Seuls au monde

Ombrelle sur l’épaule pour s’abriter des rayons, le voyageur maudissait le soleil clair des premiers du printemps. Il ne savait pas vraiment où se diriger dans ces vastes plaines qui recouvrent le Yuukan. L’errance est une peine qu’il vit depuis bien trop longtemps et cela l’épuise chaque jour qui passe. Aujourd’hui est un jour comme les autres et il ne sait pas vraiment où le sort le guidera. C’est las qu’il attrape une pièce dans sa poche et la lance en marmonnant.



Pile... Il range la pièce et part donc à gauche d’un pas lent et peu décidé. Il fera cela plusieurs fois à divers croisements, marchant toute la journée et se demandant s’il allait finir par trouver un lieu où passer la nuit ou si les étoiles seront de nouveau sa seule compagnie pour la nuit. Elles étaient belles, mais peu bavardes, il faut l’avouer. Le soleil se fait plus discret et c’est avec un soupir qu’il ferme son ombrelle pour profiter du ciel. Le début de la nuit arrive et les lumières d’un petit village sont aperçues, il décide donc de s’y diriger comme un moustique attiré par la lumière.

Il voit sur le panneau que le village en question se nomme Tekunoroji. Un nom sympathique, le nom semble familier, peut-être est-il déjà passé par là auparavant, il ne sait plus… Il à l’impression de perdre ses souvenirs et d’en avoir qui ne lui appartiennent pas par la même occasion. Ses songes étaient parfois étranges et son corps ne semblait ne plus être le sien. Quoi qu’il en soit, l’homme avait soif, il ne s'attarda pas et se dirigea vers ce qui semblait être une auberge. A son grand désespoir, elle est pleine et les places se font rares, mais il trouve un coin isolé sur le comptoir, près d’un mur et décide d’y prendre place sans faire attention à qui se trouve à côté de lui.

Le programme de ma journée s'annonce déjà bien chargé ! Après ce petit incident avec le monstre et cette rencontre avec Kosai, je fais le tour du marché pour m'approvisionner afin de partir vers le village de Kumo d'ici demain matin. Nanao se porte mieux et Tao est toujours en forme. De ce côté là, je n'ai pas à m'inquiéter. De plus, ce gentil "grand homme" m'a réparé le chariot là où quelques impacts, dont je connais les raisons, avait eu lieu.

Le temps défile plus ou moins vite, ce qui me permet de faire le point de la liste déjà faite à mon arrivée à la ville de Tekunoroji. Je peux néanmoins continuer ma petite visite l'esprit tranquille tout en passant par diverses boutiques: apothicaire, boucher, boulanger, primeur, couturier et fermier. Je me retrouve avec pas mal de paquets à transporter jusqu'à ma charrette et m'assure que tout soit bon pour mon grand départ. Je vérifies que rien ne manque à l'appel et le simple fait de faire de telles commissions, la nuit tombe rapidement. Je décides de me désaltérer après cette journée bien remplit à l'auberge où je dors actuellement, mais malheureusement il me reste encore mes comptes à faire. Je rentre à l'intérieur de la bâtisse et profite du calme de début de soirée pour me poser sur le comptoir livre et documents en main.


Puis, attendant ma boisson je plonges mon regard dans tout ces écrits, tout ces chiffres et ces lettres ayant une signification que je ne connais que trop bien maintenant. Dans ce genre de situation mon boulier n'est jamais loin de moi pour m'aider en cas de besoin.

Le temps passe, le temps défile et j'ai quasiment fini de faire mes comptes, mais alors que je lèves ne serait-ce qu'un laps de temps mes yeux de ma feuille, un drôle d'individu vient s'assoir à côté de moi au comptoir. Je ne fais pas attention depuis tout à l'heure, mais lentement le brouhaha général parvient à mes oreilles. Je comprends mieux pourquoi il se place ici en remarquant mon autre voisin d'à côté. Même ma boisson est froide maintenant... Je la saisis alors buvant lentement la quasi totalité du contenu de la tasse, puis je ranges mes affaires dans mon sac. Mais le type à côté de moi me flanque la frousse, il me rappelle ce fou furieux qui me pourchassait et causait les nombreux dégâts de ma voiture...

~ Inconnu assis silencieusement
Des doutes emplissent mes pensées
Qui était-il ? ~

Son regard était perdu et ne semblait sortir de son propre esprit qu’en voyant la tasse fumante arriver devant lui. Il ne la touche pas mais se contente de jouer avec en touchant du bout du doigt le bord de la petite tasse. Son regard était plongé dans une pensée dont il n’arrivait pas à saisir les mots et le sens. Il avait l’impression que tout se mélangeait et qu’un débat se faisait sans son consentement. Il secoue simplement la tête légèrement et pose ses yeux sur le carnet de la personne étant à côté de lui depuis tout à l’heure. Il ne venait de la remarquer que maintenant et ce qui l’intrigue le plus était le Haiku qu’elle venait de mettre en place. Un court instant avant de comprendre qu’il s’agissait de lui, il n’y avait pas vraiment d'autres personnes autour d’eux qui prenaient véritablement place. Il reste cependant silencieux, mais au fond de lui une voix lui dit de parler sans qu’il n’ose le faire.

Mais il perd le fil de sa réflexion quand sans véritablement comprendre sa voix finit par sortir d’elle-même.



Bien des choses étaient sous-entendues ici… Sa fatigue n’était pas physique et le repos, il le cherchait depuis si longtemps qu’il n’espérait plus.

Mon sang se glaçait sur place en entendant les mots que l'homme prononce. Il vient de répondre indirectement à la question que je posais dans mon Haïku. Cela veut dire qu'il lit ce que je fais depuis tout à l'heure ? Je tourne ma tête légèrement dans sa direction, peu rassurée.


Malgré mon jeune âge, je ne suis pas faite pour garder ma langue dans ma poche. Ca ne fait pas de moi une personne hautaine, mais simplement franche. En revanche, je ne pouvais ignorer son état et sa fatigue me semble tout de même réelle.


Dis-je d'un ton bien plus amicale en posant mon coude sur la table, ma tête posée contre ma main et dévisageant l'homme.

Son regard se lève lentement vers la jeune femme, il ne dit rien pendant une dizaine de secondes qui pour lui passent en un claquement de doigt.



Il se tourne en laissant un souffle de lassitude sortir avant d’attraper sa tasse et prendre une gorgée de cette boisson amère. Une saveur aux couleurs de son état d’esprit actuel. Il regarde désormais dans le vide pour ne plus avoir à entendre le fait d’être pris pour une gêne. Mais cette fois-ci, ce sera au tour de la demoiselle de l’interpeller.

Seul son regard se tourne vers elle. Plus agréable que précédemment, il ne savait pas sur quel pied danser en la regardant.



Un nom qui lui plaisait plus sa véritable identité, mais il avait lui-même des doutes à ce sujet. Mais il regarde un instant avec plus d’attention la brune aux yeux verts, une Sekken donc. Rien d’étonnant à ce qu’un haiku soit de mise.

Je fais abstraction de sa remarque. Après tout, je me suis déjà excusée et de manière générale je ne dis pas ce genre de choses dans le vent. Il me questionne pour savoir ce qui m'emplit de doutes le concernant. Malgré ses mots qui se veulent rassurant je m'en méfie tout de même pour le moment. Je soupires alors, prise la main dans le sac et pour na pas être entendue par le reste de la salle je lui chuchotes.


Reprenant ma position initiale et ne chuchotant plus j'enchéris:


Je suis encore jeune, je découvre donc le monde tel qu'il est. Certes, le danger existe bel et bien, mais s'il n'y a plus personne pour s'aventurer et pratiquer divers commerces ? C'est toute une économie mondiale qui s'éffondre en plus de créer une famine pour certaines régions où rien ne pousse. En revanche, l'homme semble particulièrement perdu à penser depuis tout à l'heure.

Une réflection étrange de la aprt de la jeune fille qui ne semblait plus être sur la défensive. Il tâche de faire la même chose et se montre moins “agressif”. Il ne change pas véritablement de ton, ni d’intonation, il reste tout aussi calme et fatigué qu’il ne l’était auparavant. Une rencontre fortuite de la part de la demoiselle qui perdait la confiance en l’inconnu. Qui pourrait la blâmer après tout ? Il n’était pas si étranger à ce type de rencontre, mais il n’était pas pour autant aussi méfiant. Il ne voyait pas vraiment en quoi les vêtements qu’il portait étaient un signe distinctif. Il est vrai qu’en règle général, ils étaient porté par les prêcheurs de bonne parole.





Une gorgée coule et il pose délicatement la tasse. Il était perdu dans ses pensées en effet, à quoi il pensait était une chose qu’il ne savait pas lui même. Était-ce ses propres pensées au moins ? Il semblait entendre du bruit mais se rassure en se disant qu’il s’agissait des gens présent dans le bar qui parlaient derrière lui. Une idée saugrenue qui le rassure sur l’instant. Il se masse les tempes tout en faisant l’effort de ne pas montrer l’agitation qui lui prenait la tête.



Une fois de plus, il parlait de ce voyage. La destination n’en était pas une, enfin, il ne le savait pas vraiment, mais il cherchait à savoir ce qui allait bien pouvoir se faire. Bien que dans l’envie de se morfondre, il n’avait pas envie d’être vue comme l’éternel rabat-joie.

Sa manière de parler est très énigmatique selon mon point de vue. Une personne censée d'esprit connait généralement sa destination même si le chemin peut parfois être soit plus court ou plus long que prévu. Peut-être que cet homme est tout simplement blasé de la vie quotidienne et que c'est ça manière de s'exprimer ? Je penses être un peu parano à me faire des films depuis cette attaque lorsque je parle à une tiers personne. De méfiance, j'ai presque de la peine de me dire que des êtres humains peuvent penser que le cycle de la vie n'est que répétitive en plus de pouvoir être ennuyeux. Après, je ne connais pas le vécu de cette personne pour écouter sa "plainte" de son voyage... infini. Il rétorque ensuite que son "blabla" est sans véritable importance avant de me demander si ce n'est pas difficile de vivre comme je vis.


Dis-je avec un léger sourire en coin usant d'un ton calme et de ma toute petite voix d'adolescente.


De pus, je ne suis qu'au début de ma jeune vie alors que l'homme, lui, me semble avoir plus de choses à raconter.


Si je peux connaître un peu mieux certains lieux à éviter ou autre, ça pourrait potentiellement me donner un grand coup de pouce dans le début de ma carrière en plus d'un petit gagne temps à travers ses récits.

Une mauvaise passe était probablement plus agréable aux yeux de l’homme. Il semblait être en face de son opposé en la personne de cette Sekken bien trop heureuse dans ce monde aux multiples facettes et à la cruauté sans nom. Il tâche de ne pas trop se montrer rabat-joie, mais il n’était plus l’esprit enjoué de son enfance. Il ne savait en effet pas comment remédier à la vie elle-même, un problème dans son cas, une bénédiction pour d’autres.



Il n’était pas spécialement enjoué de la suite du récit, une leçon de vie comme on en entend partout dans le Yuukan. Il n’allait cependant pas se montrer réfractaire à ses idées.



Il reprend sa tasse en main et boit dans un soupir le liquide noir et amer qu’il avait commandé. Il était froid désormais, il ne pensait pas avoir parlé autant ou aussi longtemps, peut-être que ses absences lui avait fait perdre le cours du temps plus qu’il ne le pensait. Il se rassurait simplement de se souvenir de chacun des mots qu’il avait prononcé, un fait rare. Mais en réfléchissant à la durée de son voyage, il préfère ne pas s’étendre étrangement. Pourtant, c’était un moyen de terminer son voyage comme un autre non ?

J'écoute patiemment l'histoire de cet homme qui réussit à titiller ma grande curiosité concernant les découvertes et les voyages. Sa manière de voir les choses est plutôt particulière pouvant laisser croire qu'il se trouve bloquer dans le temps. J'entrepose ma tête un peu plus au creux de ma main, toujours accoudée au comptoir écoutant davantage ses récits. Ce qui est triste le concernant ce n'est pas le côté rabat-joie qu'il pense avoir, mais plutôt son côté las de la vie. A croire qu'il aimerait en finir...


Je restes silencieuse en continuant d'ouïr le moindre détail.

Puis, soudainement lorsqu'il parle de créatures vivants dans les montagnes enneigées je ne peux m'empêcher de redresser la tête, affichant un air surpris. D'après les récits de père et mère il existe de nombreux clans dont j'ignore encore le nom. Ils me parlaient plus jeune d'un clan d'homme-poisson, donc peut-être que ces créatures appartenaient elles aussi à un clan ? Ou une secte ?


Peut-être cherche-t-il tout simplement à me faire peur à travers de mythe saugrenue ? En tout cas, c'est ce que j'aimerais croire, mais je suis persuadée qu'il me dit la vérité. Quel intérêt de mentir dans un monde où il existe des possesseurs de chakra ?


Assise de façon plus "lady", j'attends sa réponse mes yeux émeraudes captivées par son savoir et son histoire.

Son silence impose un sentiment de malaise et l’homme sent qu’il n’a pas été des plus rassurants sur sa manière de penser et de voir le monde. Il cherchait la fin tout en l’esquivant, une bien étrange manière de vivre pour tout avouer, mais il n’était pas ici aussi sereinement dans l’espoir de se faire des amis. Ses yeux et sa chevelure devraient inquiéter les gens et les rendre nerveux de sa présence, mais il fallait qu’il tombe sur le pub où personne ne semblait être sorti de son petit confort et se sont contentés d’histoire au lieu de les croire.



Son calvaire n’était pas prêt de s’achever, il ne pouvait que tourner encore et encore. Les villages ninja n’étant pas ses destinations favorites par crainte de vouloir le “guérir”, il devait bien avoir parcouru me Yuukan de fond en comble autrement. Un voyage qu’il recommençait et recommencerait tant que son heure ne sonnera pas. Il tente de ne pas inquiéter la jeune fille en adoptant un visage souriant, mais le regard qui lui était triste n’évoquait rien de plus que du désespoir. Il ne voulait cependant pas rendre aussi morose la demoiselle qui découvrait le monde et pétillait encore de joie de vivre et lui posant tout un tas de questions sur les choses qui habitent et vivent sur le Yuukan.





Il secoue la tête et prend un temps avant de reprendre la parole.

J'ai du mal à le croire concernant le fait qu'il ai oublié la manière de s'échapper des griffes de ces "créatures". De plus, il me parle d'être plus humain que monstrueux... Cela me fait légèrement lever mon sourcil, me donnant un air un peu dubitative concernant ses paroles. Ensuite, sa réaction est étrange, quelque chose semble le gêner il vient à l'instant de se secouer la tête. Je me demande si je fais bien de rester là à écouter ses récits ? Pour ne pas l'interrompre, j'attends qu'il finisse avec la plus grande sagesse et patience possible. Mais là encore, il arrive à me fasciner par ces histoires de vampire comme dans les comptes et ces Mi-a-shi-ga ? Non, ce n'est pas ça. "Les gens se méfient des êtres difformes, mais c'est de ceux qui nous ressemblent dont on doit se méfier." Je le regarde de mes yeux émeraude ne comprenant pas vraiment ce qu'il veut dire par là.


Mais une autre question me vint en tête.


Puis, mon sang se fige en une fraction de seconde. Et si, lui, était l'une de ces créatures ? Je ne peux me permettre de laisser cette supposition de côté ! Surtout après l'attaque de ce type louche qui me voulait du mal... J'attends que l'homme me réponde, laissant une goutte de sueur glisser le long de ma tempe.