidèle à son image de stratège. Il analysait la moindre situation et évaluait les risques qu'elle pouvait engendrer. Même si elles pouvaient prendre un certain temps, ses décisions étaient réfléchies et ça leur permettait d'une certaine manière d'avoir toujours un coup d'avance sur leurs ennemis. C'était une des nombreuses raisons qui forçaient l'admiration que lui portait Shinichi.



Au sourire malicieux qu'il affichait, Masashi semblait avoir trouvé un stratagème parfait pour calmer les ardeurs du Pays de l'Eau. Shinichi ne lui demanda pas plus de détails, il savait que certains plans avaient besoin d'être correctement ficelés avant d'être dévoilés.



Le sort de Garaki ne l'attristait guère, mais il redoutait ce que pouvait engendrer les sacrifices : des mouvements révolutionnaires. Il y avait toujours un risque que l'offrande d'un tribut soit mal accepté par le peuple. Plus particulièrement si il était originaire d'une grande nation comme celle du Pays de la Foudre.



Sacrifier un cavalier pour faire tomber un Roi, ça ne pouvait qu'être bénéfique, non ?

        Un pion comme le maître des armées était unique. Il était celui capable d'atteindre le camp ennemi pour prendre les capacités de la reine. L'espoir ultime de la partie. Il pouvait mettre en échec sans mal et sans crainte de la mort. Son aptitude à se sacrifier était déconcertante.



        Le Hattori ne mâchait pas ses mots tout en pensant différemment. Au fond, l'espoir de Kumo n'était pas le véritable coupable. Tout cela n'était de la faute que de son senseï, il avait été choyé et pas suffisamment entraîné sur le plan mental. Il avait hérédité de la rage de son maître.



        Le plan semblait se parfaire à une vitesse difficilement croyable. Mais à qui adresser des requêtes secrètes ? Fallait-il compter sur la première rencontre des commerçants avec un membre de chaque clan en question ? C'était risqué, mais jouable.

Le sort de Gareki était scellé : il servirait de divertissement pour les hauts dignitaires du village caché de la feuille, permettant ainsi une réconciliation entre les deux Nations. C'était peu cher payé par rapport aux avantages qu'une nouvelle alliance pouvait offrir à Kumo, mais Shinichi ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Ils sacrifiaient dans ce plan un des meilleurs shinobis du village.



Encore une fois, les raisons du Raikage n'étaient pas contestables. La relation étroite que possédait le tribut avec Buichi ne témoignait pas en sa faveur, et sa conduite lors du tournoi des champions était intolérable.



Le Maître des Armées avait eu écho des conditions dans lesquelles s'était déroulée la précédente entrevue diplomatique. Rien ne favorisait le tissage de bons liens. Ils ne devaient pas faire la même erreur.