Ce qui est ennuyeux lorsque l'on se réveille, c'est que l'on ne dors plus. Il était de plus en plus difficile pour Mokojin de s'éveiller le matin, de quitter le monde des rêves et de se retrouver plongé dans la réalité. Il aimait particulièrement ce monde éphémère que l'on intégrait le plus souvent à la nuit tombé où tout semblait merveilleux et où rien ne semblait pouvoir lui arriver. Il aimait ce sentiment de sécurité que lui apportait ce monde particulier et souhaitait sans cesse y retourner. Malheureusement, il ne pouvait y retourner à volonté. Et le monde réel l’appelait bien plus souvent à lui que le jeune Kirishitan ne l'aurait souhaité. Comme aujourd'hui.
Une tête aux yeux semi-clos et l'air à demi-réveillé émergea de l'amas de draps servant de couchage à la jeune tête brune. Après avoir baillé, et montré toute ses dents à son père venu le réveillé et lui indiqué qu'il partait pour les champs, le jeune Kirishitan sorti enfin de son lit-cocon. Il était heureux de ne pas avoir à travailler avec son père aujourd'hui dans les champs que les villageois avaient commencer à cultiver. Cette tâche que son père lui avait imposé, en lui expliquant qu'il se devait de participer à l'effort commun, ne lui convenait guère. Cependant, à la place de pouvoir retourner dans son lit et tenter de retrouver sa place dans le monde éphémère des rêves, Mokojin devait se rendre à la maison de l'ex-compagne de son oncle, la Cheffe du Clan, afin de rencontrer des camarades et ainsi formé ce que son oncle avait nommé
une équipe. Mais, le jeune garçon n'avait aucune envie de rencontrer ces gens. Il ne voulait pas non plus constituer
une équipe avec eux.
D'ailleurs une équipe
pour faire quoi ? pensa le jeune homme en son fort intérieur tandis qu'il mangeait quelques fruits à coques. Mais, comme il l'avait appris depuis qu'il avait pris la mer, on ne faisait pas toujours ce que l'on voulait.
Plus encore lorsque c'est l'Oncle Salomon qui demande à ce que ce soit fait.
Ainsi, après avoir terminé de manger, Mokojin commença à se préparer. Il enfila un caleçon propre, une paire de chaussette noir sans trou et accrocha autour du cou le collier d'argent que sa mère lui avait offert avant la traversé. Puis, il enfila son pantalon et son haut en toile ainsi que son manteau. Puis il apporta la touche final en mettant son écharpe de manière à ce qu'elle cache l'intégralité de son cou jusqu'à son nez. A présent, il était prêt. Il se dirigea alors, sans enthousiasme vers la maison de la Cheffe de son Clan. Cette femme avait été la compagne de son oncle jusqu'à ce qu'il arrive sur cette nouvelle terre et Mokojin ne l'aimait pas. Après tout, pour lui, elle était celle qui avait laissé tomber son oncle. Sa famille.
Et la famille, c'est important récita le garçon en revoyant son père dire cela.
Une fois arrivé devant la maison de la Cheffe, Mokojin vit qu'il n'était pas arrivé le premier. Heureusement, cela aurait voulu dire se retrouver seule avec Risako. Mokojin voyait déjà le malaise que cela aurait pu produire. Après tout, il n'aurait pas eu grand chose à dire à la femme qui les dirigeait. Tout comme, il n'avait pas grand chose à dire aux deux autres personnes présente, qui semblait être -en toute logique- ces fameux co-équipiers.
Ni sec, ni enthousiaste, Mokojin venait simplement de saluer l'ensemble de la troupe par politesse.