Chasse à l'enfant

Enfin KO, le bestiau. Ce n'était pas trop tôt. Masato inspira un instant avant de ranger son arme dans son fourreau et retourner vers la veuve et l'orphelin qu'il avait bravement secouru. Enfin, la rouquine et le morpion, quoi.



Elle n'avait rien foutu et se permettait quand même de la ramener. Comment Nakatsu pouvait la supporter, sérieux ? Son regard s'adoucit en voyant la bouille de l'enfant. Finalement, il aimait bien les gosses. Ils avaient quelque chose de gentil, de précieux. Quelque chose qu'ils perdraient bien vite dans la peine et la réalité. Il s'accroupit face à lui et lui tapota la tête en ricanant.



Il se releva et saisit la main de l'enfant.



Et sans attendre de réponse, il commença à en direction du village, en riant de sa propre connerie.

Kazami se redressa pour s'apprêter à partir avec les deux garçons lorsque l'enfant lui tendit son autre main de libre. Il voulait quoi, tenir chacun des chuunin dans une main ? Comme papa et maman ? Kazami fut un peu mal à l'aise mais en voyant le regard trop mignon du jeune garçon, elle ne put refuser.

Les trois konoha-jin prirent donc le chemin du village. La rouquine ne put s'empêcher de taquiner encore un peu le Kitto :



C'est vrai, elle en avait marre qu'il l'asticote comme ça à longueur de temps. Il lui en voulait probablement pour Nakatsu mais elle ne pouvait rien y faire, ça c'était certain.
Mais alors que l'enfant se balançait entre eux, Kazami avait abandonné le combat. C'était marrant de se taquiner, mais elle était fatiguée de ces gamineries.

Masato ne répondit pas. Pourquoi il faisait ça ? Il ne le savait pas lui-même. Il avait toujours été ainsi, depuis des années. Éternel provocateur combattant l'ennui comme il peut. Ça faisait partie de lui, même s'il en venait parfois à s'en lasser. Trouver des personnes amusantes était bien difficile et cela expliquait nombreuses de ses « disparitions » momentanées. Il avait besoin de prendre l'air, de découvrir, de tester de nouvelles choses.
Il soupira, l'oeil rivé sur le sentier, et répondit finalement d'un ton calme, simple.



Ça lui faisait du bien de perdre un instant son sourire énigmatique et éternel. Sourire qu'il s'infligeait probablement pour se convaincre lui-même. Être de bonne humeur, inaccessible, blasé. Être loin des querelles puériles et des disputes du monde, loin du chagrin ou du deuil, loin de tout ce qui rend un homme faible. Il était au-dessus de tout ça.
Il reposa son regard sur l'enfant pour effacer ses pensées trop sérieuses.

Kazami trouvait que c'était un peu facile comme excuse. Mais elle ne répondit rien. Heureusement, l'enfant chantonnait et il n'y eut donc pas de blanc gênant dans la conversation.

Le petit groupe arriva rapidement au village où attendait impatiemment une maman terrifiée. Lorsqu'elle vit son petit chérubin, elle l'enlaça dans ses bras et remercia les deux chuunins. Kazami regardait la scène avec un regard absent. Elle n'avait jamais connu ça. Sa mère était morte lorsqu'elle avait eut 4 ans, et son père n'était pas vraiment du genre à l'enlacer de la sorte.

Un peu gênée, elle tenta de se dégager de l'étreinte de la mère qui enlaçait à présent les deux chuunins pour les remercier. Enfin, au bout de cette démonstration de tendresse, elle s'en alla avec le petit.



Elle interrogea son équipier du regard, sachant pertinemment que ce dernier allait refuser l'offre implicite. Mais bon, cela ne lui coûtait rien d'essayer.

Arrivés au village, l'enfant reconnu sa mère qui patientait tant bien que mal à la porte de Konoha et se jeta dans ses bras, les larmes aux yeux. Après quoi ce fut un moment digne des bisounours. Tout le monde s'embrasse, tout le monde se love dans les bras de l'autre et Masato eut presque envie d'en profiter pour taquiner la rouquine sur le rapprochement forcé de leurs deux corps écrasés par les bras de la mère au foyer.
Mais il se tut.
Le câlin collectif terminé, Masato et Kazami se retrouvèrent seuls dans un silence gêné que la rousse finit par briser. Cette remarque le fit pouffer de rire



Puis l'idée de s'incruster dans le repas lui traversa l'esprit et s'y installa. Il avait les crocs, après deux ours féroces. Oui, il était bien partant pour manger un morceau.



Il ria à gorge déployée et commença déjà à rentrer dans le village, sans même savoir dans quel restaurant ils allaient s'arrêter.

Kazami esquissa un sourire.



Elle éclata de son rire cristallin. C'était une forme de compliment, en sorte. Mais c'était pas sûr que le Kitto le prenne comme ça. Il accepta également son invitation de façon implicite en lui demandant de payer. Kazami haussa les épaules : pourquoi pas après tout ! Il lui revaudrait bien ça !

C'est ainsi que les deux coéquipiers entrèrent dans le village à la recherche d'un petit restaurant de route où ils pourraient manger. Kazami scruta la rue et pointa du doigt une petite étale de ramen.



Lorsqu'ils arrivèrent devant le stand, le vieux cuisinier pointa Kazami du doigt.

"Alors jeunette ! On est pas avec le blondinet cette fois ? "

La rouquine se figea. La dernière fois qu'elle était venue ici, c'était avec Nakatsu. Que faire ? Fuir ? Affronter le bonhomme et s'assoir quand même ? Kazami savait que pendant toute cette réflexion Masato était déjà entrain d'observer sa réaction.
Après un instant de réflexion, Kazami afficha un large sourire et alla s'assoir à l'une des chaises hautes.

Ils s'arrêtèrent devant un restaurant sous la demande de la rousse. Masato l'observa un instant et le jugea convenable. Ce n'était que pour manger, de toute façon. Ils s'avancèrent vers le stand mais Kazami se figea à l'entente du qualificatif " blond ". Comme tétanisée. Le Kitto ne put s'empêcher de la scruter, cherchant à discerner le vrai du faux, les véritables sentiments de la jeune femme. Elle resta silencieuse un instant et Masato n'eut aucun mal à deviner le genre de débat qui devait avoir lieu dans son esprit. Encore un peu et il lui aurait proposé d'aller ailleurs. Pour avoir à bouffer gratos, hein. Pas du tout pour la sortir de l'embarras... Non. Juste pour la bouffe.
Finalement, elle déclara simplement que non, un sourire affreusement faux sur le visage. Elle ne savait vraiment pas s'y prendre, niveau rictus hypocrites.
Masato s'assit sur l'un des tabourets et regarda brièvement le menu. Il valait mieux changer de sujet rapidement sinon l'ambiance allait vite déchanter au nostalgique.



Non, il n'avait rien trouvé de mieux. Au moins, quelle que soit sa réaction, il pouvait espérer qu'elle passe à autre chose.

Kazami commanda son plat tandis que Masato commença à lui ... donner des conseils ? Il plaisantait là ? Kazami voulut pester contre lui ou lui lancer une remarque cinglante mais se retenu. Après tout, il avait raison, elle n'était pas très forte au combat. L'essentiel de son entrainement reposait sur les sceaux de son clan et l'irou-jutsu. On ne pouvait pas être bon dans tout pas vrai ?



Elle évita de le regarder dans les yeux. La rouquine préféra commencer à manger son bol de ramen et fuir son regard. Elle n'avait pas l'habitude de parler sérieusement avec ce Kitto. Puis elle continua d'une petite voix :



Cette fois-ci, elle leva les yeux vers lui et lui fit un petit sourire pour accompagner sa blague.

Voyant Kazami commander, Masato prit la même chose et observa le cuistot les servir. Il pouffa de rire, se remémorant ses propres entrainements avec Nakatsu. Il avait quoi, quinze ans . Il eut un relent de mélancolie à cette pensée et se dépêcha de l'expulser et l'effacer. À la place, il préféra répondre à la rouquine.



Il se vantait un peu, ouais, mais c'était vrai. Masato était assez doué pour le combat, malgré son handicap. Même s'il lui arrivait de faire le clown lors de ces combats.



Il ricana et mit une légère pichenette dans l'oreille de la rousse en rigolant.



Après ce petit geste qu'aurait habituellement été exécuté par un enfant, il prit ses baguettes et commença à manger son repas, l'air de rien.

Kazami se prit la pichenette en plein dans l'oreille. Elle s'en plaignit d'un "Ailleuh!" bien sonore avant d'éclater de rire devant cette attaque ridicule. Il voulait jouer à ça ? Très bien. Elle lança alors sur le ton de la conversation, tout en dégustant son plat de ramen :



Elle retint son sérieux encore quelques instants puis pouffa de rire.

Reprenant un peu son sérieux et après quelques cuillères de bouillon, elle demanda :



Elle le posait la question ... depuis qu'elle savait que Nakatsu s'était fait rétamé par un genin Uzumaki elle espérait que ce ne soit pas le cas des autres ... Elle espérait que le Kitto n'avait pas lui aussi cette haine envers les rouquins du villages.

Elle était obligée de parler de vers à table . Il avait faim, lui ! Masato regarda ses nouilles d'un air hésitant, comme si son esprit les remplaçait par ces fameux vers anthropophages.
Berk. Il grimaça avant de marmonner de façon sarcastique.



Finalement, elle était assez sympa, cette rouquine. Même si elle pose trop de questions. Masato stoppa un instant de manger, perturbé par la dernière phrase de son interlocutrice. Il se souvenait de tout, ce jour-là. Le sang dans les rues, les cris, les flammes. Il sentit un frisson courir sur son échine et garda le silence pendant plusieurs longues secondes.



Soupira-t-il. Il en avait affronté plus d'un d'ailleurs. Il n'avait pas vraiment eu le choix, personne ne l'avait eu. Au lieu de se morfondre sur cette sombre époque, il renchérit.



Il lui sourit simplement et touilla un peu son repas d'une baguette. Non, il n'en voulait pas à la terre entière comme Nakatsu. Il était au-dessus de tout ça.

Depuis que le cuisto avait parlé de Nakatsu, Masato n'avait que ce mot à bouche. Certes Kazami y pensait tout le temps ... Mais elle aurait aimé qu'il la fasse penser à autre chose. Avait-elle l'air de vouloir en parler ?

Oui il avait ses raisons ... Des raisons qu'elle ne comprenait pas. C'était bien ça le problème. Elle ria jaune et fit :



Kazami finit son bol de ramen en buvant goulûment son bouillon. Elle se leva alors et s'étira le dos.