La scierie

Les frères maudits ? Gareki n'avait aucun souvenir de ces types mais si Hana les connaissait, il était probable qu'ils viennent de Kumo. Des déserteurs, donc. Des traitres, des rats, des faibles, des parasites. Ce point de l'histoire rendait juste leur élimination plus tentante encore.
Et quel nom. Kumo n'a pas besoin de tels hommes pour dominer.



Un plan commençait déjà à se mettre en place dans son esprit retord. Si Usagi avait activé une mine, il devait y en avoir d'autres. Et cet adversaire devait surement savoir où elles étaient posées et où il ne fallait pas mettre le pied. Maintenant, était-il assez crétin pour oublier ce point lors d'un combat singulier ? Serait-il assez idiot pour oublier la présence des bombes souterraines, retournant donc la situation l'avantage du Junin. Dans tous les cas, ces mouvements de pieds lui offraient un chemin tout tracé pour ne pas finir comme l'homme-lapin. En civet, quoi.

D'un geste sûr et concentré, Gareki positionna son arme face à lui et trancha les fils qui tentaient de l'enserrer et se précipita sur son adversaire pour lui asséner un, puis deux coups de wakizashi.

Les restants du fil tombèrent au sol. L'homme venait de les couper sans grande difficulté. Les deux frères restaient calmes, le type se mit à attaquer brutalement. Avec difficulté, le frère caché contrait les coups les uns après les autres. Les deux hommes étaient fatigués par les derniers jours, ils avaient dû naviguer entre les différents sites de l'opération.
Malgré cela, ils savaient qu'ils ne pouvaient pas faire marche arrière.



L'homme prit de nouveau du recul pour cracher quelques senbons sur l'adversaire. Ils manquaient de Chakra, ils allaient devoir se passer du Ninjutsu. Les journées sans dormir et les quelques combats contre quelques Chuunin n'avaient pas été bénéfiques. Oui, il fallait en terminer rapidement. Mais, comment ? Le frère caché dans l'ombre de l'autre tenta d'attraper les pieds de son adversaire. Étaient-ils encore en mesure d'accomplir un geste aussi précis ?

Le tintement des lames d'acier couvrait les souffles des combattants. Deux contre un, ce n'était pas vraiment réglo mais le monde des ninjas ne l'est pas non plus. Ce qui compte, c'est la victoire. Et Gareki n'avait pas l'intention d'échouer une nouvelle fois.
Ils avaient beau être deux et entrainés, Gareki voyait quelques ouvertures dans leurs jeux. La fatigue, sans doute. Tout n'était donc pas perdu, malgré les efforts qu'ils mettaient en œuvre pour vaincre.
Le Junin était obligé de mener le combat sur deux fronts. Le premier des frères paraît ses coups avec sa propre lame et le deuxième tentait de le faire trébucher. S'il ne les séparait pas, il aurait du mal à tenir le rythme et à jongler entre eux.
        Prenant un petit risque, il recula d'un mètre tout en exécutant une série de mudras le plus rapidement possible, espérant ne pas tomber sur une mine. Le silence lui laissa comprendre qu'il était bien tombé. Il cracha alors un vent violent droit vers ses adversaires. Soit ils encaissaient le coup et se verraient reculer de plusieurs mètres -et donc peut-être sur une mine- soit ils esquivaient et se retrouvaient séparés. De plus, leur esquive permettrait au Kumo-jin d'agrandir sa zone de déplacement. C'était un tournant important dans le combat, et ses yeux ambrés enregistraient avec attention chaque mouvement de l'ennemi à la recherche d'une faille.

Cette attaque semblant facilement évitable suffit à emporter l'un des frères.. Ils manquaient de force. Le patron avait bien trop forcé. Les deux êtres semblaient enfin s'en rendre compte. Ils auraient dû ingurgiter la drogue de non-fatigue. Ils craignaient d'en périr.. Mais, était-ce mieux ? Les deux frères eurent au moins l'occasion de se regarder une dernière fois...

Une vilaine explosion se fit entendre et d'autres suivirent, Hana s'approcha des tireurs et observa la scène avec tristesse. Des bras, des jambes, ils venaient d'exploser... À quoi pouvait bien mener cette attaque ? Une larme glissa sur la joue de la femme. Pourquoi ? Elle réalisait sûrement qu'un homme était en train de se jouer de la vie de bien des êtres vivants. Bien évidemment, elle méprisait ses anciens adversaires mais, cette façon de mourir.. Elle reprit son courage pour dire à haute voix :



Retournons auprès de Gareki. L'un des frères venait donc d'exploser sur le champ de mine et le second se leva pour ensuite arracher son haut. Son corps n'en était plus vraiment un, il était lié à une multitude de parchemins explosifs. Il prit la parole :



Les marques devinrent bleues. Il allait exploser. Et vu le temps d'amorce, il était préférable de ne pas rester dans les parages. Hana beugla de nouveau :

L'un des frères se laissa emporter par le vent et fut propulsé sur une mine dont la forte détonation assourdie un instant Gareki. Il grimaça légèrement pendant que le deuxième arracha le haut de sa tenue pour dévoiler une multitude de parchemins à même son corps. Ni une ni deux, Gareki s'éloigna de la zone d'explosion en accélérant ses mouvements par un Kuuyu No Jutsu, tout en veillant à ne marcher qu'à des zones qu'il jugeait sures.

Le souffle de l'explosion le projeta en avant et lui brûla une partie du dos malgré la distance qu'il avait mise entre lui et le kamikaze. S'écrasant face contre terre, il resta un moment immobile, craignant une nouvelle explosion de mine, avant de s'agenouiller en grimaçant. Il avait l'impression qu'on lui tirait et lacérait la peau du dos. Mais au moins, il était vivant.
La mission n'étant pas finie, il se releva en grognant et chercha une position qui rendrait la douleur de son dos moins insupportable pendant que ses yeux parcoururent les lieux. Encore une fois, beaucoup avaient péri dans les explosions mais, une fois de plus, l'équipe semblait sauve.
Enfin, à part l'homme-lapin qui avait disparu...

Rabbit prit un petit carnet et débuta un dessin en se concentrant au maximum. Réellement, il était en train d'imaginer la scène afin de la retranscrire. Dessinant aussi bien qu'un enfant en maternel, il semblait plus réaliser un gribouillage qu'un véritable dessin. Il venait tout juste de sortir d'un buisson, il revenait comme si de rien n'était.



Derrière son masque, l'homme souriait. Bien évidemment, il savait que son ami souffrait. Mais, souffrir, c'est vivre. Cela fait bien longtemps que Usagi ne peut pas vivre.

Quand on parle du loup... Ou plutôt du lapin. Il surgissait de derrière un buisson et agissait comme à son habitude, c'est-à-dire comme un gamin hystérique et décalé. Et dire que Gareki s'était presque inquiété pour ce planqué...
N'écoutant pas son baratin ennuyeux, le Junin se redressa complètement, vainquant la douleur et l'ignorant du mieux qui le put. Au moins, il était en vie. Tout le monde l'était.



Et il s'élança en grinçant des dents, cherchant Hana et Hashi ou quelconque survivant du regard. Il avait du mal à croire que tout le monde était mort comme ça, brusquement. C'était invraisemblable. Et ce lapin qui reste là, les bras ballants... ! Vous parlez d'un allié.
Son avancée était lente, ses pas méticuleux. Hors de question de sauter après avoir survécu à ça. Il se rapprocha du cadavre fumant de cet homme qui était son ennemi. Il avait été engagé, sans aucun doute. Mais par qui ? Et pourquoi ? Juste pour essayer d'attenter à sa vie . Difficile à croire. Cette affaire était définitivement bien plus complexe que prévue.

Après avoir pu regarder le cadavre de l'adversaire, Rabbit alla chercher un bâton pour ensuite vérifier si le type est bien mort. Il regardait ailleurs laissant croire qu'il était dégoûté par la scène. Il simulait une fuite à chaque coup de vent en imaginant que le type n'était pas mort.



Se baladant à gauche et à droite au milieu d'un terrain post-apocalyptique. Il ne faisait pas réellement le pitre, il avait vraiment eu peur. Il préféra faire le mort qu'aider. Il le savait déjà avant mais, la force permet de survivre.

Les deux camarades rejoignirent les deux survivants. Ils semblaient être en bon état, ils avaient pu fuir bien plus tôt. Hana s'empressa de rejoindre son collègue s'agenouillant à côté.



Après ça, elle regarda le lapin. Oui, tout ça était de sa faute. Ce crétin... Il venait de mettre la vie de ses amis en péril. Elle se leva et se dirigea vers lui pour de suite le pousser au sol. Le faire n'était pas difficile. Ce truc était mauvais tout simplement mauvais.



Elle se calma et et reprit.

Rien ? Rien. Ils n'avaient rien. Tout ceci n'était qu'une perte de temps, encore. Toute source d'information avait disparu, la mission n'était ni une réussite, ni un échec. Elle n'était qu'une perte de temps, ni plus ni moins. Et tout ça, à cause d'un crétin maladroit. Sa mâchoire se serra, ses poings aussi. Ne pouvait-il pas tuer cet idiot ? Quelle utilité pouvait-il apporter au village de Kumo ? Un coup bref dans le thorax suffirait... Il prétexterait une mort digne lors d'un combat.
Sa dignité l'empêcha de réaliser ses noirs desseins et Gareki préféra se tourner vers ses autres coéquipiers et inspirant longuement l'air encore souillé par les explosions.



Il n'était pas d'humeur à tergiverser plus sur le sujet et chaque mot supplémentaire semblait être un poids en plus posé sur ses épaules ; une boule amère coincée dans sa gorge. Sans attendre de réponse, il porta un dernier regard sur ce paysage fumant et se mit en marche d'un pas lent. Pour la première fois depuis des années, il n'avait pas envie de rentrer. Il aurait préféré recoller les membres de ces types, retourner tout le terrain ou même repérer toutes les mines ! Si seulement ça lui avait apporté une fin de mission moins misérable. Si seulement.

Rabbit se releva avec difficulté. Il ne pouvait s'empêcher de penser que les femmes sont vraiment impulsives. Il réajusta son masque, son menton étant un peu plus visible qu'habituellement.



Le lapin ne pouvait s'empêcher de sourire. Ce masque cachait bien évidemment cette bonne humeur. Il venait de créer un tel sentiment de désespoir, il sentait la vie. Partout. Au travers les morts, la vie semble si belle et puissante. Oui, c'était du bon travail.



L'homme prit l'initiative de s'éloigner du groupe en bougeant son bras de gauche à droite.

Ce type... De quel côté était-il vraiment ? Il changeait d'idée et de chemises, faisait tourner l'équipe en bourrique et Gareki en vint même à penser qu'il avait volontairement activé une mine tout à l'heure. Devenait-il paranoïaque ? Cet homme était trop lunatique, il allait le rendre fou ! À quoi avait donc pensé le Raikage en l'assignant à cette mission, à cette équipe ?
Et ses talents de médecin... En avait-il au moins ?! Rien n'était moins sur... N'aurait-il pas pu dire ce qu'il savait plus tôt ?!
Gareki le regarda partir, méprisant, et rengaina son Wakizashi qu'il venait de ramasser pour ne pas céder à la tentation de lui planter dans le dos. Oh, qu'il en avait envie. Transpercer sa peau, traverser son corps filandreux et lui arracher les poumons de sa main impitoyable.



Son ton s'était affaibli au fil des mots pour ne plus être que des murmures. Il en avait marre de ce type, il voulait terminer ce travail et oublier ce masque maudit. Les brûlures de son dos le firent changer d'avis. Il allait devoir apaiser un peu sa blessure avant de reprendre la route.
À contre-cœur, il corrigea sa phrase.



Lui, il avait à chercher des plantes médicinales dont il n'avait plus vu la couleur depuis des années.