Entre ivresse et désespoir [Libre]

Observant l'un à un les deux autres ninja, Nowaki répondit assez froidement :



Suite à cela, son visage observa la main de Genji. Pensait-il vraiment que le Kaguya pouvait faire ami-ami avec un faible critiquant le système ? Un simple Gaikotsu abandonnant sa famille ? N'était-il pas le premier à accepter ce système ? Bien sûr que oui, une rébellion ne se fait pas dans un bar.



Le dégoût du Kaguya semblait monter. Non, il n'allait pas les exécuter. Rapporter était inutile, ils ne se rebellerons pas. Malgré tout, ils représentaient une certaine forme de faiblesse pour Kiri...

Le pauvre Nowaki est définitivement d'un ennui mortel... de ses mots pleurent la monotonie d'un être mélancolique. Pourquoi ne pas profiter simplement de cette soirée. "S'il doit en choisir une parmi celles à venir, par tous les kamis, faites que ce soit ce soir !" S'amuse à penser Genji. Car quelques soient les paroles du Kaguya, comme le sérieux dont il fait montre, Genji semble y lire un détail appréciable : une certaine fidélité à Kiri la Sanglante.

Mais cette dérive de futilités engendre un léger déséquilibre au bout de la brochette. Et la coupelle jusqu'alors fièrement maintenue s'incline sur Nowaki pour lui tâcher l'habit de saké. Le réflexe de Genji n'y changera rien et le peu d'alcool contenu dans la coupelle se déverse. Rien de bien dramatique aux yeux de Gaikotsu... à ses yeux seulement.

-"Désolé ?" Tente-t-il de s'excuser. L'ivresse de la première bouteille n'est finalement pas qu'une illusion. "J'ai comme l'impression que ça sonne la fin de notre soirée..." dit-il à l'attention de Kitsune, d'un air dépité. Parce qu'au plus profond de lui, il aurait apprécier la compagnie de ces deux là encore quelques heures. La rigueur intransigeante face à la fierté nonchalante. Deux Kaguya opposés amusant à regarder comme à écouter.

Nowaki fut froid dans ses propos, il traitait avec mépris ses deux interlocuteurs mais n'avait lui même guère d'espoir quant à son propre avenir. Elle ressentait toute la haine qu'il leur portait alors qu'ils se détendaient dans ce bar. C'était d'une tristesse...Kitsune lâcha un soupire à travers un sourire amer et ferma les yeux pour se concentrer sur son propre ressenti.
La jeune femme ne voulait pas prendre la place de Gochiro. Elle savait qu'elle n'avait pas l'âme d'une cheffe, mais elle vivait pour la vengeance. L'assassinat devenait peu à peu son meilleur plan. Gochiro était quelqu'un de puissant, elle, était une shinobi. Le propre du shinobi était d'agir dans l'ombre et d’exécuter ses ennemis sans que personne ne le remarque.



Franche dans ces propos, limite vexante, mais elle ne semblait pas s'en rendre compte, elle disait cela très innocemment, comme si Nowaki était un ami de longue date. La Renarde glissa alors un regard vers Genji qui semblait lui aussi ennuyer par la monotonie du Kaguya, il en avait même renversé son sake, tiens.

Observant froidement Genji, Nowaki ne prit pas les paroles de Kitsune en considération. Cette femme représentait le passé. Ceux ne changeant pas. Comme l'oncle Kaguya qui n'avait pas été capable d'oublier le passé et se considérant trop bon pour ne pas estimer le Mizukage. S'énervant à la première seconde puis observant autour de lui, Nowaki se limita à soupirer devant ce geste. De la niaiserie. De la stupidité. Il ne pouvait comprendre une faiblesse aussi grande. Ce Gaikotsu n'était décidément pas d'une grande utilité.



Oh, il finirait pas le regretter. La patience est un véritable don de vengeance pour un homme avisé. Restant aux côtés des deux interlocuteurs sans réellement bouger, il exécutait sa mission. Ne pas détruire l'image des ninjas de Kiri. Il en était aussi un. Ainsi, il se devait de préserver son honneur.



N'observant que le serveur, l'homme ne se souciait plus réellement de la suite des choses. Il n'était là que pour simple prévention. Non, cette mission n'existait pas. Nowaki veillait simplement à la bienveillance de sa nation. Le prix ne pouvait être trop élevé.

Malgré toutes les provocations plus ou moins intentionnelles de Genji puis de Kitsune, Nowaki ne bougea pas d'un pouce et se contenta de soupirer. Il était décidement un monstre de patience. Kitsune perdait son sourire, la compagnie du jeune Kaguya ne lui plaisait plus vraiment. Elle, elle était loin d'avoir une très grande patience.



Elle déposa en pièces et billets le prix de ses consommations de la soirée; un bon petit pécule. A croire qu'elle gaspillait une très grande partie de son solde dans la boisson. Et elle déposa une pièce comme pourboire, comme à son habitude.



Et la jeune femme partit, vers d'autres aventures.

Avoue-t-il, sentant le contre coup de l'alcool et de la fatigue alourdir ses pensées. Avant d'accepter avec plaisir l'invitation dissimulée de Kitsune.



Puis à son tour quitte l'établissement, non sans un signe de tête en guise d'au revoir à Nowaki. Car au fond, Genji sentait en lui la rigueur nécessaire à la renaissance de Kiri la Sanglante. Et il serait heureux de le compter à ses côtés sur le champ de bataille, le moment venu.

Remontant seul vers son appartement, dans la fraicheur de la nuit, le trentenaire distingue avec amusement deux petites billes rondes fixées sur lui.



Lâche-t-il à l'attention de la petite curieuse.

Machinalement, Nowaki se leva. Il avait encore le temps pour faire un bar. Le temps de déloger un autre Shinobi. Le temps de faire respecter l'ordre. Le temps de montrer un horizon nouveau à ce village. Il considérait les perspectives nombreuses mais se plaignait de l'ivresse et de ses alliés. Il n'était sans aucun doute pas fait pour vivre en groupe. La solitude lui suffisait. En sortant, il remarqua le regard noir du barman. Il s'excusa.



Une magnifique soirée...