Le poids de l’encre


Le Cœur - Région de Kinchū, Gare de Kinchū

Année 8 | Printemps

Pacte de protection
Dans le silence feutré d’un train en approche de Kinchū, Hattori Chizue s’avance vers un destin qu’elle sait piégé. Entre souvenirs d’un empire perdu, trahisons nécessaires et devoir envers son clan, chaque pas vers la signature du contrat résonne comme un écho lourd de renoncements.
| Petite Princesse |

Le voyage avait été long, mais Hattori Chizue devait reconnaître qu’il était devenu sensiblement plus confortable à partir du moment où elle avait atteint la dernière ville de la République Hattori, à l’extrême ouest de ses terres. Contrairement aux autres, celle-ci possédait une gare – un cadeau officiel de l’Empire Teikoku. Un accès rêvé pour rallier Kinchū en un temps record.

Elle n’était pas naïve. Chizue savait parfaitement qu’elle n’était qu’un pion sur un échiquier plus vaste, et que le contrat qu’elle s’apprêtait à signer n’était rien de plus qu’un piège soigneusement tendu. Il y avait de cela bien longtemps qu’elle n’avait pas eu à douter de ce genre de choses… du temps où sa mère régnait encore, et où l’Empire Hattori se dressait fier et invaincu. Aujourd’hui, tout était différent.

Empêcher le clan Hattori de sombrer dans les abîmes du Yūkan n’avait pas été une tâche aisée, surtout lorsqu’une portion de ses terres avait été engloutie par les mers. Mais il fallait se rappeler que le clan était gigantesque : sa seule population suffisait à dissuader bien des convoitises.

Pourtant, la véritable question était ailleurs. Kumo tenait encore debout, à la différence de tant d’autres cités, et bien que plus faible qu’autrefois, il vivait. Pour le préserver, Chizue avait dû trahir les siens, se forger une carapace glaciale, devenir dure et implacable. Et elle y était parvenue. Elle incarnait désormais la dirigeante idéale pour maintenir son Royaume hors de l’eau.

Un coup de sifflet déchira le silence. Le train entamait son ralentissement, glissant vers la gare. Un second signal retentit, plus bref, plus proche. Chizue expira profondément. Elle n’était pas seule dans sa cabine personnelle, mais la présence qui l’accompagnait demeurait muette, témoin discret de son fardeau. Sa voix teintée d’une résignation froide, elle parla finalement :

Dialogue de personnage
« Allons signer ce document, »

Elle se leva avec calme, mais chaque geste trahissait une détermination inflexible. Ajustant le col de son manteau, elle jeta un dernier regard par la fenêtre, observant les façades de la gare se dessiner dans la brume matinale. Ses pas résonnèrent sur le parquet de la cabine tandis qu’elle se dirigeait vers la sortie.

Elle savait que, derrière ces portes, l’attendait bien plus qu’un simple contrat. C’était une page d’histoire qu’elle s’apprêtait à signer ; une page dont l’encre aurait la couleur du sang et du renoncement.

Publié il y a moins d'un mois


Quelques minutes après l’arrêt de la locomotive, alors qu’Hattori Chizue venait à peine de poser le pied sur le quai, un mouvement attira son attention. Contre toute attente, l’Empereur lui-même se tenait là, entouré d’une horde de fidèles.

Sa présence, en ce lieu public, semblait délibérée, une démonstration de puissance mêlée à une volonté affichée de proximité avec le peuple. Vêtu d’un mélange audacieux entre vêtements nobles et uniformes militaires richement ornés, il brisait les codes traditionnels pour mieux imposer son autorité.

Leurs regards se croisèrent, et l’Empereur, lisant la surprise dans les pupilles de la reine voyageuse, esquissa un léger sourire avant même qu’elle ait eu le temps de s’incliner.

Sa voix, calme et mesurée, résonna dans l’air frais du matin :

Dialogue de personnage
« Ce n’est pas chose anodine que de se déplacer ainsi jusqu’à vous. Prouvons ensemble au monde que notre alliance dépasse les menaces qui pèsent sur nous. »

Mais derrière cette façade publique, la vérité était bien différente. Le quai avait été vidé de toute présence civile, et une présence militaire dense assurait la sécurité absolue. Parmi les gardes, une personne se détachait nettement, une arme vivante dont la seule présence suffisait à dissuader toute tentative d’insurrection.

L’Empereur observa longuement Hattori Chizue, ses yeux perçants sondant ses intentions. Puis, d’un ton posé mais empreint d’une certaine condescendance maîtrisée, il reprit :

Dialogue de personnage
« Si, toutefois, Votre Majesté ne trouve pas d’intérêt à poursuivre nos échanges en ce lieu… plus que calme à cette heure, je ne vois pas meilleure invitation qu’une simple promenade au cœur de la ville. Quoi de plus grand, pour un dirigeant, que de prouver sa force en marchant parmi son peuple ? »

Son sourire s’élargit légèrement, mêlant défi et assurance. Derrière cette proposition, se cachait une évidence : la puissance ne résidait pas seulement dans les mots ou les contrats, mais dans la maîtrise visible de son territoire, de ses hommes… et de ses adversaires.

Publié il y a moins d'un mois

| Petite Princesse |

Hattori Chizue plissa légèrement les yeux, un soupçon d’incompréhension traversant son regard. Elle ne saisissait pas la raison réelle de ce déplacement inattendu. Que cherchait donc cet homme à troubler ses propres protocoles ? Voulait-il prouver quelque chose, ou simplement donner l’illusion d’une proximité sincère ?

Elle, qui peinait déjà à reprendre ce rôle façonné par d’anciens fantômes, ne supportait guère que les plans changent à la dernière minute. Cette imprévisibilité l’irritait profondément.

Pourtant, avec une maîtrise parfaite, elle inclina légèrement la tête, offrant un sourire froid mais poli, et répondit :

Dialogue de personnage
« Je vous remercie pour votre accueil et votre présence. Soyez assuré que j’entends votre demande. »

Elle marqua une légère pause, avant d’ajouter d’une voix posée, mais ferme :

Dialogue de personnage
« Le temps n’appartient qu’à ceux qui savent le maîtriser. »

Publié il y a moins d'un mois


Le Tennō ne pouvait que reconnaître la vérité de ses paroles, même s'il pressentait déjà qu’elle 'rirait vert' de sa propre sagesse dans quelques minutes.

Dès les premiers pas dans la gare, l’odeur des friandises sucrées vint chatouiller les sens de la jeune Hattori. Un parfum envoûtant, presque familier, qui ne pouvait que réveiller des souvenirs d’enfance enfouis.

Vendaient-ils ces douceurs à chaque arrivée de train en provenance du Royaume Hattori ? Ou s’agissait-il d’une provocation subtile, savamment orchestrée pour la déstabiliser ? L’Empereur connaissait-il seulement son goût prononcé pour ces gourmandises ?

Chizue ne paniquait pas. Elle ne se laissait pas atteindre par si peu… en apparence. Mais elle savait qu’ici, rien n’était laissé au hasard. Chaque geste, chaque mot, chaque parfum pouvait être un message. Elle se surprit à se demander si, derrière ce parfum de sucre, ne se cachait pas une stratégie plus vaste.

Elle serra légèrement les doigts sur le tissu de sa manche, geste imperceptible pour quiconque, et reprit sa marche aux côtés de l’Empereur. Sans un mot, la femme suivit l’Empereur hors de la gare, leurs pas résonnant sur le sol pavé d’un quai désormais déserté. L’air était frais, chargé d’une légère brume matinale qui enveloppait la ville endormie.

L’Empereur avançait avec une aisance naturelle, presque souriant, dégageant une impression de maîtrise tranquille, comme un maître de cérémonie qui connaît la portée de chaque geste. À ses côtés, Hattori Chizue semblait perdue, tiraillée entre la retenue et la curiosité, consciente de participer à une mascarade soigneusement orchestrée.

Alors qu’ils s’engageaient sur la large avenue menant vers la sortie de la gare, il désigna du regard les bâtiments alentour. Il expliqua d'une voix posée :

Dialogue de personnage
« Voici Kinchū, jadis une ville parmi tant d’autres, désormais le joyau renouvelé de notre empire. De nombreuses installations récentes ont transformé cette cité, alliant modernité et tradition, défense et prospérité. »


Il continua sans même regarder son interlocutrice :

Dialogue de personnage
« Les fortifications ont été renforcées, les infrastructures modernisées, et de nouveaux quartiers ont vu le jour, accueillant artisans, commerçants et soldats. Chaque pierre ici témoigne de notre volonté inébranlable de protéger nos terres, et d’assurer à notre peuple un avenir stable. »

Hattori Chizue écoutait, consciente que chaque mot portait un double message, un rappel subtil mais clair du contrôle absolu que l’Empire exerçait désormais. Elle connaissait tout cela, il aimait tant le rappeler dans chaque courrier...

Elle ne pouvait s’empêcher de noter, derrière cette façade d’apaisement, l’ombre d’une poigne de fer, et ce, même dans ce décor soigneusement poli. La ville respirait une vie mesurée, presque trop ordonnée, comme si chaque détail avait été pensé pour inspirer confiance et soumission. Les passants baissaient les yeux en leur présence, tandis que les soldats postés aux intersections scrutaient l’horizon d’un regard vigilant.

Dialogue de personnage
« Nous désirons la même paix, Hidetakadan-sama. »

Publié il y a moins d'un mois

| Petite Princesse |

Pour Chizue, il ne faisait plus de doute qu’il était temps de s’exprimer.
La rue, encore baignée des échos du discours du Tennō, paraissait suspendue dans un silence étrange. Les passants, rares, se tenaient à distance, laissant à la jeune femme et à son interlocuteur l’espace nécessaire.

Elle se redressa légèrement, ajustant d’un geste discret la manche de son kimono, comme pour s’accorder un instant de réflexion. Ses yeux se fixèrent sur ceux de l’homme, cherchant à capter toute réaction, toute nuance. Elle prit la parole d'une voix mesurée :

Dialogue de personnage
« Les îles du Sud connaissent toujours les mêmes difficultés… La cogérance n’est pas impossible, mais elle s’étouffe dans les incompréhensions. Les gradés de nos armées ne se parlent pas… ou pas assez. »

Elle marqua une pause, laissant le vent soulever une mèche de ses cheveux. Elle poursuivit alors :

Dialogue de personnage
« Sans règles strictes, tout cela n’est qu’un équilibre fragile. Et nous savons tous les deux ce qu’il advient des équilibres fragiles. »

Son ton n’avait rien de défiant, mais portait cette fermeté subtile qui ne laissait pas place au doute.

Publié il y a moins d'un mois


Le Tennō ne cacha pas un bref éclat de frustration dans son regard froid, un orage intérieur qu’il s’efforça vite de contenir. Son expression se fit plus courtoise, presque mesurée.

Dialogue de personnage
« Je crains que Dame Kazuko ne vous ait pas suffisamment expliqué la nature de nos relations, ni l’importance de choisir le moment opportun pour dévoiler certaines vérités. »

Un sourire discret effaça la tension entre eux, comme un voile posé sur une surface agitée.

Le regard de l’Empereur glissa alors vers l’horizon urbain, invitant Chizue à porter attention aux murs qui les entouraient. Les façades, d’un gris froid rehaussé par le cuivre patiné, étaient ornées de sculptures minutieuses : des artisans de la ville avaient façonné ces œuvres, témoins silencieux du savoir-faire et de la fierté locales.

Il continua alors d’une voix grave :

Dialogue de personnage
« Par le passé, le clan Hattori imposait un respect ... disons ... discutable sur l’archipel de Kiri. Un respect qui se traduisait par des règles inégales, fluctuantes selon les intérêts. »

Il s’arrêta un instant, pesant ses mots avec soin.

Dialogue de personnage
« Je suis conscient des erreurs commises récemment par certains de mes propres sujets, mais je dois insister sur des oublis tout aussi graves venant de membres de votre clan. »


Son regard se fit plus dur, et il prononça cette phrase avec une précision à peine voilée :

Dialogue de personnage
« Il semblerait que de l’énergie spirituelle soit utilisée, à bas bruit, en violation directe de mes ordres. »

Sans laisser le temps à Chizue de répondre, il tourna les talons, reprenant sa marche avec une autorité tranquille.

Dialogue de personnage
« Assez pour aujourd’hui. Je vous emmène rencontrer quelqu’un que vous souhaitez sûrement revoir. »

Publié il y a moins d'un mois

| Petite Princesse |

Chizue ne put dissimuler sa surprise, d’abord lorsqu’il aborda l’usage de l’énergie spirituelle, puis à nouveau lorsque l’Empereur évoqua cette mystérieuse rencontre.

Bien sûr, elle se doutait que de nombreux hommes défiaient l’interdiction (certains en secret), d’autres avec moins de précautions. Pour être honnête, elle-même s’entraînait, maladroitement mais avec détermination. Pas avec la maîtrise de ses ancêtres, mais suffisamment pour sentir le poids et la fragilité de ce pouvoir.

Depuis le Kakusei, l’usage de l’énergie spirituelle était devenu à la fois un don rare et un fardeau insupportable. Malgré des décennies de recherches, l’Empire demeurait incapable d’en extraire le moindre enseignement durable. La recharge de cette énergie, lente et douloureuse, en était la preuve tangible.

Alors que ces pensées tournaient dans son esprit, une autre question s’imposa avec insistance : qui pouvait bien être cette personne que l’Empereur souhaitait lui faire rencontrer ? Et pourquoi maintenant ?

Sans un mot, la reine Chizue se courba lentement en signe d’excuse, un geste mesuré mêlant respect et prudence. Elle dit alors en cherchant à masquer sa curiosité :

Dialogue de personnage
« Je vous suis. »

Elle savait qu’elle allait bientôt en apprendre davantage… Que le jeu venait de prendre une nouvelle tournure.

Publié il y a moins d'un mois


Le dirigeant de la capitale et du Teikoku avait, bien évidemment, prévu quelque chose pour éprouver la fidélité des Hattori. Il le savait : cette épreuve serait une pilule amère, aussi bien pour la jeune femme que pour son royaume. Pourtant, à ses yeux, elle était nécessaire.

Après quelques minutes de marche ponctuées d’échanges anodins, ils parvinrent devant un bâtiment relativement ordinaire, presque banal en apparence. L’Empereur avait choisi de s’éloigner des lieux officiels prévus à cet effet, afin de motiver à toute possibilité de libération ou de vendetta menée par le clan Hattori. Laisser une ouverture, c’était s’assurer que Chizue ne céderait pas à la peur… ou à la tentation de trahir.

Une silhouette encapuchonnée apparut et ouvrit la porte. D’un ton discret, elle glissa deux mots à l’oreille du gouverneur, qui reporta aussitôt son attention sur Chizue.

Dialogue de personnage
« La personne en question est à l’étage. »

L’homme encapuchonné s’approcha alors d’elle, tendant une clé dont le métal froid semblait peser bien plus que son apparence ne le laissait croire. Il dit alors d'une voix basse :

Dialogue de personnage
« Je vous laisse quelques minutes. Je vous rejoindrai ensuite. »

Publié il y a moins d'un mois

| Petite Princesse |

En gravissant les marches étroites, Hattori Chizue comprit que tout ceci n’était qu’une mise en scène. Chaque pas déclenchait un grincement sec du bois, comme si l’escalier lui-même protestait contre sa présence. Les murs, minces et tremblants, semblaient frémir sous le moindre mouvement, témoignant d’un bâtiment qui n’avait ni la solidité ni la dignité d’un lieu destiné à recevoir un prisonnier de valeur.

Pourtant, tout dans l’air lourd et vicié lui murmurait qu’une personne était bel et bien enfermée ici. Mais qui ?

Les rapports récents lui revinrent en mémoire : le gouverneur possédait le savoir et l’audace d’affaiblir un Shinobi jusqu’à lui ôter toute énergie spirituelle, quitte à le tuer. Il avait mis au point divers alliages de métaux destinés à briser le lien entre l’homme et son chakra, même si tous ne se montraient pas efficaces sur chaque forme d’énergie.

La personne retenue ici… même vidée de sa force intérieure, pourrait aisément s’évader si elle en avait la volonté. Alors, pourquoi restait-elle ?

Chizue atteignit le palier. Une porte, simple et usée, se dressait devant elle. Elle inspira profondément, puis glissa la clé dans la serrure. Le cliquetis résonna étrangement dans le silence environnant. La clé pivota vers la droite, et la porte s’ouvrit sur une image qu’elle n’aurait jamais cru revoir.

Un visage.
Un souvenir vivant, brutal et tendre à la fois, qui lui transperça la poitrine.

Les images se bousculèrent dans son esprit ; des éclats de rire partagés, des disputes amères, des moments volés au temps et au devoir. Elle sentit ses doigts se crisper légèrement sur la poignée, comme si ce simple contact pouvait encore la retenir d’entrer.

L’homme était là. Et tout son passé venait de s’asseoir dans cette pièce, l’attendant patiemment.

Sans qu’elle n’ait le temps de réfléchir, les mots jaillirent, bruts, fragiles, presque étranglés :

Dialogue de personnage
« Pa… Papa ? »

Le silence qui suivit fut si dense qu’elle crut entendre le battement précipité de son propre cœur. L’homme leva lentement la tête. Son regard, chargé d’une profondeur insondable, se posa sur elle. Ce n’était pas le regard d’un prisonnier surpris, ni celui d’un père attendri. C’était un mélange troublant, entre méfiance et une émotion soigneusement dissimulée.

Chizue sentit ses jambes vaciller un instant. Elle avait imaginé des retrouvailles, des hypothèses, des scénarios… mais jamais dans un lieu pareil, jamais dans cet état.

Les souvenirs d’enfance affluèrent, teintés à la fois de chaleur et de blessures anciennes. Elle voulut avancer, mais quelque chose dans l’expression de l’homme la retint.

Publié il y a moins d'un mois

Raikage

Hattori Masashi n’était plus que l’ombre de l’homme qui, autrefois, imposait le respect par sa seule présence. Ses épaules, jadis droites et fières, s’étaient légèrement voûtées sous le poids des années… et surtout sous celui de cette nuit maudite du Kakusei.
Il n’avait rien retenu de ses forces ce jour-là. Chaque frappe, chaque mouvement, chaque souffle avait été donné pour protéger les siens, jusqu’à ce qu’il sente en lui se rompre quelque chose de bien plus précieux que ses os ou ses muscles : le lien intime avec son énergie spirituelle.

Depuis, il vivait dans un étrange silence intérieur. Il ne pouvait dire ce qu’il était encore capable de faire… simplement parce qu’il ne ressentait plus rien. L’énergie qui, depuis toujours, l’avait fait vibrer, brûler, avancer, semblait s’être éteinte, comme une flamme privée d’air.

Pourtant, il n’avait pas disparu. Durant toutes ces années, il s’était dissimulé, choisissant l’ombre plutôt que la lumière. Mais dans une ironie cruelle, il avait conservé sa proximité avec l’homme même qui avait participé à ce destin brisé : le gouverneur.
Il ne le voyait pas comme un ennemi. Masashi n’avait jamais eu le cœur prompt à désigner un coupable. Mais il portait en lui une obsession étrange : celle de résoudre ce qui ne pouvait être résolu, de retrouver une essence qu’on disait perdue.

Car lui seul savait vraiment pourquoi l’énergie spirituelle se faisait aujourd’hui plus rare, plus difficile à maîtriser qu’autrefois. Ce n’était pas une simple conséquence du temps ou des hommes : c’était une transformation profonde du monde lui-même.
Lors de ses ultimes coups portés au demi-dieu, Masashi avait perçu plus qu’il n’avait jamais perçu. Il avait vu, ou plutôt ressenti, les racines de cette force, le chemin secret qu’elle empruntait.

Sous la surface du Yuukan, des réseaux entiers de grottes s’entrelacaient comme des veines dans un corps. Les anciens les appelaient les veines dorées. Elles recueillaient l’énergie solaire absorbée par la terre, puis la libéraient, subtile et invisible, dans l’air, les plantes, la peau même de ceux qui foulaient ce sol béni.
C’était cette circulation secrète qui nourrissait le monde. Et c’était cette même circulation que le Kakusei avait meurtrie, altérant à jamais le flux vital.

Hattori Masashi n’avait plus la force de la ressentir, mais il en portait encore le souvenir brûlant. Et ce souvenir, plus que tout, le hantait.

Il leva lentement la tête, comme s’il craignait que ce simple geste ne lui coûte les dernières forces qu’il lui restait. Ses yeux, autrefois vifs et impérieux, semblaient voilés par une fatigue ancienne, mais au fond d’eux brillait encore une lueur, fragile, incertaine, qui n’appartenait qu’aux survivants.

D’une voix basse, presque effacée, il prononça :

Dialogue de personnage
« Chizue… »

Le nom s’échappa de ses lèvres comme une exhalation, porteur d’un poids qu’elle seule pouvait deviner.
Elle n’était pas celle qu’il avait espéré voir franchir cette porte. Mais sa présence ici, dans ce lieu inapproprié pour une Hattori, disait plus que n’importe quelle nouvelle : le Royaume Hattori tenait encore.

Du moins… il le croyait.

Masashi soutint son regard, sondant en silence ce qu’elle ne disait pas.
L’était-il de la bonne manière ? Était-ce encore le royaume qu’il avait jadis protégé de son corps et de son âme, ou bien une coquille vide, habillée des mêmes couleurs mais vidée de son esprit ?

Il repensa alors à son second enfant, Hattori Rin.
L’image de son visage, autrefois si claire, lui échappait désormais par fragments, comme un rêve qui se délite au réveil. Rin ne s’était pas simplement enfui, ni même perdu… il s’était volatilisé.

Il était difficile d’expliquer ce phénomène, même pour lui qui avait voué sa vie à comprendre les flux du chakra. Son énergie avait été happée par une force inconnue, un vortex incontrôlable, comme si l’air lui-même s’était replié sur son corps pour l’avaler. Ce n’était pas une mort, pas vraiment. C’était une disparition… une absorption.

Et pourtant… dans l’instant qui suivit, Masashi avait ressenti, de manière fugace, la présence de son fils. Ce chakra familier, cette vibration unique qui liait le père au sang de sa chair… elle était revenue, plus vive que jamais, mais pour quelques minutes seulement.

Dialogue de personnage
« Est-il revenu ..? »

Publié il y a moins d'un mois

| Petite Princesse |

Plusieurs sentiments se disputaient dans le cœur de la jeune Hattori Chizue.
L’enfant en elle, celle qui avait grandi dans l’ombre d’un nom, frémissait à l’idée de revoir son père. Mais la femme qu’elle était devenue ne partageait pas cet élan.
Avec lui, elle n’aurait pas à porter ce fardeau de dirigeante… pourtant, elle aurait voulu choisir son rôle, comme Rin avait su le faire.

Et là, devant elle, il parlait encore de son fils disparu, avec cette inquiétude viscérale…
Sans même sembler considérer sa propre fille.
C’était presque insultant.
Car si Rin avait survécu, il serait aujourd’hui à sa place, en héritier mâle, occupant sans discussion le trône du Royaume.

D’un ton détaché, presque froid, elle laissa tomber :

Dialogue de personnage
« Tu fais pitié à voir. »

Assis contre un mur de planches à peine vernies, Masashi n’était plus que l’ombre de lui-même.
Ses yeux ne brillaient plus, pas même d’un éclat de colère.
Chizue le savait pourtant : l’ancien Empereur Hattori avait toujours été différent, détaché, presque glacé. Il ne voyait pas le monde comme les autres.
Ce n’était pas de la froideur humaine… mais celle d’un homme façonné par une sensibilité exacerbée à l’énergie spirituelle.
Il vivait dans un univers qui échappait aux simples mortels et, peut-être, c’était cela qui l’avait brisé.

Publié il y a moins d'un mois

Raikage

Aujourd’hui, le monde n’était plus le même.
Et même le chakra, jadis torrent d’énergie et de compréhension, ne semblait plus assez puissant pour lui permettre d’embrasser toute la réalité.

Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander ce qu’il faisait là, la voix grave de l’homme résonna de nouveau :

Dialogue de personnage
« Tu dois préparer tes armées. Ce n’est pas terminé. Le Kakusei était un raté. »

Il ne parlait pas vraiment du gouverneur, bien qu’il fût, lui aussi, une menace pour Kumo.
Non, ses mots visaient un autre ennemi. Celui qu’il avait affronté jadis.
Un monstre capable de faire trembler les terres elles-mêmes.
Un être divin qui foulait aux pieds les légendes anciennes, et dont l’existence même contredisait les écrits des plus vieux sages.

Les clans de la Réunification l’avaient craint, redouté, presque vénéré dans leur peur.
Et pourtant… ce furent les Tanuki, animaux que l’on tournait souvent en dérision pour leur apparente bêtise, qui, par deux fois, avaient réussi l’impossible : stopper l’effondrement.

Publié il y a moins d'un mois