Richissime prétentieuse

Ma dernière mission avait été un véritable fiasco et une honte pour le nom clanique que je porte. C'était sans compter la présence de mon ancien partenaire avec qui la relation est devenue électrique. Aveuglé dès le début de notre combat, la chasse au Minishago s'était rapidement transformé en véritable enfer pour moi. Alors, je me rassure d'une manière ou d'une autre. Seth avait pu rejoindre le combat grâce à mes compétences de senseur. Sans ça, peut-être n'aurions-nous jamais pu rejoindre nos camarades. Peut-être auraient-ils succombé sous les coups de ce dernier ? Qui sait. Ce qui est vraiment rassurant, c'est que personne n'a reproché mon incapacité à rejoindre le combat. C'est en tout cas ce que je croyais.

L'heure n'était plus aux regrets. Mes projets tiennent toujours et je dois faire face pour oser espérer les réussir. Kalia est toujours aux abonnés absents et est considérée comme une déserteuse et Hikaru est plus proche de sombrer dans la violence plutôt que vers l'amitié fraternel. Ajoutons à cela l'absence inexpliquée d'Oni.



Soupirais-je assis sur une chaise de ma cuisine. Totalement enfoui dans mes pensées, je regardais le paysage à travers ma fenêtre. Heureusement, une nouvelle mission m'était attribué. Une mission bien plus facile et qui ne nécessitera pas de combat violent. C'est pourquoi j'ai demandé la présence d'un Genin pour m'accompagner. La seule raison de ce choix, c'est de suivre les idéaux d'Oni-sama et guider la futur génération. La mission est simple : accompagner la fille d'une riche famille de notre région dans le vieux centre, proche de la grande place centrale. Une nouvelle fois, je soupire à l'idée de devoir me coltiner une fille odieuse et imbus de sa personne.

*

Il était quatre heures de l'après-midi et j'attendais aux abords d'un pont mon futur camarade. Vêtu de mon fidèle kimono rouge arborant les armoiries de ma famille, j'étais déjà accompagné de mon seul véritable ami : mon chien Shiro. Un compagnon à quatre pattes au poil blanc comme la neige qui recouvrait le sol de nos rues.

Les bras posés sur le pont, j'admirais l'eau glacée et le paysage enneigé qui se dessinait sous mes yeux. Le Genin ne devrait plus tarder.

Dai marchait d'un pas vif vers le li eu du rendez-vous. Une mission d'escorte....il y avait pire comme il y avait mieux. Pas de course-poursuite effrénée, simplement une "princesse" à protéger.... Sans même de dragon à l'horizon. Au moins, il ne serait pas seul. Il aurait peut-être préféré quelqu'un de son grande -on se marrait toujours plus avec ceux là- mais sa mère avait réussi à lui faire voir les choses sous un autre angle : c'était l'occasion d'apprendre.

Il arriva vite sur le lieu du rendez-vous. Il n'y avait pas grand monde. Seul un blond semblait rester là à regarder le paysage. Sûrement son homme qui n'était heureusement pas un vieux croulant. Il s'approcha, décidé.

...Maintenant qu'il y pensait, il ne connaissait pas son âge, il avait simplement estimé. Et il n'avait quand même pas été des plus solennels en l'approchant. Purée si ça se trouve, c'était un vieux qui faisait jeune et qu'allait l'engueuler pour son manque de respect. D'ailleurs, il était en train de regarder le paysage et ça, c'était ce que faisaient plein de vieux. Il essaya de voir s'il avait des rides, puis son attention fut entièrement détournée par la boule de poils à côté.

Il s'accroupit pour être plus à la hauteur de l'animal. Il préférait les chats, mais les chiens n'étaient pas trop mal non plus. Et celui là, d'une couleur semblable à la neige qui recouvrait le paysage était cool. Il releva la tête, reposant son regard sur le blond en kimono :

Chikara Dai. Ce Genin avait déjà fait sa réputation au sein du village. Je n'en connaissais que le strict minimum, mais suffisamment pour savoir à quel genre de gamin j'avais à faire. Ce qui est sûr, c'est que ma curiosité avait été piquée à l'annonce de mon binôme sur cette mission d'escorte. Salué de manière très décontractée, je n'avais rien contre ce genre d'habitude. Le principal étant de se respecter mutuellement.



Je prends un temps de pause pour rediriger mon attention vers l'horizon. Dans le même temps, le Genin s'empresse de caresser le chien qui m'accompagnait. Shiro était un gros chien, mais il n'y avait pas plus gentil que lui, peut-être trop même. C'est pourquoi je n'en ferais jamais un chien de combat. Accroupit devant lui, il demanda la permission pour le caresser.

Un sourire aux lèvres, j'acquiesce de la tête puis vient faire face à lui.



Cette richissime femme que nous allions devoir récupérer d'ici quelques minutes n'est pas en réel danger. Sa situation financière lui permettait simplement de se balader en se payant le luxe d'être accompagné « d'hommes de main ». Sur le papier, aucun shinobi malsain n'est à déclarer, mais une note avait attiré mon attention. Le comportement de cette jeune fille est si irritable qu'elle se voit régulièrement impliqué dans de petit conflit qui lui ont déjà valu quelques bagarres de pacotilles. Je soupire intérieurement, nous avions gagné le gros lot et ça... Dai n'en avait pas encore conscience.

Penché vers lui, je souris les yeux plissés.



Les mains dans les poches, le corps droit, je dépasse mon nouvel équipier, suivi de prêt par mon fidèle ami.



Alors que nous marchons, je commence à faire un résumé de ce qui nous attend. Inutile de lui cacher la vérité.



Après plusieurs détails concernant la mission, notamment le lieu, je demande au Chikara de s'arrêter et lui montre une étale de fruits à deux pas de nous.



Alors que le Genin s'empresse de suivre mes ordres, je me dirige vers une jeune femme ressemblant fortement à celle que nous devons accompagner. D'une révérence, je me présente à elle.



Attendant patiemment le retour de Dai, je demande :





Son comportement hautain me répugnait déjà. De plus, sa façon de me tourner le dos ne faisait qu'en rajouter à mon agacement.



Dans un soupire discret, je réponds brièvement.



De retour à mes côtés, je pose la main sur l'épaule de Dai qui transporte un sachet de pomme. L'après-midi s'annonce très longue...

Au moins, il ne s'était pas planté. Sans compter qu'il n'avait pas l'air méchant et qu'il le laissait caresser l'adorable grosse boule de poils, et il n'avait pas besoin de plus pour le faire, tout sourire. Il écoute quand même le blond avant de le suivre. Rester courtois....n'était clairement pas sa spécialité. Encore moins quand son interlocuteur était désagréable. Même rester silencieux allait être difficile, mais ce serait toujours plus facile de rester sagement derrière Seika, bouche fermée.

Et voilà qu'il devait aller chercher des pommes. Ça commençait bien. Non seulement leur cliente n'était pas capable de se déplacer seule dans son propre village mais en plus, elle ne pouvait pas non plus faire ses courses. Il file vers l'étal, de mauvaise grâce. Allez Dai, plus vite c'est fini, plus vite tu rentres chez toi pour oublier ça. Une fois son achat effectué, il retourne vite retrouver le blond...qui s'est arrêté sans raison apparente. Alors, brandissant fièrement le sachet, il commence :

...et s'arrête alors que son regard se pose alors sur le dos d'une fille. Si elle n'a vraiment pas l'air de parler au blond, lui a l'air de s'adresser à elle. "Oups, boulette, c'est sûrement la cliente", pense t'il. Bon, ce niveau d'air de supériorité là, il ne l'avait pas soupçonné... La main du blond qu'il sent se poser sur son épaule confirme ses doutes.

Mince. Il essaya de trouver quelque chose à dire. Quand il exagérait les formules de politesse sans en penser un traître mot, ça passait toujours pour du sarcasme. En fait, c'en était vraiment la plupart du temps, quand il était confronté à une peste. Et le blond avait bien dit de rester courtois.

Pas de sourire poli, mais elle ne voyait de toute façon pas son visage. Se raclant la gorge, il essaie de parler le plus professionnellement possible.

Impossible de dire si la réponse est un bruyant soupir ou un petit rire, sincère ou non. Sûrement pas s'il se fie à ce qu'il devine du personnage. Devant ce manque de réponse, il se tourne vers le blond, montre du menton la fille, puis se désigne lui-même avant de former un cœur avec ses mains, un sourire très ironique au visage. Peut-être que pour rester courtois avec elle, il faudrait commencer par être moins familier avec lui, mais qu'importe, elle a déjà réussi à l'irriter.

Mademoiselle dos tourné décide finalement de commencer à bouger, leur demandant de la suivre d'un mouvement de la main, toujours sans les regarder. Il lui semblait que le lieu jusqu'auquel ils devaient l'escorter était le vieux centre, mais impossible de dire si elle allait s'arrêter à un ou deux magasins en route. Il jette un regard interrogatif à Seika, ne sachant pas s'il en sait plus que lui ou non.

Je tentais de rassurer mon jeune compagnon, une main sur son épaule. Nous vivions ce que je redoutais et je regrettais amèrement d'avoir accepté ce type de mission. Néanmoins, c'est en m'investissant dedans que je serais en mesure de partager mes connaissances avec la jeune génération.

Le Chikara avait fait preuve de patience et se comportait avec professionnalisme. C'était un début et j'espérais que cela continue. Son inexpérience pourrait mener rapidement à une confrontation avec cette femme. J'en sais quelque chose ayant moi-même vécu la pire des escorte lors de ma première mission. J'étais un jeune Genin et j'avais essuyé les foudres de mon senseï après mon altercation. J'avais fait preuve de peu de professionnalisme, au point d'insulter notre cliente. La mission avait été un échec, nous n'avions même pas eu le temps de finir notre escorte.

Alors que Dai se retrouvait déjà exaspéré par l'attitude de la jeune riche, il devait subir un nouvel affront. Autant que lui, j'étais excédé par un tel comportement. Mais arrêtons de nous plaindre, dos tourné, la jeune femme entamait le début de son escapade. Mais c'est avec ironie que le jeune garçon répond à cette attaque. Je dois avouer que son geste m'a provoqué un petit sourire au coin des lèvres et il avait dû le remarquer.



Je regarde au loin pour veiller sur ce qui entourait la jeune fille.



Je le regarde brièvement puis reprend ma surveillance, les bras croisés comme pour éviter toute interaction avec cette fille glaciale.



La jeune fille ne s'arrêtant pas pour faire des emplettes, j'avais décidé d'en profiter pour en apprendre un peu plus sur ce jeune Chikara.

Il essaya de se calmer en entendant Seika tenter de le rassurer. On inspire...et on expire. Au moins, le blond n'était pas agacé par son comportement s'il en croyait son sourire amusé. Le Kitto n'était lui non plus sûr de rien quant aux projets de la jeune fille, mais il se les imaginait....et lançait la conversation.Ses objectifs...la réponse était facile.

Il essayait de ne pas trop hausser le volume. Pas vraiment par volonté de ne pas déranger la jeune fille, mais plutôt par envie de garder cette conversation un minimum privée.... Il se souvint alors de Muu, avec qui il avait partagé une autre ambition, et rajouta :

Il pouvait rentrer dans cette catégorie...mais il ne se mettait pas non plus dans le même sac que les voleurs, escrocs et meurtriers. Encore heureux. Il fronça les sourcils, cherchant d'autres raisons....avant qu'une, plus "réaliste", ne lui traverse l'esprit.

Vraiment un égoïste ce Shishi... Il pencha légèrement la tête sur le côté, fixant Seika.

Il regarda distraitement la jeune fille s'arrêter à un magasin. Bon, ça leur faisait un arrêt, mais il n'y avait toujours rien à signaler...Ils pouvaient sans doute toujours continuer leur discussion. Pas besoin de trop la regarder du moment qu'il gardait son chakra à l'esprit et qu'il n'en sentait pas d'autre approcher...

Le Chikara vivait chaque mot prononcé lorsqu'il s'agissait de ses projets. Il visait haut et ce n'était pas forcément une mauvaise chose. Je reconnais avoir déjà tenu le même discours et peut-être qu'il fait encore partie de moi. Protéger notre village devrait être le but premier de chacun d'entre nous et j'espère pouvoir éduquer notre nouvelle génération vers cette voie. Un accompagnement qui sera plus facile en tombant sur des Genins comme Dai.



Dis-je amusé par son enthousiasme. Je découvrais son affinité élémentaire, le feu. Elle était rare dans notre village, mais pas impossible. Cette particularité, il devra s'en servir à bon escient. Elle lui sera d'une grande utilité s'il persiste dans ce domaine.



Se protéger des attaques des gens du village eux-mêmes... cela rappelait douloureusement cette période de guerre civile entre les Chikara et les Uzumaki. Un événement dont le village garde encore de nombreux séquelles et ceux malgré la venu d'une nouvelle dirigeante.

Continuant à marcher, j'apprenais que Dai se confrontait déjà face à un rival et par n'importe lequel. Son cousin.



Ces mots résonnaient comme un conseil avisé et vécue par moi-même. En effet, Hikaru sera toujours mon éternel rival. En tout cas, dans mon esprit. Malheureusement, nous nous sommes beaucoup confrontés l'un à l'autre plutôt que de vivre pleinement notre esprit d'équipe et notre amitié... soudainement, le Chikara se prenait de curiosité quant à mes ambitions et mes futures projets. Ils étaient nombreux, mais pas forcément tous réalisable aujourd'hui. Les mains dans les poches, je continuais à scruter l'horizon en prenant soin de continuer ma surveillance. Le jeune fille que nous escortions s'était arrêté et nous donnait un moment de répit. Je finis par regarder mon camarade de mission et lui dit :



Mais ce n'était pas tout, j'étais partagé avec mon désir de voyage et de découverte dans ce vaste monde qu'est le Yuukan.



Kalia a déserté et Hikaru est sur un fil. Notre dernière rencontre ainsi que notre mission ne faisait que confirmer sa descente, mais je gardais espoir à lui redonner foi en notre village et ce qui nous entoure. Oni est toujours porté disparu et je suis incapable de trouver le moindre indice ou renseignement.



Tout à coup, alors que je désirais continuer à prodiguer mes conseils, la jeune fille nous coupe volontairement.



Vociféra-t-elle d'un air hautain et en terminant avec un petit soupir de moquerie. Elle s'approcha alors du jeune Chikara en se penchant légèrement pour rapprocher son visage. Finalement, elle se relève sans dire un mot puis lui tend trois sacs.



Agacé et remplit de colère, je me mordais la langue pour contenir mes mots. Le poing serré, j'évacuais cette rage face à une telle attitude. Une fois calmé, je regarde mon compagnon avec un sourire, espérant le détendre pour éviter une esclandre en pleine rue, car si j'avais bien compris une chose, c'était son tempérament de feu.

Et il se gardait bien de dire qui gagnait... Il n'avait jamais réellement considéré Seishiro comme un rival, mais plutôt comme une sorte...d'"objectif".

L'objectif de Seika le laissait...perplexe. Il ne faisait pas vieux, loin de là et pourtant....lorsqu'il parlait, il paraissait avoir dix années d'écart avec le Chikara. Essayant de rester poli, il le laissa donc finir avant de demander :

Sans doute pas beaucoup plus. Nan parce que parler de sa "génération" comme si le Kitto n'en faisait pas partie lorsqu'il y avait deux ans d'écart.... A part s'occuper de "sa" génération, le Kitto voulait voyager. Il voyait un peu l'intérêt de vouloir découvrir le monde, même si on était bien moins en sécurité hors du village...Bon, Seika était chûnin, il affronterait sans doute les dangers du Yuukan mieux que lui.

Mais l'autre pimbêche les interrompit soudain, et il fronça les sourcils. Peut-être que s'il avait retenu sa mine renfrognée, elle ne serait pas venu le voir lui. N'empêche que si elle était restée une seconde de plus à le fixer ainsi sans parler, il aurait bien lâché une remarque...et elle n'aurait pas été agréable. Tout comme ce qu'elle lui disait maintenant, en fait. Ravalant sa frustration d'être passé d'escorte à porteur de sacs et conscient du regard et du sourire de Seika, il répondit calmement :


Il fronça les sourcils à son ton.

Que le blond se rassure, il le faisait exprès. C'était idiot, peu mature et même pas drôle mais....la mine renfrognée que la petite prétentieuse eut, après avoir compris que c'était volontaire, lorsqu'elle lui poussa les sacs dans les bras ne le lui faisait pas regretter du tout. Maintenant chargé, il se tourna vers Seika, articulant silencieusement avec exagération, tout en montrant l'objet de leur mission du menton :

Il avait complètement relâché sa concentration, mais, à défaut de sentir les chakras de possibles obstacles à la mission, il avait ses yeux dont il se servait pour fusiller le dos de la jeune fille du regard.

J'avais bien conscience des doutes de Dai face à mes objectifs. Il n'était pas le premier à s'en étonner et ce n'était pas non plus le premier à s'interroger sur mon âge. Cette question me faisait sourire et j'y répondais sans attendre.



Neuf années nous séparaient, certains considéreront que ce n'est pas grand-chose. Pourtant, c'est neuf années de plus à travailler comme bras armée de notre village. J'ai connu le génocide Chikara, la guerre contre les Kenketsu, le combat contre la régente... et tant d'autres choses. Je ne dois pas plus reculer, je ne dois plus me lamenter sur mon sort, mais utiliser ce passé pour guider ceux qui sont encore loin d'imaginer les horreurs de notre monde. Il ne s'agit pas de les considérer comme naïf ou inexpérimenté, mais bien de les guider vers leur meilleure destinée.



Notre expédition reprenait une tournure agaçante. J'admirais le calme de Dai face à la situation, il n'y avait rien à en redire. Même pas concernant sa dernière réponse. J'aurais certainement été capable du même comportement.



Dis-je en souriant.

Tout à coup, alors que je continuais à surveiller notre cliente. Je remarquais un homme déjà aperçu près du précédent commerce. Si son attitude ne me paraissait pas inhabituelle au premier abord, son regard était un peu trop insistant. D'un signe de tête, j'indique la direction à surveiller, mais la concentration de Dai s'était quelque peu éparpillé.

D'un petit coup de main sur son épaule, je reprends son attention et lui indique de nouveau qui et quoi surveiller.



La jeune fille s'arrête une nouvelle fois. Nous étions presque arrivés dans le vieux centre-ville et j'espérais que cela allait rapidement mettre un terme à notre mission. Car c'est ici que se trouvait son hôtel. Demain, c'est une autre équipe qui aura la charge de son escorte pour quitter le village. Une bonne chose, Konoha n'avait pas besoin de se coltiner ce genre d'individu.

Finalement, la petite princesse décide de s'asseoir quelques minutes sur la terrasse d'un restaurant. De quoi nous occuper encore quelques bonnes minutes voir plus... également attablé à quelques centimètres, je commande un verre de soda et laisse le soin à mon équipier de passer sa commande. Plus loin, l'étrange homme s'était installé à une table à l'intérieur du restaurant. Était-ce une simple coïncidence ou présentait-il un réel danger ? Sa présence ne devait pas être ignoré.



Alors que nos boissons furent servis, quelques questions me brûlaient les lèvres.



Je n'avais pas vraiment connaissance de ce qu'avait vécu Dai et ses amis, mais des rumeurs couraient... et elles ne sont jamais vraiment loin de la vérité.

Sérieux ? 25 ans ? On était loin des 19 qu'il avait imaginé... Il retint le "Mais t'es vieux en fait !" pour une formulation qui n'était, elle non plus, pas des plus polies. Enfin, ça dépendait si Seika aimait moins être pris pour plus jeune qu'il ne l'était que pour plus vieux...

Bon, au moins, il n'était pas le seul à trouver leur cliente pénible....

Fusillant du regard le dos de la jeune fille, il revint à la réalité en sentant soudain la mai du blond sur son épaule. Il fronce les sourcils vers l'homme qu'il lui montre, méfiant.

C'est là qu'il se rendit compte qu'il avait complètement relâché sa concentration, ne faisant plus du tout attention aux chakras environnants. Quelle bourde. Il remit tout de suite son cerveau au travail, suivant en plus l'homme des yeux avec toute la discrétion qu'il pouvait rassembler.

Finalement, "grâce" à la petite princesse, ils purent faire une pause. Enfin, il ne savait pas trop s'il devait se réjouir, puisque ça prolongeait la mission, mais il n'avait rien contre un petit rafraichissement. Sur le ton de la plaisanterie, bien sûr, il se tourna vers le blond en s'approchant de l'établissement :

De toute façon, ça ne le tentait franchement pas. Il préférait largement un bon soda bien sucré et bien frais. C'était nettement plus appétissant.

Dès que sa boisson fut déposée, il s'en empara avidement et la porta à sa bouche, buvant une gorgée. Il n'aurait pas dut, puisqu'il avala de travers en entendant la question de Seika. Après quelque toussotements, il lui lança un regard incrédule :

Il n'avait pas confirmé la véracité de l'accusation, mais il ne l'avait pas nié non plus...Simplement il ne pensait pas que le Kitto serait au courant. Et puis "autorité"...il allait falloir préciser, mais il préférait connaître la source de Seika avant de répondre clairement.

Il n'avait pas manqué le fait qu'il s'était arrêté au même endroit qu'eux. Ce n'était pas un changement de sujet, pas volontaire en tout cas, simplement un constat.

Cette mission était loin d'être passionnante, même pour un Genin. Je sais combien il est frustrant d'effectuer des missions de « bas étage » comme j'avais coutume de le dire plus jeune. Néanmoins, ces missions permettent d'apprendre les bases de nos stratégies et d'acquérir l'expérience nécessaire auprès des anciens. La déconcentration de Dai en était une preuve, mais il a su rapidement reprendre le dessus après mon aimable avertissement.

Dai semblait être un garçon sérieux, aimable, mais impulsif. En tout cas, il n'avait pas sa langue dans sa poche. Si aujourd'hui elle pourrait lui porter préjudice, cet attrait lui sera très utile à l'avenir pour se faire une place dans ce monde difficile. J'étais plutôt amusé par ses remarques. Je suis peut-être son supérieur hiérarchique, je n'en reste pas moins un jeune garçon à ses débuts dans le monde des adultes. C'est mon expérience passé qui m'a permis d'acquérir cette maturité et ce désir d'apporter mes connaissances aux autres.

Finalement, se sont deux sodas qui avaient été servis. L'alcool était interdite pour les personnes de moins de vingt et un an depuis l'arrivée d'Heiwa au poste d'Hokage. C'est alors que j'avais décidé de rentrer dans le vif du sujet à propos de Mako. Si mes dires n'étaient que pur rumeur, j'avais toutefois connaissance des événements précédents cette anecdote. De plus, mon implication dans le combat politique me forçait à m'intéresser à la femme qu'était Mako. Heureusement, tout cela faisait partie du passé.



Je souris comme si j'étais amusé de la situation. Je n'étais pas là pour le juger, mais ma curiosité me poussait à le questionner.



Autant être honnête avec lui et reconnaître mon implication politique.



Plus tard et faisant suite à notre conversation, Dai et moi avions remarqué le regard insistant de l'homme surveillé. Le fixant à mon tour, je réponds :



Une fois l'homme analysé, je reprends mon attention sur Dai.



Et ce conseil je le suivais également. J'étais prêt à intervenir au moindre mouvement suspect. Si notre arrêt s'éternise, j'irais à la rencontre de cette prétentieuse petite princesse qui n'avait décidément pas conscience de la situation.

Évidemment qu'il pensait que ça n'allait pas faire le tour du village ! Certes, la dame de fer était connue, mais c'était l'anbu ! Tout ce qu'on trouvait sur eux dans les rumeurs était censé être faux, destiné à brouiller les pistes ou à satisfaire la curiosité des commères. Oui, il était déçu de l'aptitude d'un groupe soit disant secret à garder leurs affaires privées. Il écouta le blond en silence.

Il se souvenait de Chikara Oni, il ne lui avait jamais parlé personnellement mais son opposition à la dame de fer lui était arrivée aux oreilles. Et si Seika avait également été un opposant de Uzumaki Mako, comme il le disait....alors il n'était pas sûr d'être dans le même "camp" politique que lui, bien que lui-même n'ait jamais manifesté clairement son opinion....

Oui, le tout était lourd à avaler. En une question et quelque infos, il était passé d'un sujet de discussion assez anodin à un qui n'était pas dans la liste de ses préférés et qui était bien plus sérieux.

Il avait le sentiment que, même s'il en avait cherché la confirmation, Seika savait déjà avec certitude qu'il s'était retrouvé dans une affaire avec la dame de fer, et qu'il n'avait pas été le seul. Il pensait qu'il faisait plutôt référence à son petit séjour en taule, mais ça pouvait aussi être le fait qu'ils aient, lui Kî et Katsuo, failli être ses élèves.... Voire même les deux.

Le genin hocha la tête aux paroles de Seika. Il ne comptait pas cesser de le surveiller de toute façon. Après un moment d'attente, l'homme se leva soudain, se mettant à marcher vers eux. Enfin vers eux....Ils étaient entre lui et la porte de l'intérieur du restaurant, impossible de savoir s'il comptait leur cherchait des noises ou s'il voulait simplement aller à l'intérieur pour une quelconque raison...

Cela aurait été beaucoup plus simple s'il avait couru vers eux en leur criant des menaces de mort. Il ne pouvait pas l'arrêter alors qu'il n'avait aucune attitude agressive, mais il n'était pas non plus sûr qu'agir seulement quand il brandirait le poing soit le moyen le plus sûr...quoique, c'était peut-être leur seule option. Aussi discrètement qu'il pouvait, il avait reculé sa chaise pour être plus libre de ses mouvements et rapproché ses mains l'une de l'autre, prêt à composer ses mudras.

Et tout ce qu'il pouvait faire était de penser aux jutsus qui pourraient lui servir si l'homme s'arrêtait à leur hauteur, alors qu'il se rapprochait de seconde en seconde.