Au fil des heures, le temps semblait s'être allongé pour devenir une entité différente de ce qu'il avait été jusque là. D'une simple mission donnée, les événements s'étant déroulé jusqu'à ce moment n'avaient été empreints que de haine, de sueur, de sang. Les hommes étaient tombés les uns à la suite des autres, voyant leurs vies prendre fin alors que les colères respectives des deux shinobis de cessaient de croître. Pourquoi avait-il fallu en arriver là ? Pourquoi chacun de ses adversaires avaient-ils voulu réellement continuer le combat jusqu'à s'en donner la mort ?
Ce monde était différent de celui des beaux jours apparents de Konoha. Il y avait, dans le grand pays du feu, un aspect malsain et haineux dissimulé dans de sombres allées, dans de sombres ruelles, et parfois même, dans des lieux aussi reculés que cette auberge. Zannin, en était l'investigateur, mais il n'était dans le fond probablement qu'une victime d'un système aux dommages collatéraux que les hautes instances du pays avaient su taire. Il représentait désormais toute cette folie engendrée dans un engrenage pour lequel il n'y avait probablement que peu, voire pas de sortie. Toutes les stimulations qu'il recevait n'aboutissaient que dans le cadre de violence et d'effusion de sang. C'était ce qu'il prônait, c'était ce qu'il souhaitait par dessus tout pour assouvir son intarissable soif de rage. Qu'est-ce qui avait pu ainsi le transformer ? Quels éléments de sa vie avaient pu ainsi s'enchaîner pour transformer un esprit probablement innocent dans sa nature, à un berserk de la sorte ? N'était-il qu'une folie ?
« Je suppose que le temps est venu, Imawara. »
Le maître et le disciple se toisaient du regard. Un regard plein d'empathie adressé par celui que le plus jeune appelait "sensei". Cet homme honteux qui avait vu le regard de son disciple progressivement changer au fur et à mesure que le bout de sa lame s'était imprégnée de sang. Il en ressentait une vergogne qu'il n'aurait su partager, car l'esprit d'Imawara reflétait une pureté qui serait à jamais entachée par ce qu'il avait vu, ces jours précis. C'était un mal pour un bien, car un esprit trop pur devrait forcément se confronter à la réalité de la vie, ainsi qu'à celle de la mort... Oui, définitivement, le regard d'Imawara n'était plus le même, et dans le fond, Seijuro espérait que son disciple ne soit pas changé à jamais, car sa personnalité transcendait en réalité le secret de sa force inexploitée. Il amorçait une descente dans la réalité, mais ceux qui s'exposent ainsi à la violence peuvent parfois se perdre, en réalisant que le monde n'est pas aussi doux que ce qu'il avait imaginé jusque-là.
Cette mission avait pour but de voir si Imawara était prêt... Sur ordre du Hokage lui-même, le jeune spadassin du clan Uzumaki s'était vu nominé pour la promotion de l'examen des chuunins de Konoha. Seijuro s'était empressé de valoriser les capacités de son disciple et d'appuyer sa candidature en faveur de sa participation à l'épreuve, mais il savait malgré cela, que la sympathie ne serait pas mère de prudence. Ne se laissait-il pas simplement ensevelir sous la volonté de bons sentiments ? Sous une empathie imprudente qui pourrait précipiter un drame ?
Depuis leur premier affrontement, il était certain qu'Imawara avait eu une marge de progression quasi invraisemblable, mais était-il prêt à possiblement devenir chef d'équipe ? Etait-il prêt à finalement se délester du rôle de "disciple" pour devenir une pièce majeure de l'articulation militaire du village de Konoha ? Ses épaules étaient-elle réellement prête à endosser la responsabilité de la protection du village ? Connaissait-il le prix de chaque vie ? C'était au travers de toutes ces questions que Shinji avait proposé à Seijuro d'emmener le jeune rouquin dans une mission périlleuse.
Une main gauche croisant son axe et tenant le bandage de son flanc droit, la main droite tenant fermement le manche de son sabre qu'il redressait juste devant son visage. Le Jounin était prêt à en découdre. Il n'y aurait ni chakra, ni jutsu. Un affrontement historique basé sur les capacités uniques du maniement du sabre. Seijuro se savait désavantagé car il ne possédait pas les capacités de manier toutes les lames aussi bien qu'Imawara ne savait le faire. Pourtant, ses capacités à se mouvoir et la fluidité derrière chacun de ses mouvements causeraient probablement bien des soucis à son disciple.
L'affrontement pourrait-il réellement être entier et effréné ? Les capacités du Jounin étaient-elles réellement exploitables dans ces conditions ? La foule s'endiablait de ce combat. Au fur et à mesure des affrontements, Imawara et Seijuro avaient fini par conquérir les voix des partisans de Zannin. L'affrontement entre ces deux hommes était imminent. Au loin, le démon borgne souriait.