Plongés dans le silence de la nuit, éclairés par de douces lueurs nocturnes au milieu d’une nuit sombre, les deux hommes semblaient s’entendre communément sur des désirs inavouables. La soif de vengeance de Len Chikara était palpable. Aucune démonstration de trop, seule l’expression d’un regard assuré, témoin de profondeur, se suffisait à l’ajout d’un simple mot.
Les deux hommes se connaissaient, sans finalement véritablement se connaître. L’échange s’établissait dans un contact courtois et cordial, mais pour autant, à travers le silence d’une courte réponse Seijuro la ressentait… C’était une atmosphère empreinte à la mesure et au jugement, chacun de deux protagonistes se voulait probablement offrant, mais à la fois dans une certaine retenue. Comment l’homme aux pupilles aurait-il bien pu se livrer en toute sincérité ? Ses sentiments étaient troublés par une éthique que son âme profonde refoulait ô combien de toutes ses forces. Il connaissait les us et coutumes, les mœurs et bonnes pratiques. Aucun motif ne convenait à recouvrir les intentions de son inconscient.
Lui aussi, il les voulait morts. Une mort véritable et avérée, il souhaitait voir les âmes corrompues de ces deux êtres de haines évadées de leurs corps, jonchant la douceur naturelle de la terre. Il les voulait morts, mais il les voulait sous souffrance.
Le pardon était une illusion inatteignable, un espoir vain pour la grandeur d’une pensée peut-être trop utopique. Mais qu’en était-il véritablement de Len ? Quel sens était à accorder au souffle de son unique terme ? « Oui ».
Souhaitait-il leur mort absolue ? Souhaitait-il leurs arrestations et leurs jugements, afin de les priver de liberté, de leur offrir une vie de monotonie et sans échappatoire, sans plaisir, sans goût… Une vie qui signifierait peut-être une souffrance plus grande qu’une simple mort. Les souhaitait-il morts véritablement ? Ou avait-il feinté d’une réponse pour convenir à ce qu’il pensait être l’unique attendue ? Il fallait décrypter, analyser chaque élément, comprendre l’environnement, comprendre l’intention. L’esprit humain est la terre de tous les vices qui accompagnent l’existence. La trahison, le mensonge, la manipulation. Chikara Len était-il véritablement sincère ?
Le temps semblait s’écouler plus lentement. Le silence était meurtri par les inspirations profondes de Seijuro, c’était comme-ci ce dernier souhaitait s’offrir une nouvelle pensée, naturelle et libérée. Les instants précédents se répétaient en boucle dans l’esprit du Kitto, qui ferma les yeux. Les mots se chevauchaient, les images se superposaient. De la surprise d’une arrivée, aux premiers mots, chaque geste…
A l’introspection d’une interprétation, l’esprit s’épouse à la confusion. D’une image simple et retraçable, Seijuro perdit le fil. Il n’était plus l’hôte, mais le convié, son visiteur le recevait désormais. La projection de cette scène incita le Kitto à se poser la question, qu’aurait-il fait, lui, s’il n’avait pas été nommé responsable de cette traque future ? Qu’aurait-il fait et comment aurait-il présenté les choses, quels termes aurait-il pu ainsi choisir pour se vouloir sélectionné dans l’équipe à former ? Un grand discours, une vérité ? Ou bien, quelques mots triés au plus grand sens, laissant le soin de masquer ses intentions véritables ? Pourtant, Len venait d’avouer qu’il voulait voir leurs existences s’achever. Quelle difficulté…
D’une réponse à une certitude, l’échange entre les deux hommes se voudrait persévérant dans le jugement, dans la mesure de l’autre. Seijuro avait besoin d’en comprendre davantage.
« Et que ferais-tu si le choix t’était donné ? Les ramener vivants au village, ou les condamner à une mort immédiate ? »