Yue cherchait donc réellement à mettre à mal son propre empire. Je me demandais tout de même quel était l’idée derrière tout cela. Fragiliser la nation qu’elle prétendait tant aimer était une chose dangereuse et les opportunistes ne manquaient pas, je le sais bien, j’en suis une. Toutefois elle recherchait quelque chose qu’il était complexe de retrouver, les Kemuri – s’ils existent toujours bel et bien – ne se montraient probablement pas au grand jour en s’exclamant faire partie d’un clan disparu. Les survivants devaient être des gens plutôt malins, ou alors des couards, mais ces derniers ne survivent pas bien longtemps seuls en général.
« S’en prendre à Kumo n’est pas chose aisée. C’est même très risqué. Même si tu parvenais à retrouver l’un d’eux, es-tu seulement certaine qu’il acceptera de t’aider ? L’envie de vengeance à ses limites, ça ressemble un peu à une mission suicide d’attaquer un Empire. J’imagine que tu as déjà réfléchie à ce genre de chose mais… j’ai du mal à voir une lueur d’espoir dans ta tentative, sans vouloir t’offenser. »
Elle ne semblait en tout cas pas particulièrement pressée. J’avais l’impression qu’elle sautait sur l’opportunité pour voyager plus que pour réellement retrouver un clan disparu. Je me demandais si elle même y croyait vraiment. Je ne la pensais pas idiote, néanmoins je me demandais si sa haine n’obscurcissait pas son jugement. Enfin, j’étais mal placée pour la juger sur ce point, j’aurais tout fait pour exterminer les Chikara si j’en avais l’occasion.
« Je vais peut-être pouvoir te donner un coup de main. Il faudra néanmoins que tu me fasses confiance, si ce n’est pas trop difficile pour toi. »
Elle qui me demandait ce qui façonnait mes choix et mon quotidien, elle n’allait pas être déçue de la réponse, ou peut-être finalement… En vérité, c’était la raison la plus simple qui soit, il n’y avait pas à chercher midi à quatorze heure. Je considérais déjà Konoha comme perdu, je n’avais plus rien à faire là-bas. Les Chikara pouvaient bien garder leur forêt et la partager avec tout les clans du coins, ce n’était plus mon problème. Peut-être retournerais-je aux côté de Gekido si je mettais la main dessus, mais même là, rien n’était moins sûr. J’avais pris goût à cette vie d’errante, je ne devais rien à personne, je faisais tout qui me plaisait lorsque je le voulais. Et en plus, ça payait largement mieux que les boulots les plus « légaux ».
Dis-je en riant légèrement avant de boire une nouvelle gorgée dans ma choppe qui était déjà presque vide.
« Je suis libre de faire tout ce qui me plaît, pourquoi irais-je m’embêter d’un quelconque objectif probablement inatteignable ? Je voyage, je gagne en un contrat ce qu’un shinobi lambda mettrait une année à obtenir. Et d’habitude, lorsque je ne suis pas obligée de me terrer dans un trou pareil, je profite des plaisirs de la vie. »
Et ceux-ci étaient nombreux. J’étais une personne simple finalement. En mettant de côté ma haine pour les Chikara, j’étais plutôt de bonne compagnie à vrai dire. Ce n’est pas avec moi que vous resteriez à vous regarder dans le blanc des yeux en attendant que le temps passe, j’aimais bouger, j’aimais l’action, je ne parvenais pas rester inactive bien longtemps. La vie d’errante était finalement parfaite pour moi.
« En parlant de plaisir de la vie, tu devrais peut-être te laisser un peu aller de temps en temps. Tu n’es plus dans tes beaux quartiers de Kumo miss Hattori. Tu n’as pas besoin d’avoir l’air aussi froide et tendue en permanence tu sais. »
Ma réflexion n’allait probablement pas lui plaire mais tant pis. Avec un peu de chance elle allait m’écouter et retirer ce balais coincé dans… un endroit peu convenable. En même temps, à quoi je m’attendais ? C’était une Hattori, une noble finalement. Je crois que mes parents auraient aimés une fille comme elle, ils étaient bien plus délicats que moi. Je n’avais aucune gêne, aucune honte de quoique ce soit, j’assumais pleinement la personne que j’étais. Mes actes pouvaient déplaire à certains, cela ne regardait que moi. J’avais toujours été assez isolée, j’étais jalouse de l’attention que pouvaient obtenir les autres alors que moi je n’étais toujours que la « bonne 2e ». J’avais toujours eu cette sensation d’entrave. C’est Konoha qui m’empêchait d’être réellement moi. Toutes ces règles, cette « discipline ». Je n’en avais que faire, tout ce que je voulais c’était vivre avec tout ce que le monde avait à m’offrir. Je n’étais tout simplement pas à ma place dans un village militaire. Quant au à ma haine envers les Chikara, c’était une tout autre raison. Les conséquences du passé j’imagine.
« Je vais venir avec toi à Tekunorojï, une fois là-bas je vais te montrer ce que c’est de vivre. Il paraît que c’est la plus grande ville du continent, avec tout l’argent que nous avons en poche il sera aisé de trouver de quoi nous occuper tu verras ! »