Trop occupé ? Eh bien... Si ce n'était que ça, ils auraient simplement pu les prévenir, et les changer de professeur. Enfin, ils n'étaient pas là pour parler de cela exactement, puisque sa question, cachant néanmoins un reproche, traitait d'un sujet un peu plus précis que pourquoi il les avait abandonné. Le garçon souhaitait comprendre quelles étaient ses motivations à lui confier ce dossier à lui, plutôt qu'à un autre. En tout cas, s'il avait bien raison sur un point, c'est qu'il était évident qu'il n'avait pas eu à nous préserver de la haine entre nos clans respectifs, au contraire même. Si c'était son rôle à l'origine, alors oui, il n'avait pas eu grand-chose à faire à ce sujet.
« Je vois. C'est dommage, mais c'est ainsi. »
Il n'avait cependant pas tout compris, comme ce qu'était cette section Konomi, et en quoi ça les concernait, mais il ne se posa pas plus de question que cela. L'intérêt était tout autre ici. Et le blondinet obtint la réponse qu'il attendait.
« Ah ça... Si y a bien une chose dont je peux me vanter, c'est qu'il y a pas meilleur que moi pour supporter cette tornade. »
Et il mentirait s'il dirait que ses catastrophes et hyperactivité ne lui manquait pas. Au fond, il n'attendait qu'une seule chose : qu'il redevienne celui qu'il était jadis... Enfin, en un peu plus mature si possible. Il pourrait peut-être gagné ça dans sa transition, non ?
Le Chikara continuait d'écouter son professeur, et il hochait positivement la tête.
« Si je peux me consacrer exclusivement à sa guérison, alors je m'y appliquerais. Et je sais comment lui parler... mais je ne vous cache pas que c'est dur en ce moment. Le moindre mot de travers peut être mal interprété. S'il s'imagine que je le prends en pitié, que je me délaisse vis-à-vis de lui, ou que j'ai une vision trop idéaliste de son état et de sa guérison, il peut se braquer assez vite. Enfin... je vais gérer. »
Il savait donc ce qu'il avait à savoir. Une question le démangeait cependant, mais le Kitto fut plus rapide, en posant littéralement une bombe sur la table basse, en guise de réponse. Le blondinet prit une grande respiration, avant de lui répondre.
« Vous parlez de l'homme qui a attenté à la vie de mon coéquipier, et par dessus tout mon meilleur ami ? À votre avis, qu'est-ce que je peux bien ressentir à son égard ? »
Il le regardait un instant, droit dans son œil, avant de reprendre, toujours sans prendre de gants..
« Je pense que s'il est incapable de contrôler ses pulsions au point de mettre en danger la vie de l'un de ses subordonnés, qu'il commet ensuite des erreurs lorsqu'il s'agit d'aider à le soigner après coup, pour finalement le provoquer à son réveil après avoir été mis en garde sur son état psychologique ; c'est qu'il est complètement immature et non qualifié pour le poste qu'il occupe. Après, je ne suis qu'un Genin, alors j'imagine que mon avis n'importe peu, et que je ne suis personne pour juger. Parce que oui, il a sans doute fait bien des choses que je ne sais pas pour être arrivé à ce poste, j'imagine que ce n'est pas sa mère qui l'a réveillé un matin en lui offrant la gestion du village dans une pochette surprise, bien que c'est l'impression que ça donne. Néanmoins, après ce que j'ai vu, je me demande réellement pourquoi et comment il peut encore se tenir à la tête du village, alors qu'il n'est même pas capable de ne serait-ce que s'excuser. »
Le garçon parlait beaucoup. Est-ce que ses paroles allaient être répétées directement au concerné ? En vrai, il y avait peu de chance. Kano voyait mal son sensei agir de la sorte, après ce qu'il venait de lui proposer.
« Pour être franc avec vous, je n'ai pas confiance en cet homme, et j'irais même jusqu'à dire qu'il me fait peur. Pendant un moment, j'ai cru qu'il regrettait son geste, mais au vu de son attitude ensuite, j'ai compris que ce n'était qu'une couverture, ou alors que la seule chose qu'il l'inquiétait était son image auprès du village, et non de sa santé. Il a sans doute des qualités sur le plan militaire du village, et ça je ne suis personne pour juger, par contre sur le plan humain il a bien le droit à une grosse session de rattrapage, car il est carrément à côté de la plaque. »
Un énième soupir, avant de reprendre.
« Pour être plus clair : je ne l'aime pas, et je le méprise. Mais ce que devient cet homme est le cadet de mes soucis, tout ce qui m'importe, c'est Seitô. »
Il regardait ensuite Keisan, d'un air un peu hésitant. Comment aborder le sujet qui lui tenait à coeur, en ce moment-même ? Il prit son courage à deux mains.
« Dites, Keisan-sensei... Pour ce dossier, que vous m'avez confié, je n'ai pas pu m'empêcher de voir qu'il n'est pas signé, sur aucun des documents. Et d'ordinaire, si un ou plusieurs médecins s'investissent autant dans la conception d'un tel dossier, il paraît impensable qu'ils ne le prennent pas complètement en charge derrière. D'autant plus qu'il n'est pas compliqué d'observer qu'il s'agit là d'un seul et même médecin. »
Une simple analyse, menant à une question bien précise.
« Est-ce que par hasard, la médecin en question est une personne qui n'est pas en mesure de s'occuper de lui directement, d'où le fait que l'on passe par un tiers, c'est-à-dire moi ? »
Oui, la médecin, au féminin. Il pensait bien évidemment à Uzumaki Kazami. Elle lui avait dit qu'elle espérait le revoir, et depuis il n'avait plus eu aucune nouvelle. Était-ce là une première approche ? Même si Kano n'était pas le plus brillant des ninjas, il pouvait compter néanmoins sur sa faculté d'analyse en toutes circonstances. Et s'il avait juste, comptait-il lui cacher jusqu'au bout ?