Devenir Genin [FB an-6] P2

        Ne trouvant pas l'entraînement avec mon sensei suffisant, j'avais décidé de m'entraîner par moi-même tous les soirs sans exceptions. Il fallait que je devienne plus forte. Ce soir-là, la pluie était battante mais qu'importe. J'étais une ninja, je n'allais pas pinailler pour trois gouttes et je savais qu'en mission, la météo n'aurait pas de raison d'être plus clémente que ce jour. J'arrivais à me convaincre que cet entraînement en particulier n'en serait que plus constructif. Il y avait trois mannequins bourrés de paille et ramollis par la pluie disposés en arc de cercle. Je m'entraînais au combat au corps à corps. Je savais que ce n'était pas un combat réaliste, mais je pouvais déjà voir jusqu'à quelle hauteur montait ma jambe lors d'un coup de pied, et je prenais des réflexes pour des enchaînements. J'étais persuadée qu'il n'y avait que comme ça que je deviendrais plus forte. J'espérais être rapidement repérée par l'élite afin d'entamer une vraie vie de shinobi avec des vraies missions.

Il pleuvait des torrents. Etsu avait été manger en ville et il se rendait dans son labo aux pas de course. C'était à ce moment-là qu'il aperçu Bakura, une de ses élèves. Il était surpris de la voir s'entraîner à cette heure. Pour lui, l'entraînement de la journée avait été amplement suffisant pour des enfants de son âge. Elle lui semblait plus tenace qu'il ne se l'était imaginé jusqu'à présent. S'entraîner sous un temps pareil, il fallait être timbrée. Le ninja attrapait un kunai dans sa pochette et le lançait sur le mannequin du milieu pour lui faire remarquer sa présence. Le kunai frôla son visage, une chance pour elle que son sensei sache bien viser. Quand elle se retournerait, il lui dirait simplement avec un air amical :

Un kunai avait frôlé mon visage. Je m'arrêtais nette dans mon entraînement. J'étais déçue de moi-même. En effet, quelqu'un avait réussi à s'approcher suffisamment pour lancer ce kunai, et je ne l'avais pas du tout entendu arriver. Je me retournais curieuse de voir qui cela pouvait bien être et je découvrais Etsu. Mon sensei. Que faisait-il là? Qu'est-ce qu'il voulait. Il me regardait alors avec un sourire un peu niais et me saluait. Comme si je ne l'avais pas vue suffisamment pour aujourd'hui.... Je le regardais assez perplexe. Je ne répondais pas. C'était lui qui venait me déranger alors qu'il parle. En tout cas, c'était surprenant de le voir là, immobile sous la pluie. Je pensais qu'il était du genre à s'enfermer dans son labo avec un temps comme ça. Mais non, il était là, comme s'il attendait quelque chose.

Etsu avait un peu de pitié à la voir bosser dans des conditions pareilles. Ce serait bête de laisser cette gosse mourir d'un rhume, il se sentirait sûrement responsable. En tant que sensei. Et puis avait-elle seulement manger ce soir? Rien n'était moins sûre... Etsu n'allait pas lui parler sur le ton du conseil. Il se doutait qu'elle l'aurait envoyer paître. C'était encore une enfant à ses yeux, mais elle se prenait pour une grande et n'appréciait pas qu'on la considère autrement. Ça Etsu l'avait bien compris. Il commençait à se remettre en question. N'avait-il pas laisser un peu trop de côté ses élèves? Ce n'était pas des outils après tout. Ils avaient une conscience tout comme lui. Il hésita un peu, et puis lança finalement :

        Le sensei m'invitait-il réellement dans son labo? Voilà qui était surprenant. Je lui avais déjà demandé de m'y emmener et je me souvenais qu'il avait refusé. Avait-il des choses à cacher? J'avais toujours trouver ce type un peu louche, mais ça ne me rendait pas moins curieuse. Je décidais donc de le suivre. Et puis ça me ferait sûrement du bien d'être un peu au sec et de manger un truc. Je commençais à avoir très faim d'ailleurs. Je le notifiais à mon sensei, histoire de m'assurer qu'il pourrait effectivement me nourir une fois là-bas.


        J'espérais que ça ne soit pas trop loin. Tout en marchant, je regardais discrètement ma tenue. Elle était pleine de boue... J'espérais que mon sensei ne soit pas trop à cheval sur le nettoyage !

        C'était la première fois qu'Etsu emmenait quelqu'un dans son labo. Ce serait un nouveau genre... d'expérience. Si on veut. L'homme invita la jeune fille à entrer. La majeure partie de l'habitation était dédiée aux expériences d'Etsu. A la base, seule la petite cave était destinée à cette activité et puis au fil du temps, bouffé par sa passion, le ninja lui accorda toujours plus de place dans sa vie. Il était possible d'imaginer qu'autrefois cet endroit avait été une pièce de vie avec une cuisine ouverte sur le salon. Désormais, les bocaux de formol avaient remplacés les boîtes de conserves sur les étagères de la cuisine et la table à manger lui servait de paillasse pour travailler. Le vieux canapé était plein de poussière et de vieux manuscrits, tout comme la table basse. Il y avait aussi le reste de deux cafés froids. La pièce sentait le refermé, les couverts sales traînaient encore près de l'évier, tout comme ses ustensiles de chirurgie. On aurait pu se croire dans l'antre d'une vieille sorcière, mais Etsu était peu soucieux du ménage et des bonnes manières. Il n'était pas angoissé à l'idée d'inviter quelqu'un dans un endroit si peu entretenu. Il referma la porte derrière son élève et lui dit, essayant de la mettre à son aise :

        Tout ça était assez « surprenant ». Je m'étais toujours imaginée Etsu comme quelqu'un de soigné ; apparemment j'étais assez à côté de la plaque. J'avais faim mais je me disais qu'au vue de l'état de sa vaisselle et de ses casseroles, je pouvais bien me priver encore un peu hé hé. Je pourrais toujours manger en rentrant à la maison!!

        Etsu ouvrit le frigo et l'instant d'après, une odeur noséabonde vint s'infiltrer dans mes narines. Peu curieuse de ce que ça pouvait bien être je me précipitais à l'autre bout de la pièce. Avant de prendre place dans son canapé, je lui disais :



        Et j'instistais pour être sûre qu'il ne prépare rien en imaginant me faire plaisir.



        Je tapotais le bras du canapé et un nuage de poussière vola dans la pièce. Bon héhé, j'essayerais de ne toucher à rien. Je m'asseyais alors tout doucement dans le canapé pour essayer de déplacer le moins de particules possible. Je disais tout de même à mon sensei avec une pointe d'humour :



        Ma voix avait été en diminuant, je devenais un peu gênée de par ma propre blague. J'ignorais la réaction de mon sensei mais je n'osais pas trop me retourner, peut-être qu'avec un peu de chance, il n'aurait rien entendu hé hé.

        Bakura avait l'air assez gênée, elle était certainement intimidée par les lieux. Le fait d'être chez son sensei, dans son intimité. C'était assez drôle à voir, ce n'était pas un caractère habituel pour cette jeune fille. Etsu se remémorait le moment où, quelques minutes plus tôt, la kunoichi avait parlé de sa faim de loup. Elle n'osait certainement pas demander à son sensei de lui servir à manger, mais il tenait quand même à le faire. Elle ne voulait plus le dire, mais Etsu savait bien qu'elle mourrait de faim. Il préparait donc des nouilles instantanées. C'était à peu près le seul plat avec lequel il était sûre de lui plaire - ayant déjà manger ce genre de repas au restaurant avec ses deux élèves. Il entendait d'une oreille Bakura lui parler de ménage, mais ça ne l'empêchait pas le moins du monde de cuisiner dans une casserole mi-propre. Ayant presque toujours vécu seul, il n'avait pas réellement conscience de son manque d'hygiène. Par conséquent, il prenait la remarque de la jeune fille un peu à la rigolade puisque l'état de ses appartements ne lui paraissait pas vraiment dramatique.



        Etsu en avait fini avec la cuisine et allait rejoindre Bakura au bord du canapé. Il déplaçait quelques livres sur la table basse pour déposer le bol de nouilles et le thé destinés à la jeune fille. Il lui fit un petit sourire, et comme pour l'autoriser à entamer son repas, il lui disait :

        A mon grand désespoir, voilà que je me retrouvais nez à nez avec mon bol de nouilles. Et mon sensei restait à me regarder et il me disait même bon appétit avec un air sadique. Ahhh en quoi allais-je me transformer si je buvais cette potion?!! J'avais peur pour ma vie ! Je trempais mes baguettes dans mon bol de nouilles et entamais un jeu de regard avec mon sensei. Nous restions le regard fixe l'un sur l'autre. J'amenais tout doucement, la main légèrement tremblotante, quelques nouilles jusqu'à mes lèvres. Je déglutis. Ouvris la bouche et avala ces.. CES CHOSES. Je fis une petite grimace et réitéra deux fois l'opération avant de poser le bol sur la table basse. Je décidais d'entamer la discussion en espérant que ce bol pourrait rester oublier sur la table. Avec tout ce désordre, soyez sûre que ça avait l'air facile à première vue !



        Je devais tirer une mine bizarre à ce moment-là. Avec un sourire un peu gêné.

        Etsu lui jetait un petit air joueur et observait sa réaction avant de se décider à lui donner davantage d'informations :



        Le scientifique s'attendait à ce que la jeune fille le regarde un peu perplexe. Elle se demanderait sûrement qu'est-ce qu'elle aurait à y gagner. Alors, sans lui laisser le temps de réagir, il enchaînait :



        Etsu fit un petit sourire niais. Il se disait qu'il ne devait pas être très convaincant et il ne savait pas très bien estimé ce que pourrait lui répondre Bakura.

        Je fis une mine un peu grave et sombre. Je laissais un instant de suspens et puis je me décidais enfin à répondre :



        Je prenais un air malicieux afin de poursuivre :



        J'avais pris un ton un peu humoristique. J'espérais qu'il prenne conscience que ce lieu était devenu assez invivable. Et puis, c'était assez drôle de faire des leçons à son sensei. Je reprenais un ton un peu plus sérieux et lui demandais :

        Répondait-il amusé. Et puis il ajoutait :



        Il était plutôt amusé de cet échange, mais il n'avait plus bien en mémoire la signification du terme de ménage. Pour autant, il essayerait de ne pas trop décevoir la fillette. Il avait déjà bien prévu les choses, et il s'attelait à expliquer tout ça à son élève.



        Etsu attrapait un morceau de parchemin et dessinait grossièrement la fleur. Il tendait ensuite le document à la jeune fille.