Une rivalité naissante

Lorsqu'il n'était pas en mission, Shinji prenait plaisir à donner un coup de pouce à ses parents pour les aider à entretenir l'armurerie. Son père était le forgeron et sa mère s'occupait de la vente. Ainsi, lorsqu'il en avait l'occasion, le jeune homme s'attelait à l'entretient des armes. Dès l'ouverture, ses parents s'étaient assurés de faire de la boutique un lieu chaleureux. Quelques tapis jonchaient le sol de manière très localisée tandis que des étagères en bois occupaient chaque espace de la pièce, desquelles on pouvait apercevoir des armes de toutes sortes, bien que majoritairement axées vers le combat au corps à corps.

Pour les passionnés de Kenjutsu, ce lieu était une véritable caverne aux trésors alors que les autres shinobis se contentaient de se réapprovisionner simplement en shurikens et en kunais. Malheureusement, les férus d'armes n'étaient pas nombreux ici-bas.

Néanmoins, cela n'empêchait pas la boutique d'être ouverte à tous, civils y compris. Shinji n'attendait la visite de personne en particulier, mais il offrirait sans aucun doute son hospitalité au prochain individu qui franchirait la porte.

La nuit approchait sûrement alors que Hikari rentrait de mission. Déjà, de sombres nuages se profilaient à l'horizon et elle courrait dans le vent frais du soir. La vie de chuunin n'était pas un long fleuve tranquille et le travail ne manquait pas, en tout cas pour elle. Aussi, lors des derniers affrontements, l'un de ses fidèles gants de combat s'était fissuré sous la force de ses coups. Comme c'était un cadeau et que ces gants avaient été faits sur-mesure pour elle, elle ne s'en était jamais séparée et ne le souhaitait absolument pas. Ces outils lui avaient sauvé suffisamment de fois la vie qu'elle avait décidé qu'ils seraient ses portes-bonheurs. C'est pour cela que la jeune femme se dépêchait sous la presque pluie.

Cependant, les boutiques fermaient les unes après les autres sous ses yeux et son cœur se serra: abandonner ses fameux gants pour même une petite mission l'attristait beaucoup. Hikari poursuivit tout de même son chemin jusqu'à l'armurerie, qu'elle trouva ouverte contre toute attente, ce qui la remplit de joie.



La combattante avait une voix peu assurée. Si personne ne l'accueillait, c'était certainement que le marchand fermait boutiques...Cependant, une femme bien plus âgée qu'elle se présenta à l'accueil.

Lorsqu'il entendit le carillon, puis une voix, le jeune homme était occupé à faire la réserve de l'arrière-boutique. Néanmoins, la présence de visiteurs à une heure si tardive était chose rare. Aussitôt, il laissa son travail en plan, et se dirigea vers l'entrée pour découvrir le visage de ce nouveau client.



Sans opposer de résistance, la mère de Shinji partit en direction de l'atelier, où travaillait encore son époux.
Le jeune homme s'avança vers le client, et fut surpris lorsqu'il remarqua qu'il s'agissait en faite d'une cliente. Encore une gonzesse qui pense tout savoir sur tout, mais qui pleure dès la moindre égratignure, se dit-il.



Il tendit la main, prêt à recevoir l'objet.

La vieille dame disparut, elle crut un instant que les marchands de cet établissement étaient si peu aimables qu'ils ne firent pas attention à elle alors qu'elle entrait à une heure si tardive. Encore des flemmards...Mais voilà qu'un homme, bien plus jeune qu'elle, et de bonne taille, la salua et lui demanda son gants en la mettant tout de même en garde, il se pourrait qu'il ne puisse accepter la commande.

Elle posa donc son gant sur le comptoir. Il s'agissait d'un gantelet métallique fait pour améliorer l'impacte des coups de la trentenaire sur ses cibles. On pouvait bien dire qu' il n'était pas de première jeunesse. En effet, il était cabossé par endroit et couvert de rayures. Vers l'index, il avait même été ouvert jusqu'au milieu de la paume.

Hikari passait son poids d'un pied à l'autre de gêne. Elle savait qu'elle n'était pas particulièrement soigneuse avec ses armes et qu'elle tapait comme une sauvage, c'était d'ailleurs pour faire de cette faiblesse une force qu'elle s'était spécialisée en Taijutsu.

Des gants pour le combat rapproché. Ils semblaient avoir été utilisés trop souvent au vu des bosses et des rayures qui le recouvraient, mais il ne fallait pas être un expert dans le domaine pour remarquer qu'ils étaient mal-entretenus.
Il ne connaissait que très peu de gens à Konoha qui se contentaient du Taïjutsu pour combattre, mais il n'avait encore jamais croisé de fille.



Il prit le gant dans sa main, le rapprochant de ses yeux afin de mieux l'examiner.



Il fallait reconnaître que le Kitto était un peu sexiste sur les bords.

Hikari attendait patiemment le diagnostique du jeune homme, angoissant sur ce qu'il pourrait dire. Elle s'imaginait déjà les remontrances, les engueulades et enfin, le refus. Hikari était une brute, mais ces gants, qui était plus vieux que la paix à Konoha, elle les aimait d'un amour pur.

Aussi était-elle était bien loin de se douter de cela ! En effet, l'artisan lui demandait de renoncer au Taijutsu pour se concentrer sur autre chose. Bien sûr, cela tomba sur l'Iroujutsu, parce qu'elle était une femme, hein ? Elle n'en revenait pas !

Il ne semblait pas se rendre compte de ce qu'il disait tandis que Hikari pâlit...Pour ensuite se fâcher tout rouge. Alors, elle enleva son second gant qu'elle jeta avec toute la brutalité du monde dans la face de ce grossier personnage.

Lorsqu'elle le provoqua en duel, le jeune homme fut surpris. Il s'attendait à des cris, à des pleurs, des jurons et des menaces, mais certainement pas à un passage à l'acte aussi rapide. Bloquant de justesse avec le fourreau de son sabre le gant qu'elle lui avait lancé au visage, il agrippa la poignée se son arme et sortit la lame de son étui.



D'un geste brusque, il pointa le visage de la jeune femme du bout de sa lame.



Il n'aimait pas l'idée de se donner en spectacle ainsi sur la voie publique, mais c'était toujours mieux que de combattre à l'intérieur de l'Armurerie où les deux shinobis risquaient de faire des dégâts.

Il avait été surpris mais avait tout de même trouvé le temps de parer son gant de combat avec la garde de son sabre. Il dégaina ensuite un sabre japonais de bonne facture, certainement le fruit de son travail. Hikari l'ignorait et s'en foutait. Ce gosse s'était montré si...si méprisant et insultant qu'elle en avait plus rien à foutre de rien, en réalité. Il pointait ce sabre sur elle tandis qu'elle était poings nus.

Elle eut un sage mouvement de recule alors qu'il la tenait en joue. Après avoir longuement contempler le sabre, Hikari plongea son regard dans les yeux du jeune homme avant de souffler:



Ainsi, la combattante laissa là ses gants et tourna les talons, attendit son adversaire sur le seuil de l'établissement avant de lui adresser un petit signe de tête, les bras croisés.

Shinji n'arrivait plus à reconnaître la personne qu'il avait en face de lui. Alors que la jeune femme était encore il y a quelques minutes timide et incapable de tenir sur ses deux jambes sans chanceler, elle reculait maintenant devant rien, prête à tout pour montrer qu'elle était la plus forte.
Alors qu'il la suivait sur le seuil de la boutique, il soupira. Il n'appréciait que très peu ce genre de puérilité, mais c'était son honneur qui était en jeu.



Il regarda la jeune femme dans les yeux. Ses yeux n'étaient plus de leur couleur bleuté habituelle, mais violets. Il était prêt pour combattre.



L'honneur aux dames, il ne fallait pas l'oublier.

Si tard, les rues étaient presque désertes. Cela laissait assez d'espace à Shinji et à Hikari pour donner cours à leurs colères mutuelles. Il la suivit lentement sur le seuil de la boutique, et fit part de son unique condition. Ce ne serait pas un combat à mort et ce serait tant mieux, mais là où Hikari s'attendait à un combat au premier sang, le gosse demanda un duel jusqu'à ce que l'un ou l'autre ne puisse plus se relever. Han, il ne laissait rien paraître, mais il était clair qu'elle l'avait bien échauffé...



Elle s'élança donc, bondit pour esquisser un coup de pied venant d'en haut vers son adversaire ,tandis qu'elle exécutait les mouvements nécessaires à sa techniques. Il était un Kitto, elle n'allait certainement pas utiliser celles venant de son clan.

Alors qu'il se visualisait encore sortant de la boutique, Shinji fut frappé par la réalité. Les actions s'enchaînaient plus rapidement qu'il ne l'avait pensé. Alors qu'il tentait encore d'enregistrer les informations qu'elle lui avait donné, la jeune femme prit au pied de la lettre l'invitation du Kitto à attaquer en premier et elle se jeta vers lui, prêt à le frapper d'un coup de pied à la verticale qu'elle coordonna avec une série de mudras. Aussitôt, des jalons de roche jaillirent du sol, formant une prison autour de lui.

Malheureusement pour elle, Shinji était beaucoup plus malin qu'il ne laissait paraître et dès qu'il vit qu'il n'y avait aucune possibilité de reculer afin d'éviter l'assaut de la femme, il leva la tête vers le haut, puis se prépara à bloquer le coup de pied avec le dos de sa lame. Au même moment et de sa main libre, il effectua le mudrā du tigre.



Aussitôt, ses joues se gonflèrent d'une fumée noire et profitant que suite à sa parade, la jeune femme avait appui sur le dos de sa lame, il lui recracha tout au visage. Aidé des gaz asphyxiants comme les cyanures, l’hydrogène sulfuré et les oxydes de carbone que contenait la fumée naturelle et qui obligeaient la jeune femme à reculer pour éviter l'étouffement, il sauta en arrière afin de s'extirper de sa cage de pierre.

Une fois le pied de nouveau au sol, il attrapa cinq shurikens à l'intérieur de sa sacoche arrière et les jeta en direction de son adversaire, alors que le brouillard de cendres se propageait petit à petit autour d'elle.

Prête à frapper, Hikari se réceptionna cependant des deux pieds sur le dos de la lame du shinobi qui avait paré avec brio son coup. Aussitôt répartit-il le poids de la jeune femme -qui était pourtant bien loin d'être légère-, qu'il lui cracha une fumée noire au visage. Gênée, elle bondit en arrière par soucis de visibilité ,pour atterrir cette fois-ci au sol à un mètre de là, esquivant de peu les shurikens qui traversèrent par la suite le nuage de fumée. Elle, au dehors et loin d'être calmée alors que de légères volutes de fumée l'entouraient, prit à son tour une poignée de ces projectiles qu'elle jeta sur son adversaire suffisamment loin d'elle puisqu'il s'était échappé de sa prison, avant d’exécuter un mûdra...



Aussitôt, le sol trembla sous les pieds de Shinji et se brisa de part en part tandis que la jeune femme, bien sur ses appuis, se servit une seconde fois en shurikens qu'elle fit tournoyer vers lui.