Professeur d'un jour

Cela faisait désormais quelques jours que tu étais officiellement devenue l’élève de Takumi, une chose qui te rendait particulièrement fière. Tes compétences étaient pourtant bien en deçà de ce que l’on pouvait espérer. Ton statut de Kitto ainsi que ta condition ne t’y aidait pas. Mais malgré tout, tu étais finalement parvenue à obtenir ce grade. Avec quelques années de retard, mais le plus important c’était le résultat pas vrai ? La journée avait commencée comme toutes les autres, tu t’étais rendue de bonne heure à l’hôpital néanmoins aujourd’hui ta journée allait être quelque peu différente. Comme toujours, tu passais par le bureau de Takumi, mais ce matin il n’était pas là. Il y avait simplement une note t’étant destinée sur son bureau. Il s’excusait de son absence inopinée mais surtout il te laissa un nom sur ce petit bout de papier. Tu devais trouver une Chikara, une Chûnin apparemment, elle était chargée de toi pour la journée. Tu espérais réellement ne pas tomber sur l’une de ces infirmières aigries…

Après avoir tourné en rond pendant plusieurs minutes, tu parviens finalement à la bonne porte. « Chikara Tsubomi », le nom à côté de la porte correspondait à celui sur le papier, tu n’hésitas pas bien longtemps avant de frapper et d’entrer. Timidement tu commences alors à saluer en ouvrant la porte :



Pas de chance, la pièce était complètement vide. Sans rire, il n’y avait personne au travail aujourd’hui ? Tu jugeas donc qu’elle était probablement occupée quelque part, tu avais le choix entre attendre ici bien sagement ou tenter de la retrouver. Tu décidas finalement de rester là pour une seule raison : tu n’arrêtais pas de te perdre dans l’hôpital. Les couloirs y étaient trop nombreux et absolument tout se ressemblait. Tu avais meilleur compte à rester attendre ici, tu en profitais pour regarder les nombreuses décorations qui ornaient la pièce, les nombreuses piles de dossier et ce stylo à moitié mâchouillé. Les quelques minutes que tu passas à attendre semblèrent être une éternité. Finalement, c’est le bruit soudain de la porte derrière toi qui te fait sursauter et te sort de tes pensées. Très vite tu te retournes pour apercevoir une jeune femme aux cheveux rosés, comme ceux de la Hokage. Tu restas silencieuse quelques secondes, tu n’étais pas très à l’aise face à elle, une pure inconnue.



Tes pommettes devinrent rouge tant tu te retrouvais gênée à l’idée de te présenter alors qu'elle entrait dans la pièce. Tu appréhendais simplement le caractère de la jeune femme. La gorge nouée et avec un faux sourire tu poursuis alors :

Tsubomi attendait quelqu'un aujourd'hui, mais tant pis, elle avait trop faim. Dès que sa dernière consultation avait été terminée, elle s'était précipitée dehors, sur la place du village. D'habitude, elle gardait toujours une petite réserve de friandises dans ses affaires, mais elle l'avait déjà épuisé la veille, sans penser à se ravitailler. Elle remontait maintenant dans son bureau, une brochette de dango dans chaque main. Elle n'avait pas mis tant de temps que ça, après tout. Celle qui l'attendait n'avait pas dû patienter si longtemps que ça, si ? La Chikara était loin d'être formaliste, alors la ponctualité passait souvent au second plan.

Elle entra dans son bureau, toujours en train d'engloutir ses sucreries. Elle y découvrit une jeune fille, aux cheveux noirs-violets familiers. La Chûnin pencha la tête sur le côté, pour essayer de se souvenir à qui la nouvelle venue lui faisait penser. Celle-ci lui dit bonjour, et elle vira écarlate à une vitesse impressionnante. Elle se présenta sous le nom de Kitto Eiko, qui comme elle le savait déjà, était l'élève de Takumi-dôno.



Ça ne ferait pas une très bonne impression, dis comme ça…



Elle lui fourra une brochette dans la main, avant même qu'elle ait pu dire un mot. Tout en continuant à savourer la sienne, elle parla.



Décidément, cette apprentie lui rappelait quelqu'un, mais qui ? Des Kitto, elle n'en connaissait pas des centaines non plus… Oh, mais !

De la nourriture ? Était elle en train de tenter de t’acheter ? Tu n’en étais pas sûr, mais si c’était le cas il s’agissait d’une réelle réussite ! Ton visage s’adoucit aussitôt alors que tu peines à bredouiller un quelconque remerciement.



Bon au moins elle n’avait pas l’air d’être très à cheval sur les règles. Tu n’avais pas l’habitude d’apercevoir des médecins manger des sucreries de bon matin mais c’était loin d’être pour te déplaire. Toi qui appréhendais à l’idée de te retrouver avec quelqu’un de trop casse pied tu semblais être plutôt bien lotie finalement. Devant la jeune femme au comportement plutôt décomplexé tu prends un peu plus tes aises et lui réponds alors calmement :



Tu ne tarissais pas d’éloge à son sujet sans pour autant réellement la connaître. Avec un peu de malchance elle était la pire médecin de tout l’hôpital. Toutefois tu ne savais pas t’empêcher de faire des compliments. C’était naturel, et innocemment cela te permettait de te mettre la plupart des gens dans la poche sans faire trop d’effort.
Puis, tu fus surprise lorsqu’elle énonça le nom de ta mère. Si elle était de ta famille ? C’était peu dire, tu affichas alors un grand sourire avant de lui répondre :



Sa question était similaire à celle que tu souhaitais lui poser depuis son entrée dans la pièce. Les mots eurent un peu de mal à sortir de ta bouche mais avec un petit peu d’effort tu y parvins finalement :

Quelle agréable jeune fille ! Elle avait l'air un peu timide aux premiers abords, mais mettre les gens à l'aise, c'était un peu sa spécialité. Elles ne devraient pas avoir trop de mal à sympathiser.



Eiko semblait aussi la regarder avec curiosité. Tsubomi commençait à s'y accoutumer, maintenant. Ces derniers temps, les gens trouvaient rapidement une certaine ressemblance entre elle et sa sœur. L'élève de Takumi ne tarda pas à faire le lien non plus. Tout en attrapant un de ses tresses sur ses épaules, elle lui répondit :



Elle ne put s'empêcher d'avoir une légère pointe de fierté en le disant. Sa sœur était si admirable !
Tsubomi termina en quelques bouchées sa brochette de dango, puis passa derrière le bureau pour fouiller dans ses dossiers - ou plutôt, les déranger encore plus qu'ils ne l'étaient déjà.



En s'entendant parler, Tsubomi s'en voulut immédiatement. La pauvre, elle n'avait déjà l'air pas bien rassurée…

Le fait que tu ressembles beaucoup à ta mère était sans doute un compliment. Du moins c’est de cette manière que tu le prenais. Sans réellement comprendre pourquoi, tu savais que tout le monde n’était pas forcément d’accord à son sujet, bref, là n’était pas le plus important. Toujours est-il que tu avais vu juste à propos d’Heiwa toi aussi, pas très compliqué en un sens, mais il faut dire que leur chevelure était plus que semblable, elle en semblait d’ailleurs plutôt fière.



Plutôt flatteur n’est-ce pas ? Tu ne comptais pas t’arrêter en si bon chemin…
Elle te questionna ensuite au sujet de tes compétences… Sujet fâcheux. Takumi lui avait sûrement fait un compte rendu mais elle voulait l’entendre de ta propre bouche. Elle se voulu par ailleurs rassurante, affirmant qu’elle n’était là que pour t’aider. Tu perdis alors quelque peu ton sourire en lui répondant :



C’était plutôt ironique pour une médecin, étant donné qu’il vous était souvent demandé d’utiliser votre chakra. Problème étant, tu étais une Kitto, ce qui te donnait une faible réserve d’énergie, mais pour couronner le tout, tu t’épuisais vite, très vite.



Si elle voulait un peu plus de détail, il aurait fallut s’adresser à Takumi ou Hegi, les deux en savaient bien plus, Eiko quant à elle se contentait de vivre, tout simplement.

Enfin, assez parlé d'elle. Tsubomi écouta attentivement Eiko lui résumer sa situation. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Eiko n'avait pas vraiment confiance en elle. C'est vrai qu'un pour un médecin moyen, le chakra était important, mais même avec une réserve de Kitto couplée à une faiblesse personnelle, beaucoup de travail ne pourrait pas l'empêcher de le devenir. Enfin, elle n'était pas experte, ce n'était que son point de vue d'optimiste confirmée.





Hmm, qu'est-ce qu'elles pourraient bien faire, aujourd'hui ? C'était assez calme, ces temps-ci. Travailler dans un hôpital, c'était enchaîner les périodes de surchauffe et celle de non-agitations complètes. Malgré ça, Tsubomi ne s'ennuyait jamais. Il y a toujours quelque chose à faire !

Au moins les gens croyaient en toi, c’était déjà ça de pris ! Même si en vérité tout ce que tu souhaitais c’était vivre ta vie bien tranquillement, avoir l’opportunité de devenir une vraie médecin faisait partit de tes objectifs. Était-ce réaliste d’y croire ou non ? L’avenir te le montrera sûrement. Mais il était bon d’être entourée de personne optimiste, qui plus est Tsubomi se voulait véritablement rassurante à ton égard, chose que tu appréciais grandement même si tu demandais parfois si les gens n’agissaient pas par pure pitié…



Combien de tes professeurs t’avaient conseillés de t’en tenir à une vie civile ? Beaucoup trop. Mais tu n’en démordis pas, tu étais bien déterminée à prouver ce dont tu étais capable. Chose réussie, après de multiples échecs, tu étais toujours là ! Enfin bref, trêve de bavardage, Tsubomi émit l’idée d’aller faire la visite de quelques patients. Tu n’avais pas encore eu l’occasion d’effectuer beaucoup cette tâche, jusqu’ici tu te contentais de ne pas te perdre dans les couloirs et de t’exercer avec quelques jutsus de base.



Dis-tu avec un petit sourire. Tu sentais que tu allais bien t’entendre avec elle, elle était tellement moins formelle que le reste du personnel, tu te demandais même parfois si elle travaillait réellement ici.

Tsubomi ouvrit de grands yeux curieux à l'entente qu'Eiko avait repassé trois fois son examen. Quelle grande preuve de persévérance ! Certes ça n'avait pas dû être facile de voir passer autant de monde devenir Genin devant elle, en attendant le prochain examen. Mais elle n'avait jamais abandonné, et maintenant, elle l'avait, c'était l'essentiel.



Elle-même l'avait eu du premier coup, mais elle n'avait pas tellement eu le choix. La théorie l'avait toujours un peu ennuyée, mais devant l'exemple de sa sœur qu'elle admirait tant, elle avait redoublé d'effort pour réussir. Elle n'avait pas vraiment d'exemple pour comparer à la situation d'Eiko, mais avec un peu de confiance en elle, elle devrait s'en sortir sans mal.

Tsubomi écouta la jeune fille, lui dire qu'après tout, elle avait les clefs en main. Elle avait parfois tendance à oublier qu'elle était supérieure dans la hiérarchie par rapport à des jeunes comme la Kitto. En tout cas, elle avait soif d'apprendre, et tout ce qu'elle pourrait faire ici l'intéressait. Pour être honnête, même si de l'entraînement était immanquable quand on était ninja, Tsubomi préférait largement apprendre sur le tas.



La Chikara entraîna l'élève de son dôno dans les couloirs, direction les salles de visite libres.



Elle lui tendit un plan de l'hôpital, et elles rentrèrent quelques minutes plus tard dans une salle, remplie de gens à l'air plus ou moins en forme. Tsubomi lui expliqua le fonctionnement : les infirmières avaient déjà fait le tour des malades, et noté les symptômes et détails importants du patient. Il suffisait de prendre un dossier, d'appeler le nom, et s'occuper de ce qui n'allait pas. Tsubomi pouvait s'occuper de ce qui concernait les blessures en tout genre avec son chakra, et avec son approbation, Eiko hypothétisait sur les remèdes à prendre pour les autres patients.

Ce discours tu l’avais déjà entendu plusieurs fois. « C’est bien Eiko, cela prouve que tu es déterminée etc etc... » Sans rire, cela prouvait surtout que tu étais loin d’être au niveau. Les examens n’étaient pas si difficile. Tout ce qui pêchait chez toi c’était ta faiblesse physique en plus de tomber souvent malade. Tu n’avais rien du ninja au potentiel énorme, cela n’avait même jamais fait parti de tes ambitions… Tu n’aspirais à pas grand-chose d’autre que de vivre une vie tranquille. Quoiqu’il en soit, tu n’aimais pas briser l’optimisme des gens, alors tu te contentas de sourire légèrement avant de répondre :



Puis tu te contentas de la suivre à travers les nombreux couloirs de l’hôpital. Elle prit même soin de te fournir un plan, une bien aimable attention ! Il n’y avait pas intérêt à ce que tu sois demandée pour une urgence, le pauvre patient aurait le temps de se vider de son sang avant que tu n’arrives jusqu’à lui. Enfin… Tu étais loin de ce genre d’intervention et heureusement !



Une fois arrivée à la salle des visites elle t’expliqua rapidement le fonctionnement. C’était bien organisé et les médecins pouvaient agir et traiter les patients assez vite. Pour une fois tes cours théoriques allaient peut-être t’être utile. Alors qu’elle s’occupait des patients atteints physiquement, tu devais estimer les besoins des autres patients, atteint de maladie plus « bénignes » comme des simples rhumes ou autre.



Tout allait bien, jusqu’à cette vieille peau ! Lorsqu’elle te vit prendre son dossier entre tes mains, elle manqua pas de se faire remarquer pour attirer l’attention de Tsubomi et lui lancer avant un franc parlé digne des plus vieux :



Tu te reculas de quelques pas, intimidé par cette dame qui ne semblait pas apprécier ta présence pour une quelconque raison. Alors qu’elle attendait l’intervention de Tsubomi, la dame rajouta en grommelant :



En temps normal tu aurais bien tentée de discuter avec la dame, mais tu ne voulais pas créer plus d’ennuis que nécessaire. S’il y avait bien des gens que tu tenais en horreur, c’était les vieilles dames ! De vraies harpies !

Eiko avait l'air de s'en sentir plutôt bien. Comme quoi, même à son niveau, et sans grande maîtrise du chakra, elle pouvait se rendre utile. Même si Tsubomi comprenait qu'elle veuille aspirer à plus que quelques rhumes. Les visites allaient pour le mieux, jusqu'à ce qu'une vieille dame un peu revêche vienne mettre en péril la confiance naissante que la Kitto était en train de construire. La médecin se colla un sourire sur le visage et vint voir où était le problème.



Les patients mécontents, c'était monnaie courante, même si la plupart du temps les gens restaient aimables et reconnaissants envers leur travail. Dans ces cas-là, il fallait toujours rester d'une courtoisie sans faille, et ne pas perdre son calme. Même si certains mériteraient vraiment qu'on les mette dehors.





Elle posa une main sur l'épaule de la jeune fille pour lui donner du courage.



La vieille dame n'avait en fait, pas eu le temps de répondre, mais Tsubomi fit comme si elle ne s'en était pas rendue compte. Elle continua à bavarder - plus ou moins toute seule - pendant qu'elle laissait le temps à la jeune Kitto d'étudier le dossier. La Chikara lui laissait des zones de silence dans son monologue servant à amadouer la dame, pour qu'elle puisse poser des questions supplémentaires si besoin.

Finalement, Eiko posa un diagnostic et un traitement correct, et avec l'accord de Tsubomi, elle put recevoir son ordonnance.



Elle se tourna vers l'élève de Takumi :



Plutôt que de persuasion, Tsubomi ne lui avait pas laissé en placer une, mais le résultat était le même. Et puis personne n'allait se plaindre d'un excès de politesse ou de joie de vivre.

Heureusement que Tsubomi était là. Elle réussit à retourner la situation avec brio, ne laissant même pas l’occasion à la vieille harpie d’être méprisante une nouvelle fois. En plus de cela, elle allait devoir se contenter un traitement que TU avais choisis. Pas de chance pour elle, c’était le bon. « Nah ! » te dis-tu intérieurement. Ça lui apprendra à être plus aimable la prochaine fois. Ce genre de personnes étaient insupportables, du genre capable de te ruiner ta bonne humeur habituelle. Par ailleurs Tsubomi semblait partager avec toi cette joie de vivre en toute circonstance, c’est du moins ce qu’elle laissait paraître.



Tu haussas finalement les épaules. Tu n’allais pas t’ennuyer d’un évènement aussi mineur. Puis elle ne serait probablement pas la dernière, autant t’y habituer maintenant.



La salle était désormais vide, la dame grincheuse était l’une des dernières patientes… pour le moment. Les gens venaient ici pour toute sorte de chose, bien souvent pour rien. Un métier bien difficile à supporter, entre les nombreuses heures de travail et le fait de s’occuper d’une grippe lorsque l’on est apte à effectuer des choses bien plus intéressantes c’est un peu insultant.

Tsubomi jeta un regard autour d'elle.



Elle ne doutait pas que la salle n'allait pas tarder à se reremplir, mais peu importe, ça les occuperait encore peu. Jusque là, elles avaient un peu de temps pour souffler. Et Eiko avait l'air curieuse à son sujet.



Elle adorait partir en mission pour cette raison, elle était là où elle devait être, c'est-à-dire, là où elle servait à quelque chose. A l'hôpital aussi, même si elle voyait plus de blessures et maux bénins que de choses excitantes. Il fallait s'en réjouir, si tout le monde allait bien !



Ne pas avoir de vocation, elle connaissait. Avant de savoir qu'elle voulait soigner, Tsubomi pensait qu'elle finirait sa vie comme une kunoichi moyenne. Elle cherchait aussi à en apprendre plus sur cette jeune fille, qu'elle trouvait à la fois enthousiaste et réservée. Parfois, savoir pourquoi on faisait quelque chose comptait plus que comment.

Alors qu'elles discutaient, elles entendirent un peu d'agitation du côté de l'accueil. Tsubomi et Eiko allèrent voir ce qu'il se passait. Un patient mécontent ? Un accident ? Elle vit deux jeunes filles et un homme plus âgé dans le hall, visiblement arrivés en trombe.