Idéal et Utopie

Quelques minutes plus tard....

J'essuyais mes larmes, et relevait mon visage collé contre le tissu du grand sauvageon. Ce dernier avait enlevé sa capuche, pourtant son visage ne m'étais pas visible, il était à contre-jour, je n'observais qu'une ombre sombre penchée vers moi, une ombre chaleureuse pour autant. Cela faisait si longtemps que je ne m'étais pas senti comme avec la famille.

J'étais à l'aise, j'aurais presque pu me croire chez moi, après tout ce dernier avait été très gentil. Il m'avait déjà nourri, puis il a discuté avec moi pour ensuite me consoler alors que moi je n'ai cessé de le repousser, d'être méchant avec lui... Comment une telle personnalité pouvait émanée d'un village aussi fané que celui de la feuille ?

Finalement je me redressais, me remettait droit. Il était encore tôt et la journée ne faisait que débuter. De plus il me restait encore bien du chemin à faire avant de rencontrer de nouveaux paysages. Peut-être que ce grand gaillard voudrait bien m'accompagner, après tout il avait l'air de ne pas vouloir me laisser seul dorénavant.



Je faisais un peu ma tsundere, je disais les choses de façon à proposer tout en montrant qu'il ne m'était qu'optionnel, qu'il n'était pas non plus important. Ce qui était totalement faux, sa présence m'était presque nécessaire, après tout il était peut-être un inconnu à mes yeux, mais j'avais l'impression de le connaître, d'être familier avec lui. Peut-être accepterait-il ?

Le gamin relevait la tête, il me regardait, je sentais son visage tentant de décerner les traits de mon visage, mais il ne pouvait pas, j'étais en contre-jour... Il n'y avait aucune chance de voir mon visage, et heureusement pour moi. Finalement ce dernier m'annonça qu'il allait repartir à l'aventure, repartir à la découverte du monde.

Je voulais être son médiateur, je voulais l'accompagner, mais bon comme aurais-je pu suivre un inconnu à l'autre bout du monde. Peut-être était-il en réalité un petit con, ou peut-être était-il en réalité un fou ? En tout cas je ne pouvais le suivre sans lui poser des questions, sans en apprendre plus sur lui, après tout ce n'était pas un voyage de courte haleine, je ne le ramenais pas simplement dans le quartier d'à côté.



Je marqua une courte pause avant de reprendre :

J'étais jeune, fougueux, idiot, mais j'avais bien une chose qui me faisait souffrir bien plus que mon ignoble personnalité. J'étais l'esclave de mon passé, blessé par ce dernier me laissant une cicatrice intemporelle. Je subissais ce dernier, subissais ma mémoire et surtout l'inconnu, mais qui était-il afin de me demander mon passé ? A vrai dire j'en avais rien à foutre, pourquoi pas lui raconter finalement.

Ainsi alla la conversation, mon passé, ma vie, je lui racontai tout ce que je savais, bien sûr pas en détail je n'avais pas non plus la journée mais je racontai le plus possible. Mon histoire n'était pas belle à entendre, après tout j'étais un criminel, un assassin, un enfant soldat, mais n'était-ce pas là la profondeur de mon âme, une abîme terriblement sombre et obscurcit par le meurtre d'un proche, certes. Mais n'était-ce pas là aussi une qualité que d'avoir vécu le pire afin de connaître la misère que l'on a et l'insatisfaction que nous procure le meurtre et la vengeance ?



Finalement je lui reposa la question afin de savoir s'il voulait réellement m'accompagner. Après ce discours sûrement accepterait-il, il avait l'air de me ressembler, sa capuche en disait déjà beaucoup sur sa personnalité, sûrement un homme meurtri par son passé lui-aussi. Sûrement nous pourrions bien nous entendre !

Le jeune homme s'était relevé, ses yeux n'étaient plus emplies de larmes et finalement je pouvais observer un regard qui me plaisait. Un regard empli de déterminations et de dizaines d'autres sentiments qui s'entre-choquaient dans le corps de ce petit garçon. Il me plaisait vraiment, je voulais vraiment l'aider, l'élever, faire de lui un homme bon, un homme qui ne ferait pas mes erreurs.

Je me redressai moi aussi, levai mon regard vers l'horizon et lui répondait à la question qu'il venait de poser par un :



Enfin nous nous mirent en marche et très rapidement Iwa ne fut plus qu'un souvenir au plus profond de nos mémoires.... Adieu Iwa.