Je me frottais la tête, l’air embêté. J’aurais voulu que l’instant se passe plus calmement, mais au final, j’avais une genin en pleure, un chûnin sur le point de vouloir se taper et une genin qui en rajoutait une couche. Ils ne devaient pas avoir l’habitude qu’on leur parle de façon aussi direct. Dans tous les cas, je ne pouvais pas laisser une genin sans chakra rentrer toute seule au village. C’était tout simplement interdit.
« Allons… Allons… J’ai peut-être été un peu direct avec ma manière de faire. »
Je me relevais sur l’eau avant de tirer le bateau en direction du bord, à bonne distance de la louve et ses petits. Même si leur taille ne laissaient en rien sous-entendre cela à première vue.
« Dans tous les cas, je ne peux pas laisser deux genins se balader seuls en forêt. C’est tout simplement interdit. Et j’aimerais que tu les aides, Hikaru. Je pourrais me débrouiller avec mon bras dans le plâtre, mais il vaut mieux être prudent. »
Je regardais la pauvre genin trempé, grelottant de froid dans ce jour hivernal. Elle risquait d’attraper froid si on la laissait comme ça.
« Est ce que l’un de vous maîtriser le katon pour faire un feu ? Vu la distance jusqu’au village, il faudrait mieux sécher ses vêtements d’abord. »
Je commençais à rassembler assez de bois pour y faire un feu assez conséquent, à l’abri du vent. Je dégageai le peu de neige autour. La végétation alentour ne risquait rien, il serait impossible qu’un feu de forêt puisse démarrer ou se propager vu l’humidité environnante. Je soulevai quatre rochers pour les disposer autour du futur feu de camp, avant d’inviter les jeunes à faire de même.
Une fois que le feu était allumé, il fallait maintenant tenter de faire redescendre la tension.
« Bon… Laissez-moi développer ce que je voulais dire. Le problème n’est pas que vous avez chacun de gros défauts. Tout le monde en a. Je serais le dernier à ne pas en avoir. Le problème est que ces défauts sont beaucoup trop visibles et que vous vous laissez trop influencés par cela. Vous êtes encore très jeunes, c’est pour cela que l’on peut encore vous aider à rectifier le tir. Ça devient plus compliqué une fois adulte… »
Je me penchais en arrière, les mains en posés au sol pour me supporter. Je regardais les feuilles couvertes de neige de l’arbre au-dessus de nous.
« Vous savez, j’arrive bientôt sur ma quarantaine. J’ai vécu pas mal de choses au cours de ma vie de ninja. Des escarmouches contre d’autres force du Yuukan, une guerre interne… Beaucoup de missions tendus… J’ai vécu des pertes… Directement sur le terrain. Mais une chose est sûre, je ne serais pas ici aujourd’hui si j'étais resté comme à mes quinze ans. Je serais sans doute mort d’une manière stupide… »
Je me redressais, m’appuyant les coudes sur mes genoux. La chaleur du feu était agréable pour raconter une histoire.
« Laissez-moi vous racontez. Il y a bien… 15 ans de cela, je m’étais retrouvé dans un groupe de cinq pour traquer un groupe de Kenketsu. Notre groupe était bien constitué et cela aurait dû être une formalité… Vraiment. Mais ils connaissaient mieux que nous la topographie du terrain, et notre senseur avait des difficultés à les traquer, sans compter qu’ils nous narguaient avec des pièges. Au final, l’un d’entre nous, qui avait déjà un tempérament bien chauffés… »
Je regardai en direction de Hikaru.
« Il a foncé tête baissé dès qu’il a vu un de ces satanés vampires. Il l’avait insulté sur… Je ne sais même plus vraiment. Dans tous les cas, il avait brisé la formation pour y aller seul. À ce moment là, une partie d’entre-eux nous ont attaqué, histoire de nous faire perdre du temps… On a retrouvé son cadavre plus tard… Mordu à la main. On a dû s’assurer qu’il ne reviendrait pas, car une personne mordue par un Kenketsu revient à la vie dans les heures suivantes. C’était un Chûnin expérimenté, de 22 ans. Plusieurs missions de rang A à son actif. Mais à force de continuellement crier et répondre à chaque insulte, ils ont fini par trouver un point faible dans notre groupe, et ça lui a coûté la vie, sans compter que ça nous avait mis en danger. »
Je me tournai vers Kyoko.
« Quant à l’esprit de compétition, il y a une manière de faire. J’étais comme toi à ton âge. Toujours à me comparer aux autres de façon active. Vouloir être le meilleur n’est pas une mauvaise chose, mais il ne faut pas forcer les autres à ton jeu. Tu risques d’avoir des difficultés pour gagner la confiance de ton groupe. De plus, que tu risques de les forcer à te suivre dans des situations dangereuses. Il faut savoir faire preuve de retenu. Pour ne pas envoyer un collègue dans un état grave juste pour ne pas perdre par exemple. »
Je finissais par fixé Kana. J’espérais que le feu l’avait aidé à se réchauffer un peu.
« Je suis désolé Kana, mais… Rhaaa comment dire… Toi et Kyoko n’êtes encore que des genins donc ça peut être compliqué à comprendre, mais… »


« Il est vrai que tu es médecin et que tu ne devrais pas être prédisposé au combat en premier lieu, mais tu ne peux pas espérer resté enfermé au village toute ta vie. Il arriva sans doute un jour où tu seras en mission, quelque part dans le Yuukan, avec des gens peut-être inconnus. On ne sait pas. Tu seras peut-être chargé de soigner des personnes étrangères au village, peut-être devras-tu… Je ne sais pas… Protéger seul les malades d’une quelconque attaque. Ça arrive. Il ne t’ai pas demandé de pouvoir mettre à terre tous tes ennemis, mais sans une plus grande assurance dans le futur, tu risques de finir pas ne plus pouvoir assurer ton rôle de médecin. Non pas à cause de tes capacités, mais à cause de la peur. J’ai déjà vu des jeunes ninjas, qui travaillaient uniquement à l’arrière, incapable d’agir car trop apeuré. Tous ne sont plus là pour faire ce qu’ils aimaient faire. C’est pourquoi je te réinvite à venir rendre visite un jour au dojo Kitto. Tu ne seras pas jugé là-bas, nous avons de tout. Des civils, des invalides, des ninjas débutants ou aguerris… Touts sont la bienvenue. »
« Peut-être que frapper un sac en criant t’aidera à te détendre et à t'exprimer plus, qui sait ? »
J’espérais que cette fois-ci, ils seraient plus enclins à réfléchir sur leurs situations. Merci père pour m’avoir enseigné une certaine manière de parler.
« Je m'excuse d'avoir été rude, mais c’est comme ça que j’ai changé. Ce que je vous ai dit, ce n’est pas uniquement que pour le village, mais surtout pour vous. Vous êtes des ninjas, encore genins pour certains, et il serait dommage qu’ils vous arrivent quelque chose de stupide. Je ne remet pas en cause ton rang de Chûnin, mais j'espère que tu peux comprendre mon inquiétude sur ton manque d'expérience, Hikaru. »