Prélude d'une rencontre

La rancune permet parfois de survivre. La rage aussi, les deux se ressemble. Il pensait simplement que sa façon, de penser était étrange mais pas si illogique. Il ne voit pas le monde des mêmes yeux qu'elle donc il essaie simplement de ne pas juger.


Il la regarde se propulser via du fuuton et s'installer tranquillement sur la branche. Elle scrute le jardin d'un regard satisfait. Pour lui, ce n'était qu'un jardin basique, mais il n'est pas si commun d'avoir plusieurs centaines de mètres carrés de terrain pour se balader tranquillement. Il acquiesse quand elle lui demande si il n'est pas lassé de voir le même décors tous les jours.


Il n'a pas encore fini sa phrase qu'il se voit déjà poser une nouvelle question. Bien plus que ciblé. Il comprend rapidement où elle venait en venir et se contente de la regarder avec un regard complètement neutre. Il sort son éventail et commence à s'éventer.



Il prend un air amusé et faussement fier de cette dernière remarque avant de fermer son éventail et de s'en servir pour pointer la jeune fille.

Elle écoutait tranquillement son point de vue, elle le comprenait, même si ils avaient une vision différente, ils voyaient les émotions comme un entraînement alors qu'elle voyait les sentiments comme un moyen d'expression, de communication, elle trouvait cela intéressant de voir son point de vue, avec cela elle arrivait à cerner le personnage qu'il était.



Elle trouvait avantageux de pouvoir argumenter avec lui, elle sourit quand elle se rend compte qu'elle était en train d'argumenter avec celui qui l'avait remis à sa place une semaine plus tôt, c'était assez paradoxal vu comme ça...



Elle rigola pour sa remarque, si personne ne la renvoyait directement chez elle, ce n'est pas elle qui refuserait, elle ne savait pas si c'était possible de souffrir plus qu'elle.



Il n'était pas toujours aussi docile apparemment, et elle n'était pas toujours autant désespérée, mais elle ne pouvait plus avoir ce rythme de vie...

Il n’argumente pas plus et écoute simplement la jeune fille parler. Il avait pris l’habitude de ne pas parler quand la vieille Sachi lui racontait ses histoires plus abracadabrantes les unes que les autres. Le jardin serait-il donc aussi pénible pour elle? Rien d’étonnant, voir le même décor encore et encore rend les gens las. Il n’allait pas la contredire la dessus. Une difficulté? Il ne pense pas que c’en soit une, mais il commence simplement à supporter de moins en moins sa captivité. Sa mère plonge d’avantage dans la folie jour après jour et n’en aura plus pour longtemps. Il en va de même pour le couple de Miwaku derrière lui. Sa liberté s’approche lentement, mais il sait qu’il ne tiendra que peu longtemps sans supervision. Il n’avait jamais vécu seul et était incapable de s’en sortir sans une personne pour le chaperonner.
Il se fiche éperdument de savoir si elle va rentrer ou non chez lui. Il se dit simplement qu’avoir une personne jeune qui reprendrait la suite de Sachi ne serait pas de trop. Elle se faisait vieille et n’allait pas tarder à quitter le manoir. Un jour viendra où il devra se contenter des autres membres qui l’esquivent sans arrêt.



L’aider à aller mieux ? Cela doit faire 15 ans que c’est son but personnel, mais il avait abandonné en prenant compte que sans voir un médecin régulièrement. Qu’elle se donne cette peine si ça lui fait plaisir. Elle pense être capable de gérer. Et bien il n’y aura qu’à voir ça.

Chacun avait un point de vue différent, c'était intéressant d'entendre celui de Hotaru, même si tu sais que tu n'arriveras pas à le convaincre, tu as au moins pu débattre avec autre chose qu'un enfant de 8 ans ou que de vieux ploucs illettrés, en bref c'était déjà ça...
Mais elle réfléchissait surtout à comment faire passer le mieux possible le fait qu'elle avait deux enfants en bas-âge sous sa garde, même si c'était les plus adorables du monde ce n'était pas elle qui décidait tout. L'introduire dans la conversation n'était pas le réel soucis mais bien le formuler l'était plus.
Elle avait beau se creuser la tête mais la vérité restait qu'elle avait deux gosses de 8 et 2 ans sous sa garde et qu'ils ne serviraient jamais à Hotaru. Elle n'était pas très bonnes dans les relations sociales et en plus sa situation ne lui facilitait pas la tâche. Mais finalement c'était lui qui l'amenait sur la table.



Elle marqua une petite pause d'environ 5 secondes, puis reprit.



Elle était en train de se laisser submerger par ces émotions alors que son interlocuteur n'avait encore rien dit, elle, voulait juste leur survie... A deux dans les taudis jamais ils n'en sortiraient. Elle avait les larmes aux yeux, elle passa sa manche dessus, s'éclaircit la voix et s'excusa de ces instants.

Il reste impassible à son hésitation, elle ne semble pas vraiment vouloir en parler, mais le garder pour elle n'est pas non plus une option si elle souhaite vraiment qu'il lui donne une réponse définitive. Mais il ne sentait pas vraiment la bonne nouvelle arrivée. Il ne fut pas déçu en entendant parler d'enfants. Il les avaient en horreur. Il lui répond sans faire attention au volume de sa voix qui est plus haut que d'habitude. Il ne crie pas, mais la conversation allait être aisément entendue par le couple qui le chaperonne pour la soirée.



Il réalise qu'il a parlé trop fort quand il entend Sachi s'inquiéter du bruit qu'il faisait. Les deux vieux Miwaku se lèvent pour rejoindre le jeune Hotaru en haut de son arbre. Il soupire d'avoir parlé aussi fort et rameuter ses baby-sitters. Il se contente de regarder la jeune Iwata en silence pendant qu'il était en train de réfléchir.



Il ne comprend pas pourquoi elle commence à pleurer et n'éprouve que très peux l'envie de la voir pleurer devant, cela aussi faisait un boucan insupportable et ne voulait pas prétendre être son ami pour la réconforter. Il n'allait pas s'abaisser à ça. Des précisions ? Quelles précisons?



Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il est interrompu par le couple qui l'interpelle d'un air inquiet. Ils faisaient sombre, mais le duo dans l'arbre n'était pas invisible. De plus, Hotaru se faisait bruyant. Lui qui d'ordinaire est calme quand il ne perd pas la raison, le voilà à parler à un volume des plus haut pour une nuit silencieuse. Il tourne la tête vers sa servante qui lui fait signe de descendre. Aussi étrange que cela puisse paraître, il s'exécute comme un enfant sur le point de se faire réprimander et qui veut réduire ses chances de punitions en obéissant bien sagement. Il glisse simplement un mot avant d'entamer sa descente.



Une fois sur la terre ferme, il se contente de regarder sa gardienne.











Les deux Miwaku se regardent d'un air surpris et retournent leur attention vers le jeune Hattori devant eux. Ils observent par la même occasion la jeune fille qui est dans l'arbre. Ils ne comprennent pas vraiment la situation et Hotaru le comprend bien rapidement et se contente de soupirer en sachant qu'il allait devoir s'expliquer d'une manière ou d'une autre.



Sachi le regarde d'un air des plus perdu qui soit et se contente de lever les mains dire qu'il ne fallait plus parler.





La vieille femme lève son doigt pour faire comprendre au jeune Hattori qu'elle ne lui donne toujours pas l'autorisation de parler. Il se tait malgré le fait de ne pas apprécier cet ordre.

Elle savait bien se que faisait les enfants, elle même en avait marre en soit, mais personne ne l'avait choisit, ni elle, ni son frère, ni son fils... Ils étaient tous victime de leur destin, rien d'autre n'entrer en compte. Chacun était dévasté , chacun n'avait pas le choix, il se devait de survivre comme ils le pouvaient, elle savait que cela ne passerait pas, elle n'arriverait pas à les ramener ici, elle le savait, c'était couru d'avance. Mais ce n'était pas son intention de base.



Même si elle ne chuchotait pas non plus, elle parlait normalement mais normalement les exclaves Miwaku ne l'entendait pas, par contre Hotaru lui avait quelque peu haussé la voix, les Miwaku s'inquiétaient, elle les entendaient...



Mais les Miwaku les avaient repéré, les deux, Hotaru lui glissa un petit conseil avant de descendre, elle les écoutait parler, son cœur commençait à battre, même si le jeune maître l'avait autorisé à monter, ce n'était pas impossible qu'elle risque la prison ou autre... Elle les écoutait simplement parler, rien de plus rien de moins, elle préparait sa descente parallèlement. Elle était coincé... Elle avait beau réfléchir, rien ne lui vint à l'esprit. Mais le vieux l'interpella, elle utilisa la même technique qu'elle avait utilisé pour monter afin de tomber lentement.

Il reste silencieux et ne dit rien de plus, les mots ne faisaient que passer et il ne l’écoutait pas. Un véritable enfant en crise de nerf. Son regard était fuyant et il ne la regardait même plus dans les yeux comme pour se convaincre que la présence de la jeune fille était totalement fictive. Il entendait par défaut et se faisait les réponses en interne. Le fait que 2 enfants soient lâchés dans le quartier du vice n’est pas un problème pour lui. Ils ne seraient ni les premiers, ni les derniers. L’accord s’il se fait ne serait pas avec lui en tout cas. Il ne sait pas d’où vient son jugement, mais il n’est pas l’homme le plus clément qui soit et le fait de voir deux enfants de Kumo mourir ne serait rien de plus que la norme pour lui. En quoi serait-il responsable? Il ne sait pas de quelle fond elle peut être en train de parler, mais il ne s’est jamais créé d'image de bon samaritain. Cette fille a un gros problème de jugement. Son calme apparent cache un homme amer qui n’attend que l’occasion de déverser son fiel sur le village qui le rabaisse. Qu'ils méritent la mort ou non, il n’en a rien à faire et se contente d’attendre que la vieille Sachi lui laisse l’occasion d’en placer une. Il reste calme et silencieux malgré la situation et laisse ses domestiques parler.



Elle laisse à la jeune fille le temps de s’expliquer avant de reprendre calmement.



Le couple était pour le moins inquiet des raisons qui poussaient la jeune fille à vouloir rejoindre cette demeure qui est en règle générale remplie de servants n’ayant plus grand chose à perdre. Cela devait être aussi son cas, mais les autres avaient l’avantage d’être des adultes en pleine conscience de leurs moyens et décisions.

Le vieux couple de Miwaku commençait à lui poser des questions sur le pourquoi du comment, c'était une sorte d'entretien d'embauche improvisé. Elle allait de tout évidence y répondre, si c'était un entretien d'embauche, il fallait qu'elle le réussisse, c'était sa dernière chance, sa vie l'exténuait trop et sa flamme s'éteignait, elle n'avait pas 36 solutions, venir risquer travailler chez Hotaru ou repartir dans le quartier des plaisirs, à choisir chaque personne à sa place choisirait l'inconnu plus que le danger certain. Elle ne savait pas ce qu'il se passait chez lui mais ce devait être mieux qu'en enfer.







Pendant ces explications elle n'avait pas réussi à penser, tout était sorti du cœur.



Elle ne réfléchissait pas beaucoup, elle avait une solution, peut-être pas la meilleure certes, mais elle pourrait éventuellement s'en sortir, c'était son but, ne pas mourir. Elle avait pas mal de choses à faire de sa vie et ce serait bien mal la juger de croire qu'elle voulait en finir.

Elle ne passait pas par quatre-chemins pour expliquer les raisons qui la poussaient à vouloir entrer dans le manoir. Elle était désespérée et cela la poussa à se jeter elle-même vers une fin prématurée. Le temps était court, elle semblait sous-estimer le jeune maître Hattori de par son calme actuel. Le couple se regarde l’air déconcerter, eux n’avaient plus rien à perdre et s'efforcent de ne pas fuir à chacune des crises du maître de maison, car il fallait qu’il soit sous un minimum de contrôle. Tout le monde ne sait pas s’en charger et ils avaient tendance à se fier à son attitude calme quand il suivait son traitement. Mais les médecins qui voulaient se charger de lui se faisaient de plus en plus rares. Ils jouent aux apprentis docteur en lui passant les reste de ses traitements. La vieille Sachi se contente de secouer la tête de désarroi en écoutant la jeune fille. Hotaru se faisait muet comme une carpe alors que le vieux Jiro écoutait le plaidoyer de la jeune fille.

Elle voulait un toit, elle l’aurait, mais elle ne calculait pas correctement le prix qu’elle risquait de payer. Une paie qui servira à nourrir les bouches dont elle s’occupe certes, mais faut-il qu’elle soit en mesure de rentrer pour s’en occuper. Plus d’un serviteur se dit prêt à tout pour subvenir aux besoins de sa famille. Le regret ne tardait pas à arriver plus tard en voyant l’envers du décor qui n’était pas aussi paisible que le jeune homme le laisser croire. Un Hattori qui était caché de tous, par son manque de pouvoir clanique entre autres. Mais aussi par son caractère impudent qui l’a poussé à commettre plus d’un crime atroce. Camouflés pour ne pas salir l’image de la famille. Il oublie simplement ce qu’il fait à force d’utiliser des techniques interdites. Mais Sachi et Jiro se faisaient vieux et ils n’allaient pas pouvoir assumer le rôle de gardiens bien longtemps encore. Subir les affres de la rage du jeune Hattori, ne consommait que leur patience.

Hotaru regarde la jeune fille du coin de l'œil et il était compliqué de savoir ce qu’il pensait, mais il ne serait pas rare de voir qu’il ne prévoit rien de bon pour elle. Il reste un homme-enfant capricieux et n’aime que peu être contredit dans ses choix. Il ne voulait pas accepter l’offre pour ne pas avoir à se coltiner des enfants dans les pattes. Seuls les membres du personnel savaient ce qui attendait le malheureux qui viendrait le déranger durant un de ces jours de chute mentale. Il n’allait pas contredire le couple. Il ne voulait pas intervenir dans leur décision de se prendre un nouveau faire-valoir. Ils n’étaient pas non plus des plus honnêtes en engageant les gens. Ils faisaient ça pour se débarrasser des tâches ingrates qui leur cassaient le dos. Car ils avaient l’avantage d’être appréciés du jeune Hattori.


Hotaru souffle du nez et se force à sourire en regardant la nouvelle employée.



Il ne cherche pas à attendre le moindre retour de la part de la jeune fille et commence à partir.



La vieille femme s’incline devant la jeune Miwaku et suit sans un mot le jeune homme pour le raccompagner. Elle laisse son mari s’occuper de ramener la jeune fille vers le portail pour qu’elle s’en aille.

Elle estimait peut-être mal le prix, mais elle n'avait pas autant de temps qu'elle en voulait, le mois allait finir et elle devrait escroquer un loyal immobilier en plus. Elle n'avait pas trente-six solutions, elle échangeait la survie contre la folie, mais elle ne n'y céderait pas jusqu'au bout, elle s'en sortirait, elle a des buts à atteindre et ne se laissera pas abattre pour si peu. Elle se fichait bien des conséquences sur son mental, elle poursuivait ses propres buts. Peu importe le chemin traversé, l'accomplissement est le plus important.

Elle était la bienvenue dans le manoir Hattori ou dans la folie selon Hotaru, elle avait ses propres plans en tête, même si Hotaru était son maître elle se possédait encore en quelque sorte.
Elle se calma dans ses idées, la fatigue la surmenait, elle devait se dire que ça irait mieux, elle allait obéir du mieux qu'elle pouvait à son nouveau propriétaire, c'était pour ça qu'elle s'était engagé et elle tiendrait cet engagement. C'était son rôle...



Sur ce il partit tandis que l'homme du couple de vieux Miwaku la raccompagnait à la porte, elle prenait note de ce qu'il disait même si elle l'avait déjà compris.