La boîte à secret.

Soshi écoutait attentivement ce que le Miwaku explosif avait à lui dire. Il était condescendant, elle détestait la condescendance. Ce qu'elle n'aimait pas non plus, c'est qu'il se prenne pour une sorte de superieur hiérarchique parce que il était le laqué personnel de l'empereur. Sa mère essayait sans doute de détendre l'atmosphère électrique en parlant, ce qui fit sortir Soshi de son silence.



Elle faisait exprès de l'appeler par son prénom, il ne devait pas apprendre quelle était sa mère. Il y avait trop de secret d'état dans son enlèvement, il ne fallait pas que cela s'ébruite dans les haute sphère.



Soshi était bien plus puissante que l'homme ne semblait le penser. Personne n'avait jamais vu ses peines capacités. Personne ne pouvait donc savoir.



Soshi était agressive, simplement parceque elle ne voulait pas voir sa famille mêler à ça. Elle jeta un coup d'oeil à sa mère, puis continua de fixer l'homme intensément.

Kagero était déçu par toi. Elle le sera encore par beaucoup de monde, elle devrait s’y faire. La vie est faite de hauts et de bas, la dualité dans toute sa splendeur. Si elle pouvait comprendre cela, elle ne serait plus jamais déçue ni surprise. Cette état d’esprit n’est pas donné à tout le monde car ça demande de perdre une partie de son humanité. Quel être humain avec des attaches voudraient faire cela ? Quasi personne, c’est une réalité. Tu as choisis cette voie pour défendre l’empire, une tâche ingrate pour certains, un honneur pour d’autre. Tout être est voué à un objectif de vie afin de pouvoir avancer et non de perdre dans les méandre d’une vie morte.



Le lien entre Kagero et Soshi était fort de par son attitude. Tu stoppais ton analyse à ce niveau là du moment que ça ne portait pas préjudice à ce que nous devons faire, son rire en disait long mais on ne discute pas sur ce qui doit être fait. Soshi prenait là paroles, tu ne relevais pas ce qu’elle disait, elle avait le droit d’être en colère.elle devra néanmoins faire abstraction d’un tel sentiment pour son bien être et celui de notre unité. Tu ne permettras aucune erreur de sa part ou des autres.
Elle sera au rendez-vous, c’est une très bonne chose.



Tu te relevais sur ces paroles. Tu n’avais plus rien à dire en effet et il était temps pour toi de rendre congé. Elle était agressive, un sentiment ? Tu avais de plus en plus de certitude sur leur lien par déduction. Leur attitude a toute les 2 et un air de ressemblance. Mère/fille, cousine, nièce, peu importe mais ce lien lui fera défaut un jour ou l’autre et tu seras là pour lui rappeler.



Tu connaissais la sortie que tu prenais sans te retourner.

S'assurant que l'ombre soit bien partie, Kagero s'avança avec fermeté vers sa fille. Son visage était fermé et étrangement dur. Ce n'était pas dans ses habitudes de revêtir un masque aussi austère. Il lui fallut peu de temps avant d'atteindre le siège qui faisait face à Soshi. Là, elle croisa jambes et bras, et poussa un vif soupir. Que ce soit la forme ou le fond de cet échange, rien ne lui convenait. Elle avait le sentiment que la jeune Miwaku s'amusait avec des feux qu'elle ne pouvait pas contrôler. En tant que mère, son désir de protection lui sommait de faire la leçon à la belle jeune femme. Cependant, elle était aussi consciente de la maturité de l'élémentaliste. Un sermon serait futile et contre-productif. Frustrée, la quarantenaire se contenta de partager son pressentiment.



Un nouveau soupir s'échappa de sa poitrine. Ce fut la manifestation de son renoncement... Pour le bien de Kaya, elle devait cesser d'agir en mère...

Soshi était assise en face de sa mère, et lorsque celle ci commença à lui faire ce qui n'était pas un sermon, mais qui ressemblait beaucoup à ça tout de même. Sa mère la voyait comme une enfant, et elle ne comprenait pas la place de Soshi dans l'empire. C'était normal, ils n'en avaient jamais parlé, Soshi allait donc lui faire comprendre quelque chose.



Soshi n'avait aucun ordre à recevoir de la part de cet homme. Elle était plus haut gradé que lui, et au pire, elle était son égale, mais certainement pas son inférieur !



Sa mère allait sans doute se poser encore plus de question sur sa fille. Ce qu'elle venait de dire expliquait sans doute sa puissance.

Au fil des révélations de sa fille, Kagero perdit en éclat. Son regard, son sourire, et même sa posture changèrent, ou plus exactement s'effacèrent. D'une femme mature, sûre de ses convictions et portée par un profond amour, la quarantenaire devint transparente, inexistante et rongée par le doute. Finalement, le temps avait fait son œuvre. Soshi avait avancé, contrairement à sa famille. C'était comme si cette entrevue avait révélé au grand jour l'écart qui séparait les deux femmes. La naïveté et l'entêtement de la brune aux nattes blanches explosaient en plein vol, comme tous ses espoirs. Son rêve de former une famille normale, loin des remous passés devenait impossible. Cette prise de conscience signifiait aussi qu'aujourd'hui, les choix et les efforts de la médecin n'avaient servi à rien. Sa vie était inutile, vaine de sens...

Un nouveau et long soupir fut la première réponse aux révélations de l'ancienne Kaya. Se relevant avec fatalisme, la kunoichi commença à ranger le service à thé et reprit son rôle de maîtresse de maison. Le temps paraissait d'une lenteur incroyable, notamment à cause du silence de l'hôtesse. Pourtant, après avoir effacé les traces physiques de ce moment, Kagero reprit la parole. Son ton était posé, affectueux et lisse. C'était comme si en rangeant la pièce, elle avait pu nettoyer son esprit.



Caressant le coffre mystérieux, précédemment prêté à l'ombre, Kagero semblait être momentanément ailleurs. Bercée par de doux souvenirs, elle se mit à rêver du temps passé. Puis, elle revint à elle et se plongea dans le regard émeraude de son enfant.

Ma mère de Soshi commençait à la voir tel qu'elle était, ou du moins à l'imaginer tel qu'elle n'était pas reelement. Elle n'était pas une sans cœur qui se fichait du clan. Kagero ne comprenait sans doute pas totalement ce que Soshi était devenu. Elle n'allait pas en débattre durant des heures.



Notre famille, première fois qu'elle disait cela depuis sont retour, mais pour autant elle était tout de même un peu blessé par les allusions de sa mère. Elle prit alors la boîte dans le silence et dit.



Elle se leva et alla dans sa chambre sans un mot de plus. Kagero pouvait se rendre compte qu'elle avait vexé sa fille, mais Soshi était pas du genre à ce laisser faire. Elle s'était juste retenu pour ne pas se disputer avec sa mère.

Brisant un sinistre silence, Kaede venait de rentrer de ses courses quotidiennes. Surprise de voir sa belle-fille dans un tel état, elle s'était décidée de jouer la carte de l'humour. Dans une tendresse non feinte, elle abandonna ses paquets pour s'asseoir à côté de son amie. Tout naturellement, elle posa sa main sur sa cuisse et lui offrit un sourire chaleureux.





La voix de la quarantenaire était hésitante, comme prise en otage par des sanglots muets. D'ailleurs, tout le corps de la Miwaku semblait accablé par un mal invisible. C'était comme si, toute son âme s'était éteinte. Ne pouvant accepter un tel sort, la grand-mère passa plusieurs minutes à étreindre et à caresser sa "presque" fille. Le lien qui les unissait était si fort, que l'aînée n'eut besoin d'aucun mot supplémentaire. Sûre de son empathie, elle passa le reste de la soirée à consoler la brune aux nattes. Finalement, au bout d'une heure, un conseil fut partagé.



Murissant ses conseils, Kagero resta silencieuse jusqu'au lendemain.