Ce long hiver était enfin derrière moi, et avec lui tout mon parcours depuis Koya. Débarrassée de cette foutu pierre je n’avais plus qu’une idée en tête : trouver le meilleur équipement qui soit. J’avais donc désormais deux destinations, Tsuyo était la première puis je planifiais de me rendre ensuite à Tekunorojï. J’arrivais enfin à cette fameuse citadelle, je n’y avais jamais mis les pieds mais je savais une chose, ici l’utilisation du chakra sous quelconque forme était tout bonnement proscrite. Je décidas donc de me tenir à carreau et de ne pas attirer l’attention, c’était déjà suffisamment le cas avec ma chevelure qui dépassait de ma capuche. Je passas une petite heure à écumer les marchés quand une affiche retint mon attention. Le lendemain un tournois d’art martiaux était organisé, promettant une grande récompense à quiconque l’emporterait. Cela ne manqua pas de me taper dans l’œil, le kenjutsu était une des raisons de ma survie jusqu’ici après tout. Même sans utiliser de chakra, j’avais suffisamment confiance en moi pour prétendre gagner le tournois. Alors après avoir passé dix minutes à tourner en rond, j’ai finalement réussie à rejoindre l’arène pour m’y inscrire. Le petit entretien fut amusant, notamment lorsque l’on me demanda de signer une décharge indiquant que j’étais prête à mourir dans l’arène. Je n’avais rien contre, mourir ici n’était pas dans mes plans après tout. J’en profita pour déposer mon épée chez un forgeron, celle-ci manquait cruellement d’entretien et ce fut là mes premières dépenses. Je fis un passage dans une boutique de vêtement pour en trouver d’autre me convenant mieux que des habits de fermière… Puis je passa le reste de ma soirée bien tranquillement dans la chambre d’une taverne après m’être enfilée une dizaine de pinte dans celle-ci… Mon sommeil fut lourd.
Et le réveil encore plus. Sacrée gueule de bois que j’avais ce matin là, j’avais l’impression de me faire défoncer le crâne à coup de marteau. Enfin, je n’étais pas du genre à me morfondre dans mes complaintes, après avoir récupéré mon épée j’en profita pour m’entraîner jusqu’à midi, heure à laquelle le tournois devait débuter. Une fois le moment venue, je me rendis dans les immenses salles de pierre réunissant tout les guerriers. Cela ressemblait plus à des geôles d’ailleurs. La plupart me regardaient de travers, je n’avais pas pris la peine de cacher mes cheveux ici, les gens venus se battre se fichaient bien de ma provenance, non ils voyaient simplement une jeune femme qu’ils allaient pouvoir tuer très vite. Du moins c’est ce qu’ils pensaient. Je m’assieds donc tranquillement dans un coin, les jambes et les bras croisés, attendant patiemment le coup d’envoi du tournois. J’écoutais d’ailleurs l’annonceur qui expliquait les règles :
« Bienvenue à tous et à toutes pour le 53e tournois annuel de Tsuyo ! Comme chaque année, de multiples combattants pensent avoir ce qu’il faut pour remporter le prestigieux prix ! L’année dernière, le vainqueur est repartit avec assez d’argent pour racheter un village entier, oui oui, je vous le dis ! Mais pour cela, il a du traverser moult épreuves ! Laissez moi vous rappelez le déroulement du tournois. »
« Dans un premier temps, 8 mêlées différentes auront lieus. Le gagnant de la mêlée composée d’une trentaine de personne se verra ensuite confronté aux autres gagnants dans des combats en équipe de 2 ! Puis, les coéquipiers gagnants s’affronteront alors l’un et l’autre pour une place en finale ! Qui sera assez fort pour triompher de tout ses adversaire ? Aurons-nous cette année un nouveau traître tuant son coéquipier pour s’assurer une place en finale ? Ou encore un abandon laissant un guerrier seul face à son destin ? Tout est possible ici ! Surtout au vu des merveilleux combattants de cette année, je vous promets de belles surprises ! »
Je ne pus m’empêcher d’afficher un sourire de satisfaction en regardant les guerriers autour de moi. Il y avait de tout les profils ici, allant du frêle bagarreur aux plus costauds capable de vous broyer les os d’une seule main. Nous avions tous déjà été répartis selon nos groupes de mêlées, les personnes autour de moi allaient donc tous être mes adversaires. Étant dans le second groupe de mêlée, j’eus le temps de les observer un par un pour essayer de comprendre comment je pourrais me débarrasser d’eux facilement. Lorsque le gong retentit pour signifier la fin de la première mêlée je ressentis l’adrénaline monter en moi, ça allait être mon tour. Sur trente personnes il ne devait rester que moi debout. Le moment venu je pénétrais dans l’arène sous le soleil cuisant, les spectateurs applaudissaient alors que des cadavres étaient encore en train de se faire retirer du sol. J’avais du mal à comprendre comment de telles choses pouvaient susciter l’intérêt de tout un peuple, mais nous étions tous volontaires pour mourir aujourd’hui après tout.
Il était l’heure de débuter, et très tôt trois des combattants avaient apparemment décidés de m’éliminer en première. Quelle indélicatesse, tant de misogynie face à moi et c’était pourtant tellement stupide. L’un d’entre eux se fit vite transpercer par derrière, ils ne cherchaient tous qu’une seule chose, être le dernier en vie. Il n’y avait pas d’alliance possible ici… La mêlée se déroula sans mal, le dernier combattant me causa néanmoins des soucis. Cette grosse bute était à deux doigts de me briser le dos, une chance que j’ai toujours un couteau en réserve. Je lui tranchais subitement la gorge sous le vacarme assourdissant des spectateurs qui en demandaient toujours plus. J’avais survécu à la première épreuve.
« Oooooh ! Cette femme aux cheveux flamboyant semble être la dernière encore debout ! Nous avons notre gagnante de la seconde mêlée, je vous demande un TONNERRE d’applaudissement s’il vous plaît ! »
Alors que la foule semblait commencer à me porter dans son cœur, je quittais l’arène maculée de sang. Je regardais rapidement les cadavres à mes pieds, tant de personnes espérant simplement une vie meilleure plus facilement, quel dommage de gâcher ceci en venant se perdre ici. J’étais comme eux finalement, mais ce n’était pas pour une vie meilleure, j’étais simplement cupide. Un cruel défaut selon certains, une qualité selon moi. Et la mort n’était pas une chose qui m’effrayait, je ne voyais là qu’une opportunité de plus parmi tant d’autres. Les autres mêlées s’enchaînèrent, aucun combattant n’avait retenu mon attention, à l’exception d’une seule. Cette femme aux cheveux noirs ornés d’une mèche blonde, un masque cachant son doux visage. Pour une raison que j’ignorais, elle me semblait extrêmement familière, bien que je ne l’avais jamais vu de ma vie, je m’étais surprise à m’attarder sur elle durant quelques secondes lors de sa victoire durant la mêlée, chose qui ne m’était pas arrivé avec les autres. Bêtement, alors qu’elle semblait bien meilleure que ses adversaires, j’avais envie d’affronter cette personne.
Les mêlées étant terminées il me fallait désormais faire équipe avec l’un des autres gagnants. Nous partagions donc le même lieu de préparation. Il s’agissait d’un homme assez frêle, il possédait une lance ainsi qu’un très léger bouclier. Je l’avais vu combattre un peu, il était du genre agile, j’espérais juste qu’il ne vienne pas me poignarder dans le dos. Idée qui quitta vite mon esprit lorsqu’il s’adressa à moi :
« J’moccupe de tout p’tiote. Tu n’auras qu’à te mettre dans un coin et regarder bien sagement. Au moins si tu es reposée nous aurons un combat équitable en demi-finale. »
Je ne savais pas trop si c’était de la bienveillance ou de l’arrogance, au vu du ton qu’il employait c’était sûrement la seconde option. Comme la majorité des personnes présentes au centre de l’arène en vérité. Nous avions tous suffisamment confiance en nous pour l’emporter, la ligne avec la surestime de soi était fine néanmoins. Étant le premier groupe en quart de finale, nous pénétrâmes dans l’arène. Face à nous, un homme d’assez petite taille possédant deux dagues, et l’autre me rappelait étrangement les habitants de Koya, c’est du moins ce que me rappelait son teint basané. Comme il l’avait annoncé, mon coéquipier prit les devants, je resta en arrière à observer, mon épée plantée dans le sol. Il était vraiment doué, il avait réussi à entailler la jambe du plus petit avant de couper un bras au basané qui, accablé par la douleur décida de lâchement abandonner. Mais la confiance de mon camarade fut vite redescendu. Il se prit un coup de poignard dans l’estomac, un second dans la hanche, puis un troisième, un quatrième… Après avoir reçu une dizaine de coups, je le vois ramper vers moi, il tendit la main un instant dans ma direction avant de s’écrouler raide mort. J’esquisse alors un léger sourire, en plus de me faciliter le travail pour ce combat, il venait tout bonnement de m’offrir ma place en finale. Je ne peux m’empêcher de chuchoter quelques mots :
« Moi qui te prenait pour un mauvais garçon, tu étais en vérité très gentleman, quel dommage ! »
La foule commençait néanmoins à trouver le temps long, surtout compte tenu du fait que je n’avais pas bougé d’un centimètre depuis le début du combat. Les hués commencèrent à se faire entendre, je poussa simplement un long soupir avant de retirer mon épée plantée dans le sol. Le pauvre type en face de moi tenait à peine sur sa jambe. Je pris une impulsion, puis après une feinte avec mon épée, j’effectue un léger saut sur son flanc pour lui entailler les tendons d’Achille. Je savais bien que la blessure l’empêcherait de tourner rapidement sur lui même, je n’ai jamais prétendu ne pas être une combattante lâche. Il tomba très vite à genoux, hurlant de douleur. Je jugeais que le combat était terminé, mais c’était sans compter la foule… Ils semblaient réclamer sa mise à mort, cela ne me dérangeait pas vraiment mais ça n’avait pas grand intérêt…
« Désolé l’ami, je t’aurais bien laissé en vie mais les gens d’ici n’ont pas trop l’air d’accord. Sayonara ! »
Lui dis-je tout naturellement avant de lui transpercer le dos avec mon épée. Mon séjour chez les forgeron aura visiblement été utile, elle coupe et transperce comme dans du beurre ! Enfin bref, la mort de mon coéquipier me projetait déjà en finale, voilà qui était vraiment pratique, un gain de temps en somme. J’observais attentivement le prochain combat, plus spécifiquement la femme que j’avais repérée un peu plus tôt. A mon grand plaisir elle était sortit victorieuse de son combat en équipe, une chance de plus de l’affronter en final. Les affrontements avaient duré toute la journée, la fin du tournois se déroulait le lendemain. Je me demandais si les dirigeants assistaient à ce tournois, et qu’est-ce qu’ils penseraient en voyant une Uzumaki se pavanant au milieu de leur arène, et encore, si ça n’avait été que moi… Je pris alors la soirée pour me reposer, un bon bain chaud pour les blessures mais pas d’alcool cette fois. La finale allait sûrement être bien plus compliquée que le reste des combats, il fallait que je sois au top de ma forme...