A l'aube d'une nouvelle vie

Combien de temps ? Combien de jours ? Il n'en savait rien. Tout ça lui semblait si loin. Comme s'il venait de se réveiller après un demi-siècle de sommeil. Et pourtant, non.
Son combat ne remontait qu'à trois jours et le goût infect de la défaite persistait sur son palet. Stupide n'est ce pas ? Ce n'était qu'un duel... Un simple duel contre un genin. Un duel où il devait montrer la force de Chikara, un duel où il aurait enfin pu prouver sa valeur. Un duel qu'il avait perdu.
Son cœur semblait broyé à jamais, la honte pesait sur ses épaules endolories. 

Aujourd'hui, il sortait enfin de l'hôpital. Après un état frôlant le coma de plusieurs heures et un week-end de repos et de soins pour le faire récupérer, il sortait enfin. Il aurait dû être heureux, le soleil luisait et éclairait son visage pâle. Un vent frais soulevait ses longs cheveux blonds. Le village de Konoha était empli de couleurs vives et d'agitation, de joie. Mais rien n'y faisait. Tout lui semblait terne, froid. Mort. À moins que ça ne soit lui. Il était mort de l'intérieur, à cause de ce gamin. Sa vie entière était foutue ! Il avait ridiculisé son nom, trahit la promesse qu'il avait faite à l'Hokage, bousillé tout ce qu'il chérissait. Pour rien. Ce gamin s'en sortait libre et indemne. Cette pensée lui donnait la nausée. À moins que ce ne soit les médicaments....

D'un pas maladroit et peu assuré, Nakatsu avait quitté le centre-ville et errait désormais dans les rues de son quartier, les rues de son clan. Qu'allait-il faire maintenant ? Où allait-il aller ? Il devrait surement s'expliquer auprès du Kage  Chikara, s'excuser et quémander une nouvelle chance d'être utile mais il n'en avait même pas le courage. 
Toute volonté l'avait abandonné. Peut-être aurait-il mieux fait d'y passer, ce jour-là. Les regards des Chikara semblaient étaient comme des dards qu'on lui plantait dans le cœur. C'était insupportable. Il était vraiment pitoyable.

Nakatsu. Nakatsu. Nakatsu. Toutes mes pensées n'étaient tournés que vers une seule personne. Mon ami, mon frère de cœur. Nakatsu.

Je me levais péniblement. Je me suis entraîné à ma nouvelle technique jusque tard hier. J'étais exténué, et mes yeux refusaient de s'ouvrir. Mais je devais me lever. J'étais tellement occupé par mon entraînement que je n'ai même pas pu aller voir mon ami à l’hôpital. Nakatsu avait affronté un jeune genin du village il y a quelques jours, et avait mordu la poussière.

Tel que je le connaissais, il devait être brisé. Il avait perdu face à un plus jeune que lui, et son amour propre devait en avoir prit un coup. Mais pas question de le laisser comme ça. Je recollerais les morceaux. Par la violence si il le faut.

Je sortis de chez moi quand je fus habillé et qu j'eus pris un bout de pain. Une fois rassasier, je sortit dans le quartier. Vu l'heure qu'il est, Nakatsu devait déjà être sortit de l'hôpital. Je tournais à droite quand je fus arrivé à l'intersection de la petite galerie marchande, puis arrivais au parc. Il était là, assis, désolé, rongé par les remords. Je m'avançais à proximité de lui.



Je em doutais de la réponse. Mais je lui remonterai le moral coûte que coûte.

Ses pas l'avaient finalement conduit jusqu'au parc du village. Là, il s'était laissé s'écrouler lourdement sur un des nombreux bancs, face au soleil, et s'était contenté de regarder la vie que regorgeait cet endroit d'un air absent, morne. Pourquoi était-il là ? Il ne le savait pas. Peut-être espérait-il un peu de réconfort. Mais rien n'y faisait, il se sentait toujours aussi vide, désespéré. Il poussa un long soupir las tandis que les rayons du soleil réchauffaient lentement sa carcasse. 
Peut-être qu'exterminer le clan Uzumaki au grand complet lui redonnerait un semblant d'énergie... Nakatsu était assez extrémiste dans ses idées, et l'expression qui lui convenait plus était probablement « aux grands maux les grands remèdes ». Mais à quoi bon penser à des choses aussi radicales, quand on sait qu'on ne vaut rien face à un gamin? Une voix loin de lui être inconnue le sortit un tant soit peu de ses pensées morbides. Lentement, ses prunelles azurées se posèrent sur le nouvel arrivant et l'identifièrent en quelques secondes. Quoi d'étonnant ? Ne reconnaitriez vous pas votre meilleur ami, vous ? Un sourire voulu s'immiscer sur ses lèvres, mais son échec cuisant et sa honte dévorante l'en empêcha. Nakatsu détourna vivement la tête, incapable de soutenir le regard de son ami plus longtemps. Il devait le trouver minable, comme tous les autres. Perdu face à un morveux.
Auprès de n'importe qui, Nakatsu aurait fait un effort pour se montrer insensible, intouchable. Il aurait fait comme si rien de cette histoire ne l'atteignait et aurait maintenu la tête haute. Mais pas avec Qazea. Avec lui, ça ne servait à rien. Il aurait tout de suite deviné la supercherie, ils se connaissaient trop. Et malgré ces années, malgré cette amitié, Nakatsu était persuadé qu'il lui en voulait pour sa faiblesse si misérable.



Il avait lâché ses quelques mots comme des poids dont il voulait se débarrasser. Les premiers depuis sa défaite. Un mensonge, bien évidemment.

J'attendis quelques instants avant d'aller le voir. Je sais ce que c'était que de se faire humilié. Et je sais qu'il lui faut du temps. Mais je ne pouvais pas lui en laisser, car je savais également que si on ne répare pas vite de telles blessures, elles deviennent rapidement inguérissable.

J'étais moi même perdu dans mes esprits. Comment ferais-je pour lui remonter le moral ? Je sais qu'un long discours ne marcherait pas sur Nakatsu, pas plus que de belles paroles. Mais je n'allais tout de même pas le frapper pour lui faire reprendre ses esprits !

Une douce brise me tira de mes songes quand j'eus décidé de tenter d'abord de le raisonner. Il serait capable de beaucoup de choses, dans le désespoir. Quand je fus à proximité, ses magnifiques prunelles bleus azurés me reconnurent immédiatement.

Ce que je vis me donna un coup de Kunaï au cœur. Ses yeux avaient quelque chose de brisés. Il avait perdu toute motivation. Il tenta de sourire mais n'y arrivait même pas. Il était vraiment mal. Et la première chose qu'il me dit me toucha encore plus. Non, ça n'allait pas ! Il ne pouvait décidément pas gâcher sa vie comme cela.

Un léger silence s'installa entre nous, comme si il était absent. Puis je fus décidé. C'était mon rôle de le réconforter. Je m’agenouillai juste devant lui, et lui prenait la tête dans mes mains pour l'obliger à me regarder. Je prenais la parole tendrement, d'une voix qui se voulait apaisante, malgré le stress de ne jamais retrouver mon ami tel qu'il était avant.



J'espérais sincèrement que mes paroles feraient mouche.

Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire ? Rien. Il n'allait pas chialer sur son épaule comme un gamin à qui on venait de refuser son caprice. Il n'allait pas non plus faire comme si tout allait bien, il s'en sentait incapable. Quant à rester là, comme deux pantins à attendre qu'une cloche viennent les réveiller... Non. Peut-être que partir serait la meilleure option. Le laisser là, rentrer chez soi. Se perdre dans ses draps, fermer les yeux et oublier. Le silence, Nakatsu détestait ça. Et pourtant, aujourd'hui, il ne trouvait rien pour le briser. Il osa poser une nouvelle fois son regard sur le visage de Qazea. Il avait l'air inquiet, déboussolé. Ça se comprend, c'était bien la première fois que Nakatsu se mettait dans un tel état... 
Il aurait voulu lui taper sur l'épaule en criant une débilité mais rien ne lui venait. Peut-être lui dire qu'il en fait trop, que ce n'est rien...Qu'il est beaucoup trop sensible. Mais il ne voulait pas. Il ne voulait car au fond, ça lui plaisait. Voir quelqu'un s'inquiéter pour soi, ça apporte toujours un petit baume au cœur, quoi qu'on en dise.

Qazea prit enfin la parole, dieu merci. Le silence allait pouvoir enfin disparaître, s'envoler et hanter quelqu'un d'autre. Oui, son cœur allait s'alléger, tout reprendrait son cours. C'est en tout cas ce qu'il avait espéré. 
Nakatsu ne put s'empêcher de rire. Un petit rire nerveux, un rire des moins agréables. 



Ses membres tremblaient, il avait l'impression que son épaule gauche était en feu, que la dague se plantait encore et encore, tentant d'atteindre son cœur pour briser tout espoir à la racine.. Une douleur qu'il ne se pardonnait pas. Ses paroles avaient l'effet de lames de rasoirs dans sa bouche. Il en aurait frissonné.

Ah la la, Nakatsu, tu étais tellement prévisible ! Avec ton caractère à la fois pénible et exquis, qui te rend à la fois détestable et admirable ! Si tu savais comme je tenais à toi. Quoi que tu fasse, tu semblais avoir raison, et quand tu étais triste, je devais te consoler.

Malheureusement, tu avais l'air complètement brisé. J'avais essayé de te remonter le moral, mais ça n'a fait que te rendre encore plus triste en te rappelant la jeunesse de ton adversaire.



Ce n'était pas ça qui le réconforterai, j'en étais conscient. Mais j'étais à court d'idée. Quoi que je dise, il trouvait quelque chose à répondre, et la plus part du temps, il disait vrai. Je mis ma main sur sa cuisse et le regardais dans les yeux.



Il ne me restait plus qu'un seul espoir. Je devais essayer de le toucher.

Il avait raison. Chez les ninjas, l'âge ne compte pas. Mais ce gosse avait tout gâché. Ça n'aurait vraiment pas dû se passer comme ça. Il soupira. Combien de personnes avait-il déçu par sa ridicule prestation? Le Hokage Chikara, les trois quarts des Chikara... Moui, une grande partie de Konoha, en somme. Et la seule partie qui comptait vraiment pour lui, en plus.
Son regard croisa celui de Qazea ; une nouvelle fois. Et Nakatsu soupira ; une nouvelle fois. Seulement, cette fois-ci, cela avait quelque chose de différent. Comme si quelque chose atteignait enfin son cœur. Il esquissa un début de sourire à celui qui avait toujours été là pour lui, et qu'il remercia aujourd'hui par une gueule d'enterrement.



Il paraît que se confier est le premier pas pour se remettre d'aplomb. Il paraît. Pour le moment, Nakatsu ne voyait pas trop ce que ça changerait à sa peine mais il lui devait bien quelques explications.

J'avais gagné. Grâce à mes paroles pleines de bon sens, je l'avais touché. Il redeviendrait celui qu'il a toujours été. Il soupira plusieurs fois en me regardant. Il savait que notre lien était unique et plus fort que tout. Nous pouvions compter l'un sur l'autre.

Mais je savais qu'il allait mal. Il avait déçu tous ceux qui comptaient pour lui. Enfin, sauf moi. Il ne me décevrait jamais. Nous étions amis, et il nous arrivait même de travailler ensemble.

Il commençais à regagner un sourire. Voilà le ninja que j'appréciais ! Je lui répondit d'un sourire franc. Il soupira en me disant qu'il avait tout fait foiré. Qu'il n'avait pas accomplit avec Brio la mission que notre Hokage lui avait donné.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Le revoilà. Un ninja joyeux mais pas trop, se concentrant sur son but. Nakatsu.



Je me tus quelques instants. Je voulais lui dire autre chose, mais la phrase n'avait rien à voir avec le reste. Quand la phrase fut diggéré et une douce brise passée, je repris la parole.

Qazea était sans doute le mieux placé pour réconforter Nakatsu. Ou au moins, le remettre sur une voie moins sombre. Il savait comment lui parler, il savait quoi faire pour le retrouver. Chacun d'entre eux savait quoi dire pour faire réagir l'autre, pour lui faire ouvrir les yeux. 
À croire que l'heure pour lui de se laisser ronger par les remords n'était pas arrivé, qu'il avait encore quelque chose à faire, un espoir à nourrir, avant de s'abandonner à ses malheurs.
Un véritable sourire vint enfin reprendre sa place sur le visage blafard du Chuunin. En quelques mots, Qazea avait accompli la tâche à laquelle les infirmières et d'autres Chikara s'étaient arraché des cheveux. Il avait réussi à redonner un souffle à la motivation du blond. Une chance de rendre fier les Chikara...Cette simple pensée le forçait à reprendre des forces. Quel Chikara se morfondrait de la sorte ?! Un faiblard, un nul. Les plaintes et les peines, il faut les réserver aux Uzumaki !



Ça y est. En quelques secondes, sa volonté semblait s'être ravivée et tel un phénix, il s'extirpait des braises de sa fierté perdue. Sa main vient s'apposer brusquement sur l'épaule de son interlocuteur, la chaleur de la vie reprenant lentement place dans son corps.



Ça prendra du temps, oui. Mais Nakatsu s'en remettrait. Il effacera cette tache nuisible de sa vie et prendra enfin sa revanche sur ce monde, sur ce clan, sur ce village. Sur ce môme.

Je savais quels mots employés. Si seulement j'avais sus, je ne me serai jamais fait tant de billes. Même anéantis, Nakatsu était le même. Il était mon ami, on s'aimait, il jure sur l'honneur de notre clan et déteste les Uzumaki. Mon cas à moi n'est pas si grave. Un nunekenin des Uzumaki a tué mon père. Je n'en veux pas à tous les Uzumaki, mais si je retrouve celui qui a fait ça, je jure sur l'honneur des Chikara que je le tuerai de mes propres mains.

Quel bonheur eus-je quand il reprit finalement un sourire digne de ce nom ! Je le comprenais mieux que personne. Je fus tellement soulagé de voir que je réussis à le réconforter ! Pour tout vous dire, c'est même égoïste, mais ce fut un bonheur. Le fait que seul moi ait pu lui redonner sa motivation prouve que notre lien est spécial.

Il déclara qu'il se vengerait et que plus jamais les Uzumaki se serviront de notre clan. J'acquisa dans un petit cri de guerre assez timide.

Puis ce fut le contact physique. Quelle joie ! Il avait tellement retrouvé sa motivation qu'il m'avait pris par l'épaule et dit qu'il aurai besoin de moi.



J'étais heureux d'avoir réussit à motiver Nakatsu que j'avas crier cette phrase un peu trop fort. Voyant les gens qui me dévisagaient, je ne pus m'empêcher de lâcher un petit rire.

Une chose est sure : quand l'un était motivé, l'autre l'était aussi. Le retour de vie dans le corps de Nakatsu semblait ravir son associé qui ne put retenir un petit cri de guerre ou des petits rires. Pendant un instant, Nakatsu avait l'impression que rien ne s'était passé. Rien n'était important, il se sentait léger. Presque en paix. D'un bond, il se releva et répéta les dires de son interlocuteur.



Son bond était peut-être un peu trop nerveux d'ailleurs, puisque la plaie partiellement cicatrisée de son épaule lui fit comprendre que, pour le moment, les mouvements trop brusques étaient à éviter. Trois jours ne seront pas de refus pour se remettre entièrement. Et les médocs qui lui avaient été prescrits accélèreront surement la chose.
Allez, je dois rentrer. Un peu de ménage ne sera pas de trop.
Il plaisantait. Une petite plaisanterie mais c'était déjà ça. D'un pas toujours un peu maladroit, il prit le chemin de son appartement, accordant un dernier sourire et un signe de main à son coéquipier.