La discrétion que je veillais à maintenir fut un échec total à l’arrivée de notre cher Nori. A mon grand désespoir, nous n’avions vraiment pas la même façon de travailler. Décidément, bon nombre de Kumojin ne connaisse pas la finesse. Néanmoins, son comportement se faisait rapidement oublier à la vue du colis qu’il transportait. Qui était ce jeune garçon ? Qu’avait-il avoir avec nos recherches ? J’étais en tout cas ravi de voir que nous avancions à grand pas sur cette enquête. C’était un peu trop facile à mon goût…
A l’appelle de mon camarade, tout les yeux étaient rivés sur moi lorsque je lui fais comprendre que j’arrivais, d’un signe de la main. Le sac poubelle en main, je m’approchais calmement, préférant ignorer sa maladresse sur mon prénom. Désignant d’un signe de tête le jeune homme qui l’accompagnait, je dis :
Puis je portais toute mon attention sur ceux que j’espionnais quelques minutes auparavant.
D’un geste brusque, je vidais le contenu du sac sur la table. Foutu pour foutu, autant oublier la méthode discrète. Puis, passant ma main dans les détritus, je fis apparaître un sachet de tabac à pipe. Les deux hommes attablés le fixèrent, laissant se dessiner des yeux interrogateurs sur leurs visages. Jouaient-ils la comédie ou nous avais-je mené vers une mauvais piste ?
« Vous reconnaissez ce sachet ? »
« Mais vous êtes complètement tarer ! Espèce de… … ... »
Le doigt pointé dans la direction de l’homme injurieux, il venait de subitement perdre le son de sa voix. Dans la panique, il commença par essayer de parler, puis, une fraction de seconde plus tard, il porta ses mains au niveau de sa gorge laissant entrevoir de la panique. Une angoisse naissante qui laisser perler une sueur froide insoutenable. Alors que son front s’humidifiait de plus en plus dans sa lutte pour retrouver son langage, je me mis presque à rire.
« Comment dit-on déjà ? Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ? »
Soudainement, l’homme reprit la parole lorsque je laissa ma main retomber dans le vide. On pouvait l’entendre se racler la gorge et respirer de façon irrégulière. Il ne faisait plus aucun doute pour personne que j’étais celui qui l’empêchait de parler.
« Si je suis capable de te faire taire, de quoi crois-tu que je suis capable si tu ne réponds pas à nos questions ? »
Le ton était donné et je ne me reconnaissais pas dans ce comportement. Pour autant, je ne regrettais rien car j’agissais pour le bien de mon village.
« Votre discussion n’a eu aucun secret pour moi. Je vous ai entendu parler de deux femmes Kaguya. Qui sont-elles et où se cache-t-elle ? »
« Je vous jure, nous ne savons rien. Je n’ai fait que répéter ce que j’ai entendu. »
« Tu devrais te monter plus coopératif ou ce n’est pas seulement ta voix que tu vas perdre ! »
Tout à coup, une voix retentit dans toute l’auberge, c’était le gérant.
« C’est quoi ce bordel dans mon auberge ? Vous ne pouvez pas régler vos affaires ailleurs ? J’ai un commerce à faire tourner, moi ! Vous faites fuir ma clientèle ! »
Il n’avait pas tord. Peut-être devrions-nous sortir et trouver un endroit plus calme. Je m’en remet alors à mon supérieur hiérarchique.
« Qu’en pensez-vous, Nori-sama ? »