Papillon empêtré dans une toile invisible, le jeune moine n'osa même pas respiré, tandis que cet être merveilleux s'approchait de lui. Ses sens suractifs goûtaient à chaque instant de cette proximité, percevant même le parfum déroutant de cette déesse humaine. Parfaitement immobile, sa raison lui intimant une réaction qu'il ne pouvait invoquer, il entendait les battements de son propre coeur, tandis que de succulentes lèvres carmines s'approchaient des siennes. C'était trop beau pour être vrai.
Aussi volage qu'une illusion, ce moment s'évanouit, allumant pour quelques secondes une lueur violente dans les yeux d'Inu. Était-ce donc ça la flamme du désir? Encore toute à son excitation, il suivait Kazuna du regard, hypnotisé par cet ange fatal. Mécaniquement, il se saisit de la bouteille, caressant le bouchon de liège avant de le faire sauter d'un coup sec. Même s'il n'avait jamais bu, il connaissait parfaitement le geste. Il s'apprêtait déjà à servir la dame, par habitude, lorsqu'il se rendit compte de l'absurdité de son geste. S'arrêtant à mi-chemin, il se contenta de poser la bouteille sur la table, reprenant sa position assise.
« Plus d'interdits hein... »
Beaucoup de pensées se chamaillaient sa cervelle, bien trop pour l'adolescent habitué à obéir. Caressant son crâne déplumé, il se contenta d'un énième sourire, fermant longuement les yeux afin de clarifier son esprit. Une inspiration, une expiration, se concentrer sur une simple action. Ce n'était pas le moment de faire un acte irréfléchi!
« Je ne connais pas les détails de ce qui vous a valu votre situation actuelle dame Hattori. J'imagine que votre faute doit être au moins égal à toute l'attention qui vous est attribuée. Cependant... »
Il quitta alors son état méditatif, relevant brusquement la tête pour afficher une rangée de dents blanches. Sa voix perdit son voile de formalité, montrant pour un instant l'homme derrière les chaînes.
« Je vous aime bien! J'espère vraiment que nous aurons l'occasion de nous revoir... dans d'autres circonstances. »
Evidemment, il ignorait totalement les risques qu'il encourrait à se frotter de trop prêt à cette crinière d'ébène. Toutefois n'était-ce pas cette même ignorance qui le rendait plaisant? Se levant d'un bond, Inu fit une grande révérence (piètrement exécutée) avant de tendre la main à la "prisonnière".
« Et vous? Il n'y a t'il rien que je puisse faire pour rendre cette journée plus agréable? Je fais un piètre danseur, mais si vous le souhaitez je veux bien essayer! »