À l’embouchure d’une large baie de Shinkiri-jima s’étend Kaika, cité portuaire bourdonnante où les embruns se mêlent aux cris de marché et aux rumeurs du continent. Née sur les ruines partiellement submergées d’un ancien district de Kiri, elle est aujourd’hui le cœur battant d’un archipel recomposé, un point de rencontre pour les gens de passage, les exilés volontaires, les marchands obstinés et les rêveurs sans port d’attache. On y entend parler une multitude de langues, entre les ruelles étroites bordées de tissus étrangers et les tavernes aux lanternes toujours allumées.
Kaika n’a jamais vraiment choisi à qui elle appartenait. L’autorité impériale y maintient une présence, mais ses uniformes se fondent dans la foule, rarement salués, souvent contournés. Ce n’est pas un lieu de pouvoir — c’est un lieu de transit, de transaction, de demi-vérités chuchotées entre deux cargaisons. Les temples anciens ont été reconvertis en entrepôts, les quais s’étendent de jour en jour, et les enfants y apprennent très tôt que la survie passe par l’adaptation plus que par la loyauté.