Les journées étaient de plus en plus chargées pour la Dame de Fer. « Bientôt » se murmurait-elle entre deux parchemins nécessitant son approbation. La gestion d’un village était un exercice prenant, bien plus difficile qu’il n’y paraissait, surtout dans cette période de trouble. Gérer les émois des uns et des autres était fatiguant. Elle comprenait un peu mieux l’état de Kimino après quelques années à la tête de cette puissance mondiale.
Mais on toqua alors à sa porte, une énième fois. Et une énième fois, la Dame de Fer répondit simplement.
Et on entra. Pour autant, elle ne leva la tête qu’après avoir disposé un papier traînant là pour marquer la page qu’elle était en train de travailler. Face à elle, une Shinobi. Pas n’importe laquelle : l’eisenin maudite. La terroriste. La génocidaire. Elle avait bien des surnoms, mais aucun ne la définissait mieux que son nom : Kazami. Cette femme était singulière. Rarement la Dame de Fer avait pu voir des personnes faire le mal en étant aussi persuadé d’être dans le vrai. Pour autant, le tableau n’était pas totalement noir. Elle avait soigné son fils. En échange, elle avait eu la possibilité de prouver sa bonne foi. Rien de plus, rien de moins. À ses yeux, la Dame de Fer ne lui devait aucune autre faveur.
Des nouvelles de Kimino, et des nouvelles de Shimazu. Bien qu’elle insistât sur le point qu’elle n’était pas là pour discuter ses ordres, mais cette petite phrase de politesse n’était qu’une belle tentative de ne pas froisser la Régente de la République. Vaine, car elle-même usé et abuser de ces petites marques de politesses pour rendre son discours plus audible pour son auditoire.
La Dame de Fer fixa l’Eiseinin, et poussa un soupir. La discussion allait être plus longue qu’une simple entrevue de couloir.
« Ferme la porte derrière toi, et vérifie qu’il n’y a personne dans le couloir, s’il te plaît. »
La Dame de Fer se leva, et déposa le dossier sur une pile non loin. Puis, elle se déplaça vers une bouilloire, et sortit deux tasses.
La Dame de Fer servi alors son invitée du jour, et se posa en même temps sur son siège. Elle prit une longue gorgée brûlante, avant de poser calmement sa tasse, et de prendre une voix la plus calme et posé possible.
Voilà, Kazami avait sa réponse à la plupart des questions. Cela avait le mérite d’être clair.
« Shimazu et Kimino sont des Shinobi vétérans actuellement en mission dans des contrés lointaines. L’absence de réponse est une réalité de terrain qu’il nous faut accepter. Pour l’instant, nous n’avons aucune utilité de nous inquiéter outre mesure. Et puis sérieusement, qui croirait qu’un Sorcier Kirishitan à mis en danger un des plus fort Uzumaki de sa génération ? C’est absurde. »
Oui, la zélée ne croyait pas du tout à la version de Same. Cette équipe -avec son fils- n’était que de la poudre aux yeux pour rassurer la population.
« Le choix d’une équipe standard, c’est-à-dire 3 genin pour 1 chûnin n’est pas anodin. Envoyer une équipe d’élite, ce qui est un fait plutôt exceptionnel, aurait envoyé un message de panique à la population. Encore une fois, je le répète, nous n’avons aucune preuve autre que la parole d’un poisson géant alcoolique de la disparition de notre Hokage. De plus, cette équipe est composée des élèves de Kimino. Ils le connaissent, et donc, ils sont le plus à même à le retrouver. De plus, je doute que Kimino ne les envoient paître, donc cela lui fera une escorte. Une maigre escorte, mais une escorte tout de même. »
La Dame de Fer savait réfléchir dans l’urgence. Il ne fallait pas croire, elle était bien plus maligne que ce qu’elle pouvait laissait croire. Elle reprit alors sa tasse, buvant une gorgée de thé brûlant.
« C’est pour toutes ces raisons que pour l’instant, je n’ai aucune raison de mobiliser des Shinobi supplémentaires. Céder à la panique ne nous mènera qu’à plus de chaos… »
La Zélée savourait son thé. Qu’est-ce que le jasmin pouvait avoir un effet apaisant.
« Au lieu de chercher à « sauver » le Hokage, tu devrais chercher à sauver ta propre vie, Kazami. »
Elle posa alors ensuite sa tasse sur son bureau, et joignit ses mains.
« Je doute avoir besoin de te rappeler que même si tes modalités de détentions t’offrent une liberté non-négligeable, elle est loin de t’absoudre de tes crimes. Ce traitement est exceptionnel, je le fais pour deux raisons.
La première étant parce que tu as sauvé mon fils et que je considère que tu ne constitues pas une menace imminente pour Konoha. La seconde parce que je considère que ce n’est pas parce que je suis membre du ministère que je dispose de passe-droit pour des soins exceptionnels. Tous peuvent en profiter, à égale mesure. C’est une notion d’égalité.
Mais tu n’ignores sans doute pas que cette mesure fait débat, et que nombreux sont les gens qui souhaiteraient te voir encore croupir dans une cellule, ou mieux, te voir mourir dans d’atroces souffrances.
Si je m’oppose clairement à cet état de fait, c’est que j’ai la certitude que tu es bien plus utile vivante que morte. De plus, nous ne sommes pas des barbares, tu auras droit à un jugement face à un tribunal qui décidera de ton sort, et le tribunal militaire est dans l’incapacité de se rassembler. En tant que Régente, je représente la République, et la république doit être garantes du droit, surtout face à un criminel coopérant. »
La Dame de Fer reprit alors sa tasse, et afficha un léger sourire.
« L’organisation des événements est un hasardeux fruit du hasard qui t’es clairement favorable, mais c’est ainsi. »
Qu’elle le veuille ou non, Kazami avait un rôle à jouer dans les plans de la Dame de Fer. Elle était bien plus qu’un simple pion, et sa mort ici et maintenant n’avait aucun sens pour elle. Ou plutôt, cela consisterait en un immense gâchis. Kazami avait offert dans sa lettre à son encontre sa vie pour la République, et la zélée comptait bien en tirer un maximum de profit. Pour le bien commun, de toute évidence.