Kitaï ce mit à l’aise, tandis que tu profitais un peu plus du lit, t’allongeant simplement. Il avait besoin d’une bonne douche, et tu veillais à ce qu’il prenne un peu plus soin de lui. Certains diraient que tu es à cheval sur l’hygiène, mais c’était surtout que tu connaissais les risques d’un mauvais rythme de vie. Chose totalement étrangère pour le singe. Tu avais beau lui répété de désinfecter ses plaies, de prendre garde aux bactéries, de faire attention à son alimentation et son hygiène de vie, tout semblait lui être étranger. Certes, la longévité n’était pas un problème, car c’était un vampire. Mais si son sceau le faisait vieillir, il devait prendre des bonnes habitudes dès maintenant.
« De rien, ne t’inquiète pas. »
Tu avais cette habitude de rendre naturellement service aux gens autour de toi, et Kitaï étant le plus proche, tu parsemais son quotidien de petites attentions. Tu aimais faire dans le détail, cela te rendait utile, à défaut de pouvoir assurer sa protection. Et surtout, ton esprit rigoureux et scientifique était bien plus adapté que l’esprit chaotique, presque psychotique, de ton camarade, pour les questions de logistiques et de survie en monde hostile.
D’ailleurs, cela te semblait surprenant que l’Empire de Kumo n’apprenne pas ces bons réflexes de survie à leur ninja. Peut-être que le Singe occupait une place particulière là-bas ? C’est vrai qu’il s’agissait d’un vampire. Peut-être même était-il considéré comme une simple bête de foire ? Dans ce cas, tu étais content qu’il ait quitté Kumo. Il n’était pas un Singe, il était Kitaï Gaikotsu, vampire et geôlier du Prince.
La fatigue te prit, et tu t’assoupis légèrement, avant d’entendre Kitaï sortir de la salle de bain, vêtu d’un simple caleçon. Tu avais déjà eu l’occasion de le voir dans une tenue similaire, lors de votre première rencontre même, mais ici, c’était différent. Tu n’étais pas un médecin devant son patient, tu étais Rei devant Kitaï. Dans une chambre d’hôtel. Et la chose avait une signification radicalement différente.
« Merci, j’y vais alors. »
Tu attrapas un change dans ton sac, avant de t’enfermer dans la salle de bain. Puis, tu te déshabillas entièrement, ôtant même le bandage de ton bras, qui cachait la marque du Fanitisme. Comme à ton habitude, tu surveillas sa progression. À l’œil nu, il était difficile de savoir si elle avait grandi. Tu poussas un soupir de soulagement, avant de t’observer dans la glace. Tu avais un corps fin, svelte, et de cardio. Tes muscles étaient fins, et élancés, comme ton gabarit. Tu étais moins frêle qu’à ton départ, même si tu restais mince, et que tes muscles n’était pas dessiné. Tu soupirais. Les Gaikotsu était pourtant extrêmement fort physiquement, et avait une endurance sans pareil. Ton corps à toi n’avait pas ses arguments sportifs. Juste un intellect bien supérieur à la moyenne.
Tu te glissas sous l’eau chaude, qui glissa sur ton corps, te lavant de ce long voyage. Cela te semblait qu’une éternité s’était écoulée entre ce moment, et ta dernière douche civilisée. Les affres du voyage. Tu aimais voyager, tu découvrais ce monde avec une fascination sans égal. Peut-être car tu savais qu’au fond de toi, chaque chose que tu regardais était un instant de beauté éphémère. Ce monde était éphémère, tout comme toi, et ta maladie n’avait de cesse de te le rappeler. À la différence des hommes, qui se penser souvent éternel jusqu’au crépuscule de leur vie, toi, ta vie était un crépuscule.
Une quinzaine de minutes s’écoula avant que tu ne t’extirpes de ce doux moment. Tu t’essuyas, avant d’enfiler un caleçon et un t-shirt, et sorti de la douche. À l’instar de ton comparse Gaikotsu, le t-shirt en plus, tu t’essuyais tes cheveux blond clair humide. Ta marque de fanitisme visible. Tu la cachais le plus souvent, donc Kitaï n’avait pas souvent l’occasion de la voir. Mais il ne réclamait pas de la voir. Alors cela t’arrangeait.
« C’est vraiment agréable… »
Tu affichais un sourire doux, et détendu. Tu aurais aimé que cet instant dure éternellement. Pourtant, rien dans ce monde n’était fait pour durer. À part les conflits, la guerre, et les Kenketsu.
« On va devoir t’acheter des nouveaux vêtements. Surtout, il va falloir veiller à s’équiper, si comme la rumeur le dit, le laboratoire de Masaru est dans les marécages de Taki. Tu penses pouvoir t’occuper de ça si je te fais une liste ? Je vais avoir beaucoup de travail avec la clinique. »
Tu regardais le Singe, l’air d’attendre une réponse, avant d’ajouter.
« Il faut qu’on passe au cimetière aussi. Voir le fossoyeur. »