Quand les larmes deviennent du sang

Les yeux de Natsumi s'ouvrèrent. Tout était flou. Elle les ferma puis rouvrit à nouveau. Où était-elle ? Un plafond en pierre qu'elle reconnut rapidement : le sanctuaire du sang. C'était donc pour cela que le sol était froid. Elle était sur de la pierre.

Rapidement, ses souvenirs lui revint tel un coup de poignard. Elle voulut pleurer mais elle ne semblait plus avoir de larmes ni de voix. Elle semblait éteinte. Près d'elle, elle sentait la présence de son créateur. Elle s'y accrocha telle une sangsue.



Etait-ce lui qui l'avait ramenée ici ? Chez elle, à Cha ? Cet endroit peuplés de vampires ... mais d'aucun homme ? Natsumi grimaça en s'asseyant. Ses yeux rouges fixaient l'horizon.



La fillette hurla à la mort. Etait-ce la douleur ou la colère ? Sûrement les deux.

        Après une bonne heure d'attendre, Hatsuharu précipita le départ. La petite était réellement trop mal pour reprendre la route. De plus, le légendaire s'en inquiéta pas. Ils étaient immortels, la chasse allait simplement être longue.



        Le vampire semblait combler les humeurs au fil de celles-ci, sa figure n'avait plus réellement un aspect conforme. Il passait de la colère à la joie ou de la haine à la crainte. Il ne savait plus se mesurer.



        Il attendait cela depuis quelques heures. Cette discussion devait changer les choses. Hatsuharu devait pouvoir se venger.

        Un douce lumière semblait transpercer l'aspect sombre de cette salle. Le siège et le corps du prince étaient bercés par les rayons du soleil. D'une voix puissante, il prit la parole :



        Le prince semblait bien étrange. Les paroles choisies étaient destinées à bouleverser la façon de penser des autres protagonistes.



        Le Kenketsu semblait voir clair dans le jeu de Hatsuharu. Sa vieillesse aidait sûrement en cela, il connaissait le comportement humain.



        Le prince se rappela d'avoir eu l'âge de Hatsuharu. Il se rappela de sa énième tentative de contact avec les humains...

L’aliéné entrait dans la salle du prince en fredonnant comme à son habitude, une mélodie dont lui seul avait la connaissance. Il fut surpris de retrouver la jeune enfant avec qui il avait voulu jouer quelques mois plus tôt mais où ce jeu s'était transformé en terrible moment d'ennui à cause d'une pimbêche qui s'était invitée sans prévenir.

Saiko salua le prince, puis Hatsuharu qu'il respectait beaucoup et fit enfin signe à Natsumi.

Hatsuharu essayait de la réconforter, mais le mot "patienter" fit l'effet d'un électrochoc pour la petite fille. Elle se mis à hurler et à frapper par terre avec ses petits poings.



Puis elle éclata en sanglot et se réfugia dans les bras de son créateur. C'est à peine si elle vit Saiko, ce vampire étrange, arriver dans la pièce. Tout semblait flou autour d'elle. Allait-elle un jour sortir de cette état ? Arriverait-elle un jour à surmonter cette peine immense ? A combler ce trou béant laissé par la mort de son frère ?

        C'était prévisible de la part d'une enfant. Hatsuharu hésita presque à plonger la jeune fille dans un Genjutsu. Il ne le fit pas, par pitié sûrement.



        Le Kenketsu cachait une certaine haine. Il prit compte de l'arrivée de Saiko sans réellement répondre à ses dires.



        Hatsuharu s'arrêter face au visage du roi des vampires. Il semblait éprouver quelque chose de bien étrange.

        Le visage du prince se crispa. Comment cela pouvait-il être possible ? Son jadis air calme n'était plus. Un énervement constant semblait grandir en lui. Il prit la parole avec un peu plus de hargne :



        Il ne cria pas, mais son interrogation sembla violente. Cela n'était pas chose lambda pour le prince. Il semblait affecté par l'annonce.



        Il inspira sa haine. Hatsuharu et Natsumi ne pouvaient y retourner. Il allait ainsi devoir la rencontrer, c'était un risque de taille, mais la Gaikotsu ne pouvait vaincre des siècles d'existence.

Le pouvoir légendaire de Faust Gaikotsu était réapparu...

A l'instar du prince, les traits de Saiko se figèrent à l'écoute des dires d'Hatsuharu. Et sans pouvoir s'en empêcher, tout son corps se mit à trembler. C'était ... si excitant. Un sourire plutôt démoniaque vint illuminer le visage de l’aliéné. Sa respiration devint saccadée. Ses pupilles rouges se dilatèrent.



Il apprit également la mort de Jio, d'Ikuro, de Sana et enfin de Natsuko. Il tourna les yeux vers Natsumi qui était dans tous ses états. Son sourire s’estompât quelque peu. Tous ces vampires tués n'étaient pas vraiment des débutants. L'ennemi devenait réellement dangereux et de plus en plus agressif. La situation s'inversait. Ce n'était pas normal.



Il était temps d'agir et de montrer aux humains qui était au sommet de la chaine alimentaire.

Natsumi se leva et se plaça au centre de l'attention des trois vampires. Les sourcils froncés, elle ne comprenait pas tout ce qu'ils disaient.



Elle désigna Saiko de son petit doigt comme si elle souhaitait le battre en duel.



La fillette se tourna alors vers les deux autres vampire et fit précipitamment, tel un caprice :

        La voix de Hatsuharu sembla soudainement inquiétante. Bakura était une ennemie de taille, il fallait avant tout la comprendre et estimer sa capacité à combattre.



        Le Kenketsu avait bien un plan en tête, il prit place derrière la petite fille.



        Le regard du centenaire semblait fixer Natsumi. Elle devenait instable. Il était fort probable qu’il allait falloir la calmer…

Natsumi était perturbée et bien sur les nerfs. C'était amusant à voir ! Mais inquiétant aussi. Si Saiko aurait pu s'inviter dans les pensées de l'enfant centenaire, il l'aurait fait avec plaisir. Elle venait de perdre sa jambe droite, sa famille, son seul amour... Le duo de choc si célèbre chez les Kenketsu n'était plus. Ce devait être un magnifique chaos dans cette petite caboche trognonne !

Hatsuharu, lui, semblait craindre la Gaikotsu. Et c'était tout aussi amusant à voir. Saiko craignait secrètement Hatsuharu. Le voir ainsi s'inquiéter à son tour de la puissance de la Gaikotsu était presque jouissif. Mais d'autant plus effrayant. Il s’intéressait à l'Uzumaki qui accompagnait la Gaikotsu. Et apparemment, il n'était pas le seul à accompagner l'héritière de Faust...

Les routes de Masaru et de Kiyomori avaient fini par se séparer après un périple d'une ou deux années. Elle s'était par la suite rendue à Ame, repère du Prince à l'époque de sa liberté. Mais le lieu était désormais dévasté. Il y avait des squelettes ici et là, abîmés par les temps passés. Des cages thoraciques encore traversées par des pieux plantées dans le sol. Les vampires s'étaient-ils éteints ? Kiyomori ne pouvait y croire. Et elle avait poussé ses recherches afin de retrouver leur trace. Quelques mois plus tard, elle mettait donc le pied dans la nouvelle cité des vampires : Cha. Le cadre était bien différent avec ses paysages enneigées, son manque de vie et de verdure. La femme aux cheveux couleur ébène imaginait déjà une vie bien triste et morose, retranchée du monde extérieur pour les quelques survivants de son espèce. Malgré tout, elle était curieuse. Et puis, elle n'avait pas fait tout ce chemin pour rien après tout. Elle prenait son courage à deux mains et poussait les portes de la plus grosse bâtisse du village, espérant trouver âme qui vive. C'était le silence et il faisait noir. Visiblement, personne n'occupait plus ce lieux depuis longtemps. Elle tentait alors sa chance dans d'autres bâtiments du village délabré, jusqu'à tomber par hasard sur le prince en personne. Elle s'adressait alors à lui de manière très solennel, mais avec conviction :