« Tu peux m'appeler Père si tu y tiens. »
Le Prince réalisait que cet jeune homme était encore bien immature et qu'il ne semblait pas s'ouvrir si facilement. Il était ici sans réellement réaliser pourquoi. Au fond de lui, il cachait sûrement une véritable raison. Il était cependant totalement incapable de l'exprimer.
« Pourquoi toi ? Je vais te décevoir, mais tu n'étais que l'objet d'un lourd renouvellement. Les Kenketsu sont invasifs et les Gaikotsu permettent ironiquement de limiter une surpopulation. Je ne protège que ceux acceptant mes règles. Pour autant, j'ai parfois besoin d'offrir motivation à chasser aux Gaikotsu. En t'infectant, j'ai relancé une chasse. Ce n'était que pour cette unique raison, je souhaitais que les choses continuent d'avancer. »
Du moins, cette version était grandement simplifiée. En infectant cet ancien Gaikotsu, le Prince avait fait plus que cela, il avait involontairement fabriqué un nouvel élu du clan des chasseurs. Il s'était d'abord inquiété pour finalement comprendre que c'était plutôt positif. Une Gaikotsu capable de faire le travail d'une centaine, que demander de mieux ? Elle agissait à une vitesse et elle continuait d'entasser les cadavres. Une véritable combattante. Depuis lors, les Kenketsu commençaient enfin à se rassembler, mais autour de nouveaux leaders... Dont ce fichu Hatsuharu. Pourtant vieux, ce vampire ne comprenait point l'importance de l'équilibre. Il souhaitait tellement mettre en avant sa race quitte à créer de vulgaires fermes à humains. Ignoble destin.
« Et tu es ici pour que nous pussions discuter de notre rencontre ? J'ose espérer quelque chose de plus constructif. Tu ne peux sûrement pas comprendre le fait que je tienne particulièrement au clan Gaikotsu et à sa morbide chasse, les Kenketsu sont immortels et si nous sommes trop nombreux ... Je te laisse imaginer l'horreur. »
Le Prince connaissait l'horreur en question, il avait déjà tenter de créer un tel monde à l'époque de Faust pour finalement changer d'avis et comprendre qu'il ne pouvait tourner ainsi. Les Kenketsu qui ne pouvaient accepter le rationnement du village de Cha étaient des ignares et pour guérir de cette sottise, il fallait vivre dehors. Du moins, c'était souvent le cas. Hormis, une fois de plus, pour ce crétin de Hatsuharu qui ne semble guère comprendre, sûrement trop absorbé par son écœurement envers le genre humain.