Voilà désormais bientôt 48h que la ville est en alerte. Un meurtre, non deux, au beau milieu du centre-ville ? Qui aurait pu prévoir une telle folie ? Je me délectais de ce chaos, tout s’était si bien déroulé, c’était presque trop beau pour être vrai. Cerise sur le gâteau, Atsuro était parvenu à me ramener Saori. Le Hattori aura donc été utile jusqu’à la fin.
De mon côté, je me faisais toute petite, je me « remettais » des blessures engendrées par l’attaque factice sur mon escorte. Qui donc dans ce monde pouvait-il oser s’en prendre ainsi aux dirigeants des Rihatsu ? La question était sur toutes les lèvres, et le peu de personnes ayant sous-entendu que j’avais quelque chose à voir avec cela avaient mystérieusement disparues ou ne tarderaient pas à l’être. Après toutes ces années à donner mon âme pour ce clan, j’approchais enfin du vrai pouvoir.
Je devais encore m’occuper de la Chikara, elle était désormais la seule restante sachant la vérité, ce qui était, disons-le, dérangeant. J’avais demandé à Atsuro de bien l’attacher dans une cave, au sein d’un vieux quartier de la ville. Il avait parfaitement suivi mes instructions, j’avais alors veillé à au moins nourrir ma prisonnière, et l’objet de ma vengeance personnelle. Je l’avais évidemment épargné par intérêt, cette petite garce et sa copine étant venues m’humilier chez moi, c’était une chose que je ne pouvais laisser passer. Et puisque nos deux amies du peuple aimaient se faire bien voir, j’allais leur donner l’occasion de faire une jolie apparition publique.
Au beau milieu de la nuit, je parcourais discrètement les rues de Tekunoroji. La garde était sur le qui-vive, et je préférais que l’existence de la Chikara reste secrète pour le moment. Non contente d’être celle qui me permettrait de me venger, elle pouvait faire le bouc-émissaire parfait. Une nukenin mercenaire, Chikara de surcroît, peu de personnes croiraient en son innocence si je me décidais à l’accuser.
Je rejoignais alors le lieu où elle avait été enfermée, d’anciennes cellules oubliées par la plupart des gens, où seuls les enfants perdus ou les rats mettaient généralement les pieds. L’endroit parfait pour garder quelqu’un en ville sans trop éveiller les soupçons.
Criais-je tout en tapant ma bague contre les barreaux de la cellule.
« Enfin… Debout… Fais comme tu peux quoi ! Plutôt sinistre comme endroit, non ? Un ancien poste de garde abandonné, je me suis toujours demandé ce que je pourrais faire de la prison, et te voilà ! »
Je fixais la jeune femme avec un regard amusé. Cette dernière était enchaînée de sorte à ce qu’elle ne puisse pas faire usage de son chakra. Emprisonner un ninja était toujours un calvaire, pour peu que vous n’ayez pas de chance, votre prisonnier pouvait être capables d’effectuer des jutsus sans le moindre mudra, mais c’était quelque chose de plutôt rare. Nous n’avions pas le luxe de bénéficier des prisons de Kumo ou Konoha, nous devions donc procéder autrement, pour notre propre sécurité. Ici, c’était plutôt simpliste, mais je dois reconnaître que les civils de Tekunoroji savaient se montrer inventif. Tandis que le prisonnier était maintenu bras tendus et enchaînés, un mécanisme était relié aux chaînes. Si ces dernières se brisaient ou ne recevaient plus assez de tension, une planche barbarement ornée d’aiguilles en fer se décrochait du plafond pour venir vous empaler. Il n’y avait pas besoin de chakra pour trouver mille et un moyen de tuer quelqu’un après tout.
« Mes félicitations pour le contrat ! Du poison, c’est franchement vicieux comme méthode, mais c’est indéniablement efficace en plus d’être très ironique. Dame Nora était une experte dans le domaine, je suis curieuse de savoir comment tu t’y es prise. L’as-tu versé directement dans leurs boisson ? »