Le plus important avait été dit. Le Chikara avait pris sur lui pour essayer, une nouvelle fois, de redonner espoir à son ami, et de l'aider, malgré la virulence des propos qu'il lui tenait. Il avait comme l'impression de traverser un pont de corde au plein cœur d'une tempête, celui-ci pouvant s'effondrer à tout moment. Le moindre pas de travers pouvait le faire chuter dans le précipice. Néanmoins, le blondinet s'accrochait. Ses mains meurtries tenaient bon sur la corde, et il avançait pas après pas pour rejoindre l'autre rive. Il devait l'atteindre. Il devait aider Seitô.
Malgré la souffrance qu'il ressentait, en l'entendant dire des choses aussi horribles, il prenait sur lui afin de tenir bon. S'il y avait bien un moment qu'il ne devait pas céder, c'était à ce moment-là bien précis. Comment lui inspirer confiance, s'il lui montrait sa fragilité ? Il ne pouvait tout simplement pas.
Néanmoins, la suite ne fut pas du tout celle à laquelle il pouvait s'attendre. Soudainement, il agrippa le torse, commençant à tousser de plus en plus. Il était en train de s'étouffer. Sans hésitation, Kano accourut vers lui.
« Eh, Seitô... ! Du calme ! »
Dans ce genre de situation, il ne fallait surtout pas qu'il s'agite davantage... Mais c'était plus facile à dire qu'à faire, même Kano était à cran, et s'inquiétait.
« À l'aide ! Que quelqu'un vienne ! »
Non seulement l'électrocardiogramme s'agitait bruyamment, mais aussi il appela à l'aide. En attendant l'arrivée de renforts, Kano lui fit les premiers gestes de secours, pour calmer son étouffement, ses mains tremblaient d'inquiétude et d'angoisse. Redressé, légèrement penché en avant, il pressait sur son ventre tout en tapant son dos, et en le maintenant bien. Seitô essayait de lui dire quelque chose, entre plusieurs toussotements. Il le comprit...
« Kano, aide-moi... »
Il sentit autre chose. Sa main s'était agrippée à son bras, Seitô le tenait. Il comptait sur lui. Aussitôt, ses mains arrêtaient de trembler, et Kano s'appliqua davantage à sa tâche.
« Je suis avec toi Seitô ! Ne t'inquiètes pas, je te lâche pas... ! »
Les renforts arrivaient bien assez vite, plusieurs médecins arrivaient dans la chambre du rouquin, et virent bien assez vite le problème, sans même besoin d'explication. Les médecins commençaient donc à prendre les choses en main, alors que son meilleur ami lui tenait toujours le bras, d'une poigne de fer. Un médecin se mit entre eux, risquant de rompre ce lien, et Seitô hurla, malgré sa douleur. Kano restait bouche bée... Après toutes ses horreurs qu'il avait entendu, l'Uzumaki ne voulait plus le lâcher maintenant. Là encore, il avait besoin de lui. Et lui de même. Sans même demander aucune permission, et au vu de la situation, le garçon au bonnet attrapait le bras qui le maintenait. Ils se tenaient tous les deux, et il resta donc, bien qu'une piqûre pour l'endormir lui fut administrée.
Son ami commençait à s'endormir, et il l'écoutait parler. Ne pas l'abandonner, c'était donc ce qu'il voulait ?
« Je ne t'abandonnerai pas... Jamais. Je reste avec toi, Seitô... »
Sa conscience commençait déjà à le quitter, mais son ami luttait pour garder le contrôle. Il semblait terrifié à l'idée de s'endormir, et de lâcher son ami. Avant de fermer ses yeux, Seitô lui disait qu'il était désolé, et qu'il ne voulait pas qu'il parte. Cette phrase le frappa de plein fouet, si bien qu'il s'approchait de son ami encore, pour mieux le voir, bien qu'il pleurait maintenant, ne parvenant plus à se retenir.
« Je... Je ne t'en veux pas, Seitô. C'est moi qui suis désolé... Mais je ne pars pas, je reste avec toi, je ne te lâche pas... »
Il sentait sa poigne s'affaiblir, mais de son côté le médecin le tenait fermement. Et même une fois finalement endormi, il ne l'avait pas lâché. En voyant la scène, Kano eut un petit sourire, tandis qu'il essuyait ses larmes avec sa main disponible.
Les médecins lui expliquaient qu'il n'avait pas à s'en faire, que ce genre de crise pouvait malheureusement arriver s'il s'agitait trop, dans son état actuel, mais qu'il n'y avait plus rien à craindre. Son cœur reprenait un rythme normal, et paisible, alors qu'il s'était endormi. Oui, Kano pouvait enfin se libérer de son étreinte, mais il ne le voulait pas. Seitô le tenait toujours, et Kano également. Il lui avait dit qu'il ne partirait pas, alors il tiendrait sa promesse.
Une fois de nouveau seuls dans sa chambre, le garçon regardait son ami dormir. Au vu de la nuit, et de la matinée qu'il avait eu, il devait être exténué... et cela avait un côté rassurant de le voir enfin se reposer. Ayant essuyé ses larmes, il se chargeait d'essuyer les siennes également, avant qu'il ne se réveille. Pendant un bon moment, il restait ainsi, juste avec lui. Il s'était installé sur la siège à côté de son lit d'hôpital, toujours en le tenant. Il s'installait confortablement et silencieusement, ne voulant en aucun cas déranger le sommeil réparateur de son ami, si bien qu'il s'installait lui aussi, la tête sur le matelas, et toujours assis sur le fauteuil.
« Mh... Re-... Repose-toi bien... Seitô. »
C'était plus fort que lui. Après tant d'émotions fortes, le seul moment paisible qu'il pouvait passer avec son ami lui fit sentir ses paupières lourdes, si bien qu'il finit par s'assoupir avec lui, après bien un moment à le surveiller.
Au final, Kano s'était trompé. Leur amitié était bien plus solide et puissante que tout. Rien ne pourrait les séparer, et le garçon resterait toujours à ses côtés. Après les crises et les pleurs, la souffrance et la peur, pouvoir s'endormir auprès de lui, et avec lui, était la plus belle des récompenses, pour le Chikara. Seulement pour ce repos, il n'irait pas rejoindre le souvenir de sa mère... Puisque son subconscient resterait auprès de Seitô, et ce, jusqu'à son réveil.