Face à la violence de la scène, un étrange pressentiment naquit dans le cœur de la Miwaku. L'hostilité de Soshi et l'assurance de l'ombre se mêlaient pour engendrer un climat explosif et inquiétant. Bien que dépassée par les événements, la brune aux nattes blanches s'entêta à ne pas disparaître. Était-ce seulement son instinct maternel qui dictait ce choix ? Non. Son expérience, aussi, la sommait de jouer un rôle neutre, afin de pacifier cette rencontre. Bien que ces deux individus se connaissaient, l'homme n'en demeurait pas dangereux. Sa puissance devait au minimum égaler, voir surpasser l'élémentaliste. Face au risque d'escalade, Kagero fit le pari de la prudence. Ainsi, la quarantenaire privilégia le silence et l'observation : lentement, elle quitta son assise pour venir servir une troisième tasse. Durant ses allées et venues, ses oreilles ne ratèrent aucun détail. Néanmoins, fallait-il intervenir ? Après tout, Soshi avait fait le choix de briser les mensonges et d'assumer son identité... Comment sa mère pouvait l'aider ?
Déposant son couteau dans la pièce voisine, la kunoichi se présenta désarmée à son invité. Le pas élégant et ferme, la Geisha s'employa à rejoindre un siège tiers, quelque peu écarté pour mieux voir ce qui se passait dans le salon. Là, elle comprit rapidement que les affaires, qui se déroulaient sous son toit, relevaient des hautes instances. Sa fille, si discrète, était finalement une femme importante de Kumo, une arme aussi redoutable que cet Azamuku, semblerait-il. Fierté et peur se saisirent de Kagero. Elle ne pouvait décemment pas demander plus d'informations, le secret professionnel s'imposant. Sa position de spectatrice la privait de toute initiative et de toute compréhension supplémentaire. A présent, elle devait faire confiance à son enfant et éviter de lui causer davantage de problèmes... Comme quoi... Malgré le temps, la médecin restait un fardeau pour ses proches... Un lourd soupir se manifesta.
« Je suis déçu Azamuku... Je pensais que nous pourrions parler, échanger, débattre de l'avenir de notre nation... Mais je comprends, les ordres font lois. »
Après cette amère concession, Kagero se tourna vers sa progéniture, un sourire bienveillant pour seule expression.
« Fais ce que tu as à faire. Je suis désolé, de ne pas pouvoir t'être utile. Je suis peut-être trop incompétente pour ce monde... »
Un nouveau rire résonna. Cette fois-ci, il était d'une tristesse infinie. En son sein, remords, regrets, culpabilités et frustrations dansaient en parfaite harmonie.