Elle les regardait tous s'installer de loin avant de se dépêcher de faire de même, se mettant à la gauche du jeune garçon, sur le côté. Une place à l'extrémité lui permettra peut-être d'éviter d'être le centre de l'attention et de se faire oublier le temps du repas. Elle avait vu la petite fille de tout à l'heure aller en cuisine, tout sourire, sûrement à cause de la conversation qu'elle avait eue avec Hikaru. Elle s'était assise sur le tabouret de gauche, une posture rigide avec ses mains posées sur ses cuisses, le regard assez bas, sûrement une mauvaise habitude. Elle écoutait la conversation en restant très silencieuse mais elle fut surprise d'entendre le gérant lui poser une question subitement suivi de sa fille juste après. Elle tournait son regard vers Hinae puis son père en parlant.
« Oh... Et bien pourquoi pas. Si vous pouviez les faire assez épicées ça serait parfait, merci. »
Elle essayait de sourire au vieil homme, ne pas voulant être brute mais elle craignait que cela soit forcé.
Au fil du temps, elle se sentait rassurée de voir qu'elle n'était pas la seule à être légèrement mal à l'aise, le garçon à sa droite l'était aussi. Sûrement pas pour les mêmes raisons évidemment, mais elle sentait un petit soulagement au fond d'elle.
Le plat était rapidement servi, à sa grande surprise mais pour son plus grand plaisir, elle qui cherchait de quoi déjeuner, elle fut ravie de la portion qu'on lui avait donné et surtout, tout semblait très copieux et délicieux. Elle prit doucement les baguettes servies, entamant son repas gracieusement, appréciant la chaleur et le goût qui comblaient sa bouche. C'était des saveurs mélangées à des épices qu'elle ne connaissait plus depuis un long moment et cela lui rappelait de bons souvenirs qui semblaient lointains, très lointains aujourd'hui.
La jeune femme entendit Hinae poser une question pas si surprenante que ça, elle s'y attendait. Elle tournait la tête et voulait laisser le plus jeune prendre la parole en premier. Elle aussi restait curieuse de ses motivations, quoique, en étant jeune, nous ne craignons personne et sommes prêts à défendre tout le monde pour leur donner une seconde chance. Lorsque nous sommes jeunes, nous croyons à l'utopie, à la paix. Cependant, en grandissant, c'est comme si on savait qu'elle ne viendra jamais et qu'au final ce n'est qu'un rêve d'enfant.
Elle hochait doucement la tête en écoutant Hikaru, elle se disait qu'au final pas tous les habitants de Konoha étaient si détestables et que certains valaient peut être le coup qu'elle reste au lieu de déserter à nouveau et pour de bon cette fois.
Lorsqu'il parlait de "tueurs sanguinaires" ou d'esclaves, la jeune femme ne comprenait pas vraiment. Les histoires et particularités des clans étaient bien trop loins pour elle, elle ignorait trop de choses sur tout le monde. Elle se souvenait des yeux de Hinae et remarquait seulement maintenant qu'ils étaient rouges comme le sang. En fouillant dans sa mémoire, elle se remémorait une rumeur, un genre de légende qu'elle avait entendue, comme quoi certains êtres aux yeux rouges buvaient le sang des humains. Elle s'en fichait car pour elle, ce n'était pas vrai et même le fait de l'évoquer lui semblait irréel mais, cela expliquerait tout le scandale de ce matin et surtout, tout le sang qu'il y avait. Tout cela faisait maintenant sens. Elle lui manquait encore un bout de cette histoire, pourquoi est-elle arrivée à Konoha si elle est tant rejetée par tous? Dans tous les cas, cela ne lui faisait ni chaud ni froid, elle était simplement inquiète qu'elle puisse possiblement être très malheureuse ici, elle avait comme l'impression que tout le monde la voulait hors du village.
Elle pausa un moment, regardant le vide un court instant avant de prendre la parole à son tour.
« Pour ma part, je reste convaincue que nous avons tous le droit de reprendre à zéro, peu importe notre passé. Et surtout, je déteste les scandales ou les humiliations publiques. Tout le monde se sentait bien supérieur de s'en prendre à une femme seule avec sa fille, une personne impuissante qui ne peut pas agir sans craindre de faire un faux pas dans l'unique but de se défendre. Cela ressemble tout de même à un genre de piège. On dirait qu'ils ont tous attendu cette opportunité pour vous faire du mal. Ils n'en feraient même pas un dixième s'ils se retrouvaient seuls, ce sont des lâches. »
Elle tournait la tête afin de regarder la femme aux cheveux noirs, toujours d'un ton relativement bas et calme.
« Peu importe qui vous êtes, vous n'avez pas à subir cela. Surtout venant d'un peuple prônant la paix mais qui n'arrive pas à l'appliquer sur le propre territoire. Avoir peur d'une seule personne en soi reste tout de même grotesque.
Je suis sûre qu'au fond, vous n'êtes pas aussi mauvaise qu'ils le disent. Je pense sincèrement que vous êtes quelqu'un de bien. »