Rejoindre le nord !

Doucement, ton épée lumineuse disparaissait, cessant de prodiguer sa lumière et sa chaleur. Une fois de plus, ton Hikariton avait été le mouroir d'autrui. Tu utilisais ta lumière à des fins bien funestes, sans une once de remord. Si l'on t'avait accordé un tel don, c'était pour en faire usage. Avant de retourner te rasseoir proche du feu, tu portais avec facilité les corps frêles des cadavres que tu vins déposer sur le feu. Tu avais conscience que l'odeur répugnante de la chaire en train de se consumer ne serait pas agréable, mais, tu te devais de te débarrasser des quelques indices que tu pouvais laisser. Encore une fois, tu aurais pu utiliser de ton Hikariton pour faire disparaître totalement les corps, mais le bois commençait à manquer pour alimenter les flammes...

Tu repris place alors que les corps commençaient à s'enflammer et que l'odeur âcre de la chair humaine apparaissait. Tu plongeais ton regard sur la peau de tes victimes en train de cloquer et prête à disparaître. Tu pensais au dire de Akaname. Il avait été visiblement privé de sa vengeance, ces persécuteurs morts par la main d'autrui. Et intérieurement, tu rebondis sur le terme qu'il avait employé. Il c'était désigné comme un monstre sous prétexte qu'il était désormais un vampire. Tu ne pu t'empêcher de penser à Saru, lui-même vampire, un Gaikotsu maudit qui plus est... Il était ton ami, l'un des rares que tu possédais. Tu ne le voyais nullement comme un monstre. Non, bien au contraire, il œuvrait pour le bien... Pourtant, tu t'étais juré de le tuer lors de votre prochaine rencontre. Et a ce moment là, tu fus envahi par une certaine nostalgie. Penser à lui te ramener inexorablement à ta désertion, il en était la cause. Tu avais trahi tes engagements pour ne pas le tuer. Incapable d'assumer un tel acte, ce que tu appelais un moment de faiblesse, tu avais décidé de te racheter auprès de ton empire d'une manière bien étrange, tu t'étais juré de faire de Kumo un empire unique et de ramener la paix sur ce monde...

Le rire de ton acolyte te ramena à l'instant présent et tu ramenas ton regard froid sur lui. Était-il en train de te parler de destiner ? Tu ne croyais pas en ces foutaises. Mais tu ne voulais pas le contre dire, alors, tu le laissas continuer de parler. Jusqu'au moment où arrivèrent les questions. Qu'allais-je donc foutre au nord ? Il n'y avait rien là-bas, seulement un gain de temps pour moi dans la réflexion et la mise en place de mon plan.



Mes objectifs ? Pouvais-je vraiment lui expliquer ? Non, ou du moins, pas de manière précise... Pourtant, une partie de moi voulait tout lui dire, espérant trouver en lui mon premier partenaire. Mais, comment être sûr que celui-ci ne me trahirait pas ? Je ne le connaissais point...

L'odeur de la chair brûlée commençait à se faire sentir. Tu n'avais rien contre le fait de faire disparaître les preuves, tu n'avais cependant pas pour habitude d'humer leur désagréable odeur. Genichi quant à lui ne semblait pas être dérangé, il était assit là, devant le feu, observant les cadavres se décomposer petit à petit. Tu pris sur toi et fis finalement de même, tandis que vous observiez ce spectacle macabre, tu l'écoutais parler. Ainsi se dirigeait-il là haut... pour rien ? Réfléchir ? Tu comprenais le besoin d'isolement, cependant tu bougeais constamment, il était impossible pour toi de rester au même endroit plus d'une journée, tu ne le savais pas mais cette habitude tu l'avais gardé de ta vie d'avant, lorsque tu voyageais de part le continent, à troquer des babioles en tout genre. Oui c'était toi Louis la Brocante.

Blague à part, Genichi pensait que vous aviez tout deux les mêmes but. La paix dans le monde ? Oui c'était louable, mais la vérité était que tu n'en avais plus grand chose à faire du reste du monde désormais, ton seul objectif était d'éradiquer les vampires de la surface du globe. En somme, selon toi c'était un des moyens d'accéder à une certaine forme de paix, à tes yeux vous étiez tous néfastes. Pourtant tu en étais certain, aux yeux de ton interlocuteur, il y avait bien plus que les vampires. Tu ne connaissais pas son histoire, pourtant tu le suspectais d'être bien plus important qu'il n'y laissait paraître, de part son don et ces étranges marques qui semblent parcourir son corps. Le parfait attirail du Shinobi important. Le genre de type qui en sait bien plus qu'il ne veut l'admettre. Tu comprenais son comportement, les phrases vagues qu'il utilisait pour répondre à tes questions. A sa place tu agirais sûrement de la même manière face à un inconnu. On ne sait jamais qui se trouve face à nous.



Le crépitement des flammes, la chaleur au creux de la nuit, ça te rendait comme nostalgique, tu ne comprenais pas pourquoi, ta mémoire ne remontait pas plus loin que ces dix dernières années, pourtant tu avais la sensation d'avoir déjà fait ça de nombreuses fois. Parfois tu te demandais ce que tu avais été, quelle vie tu menais avant tout ça, d'autre fois, tu te dis que cette vie n'a jamais existé, que tu as toujours été enfermé dans cette grotte. Alors tu continuais la discussion avec cet homme, d'une voix toujours aussi calme, tu lui demandes alors :



Une question anodine somme toute, ça faisait parti des questions que toi même tu te posais, qui tu étais vraiment ?

Cela faisait désormais quelques minutes que les corps flambaient et prodiguait une chaleur convenable malgré le froid ambiant. Finalement, l'odeur, tu t'y étais accoutumé... Mais cela, t'avait coupé l'appétit. Alors, tu détachais la carcasse de ton sabre que tu lançais dans les flammes avant de nettoyer ton arme et le ranger dans son fourreau. À tes côtés, cachés sous une cape, se trouvait le reste de tes maigres affaires. Tu la soulevas cérémonieusement et vins déposer ton arme à côté de cinq autres fourreaux. Tu étais un épéiste digne de ce nom, tu avais su élever au niveau de l'art le maniement des sabres, à tel point que tu étais apte à combattre avec six sabres. Pour autant, nul homme n'avait jamais goutté à ce savoir, tu n'y avais jamais été contraint... Et tu t'interrogeas sur les capacités de l'homme qui te faisait face. Si celui-ci avait pour objectif de vaincre le plus grand nombre de Kenketsu, tout en étant incapable d'en tuer le moindre, il devait posséder des talents dans l'art de combattre lui aussi.



Tu terminais la phrase dans ta tête : Du moment que ce n'est pas Saru.... Car ce jour-là, tu l'affronteras seul dans un combat à mort et seul l'un de vous deux ressortira vainqueur. Et malgré le fait que tu souhaitais le tuer, tu le considérais comme un ami. Peut-être même le seul... Tu avais eu d'autres relations amicales, par exemple, tu avais sympathisé avec Reiko, tu avais bu avec lui, rigolé également, bien que cela se montrait une chose rare pour toi, mais finalement, le temps vous avait éloigné... Ou peut-être était-ce dû à ton meurtre et le fait que tu avais été envoyé dans les sous-terrains de Kumo... Et c'est là que tu avais rencontré Saru, celui qui se faisait appeler le singe... Vous aviez fait équipe, vous aviez combattu ensemble, il t'avait même transpercé de sa lame afin de vaincre un adversaire... Oui c'était un ami ! Mais finalement quand tu regardais ton entourage, tu étais bien seul, du moins, dans l'idée générale que les gens ont de la solitude... Tu ne doutais pas que ta sensai Hidemi t'aimais à sa manière, mais tu avais été avant tout pour elle une manière de gravir les échelons. Le lapin, tu avais été son jouet. Soshi, tu l'avais torturé à de nombreuses reprises afin de la former, et les autres t'avait utilisé pour l'arme que tu étais... Une arme... Oui, c'est ce que tu étais pour Kumo. Et cela ne t'avais jamais dérangé, à tel point que tu avais sacrifié toute vie sociale pour ton empire... Alors, est-ce que tu étais vraiment seul ? Non, tu avais l'empire de Kumo avec toi...



Tu restais vague, comme à ton habitude. Tu ne souhaitais pas que cet homme puisse faire un lien entre toi et Kumo. Non pas que tu avais honte, loin de là. Ton empire était ta fierté, malgré le fait que tu l'avais déserté. Un ultime sacrifice pour ta patrie. Si tu ne voulais pas lui parler de ton village, c'était afin de préserver l'idée que tu avais en tête et ainsi, protéger ton village lui-même.

Plus votre discussion avançait, plus tu avais cette sensation de compréhension entre vous, vous parliez peu et restiez vagues, pourtant sans savoir pourquoi, vous arriviez à déceler les mêmes maux chez l'un et l'autre : le désespoir, la solitude avec pour seule motivation un but qui vous pousse à vous surpasser. Toi tu voulais te venger... lui ramener la paix, pour autant vos chemins pouvaient être complémentaires, vous l'aviez bien compris.
Toujours là à observer les flammes, tu passes ta main au dessus d'elles, cette sensation de chaleur qui t'effraie pourtant d'ordinaire semble te réjouir cette nuit. Tu avais rarement l'occasion de discuter, encore moins avec un humain. Tu savais au fond de toi que tu en avais été un toi aussi, il y a longtemps.



Les villages militaires... Tu n'y avais jamais mis les pieds. Tu ne doutais pas de tes capacités, pourtant te retrouver seul face à toute une armée... très peu pour toi. La compagnie et la vie des humains ne t'intéressaient pas de toute façon, de plus ils passaient déjà bien assez de temps à se détruire entre eux pour que tu viennes y mettre ton grain de sel.
Tu rajoutes alors les brindilles dont il parle dans le feu, celui-ci crépite un peu plus fort, ce bruit si satisfaisant couplé aux sons de la nuit, le souffle du vent, les cris des animaux, tu aurais pu passer une éternité autour d'un feu de camp.



Lui dis-tu en laissant s'échapper un léger rire. Toi le sommeil... Tu n'avais pas connu ça depuis si longtemps, tu avais passé tant de temps dans l'obscurité, attaché, sans pouvoir faire autre chose que tenter de dormir. Depuis ta sortie, tu n'avais toujours pas fermé l'œil et tu n'en ressentais pas le besoin, tu étais le garde parfait. Observant toujours le feu, repensant à votre discussion, tu t'adresses une dernière fois à ton acolyte du soir :



Tu repensais à celle qui t'avais sauvé, au final lorsque cette dernière t'avait enfoncé un kunaï à travers l'abdomen, tu ne bronchas même pas, tu fis preuve de faiblesse, tu aurais pu mourir. Mais tes sentiments ont joués, et tu t'es laissé faire. Stupide, faible, tu n'avais pas d'autre mot pour qualifier ton comportement, pourtant il te serait impossible de tuer la personne qui t'a fait renaître.

Tu récupérais ta cape entreposé sur tes armes et tu vins déposer sur tes épaules. La nuit allait se rafraîchir d'heure en heure au même rythme que les flammes diminuerai. Et Akaname continuait de te questionner, devais-tu lui dire que tu étais un Kumojin ? Alors que justement, quelques minutes, auparavant, tu venais de taire ton appartenance. Tu semblais lui faire confiance pour une raison qui te dépassait. Peut-être, car tu semblais voir en lui le même vide que tu ressentais en toi. Tu avais ressenti la même absence d'émotion dans son regard. Tu l'avais regardé torturé ce vampire sans qu'il produise le moindre frisson, la moindre gêne. Oui, tu te voyais en lui... Ainsi, tu allais revenir sur ta décision, et te dévoiler davantage. En réalité, tu savais également que tu pourrais le tuer dans les jours à venir si tu remarquais que ton jugement à son égard avait été faussé..

Tu sortais de l'une de tes poches ton bandeau, ornant en son centre la plaque métallique significatif de tout bandeau de ninja issu d'un village. Le symbole de Kumo était reconnaissable. Immaculé, luisant à la lumière des flammes. Ce bandeau représentait tellement à tes yeux et pourtant, tu allais faire ce que tu repoussais depuis plusieurs semaines. Ta main cherchait à ta ceinture l'un de tes kunais. Et d'un geste vif et pourtant emprunt d'une véritable nostalgie, tu barrais le symbole Kumojin... Tu étais officiellement un déserteur...



Utilisé le passé dans ta phrase sonnait étrange à tes oreilles. Car au fond de toi, tu servais encore ton empire, mais tu te sacrifiais pour lui. Tu rangeais alors doucement et cérémonieusement ton bandeau de Nukenin dans ta poche. Tu te retins de verser une larme, celle-ci aurait été la troisième de ta vie. Pour autant, tu ne l'a laissa pas s'échapper de tes paupières et quelques seconde plus tard, ton visage affichait à nouveau sa neutralité.



Tu avais dit cela sur ce qui était pour toi le ton de l'humour, pour autant, tu devais être le seul à le percevoir ainsi. L'humour n'était littéralement pas ton fort. Alors, sur ce que tu pensais être ta dernière parole de la soirée, tu t'allongeas à côté de la chaleur enivrante du feu, et du réconfort de tes armes. Mais la voix d'Akaname vint rompre à nouveau le silence qui s'était installé, évoquant la faiblesse que de tisser des liens. Je ne pouvais qu'acquiesser ses dires, j'avais d'ailleurs prodigué les mêmes conseilles à Soshi, mon élève... Pour autant, tu avais échoué... Ton amitié pour Saru avait été une faiblesse. Une faiblesse qui t'avait empêcher de le tuer... Mais, tu avais appris de ton erreur, et cela ne se reproduirait pas.



Oui, mais Kuraso, n'était pas avec vous puisque tu l'avais laissé avec un trou béant dans le genou au milieu des marécages de Taki... Lui, tu l'avais considéré comme sacrifiable, au contraire de Saru... Il avait refusé d'adhérer à ton idée, et t'avait menacer... Ce qui avait été une très mauvaise idée. Probablement, était-il mort maintenant...
Tu venais à moitié d'avouer à cet homme que tu avais tué ton partenaire de mission. Peut-être prendrait-il peur pour sa vie en tant que partenaire de route et s'éclipserait durant la nuit. C'était une possibilité. Et si cela arrivait, aucun doute que tu le traquerais et lui ôterait la vie... Il en savait trop...

Alors qu'il semblait dormir, tu repensais à ses dires. Ainsi venait-il de Kumo ? Ça n'était pas étonnant, au vu du pouvoir qu'il semble posséder et maîtriser, tu estimais qu'il avait dû y être aidé. Bien qu'aujourd'hui il soit seul, il te confiait que ça lui était arrivé d'avoir un partenaire, bien que visiblement il semblait sous entendre que ce dernier n'aurait pas survécu. Ainsi faisait-il parti des sacrifiables ? Probablement. Un ex-kumojins possédant le don de la lumière, qui erre à travers le Yuukan à la recherche de la paix. Un personnage pour le moins intriguant, tu te méfiais bien évidemment de lui, bien qu'il ne te semblait pas hostile, cela pourrait très bien être sujet à changement dans les temps à venir. Tu imaginais bien que la méfiance était mutuelle, surtout compte tenu de ce que tu es, pourtant ça ne vous empêchais pas d'en apprendre plus l'un sur l'autre.

Tu t'écartes un peu du feu pour aller t'adosser à un rocher non loin. Tu observes le ciel, clairsemé d'étoiles, rejointes par une lune en croissant. Tu te demandes où ta route va te mener, tu te demandes quand est-ce que tu pourras accéder à ta véritable mort ? Tu ne souhaitais pas qu'elle arrive avant d'avoir accompli ta mission, mais l'idée d'un sommeil éternel te plaisait, bien loin des soucis, de la soif, juste... dormir. Pour le moment tu voyagerais avec cet homme, vos chemins étaient fait pour se croiser, la destination elle en revanche, était floue. L'heure venue, vos routes se sépareraient sans doute à nouveau, laissant chacun tisser sa destinée. Etiez-vous voués à mourir ? Ou a triompher ? Peu importait, seul vos objectifs avaient de l'importance.

Les heures passent, la nuit se fait de plus en plus sombre puis, au fur et à mesure, celle-ci s'éclaircit, le soleil invisible laisse tout de même s'échapper quelques rayons qui indiquent l'arrivée de l'aube. Le feu est encore à peine en vie, plus rien pour raviver les flammes, il était l'heure. Tu te relèves de ton rocher, sur lequel tu es resté tout la nuit à surveiller les environs, rien de notable n'était arrivé, des animaux tout au plus. Tu t'approches de ton camarade, puis, de deux légers coup de pieds dans les jambes tu tentes de le réveiller.



Tu regardes le ciel au dessus de vous, pas un seul nuage ne vient gâcher le spectacle des quelques étoiles restantes. Tu regardes ton acolyte qui s'éveille, et tu lui dis d'une voix calme



Car oui, toi et le soleil... Ça n'était pas une histoire d'amour, heureusement tu as cette capuche -que tu avais gardé tout à long de la nuit- pour t'en protéger, sans quoi tu finirais rôti sur place. Debout les bras croisés, tu attends patiemment que ton camarade se prépare à reprendre la route.

Tu ressentis deux légers coups au niveau de tes jambes. Tes yeux s'ouvrirent, tes muscles étaient bandés, prêt à bondir et tuer l'ennemi qui t'approchait de trop près. Pour autant, ton regard se stoppa sur Akaname. La noirceur de la nuit avait laissé place à la lumière tamisée de l'aube. Alors, pour simple réponse, tu lui offris un hochement de tête et un vague grognement. C'était un bon point. Ceci t'orientait davantage à lui offrir ta confiance. Pour autant, tu n'étais pas bavard de bon matin. Alors, pour simple réponse, tu lui offris un hochement de tête et un vague grognement.
À peine sur pied, tu t'étiras de tout ton long, dégourdissant tes membres, les préparant à assumer une nouvelle journée complète de marche. La chance était avec vous, ou du moins, avec toi. Le ciel ne semblait obscurcit par aucun nuage et aucune menace de neige ne semblait à l'horizon. Tu fixas tes six sabres, deux sur chaque côté de tes hanches et deux dans le dos. Tu attachas également à tes tibias des bandelette charger de lourd poids. Akaname te prendrait certainement pour un fou, pour autant, tu ne voyageais jamais sans eux. Il faisait partit intégrante de tes équipements de combat malgré le fait qu'il ralentissait tes pas. Il avait l'utilité de rendre chacun de tes coups de pied d'une violence inouï et en cas de besoin, tu les ôtais, et cette soudaine perte de poids décuplait ta vitesse, prenant par surprise tes adversaires... Et enfin par dessus tout cela, tu remis en place ta cape...



Notre longue marche fit entamer dans un silence de plomb. Un silence qui t'était totalement habituel. Cependant, celui-ci pouvait se montrer gênant pour qui n'y était pas accoutumé. Il te fallut plusieurs heures pour te décider à discuter. Alors, certes, non pas de longue discussion, mais quelques sujets intéressants était malgré tout venu sur le tapis. Et au cours d'un de ces conversations, tu souhaitais revenir sur une chose.



Tu ne savais pas si une quelconque rumeur pouvait courir à ton égard dans l'univers des Kenketsu, mais par deux fois, tu avais combattu dans des batailles contre eux, et les deux fois, tu avais fait un carnage dans leurs rangs. Alors, les survivants il n'y en avait que très peu, mais comme tu le vois, mon visage et mes marques sont facilement distinguable...



Ce n'était pas une menace que du lui prodiguait, simplement un fait réel. Tu venais d'accepter de mettre ta confiance en cet homme, et ta confiance avait un coût. Celui de mettre sa vie en jeu... Pour autant, tu avais ressentit quelques choses en cet homme qui te poussait à lui faire confiance, malgré le fait que tu ne le connaissais que trop peu, seulement depuis la veille au soir. Ton esprit s'imaginait même le faire intégrer ton plan... Tu avais besoin d'une équipe pour cela... Et finalement, peut-être que Akaname avait raison, ce n'était pas le hasard qui nous avait mener l'un à l'autre...

Tu observais ton compagnon de voyage fixer tout son attirail, contrairement à toi qui ne portait qu'un manteau à capuche basique qui recouvrait tout ton corps lui semblait être bien équipé. Il possédait d'ailleurs un bon nombre de sabres, tu ne pouvais t'empêcher de te demander à quoi cela lui servait d'en avoir autant ? Avait-il un jutsu lui permettant de dédoubler ses membres ? Cette perspective semblait te faire sourire, mais il y avait certainement une raison plus valable à cela. Pourtant tu préféras te taire, peut-être aurais-tu l'occasion de découvrir le pourquoi du comment en direct. Ainsi, votre voyage commença sous le signe du silence. Vous étiez tout deux habitués aux longues marches, et autant le dire, il était inutile de les ponctuer de blabla inutile.

Plusieurs heures plus tard, Genichi ouvrit finalement le bal. Et ce qu'il t'annonça ne fit que te réjouir d'autant plus. Ainsi lui même avait combattu le fameux prince ? Ceci expliquait bien des choses, notamment pourquoi il avait déjà massacré les "miens" par paquet. Tu commençais doucement à comprendre l'histoire ton acolyte, pièce par pièce le puzzle s'assemblait. Ainsi, c'est un kumojins, -ex-kumojins plutôt- qui à probablement combattu les vampires à leur côté, suite à ça il aurait tué l'un des siens et ça lui aurait valut le bannissement de son village ? Non, ça ne collait pas, tu connaissais Kumo de réputation, jamais un traître ne serait sortit vivant de ces murs. Il s'était exilé alors ? Il te manquait une toute dernière pièce du puzzle pour que celui-ci soit complet, après comprendrais-tu peut-être ses véritables intentions.
Ses mots à ton égard se terminèrent par une menace, ce à quoi tu lui répondis aussi tôt, sourire aux lèvres.



Tu ajoutais, amusé, avant de reprendre un air plus sérieux pour continuer :



Tu avais cette tendance à être honnête vis à vis des gens, tu leur exprimais clairement tes intentions à leur égard, tu n'avais pas le temps de tergiverser avec des devinettes.



Tu tendis ton bras gauche, laissant apparaître ton poing au soleil, celui-ci commence déjà à cuire. Cachant ta douleur, tu lui adresses à un dernier mot :

Akaname te voyait comme une arme et avait eu l’honnêteté de te le dire. Ceci ne te dérangeait pas outre mesure, toute ta vie, tu avais été vu de cette manière. Kumo même t'avait forgé ainsi. Tranchant et efficace. Mais tu aspirais à plus, tu désirais qu'avec le temps, celui-ci te voit comme un leader à suivre. Non pas que tu possédais un quelconque ego à nourrir, non, mais car cela faciliterait les choses. Tes requêtes seraient plus facilement accepté, peu importait la moralité de celle-ci.
Tu regardais sa main sortit de sa manche, commençant à cuire. Il désirait une simple poignée de main afin de pactiser. Tu lui offris la tienne avec ta poigne habituelle. Deal.



Du moins, c'était ce que tu faisais croire. L'arme que tu représentais avait en réalité ce maître que tu refusais d'avouer : Kumo. Elle contrôlait tes actions, sans que Kumo lui-même ne le sache. Tu agissais uniquement pour le bien de l'Empire. Mais cela, au grand jamais tu ne le dévoilerais...



Tu allais alors lui dévoiler l'un des pans de ton plan, aussi fou pouvait-il paraître... Tu n'aurais pensé offrir tes idées à quiconque avant bien des mois et pourtant, te voilà, en train de marcher en direction du nord, avec celui qui te semblerait être un acolyte parfait pour tes idées. Peut-être te trouverait-il complètement fou, comme l'avait insinué Kuraso, peut-être prendrait-il peur, peut-être tenterait-il de fuir en l'entendant... Ou alors... Peut-être accepterait-il de suivre ta noble cause...
Tu t'arrêtas, et lui fit face. Un léger sourire s'esquissait au coin de tes lèvres. Le premier qu'il pourrait apercevoir sur ton visage. Et tu commenças.



Tu t'entendais parler et durant un instant, tu te demandais si tu n'étais pas devenu fou. Mais rapidement, tu te recentras sur ton objectif. Tes pensées retournaient auprès de Kumo. Et tout te redevint clair et limpide ! La guerre n'avait plus sa place sur cette terre, c'était un bien étrange paradoxe et pourtant, tu en étais certain. Mais pour l'éradiquer, il y avait besoin de grand sacrifice... La la seule solution que tu avais trouvée afin d'éradiquer toutes les guerres était Kumo... Ton empire aimé. Celui où régnait seulement la puissance et la justice. La faiblesse n'avait pas sa place dans ces rangs, c'était là la solution... Mettre au pouvoir mondial un empire unique avec une Impératrice immortel, Shizuka... Alors, ce jour-là, lorsque Kumo régnera en maitre sur le monde, tu savais que les guerres prendraient fin... Mais, le peuple n'était pas prêt à accepter Kumo comme seul dirigeant.
Ton plan était alors simple, tu désirais couler toutes les terres dans la violence. Que nul ne puisse respirer sans craindre de mourir. Le bonheur ne devait plus avoir sa place sur cette terre, seul le malheur et la désolation devait régner. Tu devais devenir celui qui incarnerait ce mal profond. Ce mal que nul ne pouvait combattre, que nul n'arriverai à éradiquer, un mal si puissant qu'il semble invincible... Et alors, ce jour là, tu t'offrirais en sacrifice à Kumo dans une mise en scène des plus théâtral, faisant de ton Empire, le sauveur de ce monde...



C'était à ton tour de lui tendre la main...

Vous sembliez finalement vous retrouver dans vos idées. Du moins, c'était le cas, jusqu'à ce qu'il te fasse part de ses véritables désirs. D'abord surpris, tu écoutes ses paroles. Une grande remise à zéro, une purge, un véritable enfer sur terre. Qu'avez bien pu faire tout ces gens pour mériter une telle haine ? Ton regard s'abaisse, voulais-tu vraiment faire parti d'une telle chose ? Puis tu te rappelas : pas de faiblesses pour atteindre ton but. Alors tu relèves la tête pour écouter Genichi qui termine son discours à la limite de la folie, enfin non, c'était de la folie pure. La destruction d'un monde pour en bâtir un nouveau... Cet homme avait finalement de larges ambitions, bien plus qu'il ne laissait y paraître, mais tu avais besoin de lui. Pour toi il était bien plus qu'une arme, il était la solution au problème.



Tu revenais sur tes précédents mots : tout le monde devait être sacrifiable, mais non, pas elle. Alors qu'il te tendait la main à son tour, tu passes la tienne dans ta poche arrière, tu sors un kunaï de celle-ci avant de t'entailler la paume de la main. Le sang coulant de ta main, tu tends celle-ci ainsi que ton kunaï vers le shinobi pour l'inciter à faire de même.



Genichi n'avait probablement aucun intérêt à accepter cela, tu voyais qu'il tenait plus du leader que du suiveur désormais, en témoigne sa désertion. Alors, pour le convaincre tu ajoutas quelques mots :



Ça n'étais pas rien, malgré ta faiblesse notable par rapport aux " maîtres " vampires, ton potentiel destructeur en revanche était bien là, tu avais déjà perdu le contrôle de toi, tu savais à quel point tu pouvais être puissant et sans pitié. Vous pouviez être une arme pour l'un comme pour l'autre. De plus, voyager en compagnie d'un être tel que Genichi t'apprendrais sûrement bien des choses.

Tu compris que dans un premier temps, tes paroles perturbait Akaname. Mais tu perçus le déclic, tu n'en connaissais pas la raison, mais tu l'avais compris de par sa posture, il allait accepter. Mais avant cela, il rajouta lui aussi une condition, une semblable à la tienne. Un droit de survie pour autrui. Les raisons étaient-elles les mêmes que pour toi ? Voulait-il être celui qui tuerait de ses mains cette personne ? Auquel cas, lui aussi possédait son "Saru" quelques parts en ce monde. Ou bien était-ce dû à de l'amour ? Voulait-il s'assurer que je ne tuerai pas la personne qu'il chérissait. Dans ce cas, cela se rapprochait davantage de Shizuka, ton impératrice, celle que tu voulais préserver de la mort et lui laisser ainsi la vie éternel.



Et alors, ton nouveau partenaire de destruction du monde sortie de sa poche arrière un kunai et s'entailla la main. Quelques gouttes de sang s'écoulèrent jusqu'au sol avant qu'il ne t'invite à faire de même. Un pacte de sang, voilà ce qui t'attendait. Ceci serait le premier que tu ferais au cours de ta vie. Lui offrais-tu la moindre valeur ? Tu ne le savais pas encore. Mais une chose semblait certaine, c'était qu'Akaname avait besoin de cela pour s'engager. Alors, d'un geste lent, tu te coupa la paume de la main et vint empoigner celle du vampire. Vos deux sangs se mélangeaient, s'unifiaient et le pacte semblait conclu.



Bien sûr, tu avais conclu le marché uniquement après qu'Akaname rajouta qu'il s'engageait à suivre tes ordres quels qu'ils soient. Ainsi, il devenait l'un de tes fidèles, ton premier recruté pour une cause qui en aurait effrayé plus d'un. Et à ce moment, bien que tu trouvais le pacte du sang inutile, tu savais que tu ferais ton maximum pour tenir ton engagement, mais tu savais également que si un jour celui-ci devenait un fardeau pour ta quête, tu n'hésiterais pas à le rompre. Pour autant, tu espérais sincèrement que ce jour-là n'arriverait pas... Mais comme l'avait si bien dit ton acolyte, tout le monde devait être sacrifiable...



La marque, tu ne la portais pas encore, pourtant, tu avais déjà réfléchi à celle-ci et tu savais que tu voulais que quiconque rejoigne ton plan l'affiche fièrement. Alors, tu posais cette question comme un test, une mise à l'épreuve, être sûr que ses paroles ne soient pas que des fables... Finalement, pouvait-il refuser ? Une chose était sûre, s'il l'acceptait, il souffrirait plus que quiconque...

Le sang était versé, le pacte scellé. Dans ta main tu partages le sang de cet être. Sans perdre de temps tu effectues quelques mudras avant de finalement lécher le sang qui imbibe ta main. Une partie du sang de Genichi suffisait, désormais tu serais capable de reconnaître l'odeur de son sang entre milles, une sorte de gage de bonne volonté. C'était la la seule raison de ce pacte, qui n'avait mise à part symboliquement, aucune valeur. Vous deux étiez désormais liés quoi qu'il advienne. Prévenant malgré tout, tu t'adresses à lui, calmement, la voix toujours aussi claire et sûre.



Tu lui avais comme apposé ta marque, et tu ne t'attendais pas à ce qu'il en demande de même, et quelque chose te disais que celle-ci ne serait pas du même niveau que ce que tu venais de faire. Mais pourtant, il n'y avait rien de mieux pour prouver ta volonté que d'accepter. D'un mouvement de tête tu acquiesces.



Tu marques une légère pause, si ton avenir devait changer, ce moment serait la clé de ce changement. Le jour où tu as accepté de renier ta promesse de ne plus massacrer d'innocent. Car oui, les plans de Genichi ne s'effecturaient pas sans ça. Tu te demandais jusqu'où tu serais prêt à aller. Mais il était trop tard pour y penser, tu avais déjà vendu ton âme au diable.