Le Bellâtre écoutait, tranquillement, cette conversation qui décidait de l’avenir du monde. Il était aux premières loges du début d’une nouvelle ère, d’un moment historique. Peut-être que lui seul était d’ailleurs conscient de cet état de fait. Est-ce que les hommes de pouvoirs se préoccupaient de ce qu’allait raconter les livres du petit peuple ? Une éternelle question, dont il n’expérimenterait jamais la réponse. Le Seigneur de l’Ombre se contenterait de trouver sa nouvelle place auprès des Maîtres avares, dans les coulisses du pouvoir.
La dame clamait haut et fort sa volonté. Redorer le blason impérial, rendre à l’empire sa prestance perdue. Malheureusement, l’éphèbe ne pouvait qu’approuver. Orgueilleux et fier, certains Hattori s’était reposé sur leurs lauriers. Aujourd’hui, l’empire n’était véritablement plus que l’ombre de ce qu’il était avant. Tout ne tenait qu’à la force de sa réputation, une mascarade que nul ne cherchait à briser. Masashi parlait du peuple, mais son peuple était aussi bête que du bétail, tout juste bon à se satisfaire d’un bonheur illusoire dans la drogue, le sang, le sexe et l’alcool. Cette corruption abrutissante avait envahi jusque dans son clan, et bien au-delà. Hattori Sekutsu, les jumelles Hattori, Shinayaka Ayaki n’était que des exemples parmi d’autres. Est-ce que cela était une mauvaise chose ? En aucun cas. Un peuple d’abrutis était un peuple plus aisément gouvernable. Personne ne posait de question, tant qu’il voyait ses besoins satisfaits.
Dans un sourire mesquin, le Bellâtre murmura, d’une voix presque inaudible…
« La paix par le sang, pour le sang, et avec le sang… Noyant les terres comme les rivières. Semant les graines de la discordes, récoltant la tempête… Sous un couvert de paix et d’avenir prospère, justifiant la monstruosité des hommes. »
Puis, lorsque l’impératrice eut fini son discours, il effectua une révérence dont lui seul avait le secret.
Avant de se mettre dans le rang, suivant le couple impérial aux côtés de la prêtresse et de Genichi. D’un air malicieux, il se pencha vers la prêtresse, affichant ce sourire si particulier, et ne laissant rien transparaître.
« Ainsi vous servez sa Majesté Impériale, Prêtresse de Konoha ? Où devrais-je vous appeler, Prêtresse de Kumo désormais ? »
Disait-il dans un rire cristallin.
« Derrièrre chaque Homme de pouvoir, se cache une grande Dame. La question demeure si derrière chaque grande Dame se cache un gourou… »
Et il n’y avait pas de place pour deux murmures derrière les oreilles des Empereurs.