Le centre de métallurgie

La nuit commençait enfin à tomber, multipliant les possibilités stratégiques des trois ninjas de Kumo. Sans un bruit, ils guettaient. L'un d'eux s'était posé sur la branche d'un arbre pour guetter le périmètre. Un autre, plus à l'est, s'était glissé sous un bosquet et attendait le signal. Gareki, lui plus à l'ouest, se faisait patient. La première tache de leur mission furtive était de repérer et d'identifier les leaders de cette pseudo rébellion. Face à eux, une escouade de chuunins avait pris le contrôle du centre de métallurgie mais aucun ne semblait être plus prédisposé qu'un autre à donner les ordres. Ce qui signifiait que le chef de cette équipe n'avait pas encore été détecté par le ninja senseur perché sur son sapin. Au loin, on percevait les discussions d'un duo de ninja qui se plaignaient de leur situation trop ennuyeuse. S'ils savaient. Au lever du jour, toute la zone sera déparasitée et ces inconscients n'auront plus à se plaindre.
Plus jamais.

Gareki sentait cette boule dans son abdomen, ce sentiment d'excitation qu'il connaissait si bien et qu'il avait appris à apprécier. Dans de tels moments, il était heureux. Heureux de servir son village, bien sur. Mais également heureux de pouvoir faucher des vies, aussi cruel ce sentiment puisse-t-il être. La peur et l'appréhension l'avaient quitté depuis longtemps, ne laissant plus ne place qu'à cette sensation de bien-être quand les lames claquent et tintent, quand le sang recouvre ses gants, quand les respirations saccadées s'éteignent sous ses gestes meurtriers. Il n'y a rien de plus délectable que de se sentir vivant en de tels moments.
Sa main se glissa prudemment jusqu'au manche de son wakizashi, ses yeux, eux, ne cessaient de faire des vas et viens entre sa future scène de jeu et son collègue, attendant un simple signe de sa part pour enfin bondir sur ses proies.

Les troupes du bois semblaient en masse. Des hommes armés de sabre se répartissaient l'espace avec une position stratégiquement parfaite. N'étant militaires, le plan ne pouvait pas venir de cette communauté.

Un homme à l'état beugla à un autre attendant au au rez-de-chaussée.



Un type avec un certaine prestance posa la main sur l'épaule du type du haut et lui fit signe de se taire. Il se doute sûrement d'une intervention de Kumo. Cet homme semble avoir des responsabilités mais, l'étage est bien gardé et malgré le manque de savoir-faire des Shinobi, le nombre pourrait rendre la situation difficile.
L'un des membres de l'équipe de nettoyage approcha de Gareki.

Gareki analysa la situation avec le plus grand sérieux, déterminant instinctivement qui pourrait leur apporter plus d'informations et qui leur seraient absolument inutiles. C'était une capacité qu'il avait développée au fil de ses missions : savoir qui il devait essayer d'épargner. 
Son collègue revint à lui, lui conseillant une stratégie des plus intéressantes.

Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Deux d'entre nous s'occuperont du menu fretin, ouvrant ainsi un passage sûr pour le troisième qui devra impérativement se saisir de ce type (il pointa du doigt le criard.) mais également cet Isashi et ce " chef " qui ne s'est pas encore montré. 

Trois cibles, trois ninjas. Si l'équipe de diversion se débrouille bien, elle pourra venir en renfort au troisième. Le mieux serait donc surement de bloquer la sortie du centre en attendant les renforts, pour être sûr que personne ne se faufile et ne s'enfuit. 



Un sourire malsain se dessina sur son visage.



Son collègue acquiesça, offrant un sourire semblable à celui de Gareki à l'entente de cette idée. L'attaque commencerait pas un combo de Dokukumo, que Gareki dispersera avec une de ses techniques personnelles pour être sur d'atteindre le gros du peloton. Après quoi, ils attaqueront, commenceront par tuer les moins atteints par le poison pendant que l'un des trois profiterait du nuage violacé pour se frayer un chemin jusqu'au gratin de la soirée tout en éliminant ceux qui croiseraient son chemin. Tout se jouera très vite, comme toujours. La vitesse était le principal atout des ninjas, après tout.

Hana prit l'initiative de sortir une carte des lieux. Ce bout de papier était la carte de la métallurgie. La femme s'inquiétait un peu du plan un peu barbare de son comparse.



Gareki était bien trop impliqué, il voulait toujours fait trop vite. Bien que sa force frôle celle d'un Junin, sa maturité n'y est pas. Les années d'expériences ne sont pas encore là..

Trop sur de lui, trop nerveux. SI son visage portait continuellement le masque de la parfaite neutralité en situation normale, il pouvait s'orner d'une palette de sentiments différents dès qu'il s'immisçait dans une situation impliquant la mort d'autrui, lui faisant parfois perdre tout bon sens. Écoutant les paroles sensées de sa partenaire, il soupira et reprit sa concentration, se penchant sur la carte du centre. C'était surement un plan plus adéquat, bien qu'il ne doutât nullement de sa capacité à tuer une bonne partie de cette équipe sous entrainée en un temps-record.



Il se tut, perdu dans ses pensées. Pour l'instant, ils avaient l'effet de surprise de leur côté, un avantage indéniable mais le moindre faux pas et la situation pourrait devenir bien délicate. Et ils ne disposaient que de peu d'informations sur l'ennemi. Peut-être n'étaient-ils pas si faibles que cela....

La femme semblait heureuse de voir ce changement chez son compère. Elle craignait déjà devoir le supporter sans tuerie. Être Hattori ne veut pas forcément dire vouloir tuer tout le monde. Mais, il est vrai que la technique éducative de "La Main" n'est pas la meilleure. Il n'est pas le moindre du monde pacifiste et préfère tuer qu'interroger. Un crétin. Puissant, oui. Un puissant crétin.



La femme allait rester ici, attendre le bon moment. Si jamais le patron venait à clapser, il faudrait bien trouver un autre moyen, une autre façon de connaître les informations. Il est impossible de ne se fier qu'à un seul facteur.

Maintenant que les points sur les i étaient posés et que le plan était aussi abouti que possible en vue de leur situation, la séparation fut donnée et Gareki se faufila jusqu'à la bouche d'égout située à une vingtaine de mètres de sa position actuelle en prenant soin de ne faire aucun bruit. Il se glissa dans la bouche avec souplesse et atterrit à coté du chemin des eaux usées. L'odeur agressa son odorat et il lui fallut quelques minutes avant de s'y habituer. Le plan toujours en mémoire, il suivit le canal sur plusieurs mètres, passa quelques carrefours, évita quelques rongeurs à l'hygiène douteuse pour enfin déboucher sur une nouvelle issue qui lui sembla être la bonne. Il en sortit furtivement sa tête et lança de brefs coups d'œils à gauche puis à droite . Ne voyant personne, il commença à sortir de sa planque quand des voix au loin résonnèrent dans la pièce silencieuse. Il s'arrêta un instant, écoutant la conversation en espérant y percevoir la moindre information nécessaire à l'accomplissement de sa mission.

Les voix s'amenuisèrent avant de finalement s'éteindre lorsque les deux bavards passèrent une porte qui se referma derrière eux.

Gareki était dorénavant à l'intérieur du bâtiment. Le troisième membre de l'équipe avait fait de même. Le type était reconnu pour être plutôt silencieux, il n'était pas du genre à faire des discours à rallonge. Il agissait, voilà tout.
Une fois suffisamment proche de son collègue, il s'exprima



Un soulagement qu'à moitié réel, les tueurs des protecteurs de cette base n'étaient donc plus présents. Le type prit un peu d'avance et ouvrit la porte avec une discrétion déconcertante. Il connaissait les dangers d'une mauvaise infiltration... Une odeur étrange planait dans l'air, les deux ennemis continuaient à discuter. Le rez-de-chaussée semble vide. Pire, à la detection, les intervenants du haut sont moins nombreux. Les chefs seraient-ils en train de fuir ?



Une explosion se fit entendre, des éclats de bois venaient de s'enfouir dans la jambe gauche du ninja. Son partenaire était intact. Les explosions ne cessaient, elles semblaient même se rapprocher. Impossible de communiquer dans un tel vacarme. Le pire étant que les déplacements de Hashi étaient dorénavant bien moins fluides voir totalement mauvais. Il allait mourir. Il le savait. Son camarade devait fuir.
Devant eux, les deux gardes paniquent. Ils ne sont pas au courant. Les personnes présentes ne l'étaient pas... De simples jouets..

Son collègue ne mit pas longtemps à le rejoindre et à finalement le devancer. L'ordre n'avait pas d'importance et Gareki ne le releva même pas, laissant donc la place à son coéquipier qui ouvrit une porte avec la plus grande discrétion possible.
Finalement, le bâtiment était peu gardé. À part ces deux gardes, personne à l'horizon. Juste un tel murmure lointain et une odeur persistante de souffre. Gareki tiqua et se concentra un peu plus sur ses sens olfactifs. Ce n'était vraiment pas le moment de se tromper ! Rien n'y fait. Il eut beau renifler, chercher la raison de cette odeur, rien.



Le bruit de l'explosion recouvrit celui de ces maigres paroles. Très vite, la pièce se remplit d'un nuage de fumée et le souffle de la bombe propulsa des morceaux de poutres, de fer et d'acier à travers la pièce. Rapidement, une seconde explosion, puis une troisième et une quatrième s'occupèrent de la suite des évènements et détruisirent les fondations du bâtiment. D'instinct, Gareki se plaqua sur le sol, les mains sur les oreilles le temps de comprendre ce qui se passait. Tout ceci n'était donc qu'un piège ? Son regard traversa la pièce à la recherche de son partenaire ou même un morceau de sa jambe, de son bras... N'importe quoi qui serait explicite sur son état de santé. Il le repéra finalement devant la porte et cria son nom. En vain. Aussi forte puisse être sa voix, les explosions la dévoraient immédiatement. Bravant les risques, il se dépêcha de rejoindre son partenaire de mission et contempla l'étendue des dégâts. Il n'était nullement médecin mais... à vue d'œil, le sortir d'ici serait délicat et avouons-le, une perte de temps. C'était cruel mais la mission n'était pas terminée et Hashi ne ferait que les retarder. Il pensa alors à le mettre en sécurité dans les égouts et saisit son partenaire par la veste avant de le traîner jusqu'à la bouche.
Une nouvelle explosion fit céder la poutre principale du centre, condamnant l'édifice à s'écrouler dans les secondes à venir.

Malgré son calme habituel, Hashi ne pouvait se retenir de s'en vouloir. Il venait de causer la fin d'un autre gradé. Le Raikage n'allait pas voir ça comme une réussite. Pire, il allait devoir agir par lui-même, les membres de confiance étant de moins ne moins nombreux. Non, Hashi ne pouvait pas se pardonner. Il en avait trop fait. Il n'aimerait qu'une chose, sauver son camarade et mourir.



Malgré l'importance des explosions et le bruit des décombres tombant, le mot semblait retentir. Ce n'était qu'une impression.. L'homme n'était pas du genre à s'excuser pour rien, il était plutôt du genre à toujours trop réfléchir et ainsi oublier l'essentiel... Les explosions se multipliant, le rouge était partout mais au moment le plus opportun, un énorme vent repoussa la totalité des flammes. Une sorte de bouclier venteux semblait protéger les deux compères. Une voix se fit entendre au loin :



La flemme donna un violent coup dans un mur proche des deux hommes. Depuis le début, elle observait les lieux. Bien que moins compétente que Gareki, elle possédait néanmoins un don pour la traque.

Une fois en sécurité, elle apporta un type par son col :



Elle posa sa main sur la tête du kidnappé assez vulgairement en souriant à ses deux amis.

Désolé. Un simple désolé qui avait l'effet d'une nouvelle détonation. Malgré l'entrainement, il est difficile de laisser un camarade et le condamner pour mieux sauver sa peau. Lâchant la veste du membre de l'élite, Gareki recula d'un pas sans oser fuir pour autant. Il avait la sensation qu'une épée de Damoclès se tenait au-dessus de sa personne et que son choix, peu importe lequel il ferait, serait le mauvais. Il contempla le visage peiné de son acolyte, se mordant férocement la lèvre dans l'espoir fou que la douleur lui donne une réponse ou que le destin lui impose un chemin. Cela ne dura que quelques millisecondes. Un laps de temps où Gareki oublia les bombes, la mission, son associée dehors, les ennemis, la fumée, les braises, la mort certaine qui l'attendait s'il ne se décidait pas à bouger.
Et à la milliseconde plus tard, un vent artificiel vint les protéger des éboulements. Non loin de là, Gareki jura voir un demi-sourire sur les lèvres d'Hana qui venait d'entrer en scène, poussée par ce fameux destin. Elle brisa le mur le plus proche de leurs positions respectives et Gareki mit toutes ses forces en jeu pour extraire le blessé de la zone dangereuse. Une fois dehors, Hana -qui décidément était pleine de surprises- présenta un des gardes de l'établissement qu'elle avait cueillis un peu plus tôt. Un semblant de sourire vint éclairer le visage du Junin. Tout n'était peut-être pas perdu.



Murmura-t-il inconsciemment.



Enfin, clémence... Façon de parler, évidemment.