Qu'est-ce qu'un bon Kirishitan ?

Le ciel quittait enfin son sombre manteau. Lentement, la voûte céleste se colorait de vives et chatoyantes couleurs. L'écarlate se mêlait au vermillon, tandis que l'orange chassait l'obscurité. Même les étoiles, d'ordinaire si brillantes, tiraient leur révérence au profit de l'astre solaire. Charmé par ce spectacle saisissant, l'enfant semblait courir après l'aurore. Accompagné de son ami le plus proche, le chien ninja familial, le kirishitan parcourait les terres allouées à son clan avec détermination. Ses pas rythmés et vigoureux battaient la terre battue avec entrain.

Cela faisait déjà plus d'une heure que le petit jouait les coursiers dans tout le quartier. Sous les conseils de son paternel, Muu s'était motivé pour rendre service à son peuple. En agissant de la sorte, le genin se faisait connaître et renforçait son endurance. Pourtant, une part du petit brun demeurait frustrée. Finalement, l'entraînement pour devenir un grand guerrier manquait d'étincelles…

Après un énième tour du quartier, le dévot commença à se lancer des défis étranges pour briser la routine qui s'installait. Tout d'abord, il s'agissait d'épreuves physiques : faire le poirier, courir sur les mains… Ensuite, Muu s'acharna à dessiner tout en courant, avec ou sans les yeux bandés. Dans son esprit, il fallait parfaire son art peu importe les conditions. Sa résolution était impressionnante, mais les résultats étaient plus décevants… Face à ses échecs successifs, il usa de sa technique favorite : solliciter l'avis de ses frères de clan. Chaque rencontre était l'occasion de brosser le portrait du parfait soldat Kirishitan. Bientôt, à force d'effort, Muu correspondra à ce profil. C'était son désir le plus ardent.

Beaucoup de monde évoquait les valeurs et les qualités de cœur des serviteurs de Mère Nature. D'autres préféraient insister sur les habilités martiales et la nécessité d'avoir la force de défendre le peuple élu. Et à chaque fois que la question du modèle arrivait, seuls des noms de défunts étaient évoqués. C'était comme si personne n'était actuellement digne des figures passées… Déçu, le chérubin frappa avec mollesse la première porte venue. Témoin de cette perte de moral, le canidé mordit la chair de son partenaire. Ce vif rappel à l'ordre se voulait amical, mais...



Sans même laisser l'animal se justifier, l'impulsif dégaina son crayon et lança l'offensive sur le perron de la porte. Cris et fracas s'annoncaient à cette heure matinale.

Les jours passaient et se ressemblait de plus en plus depuis la mort de Risako. Pourtant, j'étais allait vers Seth pour devenir forestier. Mais cette forêt était sans doute la plus calme que j'avais jamais connu. Le fond de cette forêt était pleine de créatures plus maléfiques les une question les autres. Mais les abord où je faisais mes patrouilles était pacifié et incroyablement calme.

Durant cette matinée de lassitude, mon regard se posa sur un petit garçon du clan Kirishitan. Le jeune homme n'était pas beaucoup moins âgée que moi, mais pourtant je faisais bien plus adulte que lui. Au début, son entrainement fût agréable et rigolo à regarder, mais la suite me déplu au plus haut point. Un Kirishitan qui s'apprêtait à faire du mal à un animal ? À un enfant de mère nature ? Alors, avant que cela ne devienne trop dangereux pour l'animal je m'interposer entre lui et son chien en disant.



La remise à l'ordre était net et rapide, le jeune garçon avait tout intérêt à ce calmer. Je venais me mettre accroupie devant le chien, et je commençais à le caresser. J'avais quelque chose avec les animaux, mère devait savoir que j'étais l'un de ses plus fervant protecteur. Je me levais et dit.

La main sûre, glissant sur le papier, le Genin s'apprêtait à donner vie à l'une de ses créatures fantastiques. Dans son esprit, la riposte se voulait à la hauteur de l'agression, mais la réalité était tout autre. Malgré tous les efforts du Kirishitan, jamais il ne parviendrait à blesser le ninja poilu. Tous les deux le savaient. Pourtant, le combattant à quatre pattes fit mine de reculer par prudence, creusant ainsi une distance de sécurité raisonnable. Connaissant l'enfant et étant son ami depuis toujours, Isao préférait jouer le jeu plutôt que de blesser l'ego de son camarade. Vu de l'extérieur, rien ne laissait transparaître le caractère factice de ce conflit. D'ailleurs, la scène attira le sermon d'un adolescent. Surpris, les deux compères se figèrent. Et lorsque l'ébène se mit à caresser le chien, le duo se retint de rires aux éclats. Peut-être n'était-il pas sage de briser les attentes de cet inconnu.



Au vu de ce spectacle pathétique, le canidé ne put retenir son hilarité. Voir Muu fondre au soleil face au grand brun, plongea le poilu dans un rire sans fin. Vexé, le garçon impulsif se mit à bouder et à ignorer son vieil ami. Les bras croisés, il préféra se concentrer sur l'inconnu qui se présentait devant lui. Dans ses yeux sombres, espérance et enthousiasme brillaient intensément.



Derrière cette question anodine, se cachaient beaucoup de doutes et de craintes. Le petit à la coupe Mohawk avait de grandes ambitions, mais personne ne daignait l'aider à les réaliser. Ses parents étaient trop énigmatiques, quant aux autres Konohajins, aucun ne prenait véritablement le temps de le former, de l'entraîner ou de le guider. Une certaine solitude s'était emparée du quotidien du jeune ninja.

Ce jeune garçon n'avait pas l'air aussi horrible que ça. Cependant il avait tout de même de drôle de jeu avec son chien, d'ailleurs je n'étais même pas encore sur qu'il s'agissait bel et bien de jeu. Nous ne devions pas à voir une grande différence d'âge, et pourtant il m'appelait monsieur. C'était sans doute du a l'approche autoritaire et sur fond de réprimande que j'avais eu.



Ce jeune homme recherché la puissance, l'erreur que faisait la plupart des Kirishitan de la nouvelle génération. Heureusement pour moi, Hakizura m'avait tout de suite remis à ma place durant l'entraînement, et grâce à cela je pouvais suivre la voix de la sagesse.



Je marquais une pause pour marquer l'intensité et la gravité de ma prochaine phrase.



Tomohiko n'avait pas répondu à la question, il était extrêmement mature pour son âge. Lui n'était plus un enfant et cela depuis longtemps.

L'air benêt, le petit garçon se concentrait ardemment pour retenir le nom de son nouvel ami. Ce n'était pas tant qu'il avait mauvaise mémoire, mais plutôt qu'il connaissait sa maladresse. Écorcher les noms, était un peu son quotidien... Il ne comptait plus le nombre de fois où on le réprimandait pour un mot de trop, une politesse oubliée ou une approche trop amical. Étrangement, ce chérubin avait un mal fou avec les relations sociales, il se montrait bien trop vite fraternel. Quitte à oublier la déférence due à son interlocuteur... Pourtant, ses parents passaient un temps fou à lui inculquer les us et les coutumes de ce monde. Peut-être que sa naïveté et son enthousiasme parasitaient cet apprentissage. Après tout, à travers ses yeux, tous les êtres étaient foncièrement bons. Peu importe les masques de façade ou les crimes, le Kirishitan voulait croire qu'il suffisait d'être gentil pour éveiller en chacun une bienveillance naturelle. Dans son jeune esprit, un simple mot chaleureux pouvait faire des miracles. Alors à quoi bon utiliser des formules de politesse, si on peut devenir ami avec tout le monde ?

Ainsi, le grand adolescent n'était pas aussi vieux que sa voix le laissait croire. Étonné, mais ravi de cette information, le brun sautillait en silence durant les explications de son congénère. Finalement, il tenait le même discours que son père... Comme quoi, cette discipline et cette rigueur vantées par son paternel, était un principe fort chez les membres du clan des voyageurs. Hochant avec vigueur aux propos de l'autre protagoniste, Muu ne pouvait plus contenir son admiration et sa joie. Au sein de ses iris sombres, de nombreuses étoiles scintillaient.



C'est alors que tout s'arrêta d'un coup. Le visage du Genin se voila et sa tête pencha légèrement vers le côté. Un doute, une pensée, une illumination avaient frappé Muu. Cela faisait plusieurs années qu'il essayait de comprendre ce genre de phrase, néanmoins, ses échecs étaient constant... Pour l'enfant, aucune amélioration ne pointait à l'horizon. Pourquoi un tel résultat se répétait, malgré sa grande volonté ?



Entre frustration, candeur et tristesse, la voix de Muu trahissait le chaos intérieur qui s'agitait en lui. Même si sa famille tentait de lui enseigner des valeurs et des principes importants, leur manque de pédagogie enfermait le petit dans l'incompréhension. Cependant, sa détermination était encore ardente, il ne voulait pas renoncer à son rêve.

Décidément, j'avais reelement jugé trop vite ce jeune homme. Nous n'avions que très peu de différence d'âge, mais une énorme différence de maturité cependant. J'étais adulte, il était petit garçon. Et il semblait que ses parents n'étaient pas de très bon conseil pour lui. Les miens m'avaient abandonné pour me refiler à Harikuza, donc je savais ce que c'était que d'avoir des parents défaillants.



Je ne savais pas encore son talent pour le dessin, mais nul doute que c'est sur ça qu'il devait se concentrer. Tout le monde faisait l'erreur de penser que tout les esprit se ressemblait et se contrôlait de la même manière.



C'était un conseil bateau, mais un conseil qui avait fait ses preuves. J'attendais une réaction de mon interlocuteur.

Après les conseils de son nouvel ami, le visage du petit fut frappé d'une intense réflexion. Cet air un peu benêt n'était pas très charmant, mais il mettait en avant sa bonne volonté. En effet, à cet instant, il convoquait toutes ses facultés mentales et tentait de sortir du cadre paternel. S'extirper d'un tel cocon n'était pas facile pour le jeune shinobi. Après tout, à son âge, le poids de la famille est perçu comme rassurant et protecteur. Ce n'est qu'en grandissant qu'un être remet en question l'ordre familial et ses principes. Ainsi, avec difficulté, le chérubin commença à concevoir que ses parents ne possédaient pas la connaissance absolue. Partant de cette idée, Muu imagina d'autres voies, d'autres moyens de "dompter son esprit". Il cherchait dans son expérience propre, un domaine qui lui avait apporté une certaine sérénité. Rapidement, une évidence le frappa.



Après cet éclair de génie, Tomohiko lança une nouvelle piste de réflexion. Néanmoins, contrairement à la précédente, celle-ci trouva une réponse rapidement. Avec fougue et entrain, le Kirishitan répondit avec une grande honnêteté.

J'avais réussi à toucher ce Muu en plein cœur. Il semblait être plus attiré par le dessin que par la méditation. Et étrangement, il dit que ses dessins bougeaient. Je n'avais jamais entendu parler d'une telle chose au sein de notre clan. Il faisait sans doute parti de ces rares Kirishitan à ne pas avoir de facilité pour le Mokuton, et qui finissait par développer une autre capacité. Hakizura m'avait parlé de ce genre de personnes.



Le soleil tapé fort ce jour là, et je fut même surpris du manque d'oiseaux dans les airs, il faisait donc tellement chaud que tous les animaux avait trouvé refuge dans la fraîcheur de la forêt chose que je n'allais pas tarder à faire non plus. Ce jeune homme était finalement bien sympathique, moi qui pensait devoir réprimander l'un des miens, me voilà à avoir une discussion jovial avec lui, et il fallait dire que je préférais nettement cela.



Je ne voulais pas le démoraliser, mais je préférais qu'il n'ait pas non plus de faux espoir. Il n'y avait rien de pire dans la vie que de se battre de toute ses forces pour un rêve impossible à atteindre. De plus d'après Risako, Salomon avait formé l'inquisition après la mort de Sana des mains d'un Kenketsu nommé Hatsuharu. Cette force armée construite par la force de la haine... Il était mieux qu'elle n'existe plus.

Face à la curiosité de son ami, Muu explosa de joie. Trépignant avec entrain, tout son corps fut saisi d'une immense excitation. Bouleversé par cette rencontre inattendue, il en oublia la présence de son ami canin. Tomohiko avait réussi à capter l'entièreté de l'attention du garçon, il ne voyait plus que lui. Ce constat n'étonna pas le chien ninja. Après tout, les deux compères se connaissaient depuis longtemps. Le petit brun avait toujours eu un esprit plutôt volatil. Comprenant que son rôle arrivait à son terme, le poilu décida de disparaître, laissant derrière lui un épais nuage. Cette action attira subitement l'attention du Kirishitan. Cependant, aucun mot fut exprimé, un seul haussement d'épaule commenta la situation.

Puis, l'enfant retourna à ses occupations, comme si de rien n'était. Il voulait, plus que tout, impressionner l'adolescent. C'est pourquoi, sans perdre davantage de temps, il dégaina son plus beau pinceau et extirpa un rouleau de son haut. Esclave de son bonheur, le Genin ne quitta pas son large sourire. De plus, une fois plongé dans son art, une aura étrange se dégagea du chérubin. Sa concentration était remarquable, son assurance impressionnante et sa main semblait danser avec finesse et grâce sur le papier. En quelques secondes, le petit au Mohawk parvint à esquisser une forme bestiale. Lorsqu'il releva la tête, il réalisa que son camarade n'avait pas cessé de parler et de philosopher sur le rôle de Paladin. Ses critiques glissèrent sur le petit et ne le découragèrent en rien, bien au contraire.



A la fin de cette flamboyante déclaration, les mains d'ébène se mêlèrent pour former quelques mudra. Soudain, un frêle lionceau émergea du rouleau. Fier et docile, l'animal attendait les ordres.



Un rire simple résonna.

Le jeune homme n'avait pas écouté un traître mot de toute ma tirade sur le rôle des paladins. Peu importe il se rendrait compte par lui-même avec le temps. En attendant, il commençait sa démonstration de dessin, j'espérais sincèrement que c'était reelement ce qu'il avait dit, et pas une sorte de dessin animé. Mais je ne mis pas longtemps à avoir ma réponse. Un petit lionceau sorti du papier pour s'animer. Il pouvait donner la vie à ses créations ? C'était remarquable, voir comparable à mère nature qui nous avais tous créé avant de nous donner vie.



Et très utile à la section des forestiers également. Il pourrait le prendre comme scout, un apprenti aillant vocation à devenir forestier. J'allais lui proposer, je savais que Seth ne serais pas contre une tel idée.



C'était une promotion, il resterais genin, mais il serait un genin plus plus. Le choix était entre ses mains.

Lorsque Tomohiko félicita le garçon, ce dernier s'empressa de prendre le lionceau dans ses bras. C'est alors que sous le poids de l'étreinte, la création retrouva sa forme liquide. Surpris, mais pas déconcerté, le garçon continua sa célébration, riant et courant en rond. Hormis quelques proches, rares étaient les individus qui avaient encouragé cet art obscur. Si bien que Muu complexait un peu de posséder un chakra aussi particulier, était-ce vraiment viable dans le monde shinobi ? Pourtant, cette rencontre semblait donner des ailes et de l'espoir au petit brun. Heureux comme jamais, il se tourna vers son interlocuteur et exprima sa joie avec entrain.



Puis, le forestier fit une étrange proposition. Muu n'avait jamais imaginé participer à un tel ordre. Peut-être parce qu'il ignorait tout simplement l'existence d'une telle spécialisation. Dans son esprit, le monde était si simple, si binaire. Les nuances n'existaient pas ou peu. Sûrement à cause de son père et de son enseignement ascétique. Pour cet homme valeureux, tout était absolu et sa parentalité répondait au même principe.



Gardant le sourire, la Genin exprimait un enthousiasme certain pour cette profession. Pourtant, très vite, il pencha la tête sur le côté et troqua sa joie, pour l'incompréhension. De nombreuses questions succédèrent à son éclat de joie. Toutes se résumèrent en une seule interrogation.

Bien, il semblait que j'ai réussi à attirer l'attention de ce jeune homme si particulier. Il était vrai que Muu maîtrisait un art tellement rare, que de mon jeune âge je n'avais jamais vu une tel chose, et encore moins chez nos semblables. Le jeune garçon semblait trépigner d'impatience à l'idée de devenir scout. Mais mon visage se décomposait lorsqu'il me posa ensuite cette question : "c'est quoi un scout ?". Il était vraiment spécial, il avait une sorte de fougue de la jeunesse. J'allais lui expliquer dans le détail.



Cela faisait trop d'informations, j'en étais conscient, et je me rendais compte que j'étais en train de perdre le garçon en face de moi. Alors je mis un temps de pause, me racla la gorge et dit.



Ce n'était toujours pas très clair, je ne savais pas bien exposer les choses. On a ait tendance a l'oublier, mais moi-même je n'étais encore qu'un enfant.



Le rendez-vous était donné. Demain matin, Muu deviendrait un scout, dans l'optique de devenir un forestier dans le futur.