Défense légitime

Si la pression de tout à l’heure est redescendue, on ne peut pas vraiment dire la même chose de celle que tu ressens à l’idée de devoir expliquer la situation à Hinae. Tu avais l’impression d’avoir trahi sa confiance en un sens. Elle avait suffisamment de problème en devant vous surveiller et il fallait en plus que tu te mettes à frapper des enfants devant l’entièreté des parents. Disons que pour quelqu’un qui aime se faire discret, là ce n’était pas vraiment un exploit et tu ressens une petite boule au ventre en voyant le restaurant devant toi. Tu repenses aussi à Maï qui avait décidé de jouer le bluff et allait se mettre dans une sacrée situation aussi, vous faisiez vraiment un sacré duo de champion.



Techniquement, vous n’étiez pas en tort, c’étaient eux qui avaient commencé en allant s’en prendre à Yuki devant vous. Les querelles d’enfants sont une chose, mais là, c’était purement du harcèlement, Yuki était en sang et personne ne semblait vouloir réagir. Votre image était déjà un peu ternie par votre ethnie de toute manière. Tu n’étais pas spécialement fier de ce que tu venais de faire, mais au moins, tu t’assurais qu’ils ne lui cherchent plus trop d’embrouilles. Si tu étais aussi déterminé à faire la même chose quand il s’agit de toi, tu aurais peut-être moins l’air d’un pleutre aux yeux des gens de ta promotion académique.

Je me tracassais à l'idée de devoir affronter le regard de celle qui nous sauvait autrefois. Nous avions pousser le bouchon un peu trop loin, même pour de la légitime défense... Je n'étais pas fière de nos actions et j'espérais vraiment que cela servait pas seulement de leçon pour nous, mais pour le village en lui même. Malgré quelques personnes adorables, tous n'étaient pas comme ça. Mon cousin me sortait de mes coutres pensées en me demandant mon avis sur: "comment Hinae va prendre notre "petit écart de conduite" ?"


Je me taisais, coupant dans mon élan et repensait à la scène à laquelle nous avions assister. Notre pauvre petite cousine prise au piège par d'autres enfants, et où les adultes ne réagissaient pas. A croire que c'était normal de s'en prendre à des inconnus... C'était à mon tour de poser une question à Kaito.

La réponse ne te plaisait pas vraiment, mais ce n’est pas comme si tu t’attendais à mieux. Tu espères tout de même que la sanction ne sera pas trop lourde envers elle et ta cousine, tu avais été le principal acteur de cette petite altercation et étais prêt à subir les conséquences, mais il y avait une différence entre des chamailleries et une véritable agression tout de même. Mais tu n’étais pas non plus complètement convaincu du fait d’être le véritable méchant de l’histoire. Vous approchiez lentement du restaurant et une petite poignée de mètres vous séparaient de l’entrée. Ton mal de crâne commence à s’installer, ce n’était pas le moment d’avoir un instant de faiblesse jeune homme. En plus, il ne sera pas si facile de faire avaler cette migraine alors que tu es dans de sales draps. Tu te contentes de prendre de grandes bouffées d’air pour apaiser au mieux la sensation qui te tapait les tempes. Maï te pose une question qui te fera un petit pincement au cœur. C’est d’un air un peu attristé que tu prends la parole.



Tu refermes ton kimono avec plus de soin quand une brise vient te glacer le sang.



Tu avances et te retrouve devant la porte, tu hésites à la passer, mais il fallait y aller. C’est après quelques secondes que tu passes en premier avant de saluer le chef et cherche Hinae du regard.

Il n'avait pas tord, même si nous récupérions nos terres... Ce serait l'empire qui nous poserait grandement problème. En résumé, partout où nous irons, nous n'aurons pas notre place. C'était ce qui faisait de nous des Gaikotsu, des gens considérés comme à part. Nos ancêtres le savaient déjà et ce n'était pas pour à rien qu'ils nous rapprochaient de la mort. Peut-être que nous devions pas appartenir à ce monde et que les légendes de Faust nous conduiraient chez nous, à notre place ? Pour le moment, ce n'était pas le vrai sujet de débat.


Le morale complètement miné, je le laissais passer devant, bien trop honteuse de devoir faire face à Hinae. Kaito demandait alors à si notre maman adoptive se trouvait dans les parages. Pour le moment, personne à l'horizon. Plus le temps passait et plus je me tracassais à l'idée de devoir lui faire face. Je m'enlaçais moi même, les mains se serrant sur mes avant bras. Je me pinçais les lèvres pour ne pas me mettre à pleurer tant je m'en voulais d'avoir fait preuve de violence pour défendre un être aimer. Nous en avions déjà tellement perdu...

La Kenketsu se retrouva alors face à ses deux enfants de cœur.


Elle se mit alors à sourire en observant son père, lui disant de manière très discrète d'aller la chercher à sa place. Le vieil homme se dirigea alors vers l'arrière boutique pour aller enfiler un manteau. Hinae n'était pas stupide, les enfants revenaient généralement vers elle après des bêtises, ils étaient plutôt heureux d'avoir de l'autonomie au sein du village et la Chikara ne pouvait pas vraiment s'en plaindre. Adolescente, elle s'amusait souvent à se plaindre de sa vie en souhaitant avoir son appartement. Quelque chose dérangea l'immortelle en observant la jeune Mai, elle approcha alors son visage du sien et dit alors :

Hinae ne tardait pas à entrer dans la pièce. Elle s'étonnait de nous voir ici avant de nous demander où était Akiko ? Bonne question, ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu. Voyant mon air tracasser, l'éternel se mettait face à moi tentant de chercher mon regard fuyard. J'avais envie de pleurer, mais je ne devais pas céder ! Pas encore !


J'espérais tant ne pas décevoir celle qui nous offrait cette chance de pouvoir nous reconstruire, mais lorsque je tentais de l'ouvrir mes mots restaient coincés au fond de ma gorge.


Inspire, expire ! Intérieurement bien évidemment.




Je tournais autour du pot pour donner la version générale avant de laisser Kaito donner plus de détails... Je tournais donc encore plus la tête, toujours honteuse. Ce n'était pas mon premier écart de conduite...

À peine le temps de mentionner son nom que la femme apparaît. Tu n’es pas vraiment heureux de la voir pour une fois, car tu sais que ce qui va suivre n’est en rien une bonne nouvelle pour elle. Maï semble moins bien cacher sa culpabilité que toi, car l’immortelle se penche vers elle et demande des explications à la jeune fille sur le point de verser une larme. Tu restes silencieux un moment et la laisses parler, mais tu vois qu’elle n’est pas vraiment à l’aise dans son explication et interviens sans vraiment laisser le temps à votre gardienne de régir.



Tu fais serres les poings et garde la tête haute même si actuellement la boule que tu as au ventre te rappelle le sentiment de honte que tu éprouves.

Les enfants ne comprenaient pas la complexité de cette histoire au sein de Konoha... Bien qu'immature, Hinae connaissait malheureusement les Konohajins et elle savait parfaitement que ceci pourrait porter préjudice aux Gaikotsu et face à ceci, elle devait continuellement en faire 2 fois plus que les autres. Malgré tout, elle ne pouvait pas en vouloir aux anciens Kirijins, ils étaient jeunes et les histoires étaient courantes à cet âge. Prenant un regard angélique, l'immortel ferma un œil et dit alors en observant les deux enfants :


Au fond, la Kenketsu se fichait bien des histoires engendrées par cette vulgaire confrontation. Comme à son habitude, elle ferait face à tout afin de protéger les jeunes à la chevelure neigeuse.


Ils étaient trop jeunes... Trop jeunes pour combattre et trop jeunes pour être entraînés... Les enfants n'étaient pas des armes, mais un pont entre le passé et l'avenir... Hinae avait fait son possible pour que Kimino change d'avis, mais c'était peine perdue, les Konohajins n'étaient que des armes entraînées à tuer. Elle soupira alors en rependant à tout cela avant de se dire qu'ils étaient définitivement trop jeunes pour tout cela.

Les paroles de la jeune femme semblent t’apaiser un court instant, mais tu n’es pas pour autant plus serein quant à la suite des évènements la concernant. “Ce n’est rien”, tu savais qu’elle mentait et que les problèmes allaient lui tomber dessus et qu’elle n’allait simplement pas vous en parler. Tu t’en voulais simplement d’avoir agi aussi stupidement et sans réfléchir. Tu savais que les habitants n’étaient qu’une bande d’hypocrites voulant jouer les saints alors qu’ils ne valaient pas mieux que les gens qu’ils critiquent et chassent parfois. Les menaces étaient un détail à tes yeux, c’était plus une prévention du futur, s’ils venaient à toucher de nouveau à un membre de ta famille. Hinae avait beau vouloir te faire comprendre que cela n’était pas la solution et que c’était même mal, tu restais tout de même sur ton opinion qu’ils n’avaient pas volés ces mots sortant de ta bouche quelques minutes plus tôt.



Tu avais la mâchoire serrée à la suite de cette petite mise au point et détournes le regard. Tu ne voulais pas lui répondre, mais tu étais à saturation aujourd’hui et ton flegme semblait ne pas vouloir faire son travail. Il ne te restait plus grand repère dans ta vie et voir les gens s’en prendre gratuitement aux tiens n’étais pas dans tes options. Si tu ne disais rien pour toi, c’est parce que tu savais que te défendre serait simple en cas de besoin. Mais pour tes petites cousines, c’était un autre détail et tu n’avais pas l’intention de rester de marbre. Tu ne caches pas vraiment ton mécontentement en entendant l’immortelle dire qu’elle irait s’excuser auprès des parents.



Tu interromps toi-même ta tirade en sentant ton timbre monter avant de soupirer.

Hinae était toujours trop gentille avec nous, parce que nous avions vécu un horrible massacre. Seulement, cela ne suffisait pas à justifier nos actes, nous n'avions pas à reproduire ce que d'autres nous faisaient subir. Il était tellement plus simple d'être une raclure qu'une bonne personne en ce monde. Je ne pouvais que comprendre ce que ressentais Kaito au fond de lui même. Les mots "rassurants" de notre maman adoptive ne résoudront pas le problème à la racine.


Je donnais entièrement raison à l'Océan dormeur, leur comportement ne représentait en rien l'emblème du village lui-même et le fait que même les adultes ne réagissaient pas face à cette violence gratuite, montrait l'hypocrisie des habitants. A l'époque, nous avions beaucoup moins de principe, mais notre famille était soudée et nous étions prêts à mourir les uns pour les autres. Là, ce n'était que des blablas, que des mots pour aucune action. La différence entre ceux qui ne connaissaient pas la "réel" souffrance et ceux qui se mourraient à petit feu. Je pouvais sentir cette colère, et ne m'empêchais pas d'enlacer mon cousin de dos posant ma tête sur son épaule.


Je relâchais mon étreinte avant de me tourner vers notre maman.


Je marquais un temps de pause tentant de prononcer la suite, mais voilà que quelques larmes commençaient à couler le long de mes joues:


Je prenais alors ce petit bout de femme dans mes bras. J'étais désolée de dire ce que j'espérais égoïstement à Hinae, alors que je venais de demander à Kaito de ne pas dire des choses qui pouvaient rendre la jolie femme d'humeur morose. Je serrais les dents, les yeux clos, tentant d'arrêter mon gros chagrin. Moi qui ne voulait pas me mettre à pleurer, c'était rater...

Les enfants étaient durs... Malgré tout, il n'était pas possible d'en vouloir à un bambin pour ceci, la vie n'était effectivement pas facile à Konoha... L'immortelle se mit alors à déglutiner, imaginaient-ils le danger du monde de dehors ? Pouvaient-ils vraiment espérer de recommencer un tel voyage ? Courageuse et téméraire, Hinae était partagée... Elle craignait la guerre, mais elle ne pouvait nullement accepter que des enfants soient contraints de vivre dans un malheur perpétuel... En tant que Konohajin, elle se devait de sermonner les gosses, mais en tant qu'ancienne nukenin, elle comprenait les Gaikotsu. Tête baissée, la mère factice observait le sol avec un certain dégoût envers sa propre personne... Qu'avait-elle fait ? Était-elle la principale investigatrice du malheur des anciens Kirijins ? Auraient-ils préférés mourir là-bas ? D'un ton hésitant et faible, elle dit alors :


Elle ne savait que répondre malgré la jeune Gaikotsu en train de l'enlacer.. La Paix... Elle se souvenait encore de ses nombreuses aventures et des innombrables résolutions afin que ce monde change... Hinae ne comprenait pas, qu'avait-elle fait de mal ? Pourquoi la haine ne cessait donc jamais d'hanter sa vie ? En s'entaillant le visage, elle s'était jurée de ne plus voir le monde tant que celui-ci ne changerait pas... En rouvrant les yeux, elle accepta sa faute dans ce long cheminement qu'est la vie. Bakura n'était pas fautive et les clans n'étaient que les victimes d'un monde ancien... La Kenketsu en était certaine, la Paix se devait de passer par les enfants, mais était-ce une trop lourde responsabilités pour de si petits êtres ? Elle ravala de nouveau sa salive en faisant face à cette culpabilité si forte...


La bienveillance était une obligation pour vivre au sein d'un monde en Paix, que devait-elle faire des fruits pourris ? Le principal désaccord entre Hinae et Shiro était là... Hinae imaginait que les gens pouvaient changer tandis que Shiro était certain du fait que le monde devait se renouveler au plus vite, quitte à se débarrasser de la mauvaise graine.


La déception était perceptible dans le regard de Hinae, elle comprenait ses enfants, mais elle ne savait pas quoi faire et au fond d'elle, elle s'en voulait terriblement de cette situation... Qu'avait-elle fait ? Venait-elle de participer à ce cycle qu'est la haine ? Akiko n'était donc pas la seule à souffrir de sa propre existence...

Si Maï tente d’apaiser la situation, tu ne caches pas vraiment ta colère. Ton expression avait beau être toujours calme, tu avais cette sensation de rage au fond de toi. Le fait de te faire enlacer ne calme pas ce sentiment, mais tu t’efforces de redescendre en pression pour ne pas envenimer d’avantage la discussion. Les mots de ta cousine ne passent pas d’une oreille à l’autre, tu l’écoutes, mais restes simplement impassible physiquement et ne bouge pas d’un millimètre. Tu savais qu’elle faisait tout pour vous et tu ne voulais pas lui causer d’ennuis. Tu étais reconnaissant, mais l’attitude du village envers vous n’était en rien plaisante et tu laisses ton ressenti sortir un peu plus violemment aujourd’hui. Tu regardes Maï se jeter dans les bras de sa mère de cœur en pleurant et demandant de retrouver sa terre natale. Tu la regardes et te demandes si cela changera les choses ou non au final, car ce que vous connaissiez n’est plus qu’un vague souvenir et qu’il faudra bien bâtir d’autres choses. Ce qui te fera réagir sera le regard rempli de culpabilité de la vampire, tu regrettais un peu d’avoir tout lâché sans vraiment réfléchir. Tu fais un pas et attrapes sa manche du bout des doigts, tu n’as jamais été un garçon tactile, mais tu voulais simplement son attention pour l’instant et la sortir de ses pensées.



Tu baisses la tête à ton tour et déglutis silencieusement pour cacher tes doutes et ravaler la rancœur que tu avais envers ce groupe de gamins. Tu voulais simplement effacer cette journée de ta mémoire et reprendre les choses comme si rien n’avait été dit. Tu te penches légèrement pour que ton visage apparaisse dans le champ de vision de l’immortelle et reprends ce sourire que tu as appris à faire sur commande.



Tu ne faisais qu’omettre des détails de ton ressenti, ce n’était pas un mensonge en soit. Tu comptais toujours protéger ton clan, mais il te faudra un moyen plus calme si ça vient à se produire. Quitter Konoha sera pour toi, presque inévitable. Ce ne sera pas avant des années, mais pour le moment, tu comptais devenir plus fort avant de retourner et comprendre pourquoi vous en étiez arriver là.